samedi 24 avril 2010

A Collombey-Muraz, l’UDC veut chasser les requérants d’asile

Echaudée par des problèmes de drogue, la section locale de l’UDC lance une pétition demandant la fermeture du foyer d’accueil pour candidats réfugiés. L’Etat du Valais se dit très sceptique.

Foyer chablaisien

Sept dealers africains arrêtés l’an dernier, une villa cambriolée par un requérant d’asile irakien le mois passé: pour l’UDC de Collombey-Muraz, c’en est trop. Criant à l’insécurité générale, ses responsables demandent à la Municipalité «de tout entreprendre pour faire fermer ce centre, dont la population ne veut plus». Forts de l’appui des Jeunes UDC du district de Monthey et de l’UDC du Valais romand, ils ont choisi l’arme de la pétition. «Nous voulons donner un signal fort à la commune», martèle Mikaël Vieux, président de la section locale.

Le foyer en question, situé en pleine zone industrielle, accueille actuellement 44 des quelque 1700 demandeurs d’asile hébergés en Valais. Ce sont tous des célibataires, dont beaucoup proviennent d’Afrique de l’Ouest. En février dernier, l’exécutif de Collombey-Muraz avait émis le vœu que ce centre abrite en priorité des familles. Refus clair et net de la part du Canton, seule instance compétente en la matière. «Les baraquements ne s’y prêtent pas du tout, souligne Emile Blanc, chef de la section asile du Service valaisan de l’action sociale. Et nous avons besoin de cette structure. Nous n’envisageons pas de la fermer pour l’instant.»

Les autorités ne nient pas pour autant l’existence d’un trafic de stupéfiants dans le secteur. La surveillance policière a ainsi été intensifiée ces derniers mois, comme en témoigne le patron d’une entreprise voisine. «Notre personnel a l’obligation de signaler la présence de toute personne suspecte», ajoute Emile Blanc. L’autre effort préventif concerne l’occupation des pensionnaires: 50% d’entre eux travaillent déjà dans le cadre de programmes d’utilité publique. «Notre but est que tous, y compris les requérants déboutés, puissent y participer.» Les démarches sont en cours, indique la présidente de Collombey-Muraz, Josiane Granger.

Dans des camps militaires?

L’avenir dira si l’abandon de ce foyer d’accueil correspond à une volonté populaire. Cas échéant, cela ne reviendrait-il pas à déplacer le problème dans une autre localité? L’UDC en convient. Mais évoque la possibilité d’héberger les requérants déboutés «dans des cantonnements militaires situés à l’écart des zones d’habitation, et qui ne sont plus utilisés par l’armée». Auteur d’une récente interpellation dans ce sens, le bouillant député valaisan Jean-Luc Addor attend la réponse du Conseil d’Etat avec impatience. Les pétitionnaires de Collombey-Muraz aussi.

Un article signé Patrick Monay dans 24 Heures

A la racine du mal

Fermer le centre d'accueil de Collombey-le-Grand et héberger les requérants d'asile dans des baraquements militaires à l'écart des zones d'habitations? Ces solutions proposées par l'UDC pour régler les problèmes de trafic de drogue liés à ce centre vont bien entendu faire bondir certains. Editorial signé Gilles Berreau dans le Nouvelliste.

Fort bien, mais alors que faire avec ce dossier? Continuer à nier le problème? Répéter que commune et canton ne sont pas compétents? S'il est évident que la fermeture d'un centre ne fait que déplacer le problème - après la fermeture du centre de Conthey en février, les requérants n'ont pas quitté la Suisse pour autant - la Confédération peut et doit corriger le tir. Elle peut accélérer les procédures d'examen toujours trop longues des demandes d'asile. Mais à quoi bon, si la Suisse continue à multiplier les voies de recours pour les requérants déboutés. Et surtout, si elle ne tape pas du poing sur la table face à certains pays qui rechignent encore à entériner des accords de réadmission. Par exemple, en liant l'aide humanitaire et économique de la coopération helvétique à la signature de ces accords.

L'Algérie, mais surtout le Nigeria, sont montrés du doigt par le conseiller national Oskar Freysinger. Face à de très nombreux requérants nigérians se livrant à des activités criminelles, la création d'une task-force réunissant cantons et Confédération, comme le souhaite l'Office fédéral des migrations, permettrait d'agir à la racine du mal. Et d'arrêter de déplacer le problème d'une commune à l'autre.

Une pétition pour chasser les dealers

Après celui de Conthey, l'UDC veut la peau du centre de requérants d'asile de Collombey.

Mikael Vieux, Guillaume Vannay et  Antoine Carraux  devant le centre de requérants de Collombey-le-Grand. ANDRÉE-NOELLE POT

L'UDC de Collombey-Muraz a décidé de lancer une pétition pour demander la fermeture du centre de requérants d'asile établi sur sa commune. Mettant en avant le trafic de drogue qui y sévit et des cambriolages dans la région, l'UDC estime l'emplacement de ce centre - la zone industrielle de Collombey-le-Grand - comme n'étant pas adapté, car trop proche d'habitations.

«Par notre action, nous voulons montrer l'exaspération et la volonté de la population de ne plus avoir ce centre sur la commune», a indiqué hier matin lors d'une conférence de presse Mikael Vieux, président de la section UDC locale.

Conthey a fermé

Lorsque l'on fait remarquer à l'UDC que la décision appartient ni à la commune ni au canton, mais à la Confédération et qu'à Bex le centre est resté ouvert malgré un vote populaire, Oskar Freysinger rétorque que la pression populaire peut se révéler efficace.

Et le conseiller national de citer l'exemple du centre de Conthey qui vient de fermer en février dernier, le bail à loyer arrivant à terme. Dans le Valais central, c'est la proximité d'une école de réinsertion qui avait servi d'argument à l'UDC pour exiger le départ des réfugiés.

Sans affirmer que cette fermeture est la conséquence directe du mouvement populaire orchestrée par l'UDC, le président de l'UDC du Valais romand y voit une influence dans le non-renouvellement du bail.

A Collombey-Muraz, Mikael Vieux rappelle que les requérants sont pour la grande majorité en statu de non-entrée en matière (NEM). De plus, le centre n'est pas fermé et ne dispose pas d'heure de rentrée.

Un souci majeur

Il souligne que les autorités locales, sollicitées par une lettre ouverte de son parti, avaient demandé en vain au canton d'intervenir pour que le centre n'accueille plus de célibataires.

Mais pour Guillaume Vanay, président des Jeunes UDC du district de Monthey, «l'heure n'est plus à la naïveté. Le problème du trafic de drogue lié à ce centre est un souci majeur pour notre section. Il est d'autant plus grand depuis qu'un jeune de la commune, auparavant sans problème, a sombré dans l'enfer de la drogue, les dealers sans scrupules l'incitant même à voler sa propre famille afin de les payer.»

Et l'UDC de rappeler que pas plus tard que cette semaine s'est déroulé à Monthey le procès d'un dealer de cocaïne agissant depuis le centre de requérants de Collombey.

Dans des baraques militaires

Fermer ce centre, n'est-ce pas déplacer le problème sur une autre commune? Député suppléant, Antoine Carraux rappelle qu'en décembre dernier le chef du groupe UDC du Grand Conseil a déposé une interpellation. Jean-Luc Addor proposait d'héberger les requérants d'asile déboutés dans des cantonnements militaires désaffectés et situés à l'écart des zones d'habitations.

«Nous attendons une réponse pour la session du mois prochain», a souligné Antoine Carraux.

L’Arizona se dote d’une loi controversée sur l’immigration clandestine

L'Arizona, Etat américain frontalier avec le Mexique, a adopté vendredi la législation anti-immigration clandestine la plus dure des Etats-Unis. Un train de mesures criminalisant les illégaux et ceux qui les emploient qui déclenche polémique, dénonciation et manifestations, le président Barack Obama exprimant sa crainte qu'elle ne viole les droits civiques.

L'Arizona, qui compterait environ 460.000 clandestins, est en première ligne: ses immensités désertiques servent de couloir d'entrée par la majorité des clandestins d'Amérique du sud entrant sur le territoire américain, ainsi que pour le trafic de drogue en provenance du Mexique.

Devant le capitole, où la gouverneure républicaine Jan Brewer a signé le texte vendredi, lui donnant force de loi, des centaines de personnes ont manifesté leur colère, craignant la flambée de la discrimination raciale et l'installation d'un climat de peur généralisée chez les Latinos.

"Des décennies d'inaction et de politiques inadaptées ont crée une situation dangereuse et inacceptable", a déclaré Mme Brewer, estimant que les manifestants "exagéraient" et affirmant qu'elle ne tolérerait aucun profilage racial.

Un peu plus tôt, le président Obama lui-même avait estimé que la loi était "malavisée" et donné consigne au ministère de la Justice de vérifier qu'elle n'allait pas à l'encontre de la loi.

Barack Obama se retrouve donc au pied du mur, poussé à s'attaquer pour de bon à la réforme de l'immigration au niveau national, autre gros chantier de sa présidence, sous peine, comme il l'a dit vendredi, de laisser la porte ouverte à "l'irresponsabilité des autres".

"Ce qui inclut, par exemple, les récents efforts en Arizona, qui menacent de mettre à mal les notions fondamentales d'équité que nous chérissons en tant qu'Américains, et de confiance réciproque entre une communauté et sa police, confiance cruciale pour notre sécurité", a ajouté Obama.

En vertu de la nouvelle législation adoptée par le parlement local à majorité républicaine et validée par la gouverneure, être clandestin devient un crime en Arizona. La police locale a désormais le droit d'interroger à ce sujet toute personne qu'elle soupçonne, pour quelque raison que ce soit, d'être un immigré clandestin.

La loi, qui devrait entrer en vigueur fin juillet ou début août, permettra de poursuivre toute agence gouvernementale gênant l'application des lois sur l'immigration, et rend illégal le fait d'embaucher des clandestins à la journée ou de les transporter.

"Ca va changer nos vies", soupire Emilio Almodovar, 13 ans, petit citoyen américain habitant Phoenix. "Nous ne pourrons plus aller à pied à l'école. Nous ne pourrons plus mettre le nez dans la rue, même les cochons penseront que nous sommes des immigrés clandestins".

Le Fonds mexicain-américain pour la protection juridique et l'éducation envisage contester la loi en justice, au motif qu'elle "enclenche en Arizona une spirale de peur, de méfiance, d'augmentation du crime, avec des répercussions au niveau national.

"Cela légalise l'arrestation et la détention de gens qui pourraient être des immigrés sans-papiers, simplement sur la base de leur apparence physique", a déploré Angela Kelley, vice-présidente chargée des migrations au Centre pour le progrès, qui milite pour une vaste réforme des lois sur l'immigration.

Les réactions se sont multipliées également au sud de l'Arizona. Le Mexique, jugeant que la loi risque d'affecter les relations transfrontalières, avait exhorté jeudi la gouverneure à y opposer son veto. En pure perte. Pour le vice-président guatémaltèque Rafael Estrada, c'est un "pas en arrière pour ces migrants qui ont combattu" pour leurs droits.

"La police de l'Arizona traite déjà les migrants pire que des animaux. Il y a déjà la chasse aux migrants, et maintenant, ça va être saison ouverte avec la bénédiction de la loi", déplore Francisco Loureiro, militant qui gère un centre d'accueil pour migrants dans la ville-frontière de Nogales, au Mexique.

D'ici l'entrée en vigueur, les policiers vont suivre une formation pour la faire respecter sans violer les droits civiques, a ajouté la gouverneure: "Nous devons faire appliquer la loi uniformément, sans prendre en compte la couleur de la peau, l'accent ou le statut social. Nous devons prouver aux alarmistes et aux cyniques qu'ils ont tort".

Confrontée à une difficile bataille pour sa réélection dans cet Etat conservateur, Mme Brewer doit faire face à la colère croissante des habitants de l'Arizona envers l'immigration clandestine.

Ce sentiment a encore pris de l'ampleur après la découverte du cadavre d'un éleveur, Rob Krentz, retrouvé mort sur ses terres près de la frontière. La police pense qu'il a été abattu par un clandestin peut-être lié à un cartel de la drogue.

Les manifestations et critiques ne déstabilisent pas Russell Pearce, l'élu local auteur de la proposition de loi et chef de file des anti-clandestins d'Utah. Selon lui, les nouvelles dispositions enlèveront les "menottes politiques" qui empêchaient la police d'agir. "Illégal, c'est illégal", dit-il. "Nous aurons moins de criminalité. Nous aurons moins d'impôts. Nous aurons des quartiers plus sûrs. Nous aurons moins de files d'attente aux urgences. Nous aurons moins de monde dans les classes d'école". AP