"Le signal politique que le Grand Conseil a donné au Canton est clair : il y a disproportionnalité dans l'action de l'Etat dans cette affaire. Il est temps maintenant de passer à autre chose".
Ecoutez l'interview de Josiane Aubert, présidente du PS vaudois, propos recueilli par la Première et diffusé dans le Flash Info de 6h ce matin
mercredi 6 juillet 2005
Mermoud: l'humiliation
Jean-Claude Mermoud n'a pas supporté de se voir refuser la parole durant le plénum du Grand Conseil. Photo © Christian Bonzon
«Si certains veulent bafouer ainsi la démocratie, je préfère ne pas me prononcer.» Hors de lui, le conseiller d'Etat Jean-Claude Mermoud a quitté précipitamment hier soir le Palais de Rumine, à Lausanne, après le terrible affront que lui a infligé le Grand Conseil.
Après une heure de débat, les députés ont accepté à une courte majorité (78 oui, contre 74 non et 3 abstentions) la motion du radical Serge Melly. Le texte exige que le Conseil d'Etat renonce à l'usage des mesures de contrainte dans le dossier des requérants déboutés du groupe des «523». Cette décision a été accueillie par les vivats et les applaudissements des élus de gauche et de la tribune du public, où s'étaient réunis les requérants et leurs défenseurs. «Nous reprenons enfin espoir», a lancé Yves Sancey, de la Coordination Asile.
Mais ce vote n'explique pas à lui seul la colère de Jean-Claude Mermoud. La présidente du Grand Conseil, Christiane Jaquet-Berger, ne l'a pas autorisé à s'exprimer sur le sujet, à quelques minutes du vote crucial. «Ce n'était pas un camouflet, justifie la popiste. Mais une motion est avant tout l'affaire du Parlement. Et le conseiller d'Etat a déjà, à plusieurs reprises, exprimé son point de vue.»
Reste que l'acceptation de cette motion, rendue possible par le vote de quelques radicaux, met le Conseil d'Etat dans une situation des plus délicates. Car même si la construction juridique du texte est boiteuse, il sera difficile au gouvernement de braver la volonté des députés. La crise semble loin d'être résolue.
Lire l'article de Yan Pauchard dans le Matin
Le Château sous mesure de contrainte
Commentaire de Michaël Rodriguez dans le Courrier :
Le Parlement vaudois a accompli hier un acte de bravoure.
Les députés ont en effet osé infliger un désaveu cinglant au gouvernement en l’occurrence, à sa majorité de droite sur un dossier dont la gestion quotidienne est assurée par le Conseil d’Etat. Mais, ce faisant, le Grand Conseil n’a pas fait preuve d’immaturité politique, comme le clame Jean-Claude Mermoud depuis les premières velléités de soulèvement du Parlement. Le législatif ne se substitue pas davantage à l’exécutif sur un terrain qui constituerait une plate-bande du gouvernement.
Autorité suprême du canton, le Grand Conseil s’émancipe et prend simplement ses responsabilités politiques là où le Conseil d’Etat les élude. Responsabilités morales, d’abord, vis-à-vis de requérants d’asile dont les autorités précédentes ont eu la décence de penser que le traumatisme vécu dans leur pays d’origine et les liens noués ici ne s’effaçaient pas d’un coup de crayon. Responsabilités politiques, ensuite, face au déni de justice commis par les autorités fédérales, et dont le dép
artement de Christophe Blocher a cru se sortir par de pitoyables pirouettes.
Réagir à des violations aussi manifestes du droit à la justice n’est pas une option facultative, c’est un devoir. La surdité de la droite du gouvernement aux constats d’arbitraire, la répétition quasi obsessionnelle de la nécessité d’obéir à la Confédération ne constituent pas même l’embryon d’une politique. Le Grand Conseil l’a rappelé hier de la plus vigoureuse des manières, en plaçant en quelque sorte le Château cantonal sous mesure de contrainte. Sa majorité est dès lors mise en demeure de trouver une issue à la crise de l’asile qui ne soit pas une énième porte dérobée.
L'article de Michaël Rodriguez dans le Courrier
Le Parlement vaudois a accompli hier un acte de bravoure.
Les députés ont en effet osé infliger un désaveu cinglant au gouvernement en l’occurrence, à sa majorité de droite sur un dossier dont la gestion quotidienne est assurée par le Conseil d’Etat. Mais, ce faisant, le Grand Conseil n’a pas fait preuve d’immaturité politique, comme le clame Jean-Claude Mermoud depuis les premières velléités de soulèvement du Parlement. Le législatif ne se substitue pas davantage à l’exécutif sur un terrain qui constituerait une plate-bande du gouvernement.
Autorité suprême du canton, le Grand Conseil s’émancipe et prend simplement ses responsabilités politiques là où le Conseil d’Etat les élude. Responsabilités morales, d’abord, vis-à-vis de requérants d’asile dont les autorités précédentes ont eu la décence de penser que le traumatisme vécu dans leur pays d’origine et les liens noués ici ne s’effaçaient pas d’un coup de crayon. Responsabilités politiques, ensuite, face au déni de justice commis par les autorités fédérales, et dont le dép
artement de Christophe Blocher a cru se sortir par de pitoyables pirouettes.
Réagir à des violations aussi manifestes du droit à la justice n’est pas une option facultative, c’est un devoir. La surdité de la droite du gouvernement aux constats d’arbitraire, la répétition quasi obsessionnelle de la nécessité d’obéir à la Confédération ne constituent pas même l’embryon d’une politique. Le Grand Conseil l’a rappelé hier de la plus vigoureuse des manières, en plaçant en quelque sorte le Château cantonal sous mesure de contrainte. Sa majorité est dès lors mise en demeure de trouver une issue à la crise de l’asile qui ne soit pas une énième porte dérobée.
L'article de Michaël Rodriguez dans le Courrier
C’est non aux renvois forcés et non à Jean-Claude Mermoud
Hier après-midi, le Grand Conseil a voté par 78 voix contre 74 et 3 abstentions la prise en considération d’une motion et son renvoi au Conseil d’Etat pour élaboration d’un projet de loi ou de décret. En d’autres termes, le Parlement exige un gel de l’application des mesures de contrainte sur les requérants d’asile déboutés issus du groupe des «523». Il demande aussi la levée de l’interdiction de travailler et propose la création d’une commission consultative d’experts chargée de réexaminer les dossiers en cause.
«Si les gens veulent bafouer ainsi la démocratie, je ne m’exprime pas.» Après un an de crise autour du dossier de l’asile, le conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud s’est cette fois énervé. Il faut dire qu’hier, en fin de débat sur le sort des requérants déboutés issus du groupe des «523», le ministre n’a pas pu s’exprimer. Car après plus d’une heure de discussions sur une motion du radical Serge Melly, les députés ont abrégé — comme ils en ont le droit — les joutes verbales et passé directement au vote. Ce qui a privé de tribune le magistrat UDC.
Lire la suite de l'article de Grégoire Nappey dans 24 heures
Ecoutez les commentaires de Laurent Bonnard sur la Première.
«Si les gens veulent bafouer ainsi la démocratie, je ne m’exprime pas.» Après un an de crise autour du dossier de l’asile, le conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud s’est cette fois énervé. Il faut dire qu’hier, en fin de débat sur le sort des requérants déboutés issus du groupe des «523», le ministre n’a pas pu s’exprimer. Car après plus d’une heure de discussions sur une motion du radical Serge Melly, les députés ont abrégé — comme ils en ont le droit — les joutes verbales et passé directement au vote. Ce qui a privé de tribune le magistrat UDC.
Lire la suite de l'article de Grégoire Nappey dans 24 heures
Ecoutez les commentaires de Laurent Bonnard sur la Première.
«Un grave dysfonctionnement!»
La tension est à son comble avant la pause estivale
C’est précisément au moment où débute la pause estivale que la tension politique atteint son paroxysme. «Voilà un grave dysfonctionnement qui ouvre une crise dans nos institutions vaudoises, commente Christian Polin, député radical. Notre Parlement impose au Conseil d’Etat une politique que celui-ci considère comme étant inconstitutionnelle. Or aucune autorité juridictionnelle ne peut trancher. Si on en est là, c’est en partie parce que les Conseils d’Etat passés et actuel n’ont pas mesuré en temps utile les conséquences politiques de leurs actes.» Son collègue radical Armand Rod, président de la commission des finances, avoue que le Parlement l’a déçu. Il enverra une lettre à chaque député qui a voté en faveur de cette motion. Pour beaucoup, les rouages du pouvoir sont grippés. Le député démocrate du centre Jean-Pierre Grin estime que «l’acceptation de cette motion va prolonger le climat d’incertitude qui a été créé depuis l’automne dernier».
La gauche a le sourire aux lèvres. Le Vert Yves Ferrari s’avoue soulagé: «Les arguments politiques, juridiques et humains l’ont enfin emporté sur un juridisme étroit. A l’orée des vacances, cela nous réconforte dans nos efforts et dans l’espoir que ces personnes soient enfin reconnues.» Pour son collègue popiste Jean-Paul Dudt, la décision du Parlement cantonal constitue «un heureux dénouement». Selon lui, «la Constitution vaudoise le dit très clairement: le Conseil d’Etat doit obéir au Grand Conseil». Jean-Paul Dudt estime que le gouvernement n’a pas le droit de profiter de l’été pour appliquer les mesures de contrainte. «S’il le fait, il aura un sacré problème avec le Grand Conseil.»
C’est précisément au moment où débute la pause estivale que la tension politique atteint son paroxysme. «Voilà un grave dysfonctionnement qui ouvre une crise dans nos institutions vaudoises, commente Christian Polin, député radical. Notre Parlement impose au Conseil d’Etat une politique que celui-ci considère comme étant inconstitutionnelle. Or aucune autorité juridictionnelle ne peut trancher. Si on en est là, c’est en partie parce que les Conseils d’Etat passés et actuel n’ont pas mesuré en temps utile les conséquences politiques de leurs actes.» Son collègue radical Armand Rod, président de la commission des finances, avoue que le Parlement l’a déçu. Il enverra une lettre à chaque député qui a voté en faveur de cette motion. Pour beaucoup, les rouages du pouvoir sont grippés. Le député démocrate du centre Jean-Pierre Grin estime que «l’acceptation de cette motion va prolonger le climat d’incertitude qui a été créé depuis l’automne dernier».
La gauche a le sourire aux lèvres. Le Vert Yves Ferrari s’avoue soulagé: «Les arguments politiques, juridiques et humains l’ont enfin emporté sur un juridisme étroit. A l’orée des vacances, cela nous réconforte dans nos efforts et dans l’espoir que ces personnes soient enfin reconnues.» Pour son collègue popiste Jean-Paul Dudt, la décision du Parlement cantonal constitue «un heureux dénouement». Selon lui, «la Constitution vaudoise le dit très clairement: le Conseil d’Etat doit obéir au Grand Conseil». Jean-Paul Dudt estime que le gouvernement n’a pas le droit de profiter de l’été pour appliquer les mesures de contrainte. «S’il le fait, il aura un sacré problème avec le Grand Conseil.»
L'humanitaire se penche sur ses blessures de guerre
SREBRENICA DIX ANS APRÈS
L'action humanitaire doit-elle se protéger? La guerre en Bosnie a montré la nécessité d'un soutien psychologique aussi bien pour les victimes que pour les délégués d'aide en cas de conflit.
Dix ans après les faits (le 11 juillet 1995 l'armée serbe donnait le feu vert au massacre), «Le drap de Srebrenica», avec ses centaine de noms de disparus écrits à la main, reste en effet le témoignage le plus direct d'une population face au massacre et aux séquelles psychiques qui y sont liées. Mais s'il était question de soutien psychologique, le thème du débat touchait non seulement la population civile, mais aussi les humanitaires.
Lire l'article de Nicola De Marchi dans le Courrier
L'action humanitaire doit-elle se protéger? La guerre en Bosnie a montré la nécessité d'un soutien psychologique aussi bien pour les victimes que pour les délégués d'aide en cas de conflit.
Dix ans après les faits (le 11 juillet 1995 l'armée serbe donnait le feu vert au massacre), «Le drap de Srebrenica», avec ses centaine de noms de disparus écrits à la main, reste en effet le témoignage le plus direct d'une population face au massacre et aux séquelles psychiques qui y sont liées. Mais s'il était question de soutien psychologique, le thème du débat touchait non seulement la population civile, mais aussi les humanitaires.
Lire l'article de Nicola De Marchi dans le Courrier
Happy end : «Je recommence tout à zéro»
Après vingt-cinq ans passés en Suisse, Archana Schaumat, orpheline indienne, ne sera pas expulsée.
Le cas d’Archana Schaumat était unique dans l’histoire de Terre des hommes. A 11 ans, elle avait été arrachée des rues de Calcutta. Direction la Suisse pour une adoption qui ne se fera jamais. Difficulté liée à l’intégration. L’enfant est ballottée de familles d’accueil en foyer. Puis la galère. La zone. La prison aussi. En sursis en Suisse aux yeux de la justice, Archana est à nouveau arrêtée «pour des bricoles». Le couperet tombe: elle est sous le coup d’une mesure d’expulsion. «Je n’ai jamais demandé à venir ici. En plus j’ai une fille de 15 ans qui vit ici.» Une fille qui est dans une famille d’accueil et qui est au bénéfice d’un passeport à croix blanche.
Le cas d’Archana Schaumat était unique dans l’histoire de Terre des hommes. A 11 ans, elle avait été arrachée des rues de Calcutta. Direction la Suisse pour une adoption qui ne se fera jamais. Difficulté liée à l’intégration. L’enfant est ballottée de familles d’accueil en foyer. Puis la galère. La zone. La prison aussi. En sursis en Suisse aux yeux de la justice, Archana est à nouveau arrêtée «pour des bricoles». Le couperet tombe: elle est sous le coup d’une mesure d’expulsion. «Je n’ai jamais demandé à venir ici. En plus j’ai une fille de 15 ans qui vit ici.» Une fille qui est dans une famille d’accueil et qui est au bénéfice d’un passeport à croix blanche.
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