samedi 10 avril 2010

Les Tea Party, au grand bazar de la droite extrême américaine

Les Tea Party Patriots le 31 août 2009 dans l'Arizona. Photo de Joshua Lott / Reuters

Ces gens inventent ou avalent les théories les plus farfelues pour justifier leur profond dépit d'être gouvernés par un président noir et leur désir de l'écarter une fois pour toutes du pouvoir. « Certains parlent de prendre les armes », m'a confié Carl Maness, un pasteur à mi-temps. « Ecoutez 104.1 “The Truth” [la vérité, ndlr] et vous verrez ».

J'ai suivi le conseil et me suis branchée sur cette radio diffusée dans le sud de l'Arizona. Je suis tombée sur la harangue furieuse d'un animateur qui, une minute, criait à la tyrannie, au communisme dont nous sommes désormais les victimes, et la suivante, dénonçait en termes injurieux le peuple indien puisque c'est lui qui profitera le plus de la réforme de la santé en amassant des fortunes sur le dos des Américains.

Lire cet article d’Armelle Vincent sur Rue89

Toujours pas de permis humanitaire pour Révérien Rurangwa

Quatre ans après la sortie de son livre témoignage «Génocidé», le battage médiatique et les bonnes intentions politiques qui ont suivi, le Rwandais Révérien Rurangwa n'a toujours pas obtenu l'asile en Suisse. Un article de Sylvie Balmer sur Arcinfo et dans l’Express/l’Impartial.

Révérien Rurangwa. Photo David Marchon En 2006, le public avait découvert l'horreur vécue par Révérien Rurangwa en 1994, date du génocide des Tutsis perpétré par les Hutus. Alors âgé de 15 ans, le jeune homme avait été laissé pour mort après que chacun des 43 membres de sa famille ait été découpé à la machette sous ses yeux.

A la sortie de son livre témoignage, «Génocidé», Révérien était invité par les médias, par Marc-Olivier Fogiel ou encore Franz-Olivier Giesbert sur les chaînes françaises. Des politiques neuchâtelois l'avaient alors assuré de leur soutien, via la presse écrite ou en direct de l'émission «Infrarouge» sur la TSR.

Las, quatre ans après ce battage médiatique, la situation de Révérien n'a toujours pas trouvé d'épilogue heureux. Dans le petit studio mis à sa disposition par les Services de l'immigration à Neuchâtel, le jeune homme vit avec le minimum vital accordé aux réfugiés, soit 480 fr. mensuels. «Je vis au jour le jour. Malgré les promesses, je crains toujours d'être expulsé. Je bénéficie d'un «permis F», soit un permis temporaire à renouveler tous les six mois. Cela signifie que la Suisse se réserve le droit de m'expulser à tout moment», confie-t-il.

Interrogé sur ce point, Serge Gamma, chef du Service des migrations à Neuchâtel, rappelle que l'Office fédéral des migrations à Berne (ODM) avait exigé, en 2006, pour entrer en matière une durée de séjour de cinq ans sur le sol helvétique. Si Révérien Rurangwa y est arrivé dès 1994, c'est la date de sa demande d'asile qui a été retenue, soit le 13 janvier 2005. «Aujourd'hui, ce laps de temps de cinq ans est arrivé à échéance. Nous avons donc, début mars, entrepris des démarches afin de représenter le dossier de Révérien Rurangwa à Berne. Il faut néanmoins savoir que l'Office fédéral des migrations exige que le requérant ait la volonté de s'insérer. Révérien Rurangwa y a été rendu attentif et a été invité à poursuivre ses études ou une formation professionnelle. Par ailleurs, les bénéficiaires d'un permis F peuvent travailler. De nombreuses personnes en ont fait l'expérience», déclare le fonctionnaire. Etudier, travailler, avoir une situation stable... Révérien en rêve. «Je cherche désespérément un travail d'employé de commerce. Mais avec un permis provisoire qui implique une autorisation de l'Etat, un bras et un œil en moins, je sais que je ne suis pas le candidat idéal...».

Régulièrement invité pour promouvoir son livre ou témoigner, Révérien doit renoncer à se déplacer à l'étranger, ses demandes de visas étant systématiquement rejetées. «L'ancien directeur de l'ODM, Eduard Gnesa, avait assuré que Révérien Rurangwa ne rencontrerait pas de difficulté pour se rendre à l'étranger», se souvient Serge Gamma. «Reste que son passeport rwandais doit être renouvelé, chose qu'il peut faire aisément. L'ODM ne peut délivrer de visa sans passeport ou tant qu'il n'est pas démontré que les autorités rwandaises se refusent à le délivrer.»

Un casse-tête insupportable pour le jeune homme. «Ce qui et nécessaire. c'est surtout un visa de retour! Mon passeport, comme celui de tous les demandeurs d'asile, est à Berne où on refuse de me le rendre! Les Services d'immigration m'avaient délivré une autorisation de sortie du territoire pour me rendre à Paris, en 2006... Alors pourquoi plus maintenant?» Une situation kafkaïenne. «Je ne sais plus quoi faire, les nerfs commencent à lâcher, j'aimerais, au minimum, que mon statut de victime soit reconnu...» /SYB