dimanche 14 mai 2006

Permis B pour Révérien

Lire dans Le Matin

Emu jusqu'aux larmes, Révérien Rurangwa ne baisse pas la garde. Décidé à témoigner du génocide rwandais dont il a miraculeusement réchappé au contraire de toute sa famille, ce Tutsi réfugié à La Chaux-de-Fonds est visiblement éprouvé par la sortie de son livre choc, Génocidé, ses interventions dans les médias et la vague de soutien soulevée en Suisse à la suite du refus de sa demande d'asile. Depuis que «Le Matin» a confronté le conseiller national neuchâtelois Yvan Perrin, vice-président national de l'UDC, au cas désespéré de Révérien, son destin est aussi devenu une affaire politique.
Lire pourquoi Révérien souhaite toujours obtenir l'asile

Garantie de non-renvoi
Didier Berberat, le maire socialiste de La Chaux-de-Fonds, a décidé de prendre au mot son collègue de droite et il l'a invité à aller rencontrer avec lui les services de Christoph Blocher à Berne. Les deux députés ont pu parlementer mardi dernier avec Eduard Gnesa, directeur de l'Office fédéral des migrations. Il est resté inflexible sur l'asile, mais il a toutefois donné une garantie: «Révérien ne sera pas renvoyé au Rwanda jusqu'à ce que tombe la réponse à son recours contre le refus de sa demande d'asile, confie Didier Berberat. Comme il y a de fortes chances que la réponse reste négative, nous nous sommes engagés à demander au canton de Neuchâtel l'octroi d'un permis B. M. Gnesa nous a garanti que Berne facilitera une telle issue.»

Cet arrangement dérange le socialiste pour qui «la loi sur l'asile doit être appliquée plus humainement». Yvan Perrin, lui, se satisfait de la garantie de non-renvoi: «Il est clair que ce Tutsi aurait de grands risques de se faire agresser s'il retourne au Rwanda. Mais il ne remplit pas strictement les conditions du droit d'asile et il n'y a pas d'exception à faire parce qu'il a écrit un livre.» L'UDC limitera donc son soutien à l'obtention d'un permis B dans le canton de Neuchâtel. Une perspective qui laisse Révérien encore et toujours blessé de ce refus de reconnaître son vrai statut de victime.