http://www.cyberpresse.ca/international/europe/200812/07/01-808115-nous-sommes-traites-comme-des-animaux.php
Publié le 07 décembre 2008 à 10h58 | Mis à jour le 07 décembre 2008 à 11h03
«Nous sommes traités comme des animaux»
«Nous sommes traités comme des animaux, nous sommes souvent frappés par
la police, tous les vendredis nous passons la nuit dans la rue en
espérant obtenir un bout de papier le samedi», se lamente en ourdou,
Ali, un Pakistanais qui se bat pour sa régularisation en Grèce.
Debout, comme les centaines de sans papiers qui envahissent chaque
vendredi un parking près de la «Direction de la Police pour les
étrangers», Ali Barkatali va rester au moins 17 heures sur place dans
l'espoir de figurer parmi les 300 migrants qui seront reçus samedi à
l'aube par les autorités. Muhammad Amser, 40 ans, un Pakistanais qui
sert de traducteur, va également passer la nuit pour la quinzième fois
sur ce terrain de la zone industrielle d'Athènes, à 4 km du
centre-ville, pour tenter de déposer une demande d'asile samedi, seul
jour de la semaine fixé par les autorités pour recevoir les sans papiers.
Selon la loi, les migrants arrivés après 2005 n'ont pas droit à une
carte de séjour et «la seule solution est la demande d'asile», une
procédure longue et limitée, explique à l'AFP Anastassios Festas, chef
de la Direction de la Police.
Sur un million de migrants qui vivent actuellement en Grèce, près de 200
000 ne sont pas régularisés. Ces derniers mois, le nombre de sans
papiers, des Pakistanais pour la plupart, n'a cessé de s'accroître.
Et tenant compte du faible taux d'octroi du droit d'asile en Grèce, l'un
des plus bas en Europe, la régularisation de la majorité de ces migrants
reste peu probable.
«Ma priorité est de sauver ma vie, le gouvernement au Pakistan est
dangereux et corrompu, je veux l'asile soit en Grèce soit en Italie, ou
dans n'importe quel pays en Europe», s'énerve Mandi Bahandu, 18 ans.
Ses deux frères ont déjà quitté leur pays et travaillent en Arabie
saoudite, mais lui a choisi de se diriger vers l'Europe via la Turquie
et la mer Egée, comme de nombreux migrants d'Asie arrivant en Grèce.
Devant la foule des migrants, un barrage a été mis en place avec les
véhicules de police et les forces anti-émeutes. De l'autre côté de
l'avenue Pétrou Rali, les migrants forment une file de chaque côté de la
rue Salaminos, où se trouve l'entrée de la Direction de la police.
Certains restent debout ou accroupis.
Assise sur la chaussée, une jeune Ougandaise refuse de parler. À côté
d'elle, Dwen Rassel, un Bengladais de 30 ans, affirme être là pour la
huitième fois depuis trois mois qu'il est à Athènes. «Je veux rester en
Grèce, je veux du boulot», dit-il.
En fin de soirée, les sans papiers remplissent la rue Salaminos, un
concert d'une association de soutien interrompt la circulation sur
Pétrou Rali.
«Il faut que les autorités s'organisent autrement, il faut accorder un
jour de plus dans la semaine aux migrants (...), c'est dangereux tant de
gens dans les rues», affirme Monir Ahmet Sindu, représentant de
l'Association des Pakistanais en Grèce.
Il rappelle la chute mortelle fin octobre d'un Pakistanais dans un ravin
proche des locaux de la police, accusant les forces anti-émeutes d'avoir
provoqué sa mort en le poursuivant, et parle des coups de matraque que
ses compatriotes avaient alors reçus. Samedi à 00H00 HAE, la bousculade
commence, les policiers ne laisseront entrer que 300 des 2 000 migrants
présents.
La foule proteste, un migrant est hospitalisé d'urgence après une chute
dans le ravin incriminé. L'avenue Pétrou Rali est envahie. Un amas
d'ordures est incendié et la circulation est de nouveau interrompue.
Une section des forces anti-émeutes est sur le point d'intervenir. Une
heure plus tard, les migrants se dispersent. Un nouveau rendez-vous leur
est fixé pour vendredi prochain.