jeudi 2 août 2007

Adem Salihi

L’ancien employé communal de Bassins réagit après que le Conseil d’Etat a refusé d’envoyer son dossier à ­Berne. Il dit n’avoir pas trahi la Suisse en touchant une premièrere aide au retour en 2000.



Adem Salihi est un homme blessé après l’annonce d’une première aide au retour de 2400 deutsche mark touchée en 2000 ( 24 heures du 25 juillet). Il réagit donc vigoureusement aux propos de Philippe Leuba, cité dans Le Matin. Le conseiller d’Etat estimait que l’ancien employé communal avait trahi la Suisse en omettant de dire avoir touché cette somme et en revenant clandestinement quelques semaines plus tard en Suisse.
­Si quelqu’un m’avait expliqué qu’il s’agissait d’argent venant de votre pays, je ne l’aurais pas accepté, souligne-t-il. Je croyais que c’était une aide humanitaire. Je n’ai pas trahi la Suisse. A l’époque, il explique avoir utilisé les deutsche mark – représentant 1600 francs suisses – pour regrouper sa famille, alors que sa femme é­tait dans un camp en Turquie et ses enfants dans un autre en Macédoine.
L’ancien employé communal de Bassins raconte sa version des faits. Il é­tait impossible de trouver du travail au Kosovo, alors j’ai laissé le solde de l’argent à ­ ma femme et je suis retourné en Suisse, se souvient-il. J’ai agi pour sauver ma famille, dans un pays qui venait de sortir de la guerre. Adem Salihi ne veut surtout pas que cette affaire d’aide au retour complique le traitement de dossier. ­"Pour prouver ma bonne foi, je suis prêt­ à restituer les deutsche mark que j’ai touchés!" Dans tous les cas, Adem Salihi devrait rester en Suisse jusqu’au 1er octobre. D’ici là, il n’a pris aucune décision sur un éventuel recours contre le refus du Conseil d’Etat d’envoyer son dossier à ­Berne. ­Je suis fatigué par la procédure. Je ne sais pas si mon avenir est ici en Suisse, dans un autre pays ou au Kosovo… ­
RAPHAL EBINGER dans 24 Heures

Adem Salihi s'explique

"Non, je n'ai pas voulu trahir la Suisse", affirme le requérant débouté, chouchou de la commune de Bassins


«Aujourd'hui, explique Adem Salihi,
il est facile de juger mon attitude.

Mais ce que j'ai fait, c'était pour sauver ma famille
dans un pays qui venait de sortir de la guerre.»


Drôle de rebondissement la semaine dernière dans le dossier d'Adem Salihi. Philippe Leuba, le nouveau conseiller d'Etat, révélait que le requérant débouté avait bénéficié en 2000 d'une aide au retour (2000 deutsche Mark, soit 1600 fr.) de la Suisse. Pour le libéral fraîchement élu, cela signifiait que le Kosovar de 42 ans était désormais indéfendable, car il avait trahi un accord passé avec la Suisse en revenant clandestinement dans le pays.

Alors qu'à Bassins (VD) les habitants continuent à fortement soutenir leur «chouchou», l'ancien employé de la commune se dit attaqué dans son honneur. Adem tient absolument à ce que tout le monde sache qu'il est honnête. Avec l'aide de son comité de soutien, il livre sa version des faits.

Vous reconnaissez donc avoir touché les 2000 DM en janvier 2000?
Oui. A l'époque, ma maison avait brûlé et tout mon village était détruit. C'était la guerre. Après des recherches, j'ai appris que ma famille avait fui. J'ai dû repartir au Kosovo pour aller chercher ma femme et ma fille qui s'étaient réfugiées dans un camp en Turquie et mes trois autres enfants en Macédoine.

Et donc vous aviez besoin d'argent?
Oui, pour les faire revenir. C'est la Croix-Rouge qui m'a donné cet argent à Pristina, et personne ne m'a jamais dit que ça venait de la Suisse et que je ne pourrais plus revenir. J'ai pensé qu'il s'agissait d'une aide humanitaire. Aujourd'hui, je regrette d'avoir accepté cet argent. Pour prouver ma bonne foi, je suis prêt à tout rembourser, même le double, s'il le faut, si cela peut me permettre de rester en Suisse. Je suis quelqu'un d'honnête et de travailleur.

Pourquoi avez-vous décidé de revenir clandestinement en Suisse?
Ma famille était à nouveau réunie. Mais impossible de trouver un travail. J'étais pourtant prêt à tout accepter. Alors, j'ai laissé le peu d'argent qui restait à ma femme et je suis revenu. D'ici, je pouvais envoyer à ma famille un peu d'argent. Pour moi, c'était la seule façon de les faire vivre modestement.

Vous ne pensez donc pas avoir trahi la Suisse?
Non! Aujourd'hui, il est facile de juger mon attitude. Mais ce que j'ai fait c'était pour sauver ma famille dans un pays qui venait de sortir de la guerre. Difficile dans une situation pareille de garder son sang-froid et de prendre le temps de se demander d'où venaient les deutsche mark. Je n'ai jamais voulu trahir la Suisse.

Une attente insoutenable

Aujourd'hui, Adem ne travaille plus comme jardinier à la commune. Il continue cependant à rendre des petits services aux habitants de Bassins. Il vit dans l'angoisse de recevoir une convocation au Service de la population qui lui proposera, selon la promesse de Philippe Leuba, une nouvelle aide au retour et qui lui fixera une date de renvoi. Adem a décidé de maintenir son recours contre ce renvoi en se basant sur de nouveaux éléments. Il se dit gravement malade et rappelle que son épouse a décidé de demander le divorce.


Un article de Fabian Muhieddine paru dans le Matin

Huitante Vaudois de tous les pays au Grütli


Les dizaines de Moudonnois du groupe Suisses-Etrangers qui ont répondu à l’invitation de Micheline Calmy-Rey ont fait sensation sur la prairie mythique.


JEAN-PAUL GUINNARD | Excursion patriotique. Partie de la place de l’Europe,
la délégation a fait sensation dès son arrivée sur le lac des Quatre-Cantons.
Johann Niklaus Schneider-Amman, l’un des industriels qui ont sauvé la fête en finançant sa sécurité,
comme la présidente de la Confédération, lui ont réservé un accueil chaleureux.
MOUDON, LE 1er AOÛT 2007

Beda est venu au Grütli avec le Groupe Suisses- Etrangers de Moudon et région. Requérant d’asile ivoirien, il ne s’est pas laissé impressionner par la meute de photographes entourant Micheline Calmy-Rey. Muni de son petit appareil de photo, il s’est d’abord fait repousser par un garde du corps, mais la présidente de la Confédération l’a remarqué. «Elle m’a tendu la main, on s’est regardés dans les yeux et j’ai eu l’impression qu’elle me disait: on t’accueille à bras ouverts», raconte, sous le coup de l’émotion, le jeune homme de couleur. «Je n’aurais jamais pu approcher comme ça le président ivoirien, maintenant c’est sûr, la Suisse, c’est mon pays.»

Près de huitante personnes accompagnaient Beda dans son voyage. Des Moudonnois, suisses ou étrangers, ainsi qu’une bonne délégation de la Fareas. Pour soutenir la démarche de la présidente, pour se rendre sur la prairie mythique, ou simplement pour s’offrir une journée de détente.

Au petit matin, l’ambiance était bon enfant: Jacques, requérant camerounais, se lançait à haute voix dans l’hymne national… et s’arrêtait à la fin du premier couplet, comme la plupart des Suisses. Sur le bateau, Silvana, réfugiée kosovare, essayait de maîtriser sa peur: son dernier voyage sur l’eau était clandestin et très mouvementé. Mais l’occasion d’offrir une balade en Suisse à ses cinq enfants était trop belle pour s’en priver.

Sponsor aux anges

Sur le pont supérieur, Johann Niklaus Schneider-Amman, l’industriel qui finance avec Nicolas Hayek les frais de sécurité de la journée, découvre cette délégation avec étonnement: «Je ne sais pas comment ils ont fait pour obtenir 80 places. Mais la présence de tous ces gens à bord me réjouit. C’est un symbole de la vie de notre pays, de son système démocratique et multiculturel.»

L’arrivée au Grütli a réservé son lot de surprises: «J’imaginais quelque chose de grand, d’impressionnant», avouait Perparim, presque déçu. «Mais ce pâturage est justement ce qui fait que la Suisse n’est pas un pays comme les autres», lui répliquait Manuel. A l’ombre des sapins, le groupe a partagé un repas de midi composé de l’inévitable bratwurst, mais aussi de croquettes de morues et de tortillas. Tout un symbole qui a aidé à oublier la bouteille de Saint-Saph’ payée 46 francs sur le bateau.

«Voilà les Moudonnois!»

A la fin de la partie officielle, quelques membres du groupe ont approché la présidente pour lui remettre un cadeau. Les voyant arriver, l’ambassadeur Roberto Balzaretti, conseiller diplomatique de la présidente, lance: «Ah! Voilà les Moudonnois! Pas de problème, allez-y, tout le Conseil fédéral vous connaît.» Et de faire signe au service de sécurité qu’ils pouvaient laisser passer. La présidente de la Confédération a aussi immédiatement reconnu ceux qu’elle avait côtoyés lors de sa rencontre avec la population vaudoise en avril dernier. «Et j’ai croisé vos bus décorés sur l’autoroute ce matin», a-t-elle encore ajouté avant d’être happée par la foule.

Sur le chemin du retour, les échanges d’anecdotes et de photos allaient bon train. Mais seul Beda pouvait se vanter de posséder sur son appareil une photo en très gros plan de Micheline Calmy-Rey: «Elle a vraiment pris la pose pour moi. Je n’en reviens toujours pas!»

SYLVAIN MULLER GRÜTLI | 01 Août 2007 | 23h48 pour le quotidien 24 Heures

  • "Grütli sans crânes rasés et présidentes très applaudies" sur swissinfo

  • "Calmy-Rey prône l'intégration au Grütli" sur la TSR

Rencontre avec des patriotes

Témoignages que l'on retrouve dans le Temps, dont celui de Manuel Jose Antunes Lima de Moudon:

«L'intégration. Je suis vice-président du groupe Suisse-étrangers de Moudon et région. Nous sommes venus en groupe, parce que c'est la fête nationale et parce que Micheline Calmy-Rey nous a rendu visite quand elle est venue à Moudon. Parmi nous, il y a des Italiens, des Somaliens, des Kosovars, des Roumains, des Bulgares et des Suisses. Moi-même je suis Portugais. Mais j'habite ici, je partage la vie de tous les jours, les problèmes des Suisses. Je trouve normal de partager aussi leur fête nationale.»