"Vivre Ensemble", le bulletin de liaison pour la défense du droit d'asile, dans son numéro de septembre, publie ce texte de Guy Krneta, dramaturge et auteur alémanique, paru dans le Manifeste des artistes suisses contre la loi sur l'asile en août 2006:
Guy Krneta
" Quand on regarde un peu la loi, on peut se demander à quoi devrait ressembler un réfugié qui voudrait correspondre au réfugié dont parle la loi. Ce devrait être quelqu'un qui a emmené ses papiers, un passeport en règle, son acte de naissance, sa carte de donneur de sang, son livret de famille.
Ce devrait être quelqu'un qui ne vient pas ici pour faire la manche. Quelqu'un qui a donc de l'argent, qui amène cet argent et qui ne dépend pas de notre aide sociale.
Quelqu'un qui voudrait rapidement repartir, car il a un avenir ailleurs, une famille, une maison, un bon boulot qui lui permet de vivre.
Quelqu'un qui chez lui, pour des raison politiques, a pris deux ou trous mois de congé. Quelqu'un qui rentrerait chez lui après deux ou trois mois, une fois la situation stabilisée.
Quelqu'un qui ne viendrait pas ici pour faire de l'agitation politique dans le but de stabiliser la situation chez lui, et qui aurait le projet de s'intégrer au plus vite, d'apprendre la langue, la culture et tout, pour repartir le plus vite possible et révéler à la terre entière ce qu'il a appris, afin que tout le monde sache et comprenne que la Suisse est un sacré Etat de droit ...
Un Etat qui s'apprête à enfreindre le droit international et à plonger dans l'injustice celles et ceux qui ont fui l'injustice.
Un Etat qui s'apprête à rendre la vie dure à celles et ceux qui ont risqué leur vie pour sauver leur vie, à les enfermer préventivement, le temps qu'ils se souviennent peut-être qu'ils ont ailleurs un oncle fortuné qui voudrait d'eux ...
Si vous ne voulez pas que notre droit d'asile devienne une injustice, et si vous pouvez vous représenter ce réfugié pour qui est soit-disant faite cette loi, alors il n'y a qu'une réponse à donner à cette loi: non-entrée en matière. "