lundi 31 janvier 2011

Stop à l'acharnement contre les étrangers

«Contre le racisme, la politique d'immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers : mobilisons-nous !»: Olivier Le Cour Grandmaison lance un appel en vue d'une mobilisation «unitaire et nationale» en mai prochain. A la veille de l'examen du projet de loi Besson-Hortefeux par le Sénat, il analyse pour Mediapart quatre ans de stigmatisation des étrangers.

« Bien sûr, nous savons tous qu'une immigration maîtrisée est un enrichissement pour la vie de la cité (...). Mais il y a aussi le pire, produit en grande partie par trente années d'une immigration non gérée : les cités ghettos, les squats, les phénomènes de bandes, les violences urbaines, comme celles que la France a connues il y a deux ans, lors de l'automne 2005. Pour beaucoup de nos compatriotes, l'immigration est une source d'inquiétudes. Ils y voient une menace pour leur sécurité, pour leur emploi, leur mode de vie. » B. Hortefeux. 18 septembre 2007. Assemblée nationale.
« Si on ne maîtrise pas les flux migratoires, on organise le collapse de notre système d'intégration, les ghettos aux portes de nos villes. » N. Sarkozy. Intervention télévisée du 17 novembre 2010.

Cette semaine, Brice Hortefeux défendra au Sénat le projet loi de l'ancien ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire, Eric Besson, appelé à exercer d'autres responsabilités ministérielles après avoir servi la politique souhaitée par le chef de l'Etat avec un zèle remarquable mais sinistre. Ce projet vise, entre autres, à étendre la déchéance de la nationalité pour les Français naturalisés depuis moins de dix ans condamnés pour meurtre d'agents dépositaires de l'autorité publique, conformément aux injonctions démagogiques de Nicolas Sarkozy exposées lors du discours de Grenoble, qui fut le prélude à une nouvelle offensive sécuritaire et à la chasse aux Roms. Peu après ces mâles propos présidentiels, rappelons à ceux qui ont la mémoire courte et par trop hexagonale que le Comité de l'ONU pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) s'est officiellement inquiété de ces orientations. De même, le rapporteur de la session, l'Américain P-R. Prosper, qui constatait « une recrudescence » des actes racistes en France et l'absence d'une « vraie volonté politique » pour les combattre. Admirable bilan !

A cela s'ajoute le durcissement des conditions d'entrée et de séjour des étrangers puisque le projet Besson-Hortefeux a pour objectif de limiter une fois encore leurs prérogatives. De plus, prenant prétexte de l'adoption par le Parlement de Strasbourg de la directive « Retour », aussi appelée « directive de la honte », votée le 12 juin 2008 et condamnée par plusieurs chancelleries –Argentine, Chili, Brésil notamment– et chefs d'Etats étrangers comme le président bolivien Evo Morales, le gouvernement s'apprête à porter la rétention à quarante-cinq jours et à autoriser les préfets à prononcer à l'encontre des expulsés une interdiction de retour sur le territoire français pour une durée de cinq ans ce qui revient à établir une sorte de double peine. Enfin, ce projet doit permettre la création de « zone d'attente flottante » où les étrangers concernés seront soumis à des procédures accélérées et dérogatoires au droit commun.

L'ensemble de ces dispositions prouve ceci : la disparition du ministère de l'immigration et de l'identité nationale, contrairement à ce qui fut dit ici et là par des commentateurs pressés, ne change strictement rien aux orientations de ce gouvernement qui persévère dans la stigmatisation des étrangers et des sans-papiers, et ne cesse de proposer des mesures toujours plus restrictives à l'encontre des allochtones qui résident en France ou cherchent à s'y installer. A preuve, au lendemain du dernier remaniement ministériel, un conseiller de l'Elysée affirmait que le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, allait utiliser les « mêmes locaux » et les « mêmes services », et, pour être sûr de bien se faire comprendre, le premier ajoutait : « Il n'y aura aucun changement de la politique » en matière d'immigration. Quant à l'actuel occupant de la Place Beauvau, il déclarait vouloir mettre « ses pas » dans ceux d'Eric Besson en saluant son action passée lorsqu'il dirigeait le ministère aujourd'hui supprimé. Bref, quelques changements de façade alors que rien ne change sur le fond cependant que le rattachement de l'immigration au ministère de l'intérieur contribue à entretenir sans fin le préjugé selon lequel « la gestion des flux migratoires » est d'abord et avant tout une affaire de police en raison des nombreux troubles à l'ordre public que ces « flux » sont supposés engendrer. Et c'est ainsi que perdure, sous une autre forme, une administration ad hoc chargée d'appliquer les orientations que l'on sait.

Continuité donc de la politique mise en œuvre antérieurement qui, « grâce » aux efforts des ministres, préfets, policiers et gendarmes, s'est traduite par 29.796 expulsions en 2008, 27.000 en 2009 et près de 28.000 en 2010. Formidables résultats en effet qu'illustre aussi le fait qu'en 2009 plus de 300 enfants –deux fois plus qu'en 2004 selon un rapport accablant et circonstancié de la Cimade publié au mois d'octobre de l'année dernière– ont été placés en centre de rétention au mépris de la Convention internationale sur les droits de l'enfant pourtant ratifiée par la France. Le plus jeune des retenus dans la douce France présidée par Nicolas Sarkozy et gouvernée par François Fillon ? Un nourrisson de sept mois et ses parents, heureusement remis en liberté par un juge messin qui a estimé que cette situation était constitutive d'un « traitement inhumain et dégradant » contraire à la Convention européenne des droits de l'homme. De son côté, le commissaire européen des droits de l'homme, Thomas Hammarberg, a écrit à l'ancien ministre de l'Immigration, Eric Besson, pour s'élever contre ces pratiques et lui rappeler que « la place d'un enfant n'est pas en rétention ». Réponse de ce dernier : « l'accueil des familles avec des mineurs se fait dans des centres adaptés » !

Sachant que pour parvenir aux résultats précités, les services de police et de gendarmerie doivent procéder à un nombre d'arrestations au moins trois fois plus élevé, cela signifie que depuis 2007 près de 280 000 étrangers ont été interpellés soit 250 par jour. Chaque heure qui passe, 10 personnes sont visées par les contrôles des forces de l'ordre. Un tel acharnement est inédit sous la Cinquième République ; il ravale les quelques charters organisés par Charles Pasqua, lorsqu'il sévissait place Beauvau, au rang de gesticulation sans lendemain. Aux bricolages populistes, xénophobes et déjà racoleurs de cet ancien ministre, a succédé un véritable dispositif politique, juridique, administratif et policier impitoyable, conçu et organisé pour traquer, rafler et expulser ceux qui sont désignés comme de nouveaux ennemis intérieurs jugés responsables de nombreux maux sécuritaires et sociaux qu'il faut conjurer au plus vite pour sauver la France des périls supposés menacer sa cohésion, sa tranquillité et son identité.

Relativement à l'immigration, les gouvernements qui se sont succédé depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, en 2007, sont trop longtemps demeurés forts de la faible riposte et des initiatives nécessaires mais trop souvent dispersées des gauches parlementaires et radicales, des syndicats de salariés, d'étudiants et de lycéens, et des associations diverses. Les uns demandent la régularisation des travailleurs en situation irrégulière, les autres celle de jeunes « clandestins » inscrits dans des établissements scolaires et universitaires alors que tous sont victimes d'un même acharnement et d'un même arbitraire. Contre cette politique gouvernementale, qui porte atteinte à des droits fondamentaux, menace gravement le droit d'asile et ruine l'existence des étrangers visés, ces actions demeurent insuffisantes. La résistance doit désormais s'organiser dans toute la France. Tel est le sens de l'Appel pour une mobilisation nationale et unitaire contre le racisme, la politique d'immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers.

MediaPart


Olivier Le Cour Grandmaison (universitaire) a notamment publié sous sa direction Douce France. Rafles. Rétentions .Expulsions, Seuil/Resf, 2009.

Pour signer l'Appel et prendre connaissance de l'ensemble des signatures collectives et individuelles: http://www.reseau-terra.info/wordpress/?p=641

Etats-Unis: 779'000 sans-papiers reconduits à la frontière, un record

Les autorités américaines ont expulsé le chiffre record de 779 000 immigrés clandestins au cours des exercices budgétaires courant d'octobre 2008 à septembre 2010, a annoncé lundi Janet Napolitano, la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure.

«Au cours des exercices budgétaires 2009 et 2010, les services de l'immigration et des douanes (ICE, selon son sigle en anglais) ont expulsé de notre pays plus de migrants illégaux qu'au cours de nulle autre période», a indiqué Mme Napolitano lors d'un discours. Elle a ajouté que, durant l'exercice budgétaire 2010 qui s'est terminé en septembre de l'an dernier, 195 000 sans-papiers ayant commis des infractions ont été expulsés, ce qui constitue un autre record, selon elle. Janet Napolitano a souligné que l'une des priorités du président Barack Obama était d'expulser «les sans-papiers criminels et ceux qui représentent une menace» pour la population.

Aux États-Unis, la plupart des sans-papiers, qui seraient environ 12 millions, viennent d'Amérique latine. Toujours au cours des exercices budgétaires couvrant 2009 et une bonne partie de 2010, les autorités américaines ont saisi 282 millions de dollars, soit 35% de plus que par rapport aux deux exercices budgétaires précédents, et 6800 armes destinées au crime organisé au Mexique, a ajouté Mme Napolitano.

La secrétaire à la Sécurité intérieure a présenté ces chiffres à El Paso, une ville du Texas située à la frontière avec le Mexique, d'où provient la majeure partie de la drogue qui entre aux États-Unis.

AFP

Des migrants exploités et brutalisés dans le désert du Sinaï: mobilisation à Rome

Une retraite aux flambeaux aura lieu dans la soirée du mardi 1er février devant le Capitole à Rome pour demander la libération des réfugiés retenus en otage depuis deux mois par des bandes de bédouins dans le désert du Sinaï, à la frontière israélienne.

La manifestation est organisée par un groupe d’ONG, dont le Centre Astalli, la branche italienne de Jesuit refugee service et l’agence Habescia pour la coopération au développement. Elles dénoncent le silence des pays européens et réclament un véritable plan d'aide et d'intervention. Hélène Destombes.

Le nombre de réfugiés aux mains des pillards n’a cessé d’augmenter. Ils proviennent essentiellement de la Corne de l’Afrique, pour la plupart d’Erythrée et d’Ethiopie. Depuis au moins 2007, des bandes de trafiquants d’êtres humains sévissent dans la région. Ils rançonnent et brutalisent les migrants tombés en leur pouvoir. Les témoignages font état de viols, tortures, chantage, trafic d’organes : les ONG s’efforcent d’attirer l’attention de l’opinion publique sur l’horreur vécue par ces réfugiés. « Il est temps que l’Europe se réveille » ! lance un des promoteurs, Christopher Hein, directeur du Conseil italien pour les Réfugiés. Il pointe du doigt l’attitude des Etats européens qui ferment leurs frontières.
Selon EveryOne Group, les trafiquants seraient liés au Hamas, et la police égyptienne a choisi de ne pas intervenir. La frontière de 240 kilomètres de l'Égypte dans le Sinaï est une zone militaire réglementée accessible seulement au personnel autorisé. Au cours des dernières années, les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté le long de la frontière des milliers de demandeurs d'asile et de migrants et beaucoup d'entre eux ont été déférés devant des tribunaux militaires. L’instabilité qui règne actuellement en Egypte risque d’entraver tout effort visant à obtenir la libération des otages. A Rome, mardi soir, des manifestants vont défiler en silence, à la lumière des flambeaux, pour dénoncer et témoigner.

Radio Vatican


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L'odyssée des réfugiés iraniens

Devant un parterre d'irréductibles défenseurs des droits humains, Sylvia Festel, militante d'Amnesty International, a présenté, au Forum, le film Pour un instant la liberté.

Le long-métrage de Arash T.Riahi, sorti sans bruit sur les écrans en 2009, tire sa force de son authenticité, inspiré de faits réels et en partie autobiographique. Il croise les parcours de trois groupes d'Iraniens, hommes, femmes et enfants, qui fuient leur pays au prix des pires épreuves, humiliations et sévices, réfugiés en Turquie en attente du statut de réfugiés, qui aboutit parfois au bout de plusieurs années et échoue souvent. Ce film jette un autre regard sur le sort des clandestins, qui ne tiennent que par l'espoir de liberté.
Indignée par les graves atteintes aux droits humains et les expulsions en violation des obligations de la Turquie en vertu de la Convention européenne des Droits de l'Homme, Amnesty lance une campagne de pétitions pour le respect du droit d'asile en Turquie. Une campagne qui devrait trouver écho dans d'autres régions du monde, voire même en France, comme le souligne l'organisation indépendante.

Trouvé dans l'Union Champagne/Ardenne/Picardie


Vers la bande-annonce du film