jeudi 18 novembre 2010

Réfugiés oubliés: les Palestiniens au Liban

Deux journalistes et un réalisateur de CBC/Radio-Canada. Une mission : réaliser un webdocumentaire après avoir séjourné dans le camp de réfugiés palestiniens de Chatila, au Liban. Découvrez le quotidien des plus anciens réfugiés du monde en lisant le blogue de notre ami journaliste Ahmed Kaouaou. (1ère partie).


Oum Mouslim, ou le visage de la détresse humaine

Chaque fois que je passe par cette ruelle, elle est là, adossée à la porte cadenassée d’une maison inoccupée, une cigarette au bec, le regard perdu, secouant légèrement la tête comme pour donner le ton à son doux murmure.

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Pas question de quitter Chatila sans parler à cette femme mystérieuse, dont le silence et la mine défaite, me dis-je, doivent cacher une profonde tristesse. Mais ce jour-là, elle n’est pas à sa place habituelle. « Vous cherchez Oum Mouslim ? Elle est certainement partie au souk pour glaner quelques fruits et légumes », me lance de son balcon Abou Mohamed, un voisin. « Elle est très pauvre, me dit-il, et va souvent au marché pour tenter de trouver de quoi se mettre sous la dent ».

Vers la suite de cet article de Ahmed Kaouaou sur Info-Palestine


A la suite de cet article , lire également cette interview de John Ging, chef des opérations de l'UNRWA, filiale de l'ONU qui s'occupe des réfugiés palestiniens, par Adi Schwartz pour JSS.

A lire aussi: « Le droit au retour est totalement absent des négociations » sur Palestine-Solidarité et « Au Liban, les oubliés palestiniens de la Seconde Guerre mondiale »

Oskar Freysinger et ses inquiétantes fréquentations

Le conseiller national UDC sera à Paris en décembre pour s’exprimer sur «l’islamisation» de l’Europe. Il a été invité par le Bloc Identitaire, une des formations les plus importantes de la droite radicale française. Analyse d’un politologue.

Oskar Freysinger poursuit ses liaisons dangereuses. Le 18 décembre, il sera l’invité du Bloc Identitaire à Paris. Cette formation généralement classée à l’extrême droite de l’échiquier politique organise des «Assises internationales sur l’islamisation», dans le but de «défendre la laïcité» et «les valeurs de notre civilisation». Le communiqué du Bloc Identitaire présente le conseiller national UDC comme un invité de marque, en soulignant qu’il est «l’artisan de la votation citoyenne contre les minarets en Suisse».

Cette invitation intervient après les remous provoqués par le récent voyage d’Oskar Freysinger en Belgique. A la demande du groupe catholique radical Euboco, il devait y donner une conférence sur l’islam, qui a été annulée au dernier moment. Le politicien valaisan a finalement été accueilli au sein du parlement flamand par Filip Dewinter, membre du Vlaams Belang, un parti nationaliste flamand d’extrême droite. Les nouvelles fréquentations d’Oskar Freysinger sont-elles inquiétantes? L’analyse du politologue français Jean-Yves Camus, spécialiste des mouvements nationalistes et extrémistes en Europe.

Le Temps: Qu’est-ce que le Bloc Identitaire?

Jean-Yves Camus: Il s’agit sans doute, numériquement, de la plus importante des formations de la droite radicale en France hors Front national. C’est un mouvement qui est souvent présenté commme étant le successeur du groupe Unité radicale (dissous par décret pour son antisémitisme et parce qu’il propageait des idées encourageant la discrimination, la haine et la violence à l’égard des étrangers, ndlr). Un certain nombre d’ex-dirigeants de ce groupe sont maintenant à la tête du Bloc Identitaire. Mais ils ont évolué, et leur positionnement politique est aujourd’hui différent. Ils se sont rendu compte que l’activisme débridé ne menait à rien, et se sont positionnés comme des gens cherchant à faire avancer un certain nombre d’idées, notamment sur la question identitaire. Leur objectif n’est pas uniquement d’avoir des élus. Ils souhaitent une grande recomposition non seulement de l’extrême droite, mais aussi des droites en général, et visent notamment la frange la plus à droite de l’UMP.

– Quelle est l’idéologie de ce mouvement?

– Les identitaires défendent quelques idées-force, qui les distinguent de l’extrême droite classique. La première est l’opposition à l’immigration, non pas seulement par xénophobie comme peut le faire le Front national, mais par opposition déterminée au multiculturalisme. L’idée centrale du Bloc, c’est l’opposition à la société multiculturelle. Pour ce groupe, l’islam est intrinsèquement inassimilable au paysage religieux et culturel européen. La deuxième idée-force qui les différencie est le localisme. L’extrême droite française traditionnelle est nationaliste, jacobine et centralisatrice. Elle se méfie beaucoup des identités locales ou régionales. Le Bloc Identitaire, à l’inverse, est organisé sur la base de groupes régionaux relativement autonomes et qui défendent une identité enracinée dans un terroir local. Suivent deux autres étages d’appartenance identitaire: à la nation française et à l’Europe. Les identitaires ne sont pas souverainistes et ne veulent pas sortir de l’Union européenne. Ils veulent une autre Europe, qui ne serait pas fondée sur les postulats libéraux et fédéralistes, mais qui serait conçue comme un espace culturel et civilisationnel. Les mouvements identitaires se distinguent aussi par le fait qu’ils ne sont ni fascistes, ni antisémites. Je ne classerais donc pas le Bloc Identitaire à l’extrême droite. Il se situe plutôt à droite de la droite. C’est une force encore embryonnaire. La dernière manifestation à Paris a réuni 300 personnes. Les identitaires récoltent souvent 5% des voix lors des élections cantonales, ce qui n’est pas négligeable.

– Oskar Freysinger a récemment été invité par Filip Dewinter, membre du Vlaams Belang. Il s’est aussi adressé à Robert Spieler, l’un des fondateurs de la Nouvelle droite populaire, un parti français d’extrême droite. Le politicien valaisan serait-il en train de se radicaliser?

– Oskar Freysinger a commis une erreur stratégique. Le fait d’aller à une manifestation organisée par le Bloc Identitaire est encore dans les limites de l’acceptable. En revanche, il sera compliqué pour l’UDC de prétendre qu’elle n’a pas de contact avec l’extrême droite du moment que l’un de ses dirigeants a rencontré Filip Dewinter et écrit à Robert Spieler. L’UDC est un parti gouvernemental qui s’est toujours présenté comme une formation de la droite classique. Elle a des racines profondes dans la droite conservatrice mais démocratique, et on peut difficilement la classer dans l’extrême droite. En Europe, les formations les plus proches de l’UDC sont aujourd’hui le Parti pour la Liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas et la Ligue du Nord en Italie.

– Toutes sortes d’organisations sont associées à la manifestation du Bloc Identitaire, comme La Poule déchaînée, Riposte laïque, Résistance républicaine, Comité Lépante, Actions Sita, la Ligue du droit des femmes, etc.

– Il s’agit essentiellement de vitrines internet, derrière lesquelles il n’y a pas nécessairement de force militante. La seule organisation ayant une petite audience est Riposte laïque, une frange marginale du mouvement ultra-laïciste français qui s’est focalisée ces dernières années uniquement sur la question de l’islamisation, et qui est loin de faire l’unanimité dans les milieux laïcs français.

Propos recueillis par Patricia Briel dans le Temps

Oskar Freysinger, coqueluche des identitaires français

Le conseiller national udéciste est annoncé comme vedette à des assises sur l'islam organisées par un collectif très marqué à droite.

Le conseiller national udéciste Oskar Freysinger est la «guest star» d'assises organisées le 18 décembre prochain à Paris par le Bloc identitaire, une des nombreuses composantes de la galaxie de la droite de la droite française. Cette formation est née à la suite de la dissolution d'Unité radicale, dont un des membres, Maxime Brunerie, avait tenté d'assassiner le président français Jacques Chirac, mais sans que la justice voie un lien entre cette appartenance et son acte attribué à une certaine fragilité mentale. Le 18 décembre prochain se tiendront en effet à Paris les «Assises internationales sur l'islamisation». Cette réunion revendique comme modèle l'organisation d'un Apéro saucisson-pinard qui s'est tenu en juin dernier à la Goutte d'Or, à Paris, un quartier connu pour abriter une forte population musulmane. Le Bloc identitaire s'est aussi distingué en distribuant des «soupes identitaires», contenant du porc. Une manière de trier de manière ostentatoire nécessiteux musulmans et autochtones...
Oskar Freysinger est présenté en orateur vedette du raout identitaire. «La votation suisse contre les minarets en 2009 a montré l'ampleur de l'inquiétude des électeurs», peut-on lire dans le tract annonçant la rencontre.
Il y a une année, un autre udéciste, le conseiller national jurassien Dominique Bättig, s'était rendu à une rencontre du Bloc identitaire à Orange, l'un des fiefs de l'extrême droite française, avant de s'en distancier. Son parti avait à l'époque plaidé un certain amateurisme politique du député.

Piégé?
Oskar Freysinger, lui, explique avoir répondu présent à l'invitation non pas du Bloc identitaire mais d'un essayiste et écrivain, Jean Robin: «J'ai eu l'occasion d'échanger longuement avec lui lors de mon voyage à Bruxelles, c'est un homme tout à fait fréquentable.» En revanche, il se donne un petit temps de réflexion quant à sa participation: «Je veux être sûr qu'il n'y aura ni négationnistes ni nazis à cette réunion; et si tel était le cas, il est hors de question que j'y participe.»
De fait, les assises sont organisées par une vingtaine d'associations, le Bloc identitaire en tête, certes, mais aussi par un mouvement appelé «Riposte laïque». Plusieurs de ces collectifs sont toutefois liés au Bloc identitaire, comme l'Agence Novopress, spécialisée dans la distribution d'informations liées à cette mouvance.

Nouveau populisme
Bruno Verdoine, responsable de communication du Bloc identitaire, récuse le terme d'extrême droite, lui préférant celle de parti populiste: «S'il faut nous donner une étiquette, disons que nous nous situons quelque part entre le MPF de Philippe de Villier et le Front national.» Et de prendre pour modèle la Ligue du Nord en Italie et l'UDC en Suisse! «Nous allons présenter un candidat à la présidentielle, il fera campagne sur la démocratie directe telle que la pratique votre pays.»
Un recentrage partiellement confirmé par Jean-Yves Camus, politologue et spécialiste de l'extrême droite en Europe1: «Le Bloc identitaire cherche la respectabilité, il gomme ses comportements les plus extrémistes, la venue d'une pointure comme M. Freysinger est un bon calcul de sa part.»

Une vedette?
Pourquoi inviter Oskar Feysinger à Paris? «Parce qu'il est très connu en France, c'est l'homme de la campagne contre l'érection des minarets», selon M. Verdoine. De fait, le conseiller national valaisan a fait la «une» du journal d'extrême droite Minute, paru le 3 novembre.
Quant à l'UDC, elle ne se prononce pas sur la présence ou non de M. Freysinger à Paris. «Il y va à titre personnel, cela le regarde», résume Kevin Grangier, porte-parole adjoint du parti blochérien. «L'UDC fait de la politique en Suisse et uniquement en Suisse, elle n'est alliée à aucune formation de pays voisins.»

Philippe Bache dans le Courrier

Note : 1Jean-Yves Camus sera à Genève pour une conférence lundi, à l'invitation d'Acor SOS Racisme (20h15 au Café Gavroche, 4 boulevard James-Fazy).