lundi 26 septembre 2005

Admission pour raison humanitaire supprimée

Le débat sur la révision de la loi sur l'Asile a commencé au Conseil National et comme on s'y attendait les parlementaires rivalisent de propositions de durcissement.

La Suisse n'accordera pas l'admission pour raisons humanitaires. Comme le Conseil des Etats, le National a supprimé ce nouveau statut de la révision du droit d'asile. Les menaces de référendum brandies par la gauche n'ont pas ébranlé la majorité.

Lors du premier examen de la loi en mai 2004, le Conseil national avait pourtant adopté l'admission humanitaire par 105 voix contre 66. Ce statut était destiné aux personnes pour lesquelles le renvoi ne peut être raisonnablement exigé et en cas de détresse personnelle grave, soit par exemple pour les victimes de guerres civiles.

L'admission humanitaire, qui aurait concerné quelque 3000 personnes par an, aurait permis d'accorder un droit au regroupement familial immédiat et de faciliter la recherche d'un travail. Il faut offrir un régime correct aux personnes qui ne répondent pas aux critères donnant droit au statut de réfugié mais qui sont persécutées dans leur pays, a déclaré Hans-Jürg Fehr (PS/SH)...

Lire la dépêche de l'ATS
Lire le compte rendu de la Première
Ecoutez la séquence de la Première qui raconte la manifestation devant le palais fédéral
Ecoutez le débat dans Forum en direct de la salle des pas perdus avec Ueli Leuenberger, Doris Leuthard , Claude Ruey et Didier Barberat, mais aussi Oscar Freysinger.

Retour en Bosnie

Voici un courrier de lecteur paru dans 24heures:
J’ai honte!
Il est 5 heures et je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. A chaque fois que je suis sur le point de trouver le sommeil, je revois ses grands yeux bleus et son regard désespéré.
Je l’ai rencontrée cet après-midi. Pour le jour de ses 20 ans, Berne lui a offert son plan de vol et, dans son désarroi, elle désirait trouver un peu de soutien et un dernier espoir. Elle n’a rien dit, ou presque; parfois juste un «oui» ou un «non» pour répondre à nos questions, communiquant souvent d’un simple regard gêné.
Mais son beau-frère qui l’héberge depuis cinq ans nous a raconté son enfance dans un village près de Srebrenica avec ses sœurs, l’horreur des massacres quand elle avait 10 ans, l’éclatement de la famille, la fuite à travers la forêt où régnait la «chasse à l’humain», la vie dans les grottes, les oncles massacrés, les père et mère disparus.
Pour finir, elle a été hébergée par une arrière-cousine dans un village voisin. En 2000, les «propriétaires» sont revenus et ont repris «leurs» maisons en chassant les «intrus». C’est alors seulement qu’elle a choisi de rejoindre ses sœurs réfugiées en Suisse. Un homme de loi a constitué un excellent dossier. Il a mis en évidence sa tentative de suicide, le fait qu’elle travaillait depuis peu en fabrique, ses traumatismes importants… Mais selon Berne on ne peut pas travailler avec de tels traumatismes, il y a donc erreur, le dossier est irrecevable. Renvoi. Punkt Schluss!
Et moi j’ai honte! Honte de ces magistrats qui décident sans cœur et sans logique, de ceux qui exécutent aveuglément, car «Berne a décidé», honte de ce pays qui perd ses valeurs et ne réussit même plus à offrir une toute petite place à une victime innocente de l’imbécillité humaine!


Pierre-André Cornaz, Yverdon-les-Bains

Tout reste à faire

Parmi les nombreuses réactions à l'acceptation des bilatérales II, voici celle de Didier Estoppey dans Le Courrier qui met en évidence la notion très restrictive de cette "libre circulation des personnes", dès lors que les dividendes économiques ne sont plus immédiats.
Genève et la Suisse respirent. Les pythies qui annonçaient un «non» à la libre circulation des personnes en restent pour leur frais, au bout du lac comme au plan fédéral. La Suisse peut donc poursuivre sa lente voie solitaire vers l'intégration européenne. Et la droite bourgeoise comme les syndicats se congratuler en se félicitant d'un partenariat social renouvelé.
Les occasions de faire la fête sont trop rares dans ce pays pour ne pas se réjouir de cette victoire d'étape. Un triomphe du «non» n'aurait pu que profiter, quoique en dise une certaine gauche, à ceux qui ne voient leur survie que dans une Suisse des peurs et du repli.
Ce serait toutefois faire preuve d'aveuglement que de se satisfaire de ce 25 septembre avec un sourire béat. Beaucoup de choses ont déjà été dites quant à la vigilance dont devront faire preuve les syndicats pour mettre en oeuvre les mesures d'accompagnement obtenues et éviter la pression à la baisse sur les salaires, que le patronat appelle ouvertement de ses voeux. Mais un autre élément est resté quant à lui totalement absent de la campagne: ces personnes humaines auxquelles la Suisse prétend élargir la «libre circulation».
Les hasards du calendrier veulent que le Conseil national revienne dès ce lundi sur d'autres volets de notre politique migratoire, en se penchant sur la nouvelle Loi sur les étrangers et la révision de celle sur l'asile. Et force et de constater que là, on ne parle plus beaucoup ni d'humanité ni de liberté...
La Loi sur les étrangers résonne cruellement comme le pendant du vote d'hier. L'extension aux dix nouveaux membres de l'Union européenne du droit à venir travailler en Suisse a été vendue par nos autorités comme leur ultime horizon migratoire. En contrepartie, le Parlement s'apprête à adopter une loi raciste, verrouillant pratiquement nos frontières à toute main d'oeuvre non européenne. Une loi qui fait fi des réalités: des dizaines de milliers de travailleurs de l'ombre actifs clandestinement dans de nombreux secteurs de notre économie. Le canton de Genève reste pour l'instant bien seul dans sa demande de régularisation collective de ses sans-papiers. On se réjouit d'entendre les centrales patronales et syndicales qui se gargarisent du vote d'hier venir soutenir sa requête...
La Loi sur l'asile que s'apprête à avaliser le National, dans sa version durcie par le Conseil des Etats, est quant à elle un pur scandale dénoncé par de multiples organisations de défense des droits humains. Parmi la longue liste des durcissements annoncés, le seul retrait de l'aide sociale à l'ensemble des requérants déboutés, comme c'est déjà le cas pour ceux frappés de non entrée en matière, a de quoi faire froid dans le dos.
Il a beaucoup été question, ces dernières semaines à Genève, des frontaliers. Un autre événement est quant à lui passé pratiquement inaperçu: l'histoire tragique de ce requérant africain retrouvé mort dans la rue. L'heure du sursaut a sonné. Et les forces de gauche qui, a l'instar des socialistes et des verts, s'attribuent le mérite de la victoire d'hier ont encore du pain sur la planche avec le double référendum qui s'annonce.