mardi 16 août 2005

Motion Melly, un choix démocratique


Pour contrebalancer l'opinion de Eric Bonjour de l' UDC, voici la voix de Cesla Amarelle, vice-présidente du parti socialiste qui elle aussi est publiée par 24 heures.
Le 5 juillet, le Grand Conseil a pris une décision importante en acceptant une motion portée par le député radical Serge Melly. Celle-ci contraint le Conseil d’Etat à décréter qu’il renonce aux renvois forcés des «523». En l’état, ce groupe de requérants d’asile déboutés se compose de 260 personnes environ, soit 130 enfants mineurs nés pour la plupart en Suisse et 130 adultes vivant dans le canton depuis dixsept ans, dix ans ou cinq ans. Fermant les yeux sur leur réalité et parce qu’il s’agit d’asile, l’UDC fulmine forcément.
Pourtant, cette décision du Grand Conseil est cohérente. En août 2004, il avait déjà voté une résolution, portée par le radical Jean Martin, qui jugeait ces renvois humainement inacceptables. Sans être contraignante, cette première mise en garde s’est accompagnée quelques mois plus tard d’une rupture de collégialité des trois conseillers d’Etat de gauche qui ne souhaitaient pas légitimer ces renvois. Ces appels à la raison n’étant pas entendus, le Grand Conseil, en tant que première autorité du canton, a alors été forcé d’adopter une motion contraignante.
Une décision qui respecte parfaitement la légalité. L’article 44 de la Loi sur l’asile prévoit que l’exécution du renvoi et l’usage des mesures de contraintes sont le fait des cantons, qui sont liés à l’examen du principe de non-refoulement et à la Convention relative aux droits de l’enfant. Conformément au principe de l’autonomie constitutionnelle des cantons, ceux-ci peuvent librement déterminer les autorités intervenant dans l’exécution de la décision fédérale. Première autorité cantonale, le Grand Conseil est en droit de décréter qui a la compétence de renoncer à des renvois spécifiques. Il est donc habilité à s’octroyer cette compétence s’il le souhaite en modifiant la Loi vaudoise d’application de la LSEE ou par décret. Des précédents existent, notamment à Neuchâtel.
Enfin, ce choix du Grand Conseil est démocratique. En se faisant l’écho de l’important engagement de la société civile vaudoise qui, depuis des mois, soutient concrètement ces personnes, le Parlement exerce sa fonction représentative. Une centaine de citoyens de tous bords politiques et de gens d’Eglise ont travaillé quotidiennement durant l’été pour parrainer ces personnes. Les coordinations asile des six régions du canton ont accueilli les familles dans les églises.
Que fait la majorité de droite du Conseil d’Etat? Au lieu de se recentrer sur les vrais problèmes, elle s’obstine à vouloir nous faire croire que le salut du canton passe par le renvoi forcé de 132 enfants et de 130 adultes traumatisés et épuisés par des mois de pression hebdomadaire en vue de leur renvoi. En totale violation de l’article 152 al. 1 de la Loi sur le Grand Conseil, la majorité du Conseil d’Etat met une pression maximale sur ces familles pour éviter que les enfants reprennent l’école. Elle utilise la police pour placer un chef de famille, survivant de Srebrenica, en détention administrative et s’apprête à l’installer demain, de force, dans un charter. Son épouse, qui porte tous les symptômes somatiques des femmes survivantes de Srebrenica, se cache avec ses quatre enfants en bas âge.
Si la majorité gouvernementale persiste dans son intransigeance, nous allons au-devant de situations de détresse extrêmes. Un terrible aveu d’indignité qui laissera des traces. La vie dans une société démocratique se fonde constamment sur des choix. Par sa décision, le Parlement cantonal a rempli son devoir d’autorité pour permettre une sortie digne et juste à une situation humainement et politiquement inadmissible. Rien d’anarchique là-dedans.


Histoire de la motion Melly dans le blog:
Janvier 2006
Il faut aller voir Christof Blocher
Un nouvel avis de droit soutient les "523"
La gauche sort l'artillerie juridique
Opinion de François Brélaz UDC
Décembre 2005
L'arrêt des renvois sera discuté en janvier
Jacques Poget
La bataille juridique est inévitable
Marcel Cohen Dumani, une cause juste pour les juifs
Novembre 2005
La fronde des parrains
Les pros asiles contre le Conseil d'Etat
La déception des défenseurs de l'asile
Octobre 2005
Réaction de Serge Melly
Débat radiophonique entre Serge Melly et Philippe Leuba
L'impasse est totale
Edito de Grégoire Nappey, un peu de dignité SVP
Voici notre projet, refusez le
Les divers communiqués des partis
Le gouvernement refuse de suivre la motion
Interview de Serge Melly dans le Matin
Opinion de Grégoire Nappey dans 24heures
Un nouveau coup dans l'eau pour JC Mermoud
Le PS veut faire le forcing sur l'asile
Septembre 2005
JC Mermoud approuve les durcissements
Les socialistes et les verts gardent la main
Renvoi suspendu pour deux "Frambois"
Proposition radicale à la trappe
Août 2005
Pas de répit pour les déboutés
La tension croît de jour en jour
Un débouté malade doit prendre l'avion
Rendez-vous mardi pour les "523"
Panser la plaie et passer à autre chose
La tension monte dans le canton de Vaud
Père de famille interpellés
Le retour des "523"
Motion Melly un choix démocratique
Anarchie au Grand Conseil
Juillet 2005
Premier renvoi malgré la motion
Y aura-t-il des renvois cet été?
Mermoud, l'humiliation
C'est non aux renvois
Le Conseil d'Etat désavoué
Vers un sursis des renvois
Juin 2005
Les patrons se rebiffent
Raymond Aubert, refuser le totalitarisme juridique
Les députés se déchirent
Les députés aboient, Mermoud renvoie
Mai 2005 (avant la motion)
Débat au grand conseil
Veillée d'armes
Reprise des mesures de contraintes

Aucun commentaire: