Au Parti socialiste comme à l'association France Terre d'Asile, si la proposition de Nicolas Sarkozy "d'accueillir" Najlae, une jeune Marocaine expulsée, est une bonne nouvelle, ce cas individuel ne doit pas faire oublier la situation des réfugiés en France. Un article de Louis Morice, sur nouvelobs.com
A chaque femme martyrisée dans le monde, je veux dire que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française" avait déclaré le candidat Nicolas Sarkozy lors de sa campagne pour l'élection présidentielle en 2007. Lundi 8 mars, le président Nicolas Sarkozy s'est "prêt à accueillir en France" Najlae Lhimer, la jeune Marocaine expulsée après avoir porté plainte pour des violences infligées par son frère, "si elle le souhaite", a indiqué l'Elysée dans un communiqué.
"Ca n'est qu'un début"
Pour Sandrine Mazetier, secrétaire nationale chargée de l'immigration au Parti socialiste, cette déclaration sur Najlae Lhimer n'est effectivement que la simple application d'engagements de campagne du candidat Sarkozy. Elle rappelle que "derrière Najlae, il y a trois autres femmes battues qui ont été expulsées depuis le début de l'année dont on attend le retour. Il y aussi le sort de toute une série de jeunes scolarisés. Je pense aux étudiants de Pau qui risquent l'expulsion. J'ai envie de dire : encore un effort monsieur le président". Selon Sandrine Mazetier, "si Najlae revient, c'est formidable, mais ça n'est qu'un début".
Revenant sur les paroles prononcées en 2007 par Nicolas Sarkozy, Sandrine Mazetier insiste : "on ne devrait pas avoir à prendre en compte le projet de loi que prépare Eric Besson et qui fait que au lieu d'accueillir des boat-people comme il y a quelques années, on s'apprête à les placer en zone d'attente et à les priver de libertés plutôt que de leur venir en aide. Au-delà de la situation de Najlae, c'est celle de toutes les personnes qui cherchent refuge en France qu'il faut revoir car elle est totalement remise en cause par la politique de ce gouvernement inspirée par Nicolas Sarkozy".
Besoin d'une profonde révision
Directeur général de France Terre d'Asile, Pierre Henry se félicite de la décision du président de la République "même si une bonne nouvelle ne fait pas le printemps". Selon lui, ce type de situation ne se produirait pas s'il n'y avait pas "une injonction faite aux services de police d'obtenir des résultats". Pour France Terre d'Asile, "cette jeune femme n'aurait jamais dû être expulsée. Cela paraît d'autant plus évident au regard de la promesse de campagne du candidat Nicolas Sarkozy".
Pierre Henry explique qu'à quelques jours des élections, "il est toujours utile de se rappeler de ses engagements passés. Au-delà du cas de Najlae, c'est à une profonde révision de la façon dont les institutions abordent les situations des étrangers qu'il faut s'atteler". Le moment choisi par le président de la République pour cette déclaration ne change rien sur le fond du problème selon France Terre d'Asile : "cette annonce en ce jour symbolique de la femme ne change rien. Je salue la décision, tant mieux pour cette jeune femme. J'espère qu'elle reviendra le plus vite possible mais il y a encore 364 jours dans l'année où il faut expliquer dans les différents services en charge de la question des étrangers qu'il faut cesser cet espèce d'état bureaucratique qui consiste à toujours voir en face de soi un fraudeur !"
"Le cas Najlae doit faire date"
Du côté de l'association Ni putes ni soumises, la réaction reste avant tout à la joie. "Nous sommes heureuses que notre appel ait été entendu" nous a déclaré Silhem Habchi, présidente de l'association. Selon elle, il s'agit avant tout d'un message lancé à toutes les femmes : "Allez dans les commissariats, n'ayez plus peur de dénoncer les maltraitances dont vous souffrez !" Pour Silhem Habchi, le message de Nicolas Sarkozy est une reconnaissance de l'engagement humanitaire de l'association, "mais il faut continuer à se battre, continuer à dire aux femmes qu'elles n'ont pas à accepter d'être victimes de violences" ajoute-t-elle.
"La loi votée contre les violences faites aux femmes leur permet maintenant d'être assurées qu'elles ne seront pas expulsées si elles portent plainte, même si elles se trouvent en situation irrégulière. Le cas Najlae doit faire date : il faut que les femmes puissent trouver protection et soutien sans avoir peur d'être expulsées" explique l'association.
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