dimanche 24 octobre 2010

Un rapport souligne les difficultés de l'école à intégrer les enfants de l'immigration

L'école a de plus en plus de difficultés à assurer ses missions d'intégration d'enfants d'immigrés, notamment dans les départements où ces populations sont surreprésentées, pointe le Haut conseil à l'intégration (HCI) dans un avis rendu public dimanche 24 octobre.

Dans ce document de travail – mis en ligne par le Journal du Dimanche (PDF) et qui doit être remis dans sa version définitive au premier ministre en novembre – le HCI rappelle que "l'école républicaine" constitue "un espace d'intégration sociale" et que "l'école française doit exercer sa mission d'intégration culturelle". "Toutefois, force est de constater qu'aujourd'hui, l'école française a de plus en plus de mal à exercer ces missions", déplore le HCI.

"Communautarisme"

"Les transformations économiques et la paupérisation de populations, concentrées sur des territoires repérés, que des politiques pourtant volontaristes n'ont pas sortis de la précarité, mettent l'école en difficulté dans sa visée d'intégration", souligne l'avis. Le HCI observe qu'en France, la "proportion de jeunes issus de familles dont au moins un des parents est immigré, s'élève à moins de 20 %". Mais, caractéristique de l'Hexagone, cette répartition est très inégale sur l'ensemble du territoire. "Ainsi, en 2005, les plus fortes concentrations départementales sont en (...) Seine-Saint-Denis (57 %), Paris (41 %), Val-de-Marne (40 %) et Val-d'Oise (40 %)", selon le HCI.

Là, "l'espace scolaire est fortement exposé aux tensions ethno-culturelles. L'école donne des signes de souffrance. Elle est aujourd'hui le lieu de revendications nouvelles qui ressortent de l'expression du communautarisme, d'une identité religieuse, voire, au rejet de la culture et des valeurs de la République française", s'inquiète le Haut conseil à l'intégration. Le rapport relève par exemple, dans certains collèges, les difficultés pour les professeurs d'histoire-géographie d'enseigner la Shoah ou l'histoire du Proche-Orient.

Mesures d'accompagnement

Les auteurs du rapport analysent l'efficacité des moyens publics mis en œuvre pour améliorer l'intégration et la réussite scolaire de ses élèves. L'Etat a déboursé 110 millions d'euros en 2010 pour financer le programme de réussite éducative prévu par la loi de cohésion soxiale, rappelle le HCI. Plus de 725 000 collégiens (près d'un tiers des effectifs) et 147 000 élèves du primaire en ont bénéficié en 2008-2009. Le HCI vante les mérites d'une démarche d'accompagnement individualisé des élèves en difficulté mais note le manque de coopération et d'informations entre les différents acteurs et l'absence d'évaluation des dispositifs.

Dirigé par Patrick Gaubert depuis fin 2008, le HCI a été institué par un décret du 19 décembre 1989 de Michel Rocard, alors premier ministre. Il a pour mission de "donner son avis et de faire toute proposition utile, à la demande du premier ministre, sur l'ensemble des questions relatives à l'intégration des résidents étrangers ou d'origine étrangère".

LEMONDE.FR avec AFP

Criminels étrangers: Micheline Calmy-Rey émet des doutes

L'initiative de l'UDC pour le renvoi d'étrangers criminels n'est peut-être "pas applicable", a jugé dimanche la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey. Elle s'est exprimée à la radio RFI, à la chaîne TV5-Monde et au quotidien français "Le Monde".

"Si cette initiative l'emporte, comment on va pouvoir l'appliquer? Il n'est pas sûr qu'elle soit applicable", a estimé la ministre des Affaires étrangères à propos de l'initiative de l'UDC soumise au peuple le 28 novembre prochain.

Avec ce type d'initiatives populaires qui ne peuvent être mises en oeuvre, les Suisses "ont l'impression qu'on se fiche d'eux", a-telle dit, regrettant qu'il n'y ait pas un "contrôle constitutionnel" qui permette d'éviter des votations inutiles.

La ministre a cependant défendu "le système suisse de démocratie directe qui permet l'expression de peurs, d'angoisses". "Il vaut mieux que ça se passe dans les urnes que dans les rues, par l'expression de violences", a-t-elle argumenté.

La faute à la télévision

Elle a déploré "un contre-poison, une réaction de repli" face aux peurs que transmettent les émissions de télévision qui montrent "tous les jours des images violentes" dans le monde musulman.

Les Suisses se mettent à penser "qu'on est mieux derrière sa montagne tout seul". "Ce n'est pas très agréable pour une ministre des Affaires étrangères d'expliquer à tous les pays musulmans" que tout ce mouvement d'opinion "n'est pas dirigé contre eux, contre l'islam en tant que tel", a-t-elle dit.

La population étrangère résidant en Suisse compte 1,7 million de personnes, soit 21,7% de la population totale. Le Conseil fédéral a proposé un contre-projet, plus souple, qui sera soumis au vote le même jour: le 28 novembre.

afp/ats/jeh relayé par la RSR