Ils s'appellent Javad Moghimi, Ali Nazimi ou Negin A. Ils sont photographe, écrivain ou sociologue et se sont réfugiés en Turquie pour fuir le régime iranien. Portrait de cette immigration intellectuelle et politique qui contraste avec celle de pays comme le Bangladesh ou l'Afghanistan. Les histoires divergent mais les difficultés restent les mêmes.
La majorité des réfugiés intellectuels, dont le nombre ne cesse d’augmenter en Turquie, est iranienne. Ils sont en Turquie pour des raisons plutôt politiques et ont un titre de séjour temporaire. Ils attirent l’attention avec leur courtoisie et leur tenue vestimentaire relativement élégante. Si leur aspect extérieur les distingue des autres groupes de réfugiés, les difficultés qu’ils rencontrent sont les mêmes. Un matin ensoleillé d’Ankara, alors que la capitale s’est livrée au printemps, le silence de la place de Kizilay est rompu par les slogans des ouvriers de TEKEL.
Il n'était pas très difficile de repérer dans la foule Javad Moghimi, le photojournaliste avec lequel j’avais rendez-vous pour une interview. Tandis que les gens fatigués lisent leurs journaux assis sur les bancs, il n’y a que lui qui regarde avec curiosité l’endroit d’où viennent les slogans. Il n’y a que lui qui prête l’oreille à ce que disent les ouvriers de TEKEL. Nous marchons vers les rues agitées d’où viennent les slogans. Javad prend des photos entre les manifestants. Plus il appuie sur le déclencheur, plus il est heureux. Mais nous nous disons que nous ferions mieux de partir avant qu’il n’y ait plus personne car il peut y avoir une intervention au gaz à tout moment. Tout ce que Javad attend de la vie, c’est de pouvoir exercer librement son métier de photojournaliste. C’est un réfugié politique qui a été obligé de quitter son pays et qui s’est réfugié en Turquie dans ce but.
Lire la suite de cet article trouvé sur le site Zaman France et signé Selahattin Sevi