lundi 22 juin 2009

Vous avez dit décomplexé ?

Vous avez dit décomplexé ? l'éditorial de juin de Vivre ensemble




La voilà à visage découvert, la « droite décomplexée
» en matière d’immigration, celle qui « dit tout haut
ce que tout le monde pense tout bas». Aux
poubelles le « politiquement correct ». Place aux
durs, ceux qui expulsent et font du chiffre.
Début mai, l’Italie a arraisonné et escorté 500 boat
people à leur port d’embarquement, la Libye. Une
première symbolique : selon le HCR, 50 % des
immigrants ayant déposé en 2008 une demande
d’asile à leur arrivée en Italie a été considéré
comme méritant une protection internationale.
Que Tripoli, qui n’a pas signé la Convention sur les
réfugiés, ait annoncé son intention d’expulser ces «
rapatriés » n’émeut guère les autorités italiennes.
Celles-ci se félicitent au contraire d’un « tournant
historique ».
De fait, l’Italie joue dans la surenchère xénophobe
et les élections européennes ont exacerbé le
phénomène. Berlusconi revendique haut et fort la
paternité de ces refoulements et du traité signé en
août 2008 avec Kadhafi, qui promet «moins de
clandestins et plus de gaz et de pétrole libyens ».
Son projet de loi anti-immigration voté mi-mai au
Parlement dénote son intention de ne pas se laisser
dépasser par la Ligue du nord. Il le justifie par un
refus d’une Italie « multiethnique » et insinue que
les rafiots arrivant à Lampedusa sont chargés de
criminels.
Si le HCR a vivement réagi aux refoulements en
Libye, l’Europe officielle est restée discrète. C’est
que les Etats du nord ont laissé pourrir la situation
en Grèce, à Malte et en Italie, qui subissent de plein
fouet la pression migratoire.
L’attitude des uns et des autres révéle avec éclat les
dysfonctionnements du système Dublin (p. 7).
L’Italie rétorque au HCR de trier lui-même les
migrants en Libye, et ce alors que l’organisation ne
peut y travailler officiellement ? Le commissaire
européen Jacques Barrot enrobe le concept de
termes diplomatiques: « Il faut bâtir avec les pays
de la rive sud de la Méditerranée des points
d’accueil qui permettront aux requérants d’asile
authentiques de faire inscrire leur dossier dans des
conditions convenables » (TdG, 19.05.09) Bref,
l’Europe s’apprête à exporter ses camps de
rétention et d’expulsion dans les pays limitrophes.
En Suisse, on aurait tort de pavoiser. L’interdiction
du droit au mariage des clandestins et recalé-e-s
de l’asile ferait rougir d’envie Berlusconi (p.8). Et
question surenchère xénophobe, on en connaît un
rayon. Le dernier opus de l’UDC sur l’asile et les
migrations –sur le mode « tous des criminels, tous
des profiteurs »- vient le rappeler. Avec, en prime,
une ex-UDC chargée de l’asile et des migrations
qui veut prouver à ceux qui l’ont exclue qu’elle en
est une vraie, de dure.
A force de rendre fréquentables les idées les plus
nauséabondes, la « droite décomplexée » finit par
corrompre les frontières éthiques de l’Etat de droit.
A Milan, un élu municipal de la Ligue du Nord a
récemment proposé de réserver des places de
transports publics aux «Italiens de souche».
Caricatural ? Certainement. Mais à méditer.
Sophie Malka

Garantir du spectacle?

Des militants de l'asile qui organisaient une action illégale ont voulu faire venir les médias; on leur a répondu qu'il fallait du spectacle.

Le témoignage critique de Graziella De Coulon, co-présidente de Solidarité sans frontières.

Médialogues - émission - 22.06.2009
date: 22.06.2009 / durée: 00:28:42 / taille: 26.3 Mo

Turquie, le mirage de l'asile



Qui veut encore d'un droit d'asile?

Qui veut encore d'un droit d'asile?

Paru le Samedi 20 Juin 2009
OLIVIER CHAVAZ

SuisseA l'initiative de l'ONU, le 20 juin est placé depuis l'an 2000 sous le signe de la «Journée mondiale du réfugié». Selon le recensement annuel du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), pas moins de 42 millions d'êtres humains sont contraints de vivre loin de leurs attaches en raison de persécutions subies ou de guerres dévastatrices. Tous ne sont pas des exilés: quelque 26 millions d'entre eux ont été déplacés à l'intérieur des frontières de leur pays d'origine. A l'instar, notamment, des centaines de milliers de Pakistanais et de Tamouls qui ont dû fuir leur foyer ces derniers mois.
Alors que les Etats industrialisés érigent chaque jour de nouveaux obstacles légaux et physiques afin d'enrayer toute forme d'immigration non choisie –qu'elle soit politique ou économique–, il n'est pas inutile de rappeler que ce sont les pays les plus déshérités de la planète qui sont amenés à accueillir quatre cinquièmes des réfugiés. D'où ce constat, sous forme d'appel à la solidarité, émis hier par le haut commissaire portugais des Nations Unies Antonio Guterres: «La même communauté internationale qui s'est sentie obligée de dépenser des centaines de milliards pour secourir les systèmes financiers devrait également ressentir l'obligation de secourir des personnes dans une situation de besoin aussi désespérée.»
Pas sûr que cette exhortation sera entendue de sitôt. Non seulement le Nord rechigne à apporter une aide constante et efficace dans ce domaine, mais les gouvernements s'emploient aussi à vider de sa substance le principe et l'application du droit d'asile sur leur propre territoire. Dans cet exercice, le zèle affiché par les autorités helvétiques constitue sûrement un cas d'école. En janvier dernier, un an jour pour jour après l'entrée en vigueur du énième durcissement de la loi sur l'asile, la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf communiquait son intention de donner un tour de vis supplémentaire. L'objectif était clairement énoncé: il s'agit de «diminuer l'attractivité» du pays, point final.
Cette révision en préparation n'aura bien entendu aucune incidence sur les flux migratoires en direction de notre pays. Ses effets devraient en revanche pénaliser des catégories de réfugiés qui auraient le plus besoin d'une protection, selon les spécialistes. Comme les réformes précédentes, elle ne fera donc que grossir les rangs des recalés de l'asile, ces laissés-pour-compte contraints de survivre avec, au mieux, quelques francs par jour dans l'un des Etats les plus opulents de la planète. Face à un tel degré d'urgence politique, la récente campagne lancée par une grande oeuvre d'entraide à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié –via les affiches «Tous des menteurs?», «Tous des dealers?» et «Tous des profiteurs?», censées combattre les préjugés– est un signe inquiétant. Quand on commence à reprendre le langage de l'adversaire, c'est que la défaite semble déjà intégrée. La preuve? L'Office fédéral des migrations parraine cette initiative...

Donner refuge à des migrants? Les Eglises vaudoises hésitent

MICHAËL RODRIGUEZ

VaudJOURNÉE DES RÉFUGIÉS - Elles avaient «caché» des requérants lors de la crise des «523». Aujourd'hui, les églises sont en plein dilemme.
Le mouvement de soutien aux migrants est en quête d'un nouveau souffle. Après l'occupation d'un centre de requérants d'asile, vendredi dernier à Vevey, le collectif Droit de rester mènera une action lundi devant le foyer de la rue du Simplon, à Lausanne. Alors que la Journée mondiale des réfugiés a lieu aujourd'hui, les militants protestent contre le régime «inhumain» de l'aide d'urgence. La Coordination asile est aussi à la recherche d'un lieu pour abriter, en cas de besoin, des requérants menacés de renvoi. Sollicitées, les Eglises vaudoises sont en plein dilemme.

Attirer l'attention

L'objectif des militants du droit d'asile est double: il s'agit de protéger des gens qui vivent dans la peur et l'indigence, mais aussi de remettre sur le devant de la scène un dossier resté dans l'ombre depuis le dénouement de l'affaire des «523» requérants déboutés. Le vote massif du peuple suisse en faveur du durcissement de la politique migratoire, en septembre 2006, a freiné l'ardeur de certains sympathisants du mouvement, qui ne sont pas loin de penser que la cause est devenue politiquement indéfendable.


Des lois «légitimes»

Les Eglises sont elles aussi en proie au doute. Suite à la démarche de la Coordination asile, protestants et catholiques ont demandé conseil auprès d'un spécialiste du droit des étrangers. Il s'agit de l'avocat Minh Son Nguyen, professeur à la Faculté de droit de l'Université de Lausanne. Son rapport devrait être rendu dans les jours qui viennent. Il constituera l'un des éléments qui guideront la décision des conseils de paroisse. Lors de la crise de l'asile dans le canton de Vaud, les communautés religieuses avaient joué un rôle crucial en ouvrant des refuges pour les «523». «On était dans un contexte très différent, estime Michel Racloz, membre du Conseil de l'Eglise catholique et coordinateur du département solidarité. Sur la base d'une sorte de quota, 523 personnes avaient été écartées sans que l'on sache pourquoi ni comment. Leurs droits n'avaient pas forcément été respectés. Aujourd'hui, le problème vient de lois qui comportent des clauses vraiment négatives mais qui, avec le vote du peuple, ont une légitimité démocratique.»
Les Eglises s'interrogent donc sur l'opportunité d'ouvrir un refuge. Elles veulent savoir si une telle action a des chances, dans le contexte actuel, de débloquer la situation des migrants. «Nous avons demandé une appréciation juridique sur la situation des personnes qui sont à l'aide d'urgence, et sur l'existence d'un éventuel déni de droit», explique Pascale Gilgien, conseillère synodale de l'Eglise évangélique réformée et responsable du service santé et solidarité. Pour Michel Racloz, il s'agit aussi d'éviter que l'ouverture d'un refuge ne se retourne contre ses occupants. Les permis humanitaires ne sont en effet accordés qu'à des requérants dont le domicile a toujours été connu des autorités. La communauté israélite, qui avait soutenu les «523», ne participe pas aux discussions. Graziella de Coulon, membre de la Coordination asile, ne comprend pas les hésitations des Eglises. «Depuis l'entrée en vigueur de l'aide d'urgence, elles se sont nettement retirées, critique-t-elle. Elles organisent des cercles de silence pour soutenir les requérants d'asile, mais je ne crois pas que le silence puisse changer quoi que ce soit»!


La peur de sanctions

Les Eglises auraient-elles peur des éventuelles sanctions? La nouvelle loi sur les étrangers réprime très sévèrement l'accueil de personnes en situation irrégulière: jusqu'à 500 000 francs d'amende et cinq ans de réclusion! «C'est délicat, admet Michel Racloz. Comme les bâtiments de l'Eglise catholique appartiennent aux paroisses, cela retomberait sur les Conseils de paroisse. Si nous ouvrons un refuge, ce sera donc à chaque personne individuellement de prendre ce risque.» I



article

«IL Y A PLEIN DE FAHAD KHAMMAS!»

michaël rodriguez

Un refuge, oui, mais pour qui? La Coordination asile pense notamment aux requérants menacés de renvoi en vertu des accords de Dublin, qui empêchent le dépôt d'une demande d'asile dans plusieurs pays. On se souvient de l'Irakien Fahad Khammas, personnage de «La Forteresse», le film de Fernand Melgar. En avril dernier, il a été expulsé vers la Suède, où sa première demande d'asile avait été déposée. «Nous avons plein de Fahad ici, s'exclame Graziella de Coulon. La police vient les chercher à 6 heures du matin pour les renvoyer dans des pays où ils ne savaient même pas qu'ils avaient laissé des empreintes digitales!»
Les militants veulent surtout dénoncer l'aide d'urgence, un système qui plonge les migrants dans la précarité et «fabrique» des clandestins: selon les chiffres du canton, pas moins de 637 personnes ont «disparu» durant les années 2007 et 2008. Elles ont été beaucoup moins nombreuses (371) à quitter officiellement le pays, le plus souvent sous la contrainte. Le ministre de l'Intérieur, Philippe Leuba, affirme expulser d'abord les requérants ayant des antécédents pénaux, mais Graziella de Coulon n'y croit pas: «En décembre, un homme de nationalité angolaise, mais qui avait toujours vécu au Congo, a été renvoyé en Angola après une dizaine d'années en Suisse! Et il n'avait pas commis de délit, en tout cas rien de grave.»

Le rapatriement d'un demandeur d'asile sur quatre échoue

Le rapatriement d'un demandeur d'asile sur quatre échoue

17.06.09 - 08:57 En 2007, 8.745 personnes en séjour illégal ont été expulsées de Belgique mais le rapatriement d'un demandeur d'asile sur quatre échoue, rapportent la Gazet van Antwerpen et le Belang van Limburg mercredi.

La principale raison pour laquelle certaines personnes ne peuvent pas être expulsées est l'impossibilité d'établir suffisamment l'identité ou la nationalité de cette personne. Le nombre d'expulsions avortées en raison de la résistance de la personne expulsée a par contre fortement diminué.

Selon la police et l'Office des étrangers, plusieurs pays collaborent peu ou pas en cas d'expulsion ou refusent d'accueillir sur leur territoire des demandeurs d'asile déboutés. En général, ils invoquent le fait que l'identité ou la nationalité de la personne expulsée n'est pas suffisamment établie.

Notre pays ne peut enfermer que maximum deux fois quatre mois un étranger en attente d'expulsion.

(Belga)