jeudi 4 août 2011

Quotas pour les étrangers permis dans les Universités

Une expertise confirme la possibilité pour les Hautes Ecoles suisses d’établir des quotas pour diminuer le nombre de non-Suisses.

Les Hautes Ecoles suisses ont le droit d’établir des quotas et d’augmenter les taxes en vue de freiner l’afflux des étudiants étrangers. La Conférences des recteurs des Universités suisses (CRUS) a ainsi annoncé que de telles mesures ne violaient aucun accord international en vigueur et pouvaient donc être appliquées ( 24 heures de mardi). Cet avis de droit survient après de longs mois de débat au sein des milieux académiques et politiques. L’expertise de la CRUS réjouit les Universités alémaniques qui se plaignent de la trop grande quantité d’étudiants étrangers qui fréquentent leurs salles de cours. Certains recteurs déplorent notamment la baisse de niveau causée par trop d’étudiants non-Suisses. Ceux-ci poursuivraient leurs études en Suisse après un diplôme effectué dans leur pays et ne seraient pas au niveau des Universités suisses.

L’UDC a également repris cette question à son compte. En plus de la baisse du niveau académique, les démocrates du centre fustigent l’injustice dont sont victimes les étudiants suisses par rapport à leurs homologues étrangers qui payent les mêmes taxes sans que leur pays d’origine n’ait à participer au financement de l’Université.

Le point de vue est tout autre du côté des Universités romandes. «Notre Université est ouverte aux étudiants étrangers, qui apportent énormément. Il n’est pas question d’appliquer ces mesures», explique Géraldine Falbriard, responsable de la communication à l’Université de Lausanne. À Genève, cet avis est partagé par Margareta Baddeley, vice-rectrice de l’Université: «Notre Université est celle qui compte le plus d’étudiants étrangers en Suisse et l’apport de ces étudiants est très positif». En septembre 2010, Yves Flückiger, également vice-recteur à Genève, démentait, dans les colonnes de 24 heures , le lien entre le trop grand nombre d’étudiants étrangers et la baisse de niveau supposée: «Le niveau des diplômes, c’est à nous de le fixer, et aux étudiants, suisses ou non, de s’y adapter».

Les Universités romandes préfèrent donc axer leur politique sur l’investissement bénéfique que représentent les étudiants étrangers et sur les autres outils existant pour modérer le nombre d’étudiants. «L’EPFL privilégie plutôt des critères de sélection plus stricts. Par exemple, elle n’accepte que les bacs scientifiques français ayant une moyenne d’au moins 14», explique Jérôme Grosse, porte-parole de l’EPFL. Les quotas et la hausse des taxes ne semblent donc pas être sollicités par les Hautes Ecoles romandes.

Eric Lecoultre dans 24 Heures

Micheline Calmy-Rey dans le plus grand camp de réfugiés du monde

La présidente de la Confédération s’est rendue hier dans le complexe de Dadaab, au Kenya, qui accueille 380 000 Somaliens.

mcr dadaab

La Suisse est «très préoccupée et touchée» par la terrible sécheresse qui frappe la Corne de l’Afrique. Micheline Calmy-Rey a visité hier les camps de réfugiés de Dadaab, au Kenya. «La présidente a été très émue en voyant la souffrance de ces personnes», affirme Lars Knuchel, chef d’Information du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). «Pour elle, c’était très important de rencontrer directement ces gens et ceux qui s’en occupent. Elle a aussi pu voir d’elle-même l’engagement de la Suisse, et évaluer ce que notre pays peut encore apporter.» Micheline Calmy-Rey est le premier chef d’Etat occidental à se rendre dans la région depuis le début de la crise.

Le complexe de Dadaab, situé à 80 kilomètres de la frontière somalienne, est le plus grand camp de réfugiés du monde. Il accueille plus de 380 000 personnes chassées de Somalie par la guerre civile et la sécheresse. Dadaab a notamment vu une impressionnante augmentation des arrivées de réfugiés à partir du mois de juin. Le complexe enregistre aujourd’hui 1300 nouveaux venus par jour. Une affluence qui a mis à mal la capacité d’accueil des humanitaires.

Léger mieux

«Cela va un peu mieux maintenant, notamment au niveau de la distribution d’eau et de nourriture, affirme Antoine Froidevaux, coordinateur de Médecins sans frontières Suisse (MSF) au camp de Dagahaley, à Dadaab. Il y a eu une prise de conscience de la gravité de la situation. Mais nous sommes toujours confrontés à de nombreux problèmes. Les taux de malnutrition sont alarmants et d’importantes difficultés subsistent dans l’enregistrement des réfugiés qui continuent d’arriver.» «La population ne cesse de croître et il n’y a aucune perspective pour que cela s’arrête», a assuré William Spindler, du Haut-Commissariat pour les réfugiés.

Car si la communauté internationale a enfin commencé à se mobiliser pour venir en aide aux populations de la Corne de l’Afrique, la sécheresse et la guerre civile qui ravagent la Somalie ne faiblissent pas. Les Nations Unies ont ainsi déclaré hier trois nouvelles régions en état de famine. L’ONU a aussi averti que la famine risque de s’étendre à l’ensemble du sud du pays d’ici peu.

D’autant que les difficultés d’accès aux populations touchées par la famine, notamment dans les zones sous contrôle des insurgés shebab, laissent peu d’espoirs d’observer une amélioration de la situation. «La communauté internationale est en train d’être dépassée par une crise qui échappe à tout contrôle», estime Elise Ford, de l’ONG Oxfam. Pour elle, «la question est de savoir si les bailleurs de fonds sont capables d’agir de façon urgente et de transformer les dons en actions concrètes pour sauver des vies».

La conférence de donateurs qui devait avoir lieu mardi prochain a cependant été reportée d’au moins deux semaines.

Gustavo Kuhn

«La priorité n’est pas en Afrique»

Le voyage de Micheline Calmy-Rey dans la Corne de l’Afrique ne suscite pas que des louanges. «Elle va se promener en Afrique pour s’assurer une publicité médiatique alors que l’urgence est ici», lance le conseiller national UDC André Reymond. «Notre ministre des Affaires étrangères ferait mieux de se préoccuper de l’arrivée massive de réfugiés d’Afrique du Nord chez nous, c’est son rôle, c’est ça qu’on lui demande», expliquait hier l’élu genevois, membre de la Commission de la politique extérieure (CPE) du National, après avoir allumé la polémique sur les ondes de la RSR.

Lui aussi membre de la CPE, Luc Barthassat (PDC/GE) soutient la ministre socialiste: «J’estime que c’est son rôle d’élue que d’aller sur place pour se rendre compte de la situation. Et j’espère que cela incitera d’autres élus européens à faire le déplacement.» Le démocrate-chrétien ne s’est pas privé de critiquer la conseillère fédérale ces dernières années, son style personnel, ses initiatives originales ou ses «coups médiatiques». Mais ce voyage «se justifie totalement, juge-t-il, car l’aide aux pays en difficulté est constamment sous pression à Berne, notamment à cause des critiques de l’UDC.»

Hier, la conseillère nationale Doris Fiala (PLR/ZH) appuyait elle aussi Micheline Calmy-Rey sur les ondes de la RSR: «Elle a beaucoup de mérite et c’est une honte que d’autres chefs d’Etat ne fassent pas le voyage.» Et la parlementaire de préciser qu’un pays «comme la Suisse, qui va vraiment bien, ne doit pas oublier ses traditions humanitaires.» Soutien tout aussi vibrant de la part d’Anne Seydoux-Christe, conseillère aux Etats (PDC/JU): «Ceux qui veulent critiquer Micheline Calmy-Rey à tout prix feront une lecture négative de ce voyage. Moi, je pense que si on ne se montre pas solidaire dans ces situations-là, alors je ne sais pas à quoi l’on sert.»

L’antipathie de l’UDC pour Micheline Calmy-Rey est bien connue: la présidente de la Confédération est la «bête noire» du parti conservateur. Mais André Reymond se défend de céder à un réflexe pavlovien: «La critique est complètement justifiée car Micheline Calmy-Rey ne découvre rien du tout, on connaît la misère qui règne dans cette région d’Afrique», lance le Genevois.

24 Heures