vendredi 28 mai 2010

“Y’a bon awards 2010”: le palmarès

Jeudi 27 mai avait lieu à la Bellevilloise, à Paris, la cérémonie de remise des « Y'a bon awards » 2010, deuxième cuvée de la manifestation parodique, dont Rue89 est partenaire, organisée par l'association Les Indivisibles. Durant un peu plus de deux heures trente, s'est égrainée une litanie de sorties racistes dans l'espace public, et surtout médiatique. Palmarès de la compétition.

Ce chapelet un peu halluciné a permis d'exhumer sur grand écran -vidéo à l'appui le plus souvent- des dizaines de rictus xénophobes, « essentialistes », plus ou moins triviaux. Parmi ceux-là, neuf ont tiré leur épingle de ce jeu désarmant.

La suite, en vidéos et citations éloquentes, sur le site de Rue89

Même privés d’argent, des requérants déboutés restent en Suisse

Une étude commandée par l’Office fédéral des migrations démontre que la suppression de l’aide sociale n’est pas aussi efficace qu’attendu.

C’est un héritage de l’ère Blocher: depuis le 1er janvier 2008, tous les requérants d’asile déboutés sont privés d’aide sociale, et plus seulement ceux frappés d’une décision de non-entrée en matière. La mesure était censée s’avérer dissuasive, et pousser ceux qui ne bénéficient que d’une aide d’urgence à quitter plus rapidement la Suisse. Or elle ne l’est pas autant qu’espéré. C’est ce qui se lit entre les lignes d’une étude commandée par l’Office fédéral des migrations (ODM).

Dans son communiqué, l’ODM préfère voir le verre à moitié plein. Il souligne que la moitié des personnes déboutées ne recourent pas à l’aide d’urgence et quittent la Suisse, et que «seuls 15%» continuent à la percevoir au bout d’un an. Mais cela signifie également que près de 50% restent en Suisse, sans forcément revendiquer cette aide minimale garantie par la Constitution – environ 8 francs par jour, un toit et des soins médicaux si nécessaire. La situation inquiète les cantons, compétents en matière d’exécution des renvois. Ils reçoivent de la Confédération un forfait de 6000 francs par requérant débouté pour les coûts liés à l’aide d’urgence, mais passent à la caisse dès que ce montant est dépassé.

Interdites de travail, peinant à s’intégrer et sans le sou, ces personnes vivent dans des conditions très précaires. Du coup, des privés et œuvres d’entraide viennent à leur secours. «Le soutien des sociétés civiles et des partis politiques apporté aux requérants a tendance à accroître la durée de séjour des bénéficiaires de l’aide d’urgence», souligne l’étude.

«Une idéologie de répression»

D’autres facteurs sont mis en avant. Comme le fait que les renvois ne peuvent pas toujours être exécutés: certains pays rechignent à reprendre leurs ressortissants. Recourir à l’aide d’urgence est aussi pour certains un scénario moins rebutant que le retour dans leur pays d’origine. Que faire face à un pareil casse-tête? Selon l’étude, les cantons peuvent agir à deux niveaux: en «mêlant judicieusement mesures incitatives et sanctions en ce qui concerne le régime de l’aide d’urgence et en intensifiant leurs efforts en vue de l’exécution des renvois». Elle souligne qu’il est d’une «importance capitale de disposer d’un nombre suffisant de places de détention, de bénéficier d’une certaine disponibilité pour les opérations policières et d’avoir la possibilité de transférer des personnes en vue de leur identification». Un groupe de travail va se pencher sur les solutions à apporter.

Pour l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés, «cette idéologie de répression, qui ne tient pas compte des personnes vulnérables, ne change rien». «Il est irresponsable de pousser ces personnes dans une situation de précarité sans respecter la dignité humaine», commente le porte-parole Adrian Hauser.

Valérie de Graffenried dans le Temps

Asile: aide sociale supprimée “efficace”

asile aide sociale

Sur txt.ch

Immigration: les gens de Québec encore frileux

Même si les milieux politiques et économiques de Québec comptent sur les immigrants pour assurer la croissance de la région et occuper les nombreux emplois vacants, la population de la capitale demeure craintive par rapport aux nouveaux venus, surtout lorsqu'ils sont «visibles». Un article signé Baptiste Ricard-Châtelain dans le Soleil de Québec, relayé par Cyberpresse.

«Il y a encore des résistances liées à l'ignorance», observe la directrice du Centre multiethnique de Québec, Dominique Lachance. «Il y a une adhésion qui doit se faire.»

Les institutions ont embarqué dans le train de l'immigration, mais les résidants seraient encore sur le quai à se demander s'ils veulent vraiment monter dans les wagons remplis de visages multicolores.

L'arrivée récente de réfugiés birmans a d'ailleurs suscité de vives réactions au sein de la communauté. Une nouveauté pour l'équipe du Centre multiethnique, qui a reçu, pour la première fois, des courriels et des appels troublants : «Il y a une peur.»

Il faudra bien que les récalcitrants s'adaptent parce que la capitale est la principale destination des réfugiés admis au Québec. D'ailleurs, plusieurs groupes de Bhoutanais réfugiés au Népal s'installeront au cours des prochaines années. Et une vague de réfugiés de l'Irak est attendue d'ici l'automne.

Surpris par le constat de Mme Lachance? Vous nous pensez accommodants? Au moins 30 % des propriétaires d'immeubles de logements de la région refusent catégoriquement d'héberger des immigrants réfugiés, critique Hélène Gosselin, l'employée du Centre multiethnique, qui a la difficile tâche de dénicher de grands logements abordables pour les familles débarquant à Québec. «De la couleur icitte, j'en veux pas», se fait-elle souvent lancer par ces locateurs. Leurs noms sont dès lors consignés sur la liste noire...

«On a une liste de propriétaires avec lesquels on ne fait pas affaire», insiste la directrice Dominique Lachance. Résultat : les réfugiés sont regroupés au centre-ville ainsi que dans le secteur Vanier et Limoilou, où l'accueil serait plus jovial. «On n'a pas le choix, quand on trouve des propriétaires ouverts, de "concentrer" [même si] ça va contre nos principes.»

Un demi-siècle d'accueil

Il y a 50 ans, les immigrants étaient reçus à la gare centrale de Québec par de riches femmes anglophones et une tasse de thé!

L'accueil des immigrants a bien évolué depuis la naissance, en 1960, de la Fraternité canadienne, l'ancêtre du Centre multiethnique de Québec.

«On n'utilise plus le Carnaval et la cabane à sucre!» rigole la directrice, Dominique Lachance.

À l'époque, ces activités étaient inscrites au parcours d'intégration typique, avec le concours de bonnets de la Sainte-Catherine et la kermesse gastronomique organisée une semaine avant la fête des Mères.

Les nouveaux arrivants ont aujourd'hui accès à une équipe structurée pour favoriser leur installation. Diane Plourde est l'une de ces intervenantes à l'accueil.

Dès la première rencontre, elle les accompagne dans les dédales gouvernementaux pour l'inscription à l'assurance maladie, à l'aide sociale... Puis, il y a la première expérience de magasinage au centre commercial afin d'habiller les familles souvent nombreuses.

La vie en appartement

Quand un logement est enfin déniché, il faut également diriger les futurs Québécois dans leur logis. Les réfugiés qui ont longtemps séjourné dans les camps sont particulièrement perdus.

Mme Plourde doit donc expliquer le fonctionnement du thermostat, du réfrigérateur, de la toilette, même. Il ne faut surtout pas oublier d'insister sur un point : le rideau de douche doit pendre dans la douche pour éviter les dégâts d'eau! C'est du nouveau pour ceux qui ont vécu dans le dénuement.

Tout cela peut sembler banal, convient Diane Plourde. Mais chaque irritant en moins sur les épaules des immigrants est un pas de plus vers une intégration réussie.