vendredi 16 juin 2006
Un rocker raconte l’horreur de Srebrenica
Lire l'article de Nicolas Verdan dans 24heures
Bernie Bonvoisin, chanteur, cinéaste et écrivain, revient sur un massacre commis à deux heures d’avion de Paris.
Avec son groupe Trust, Bernie Bonvoisin fit la première d’AC/DC et d’Iron Maiden. Aujourd’hui, il donne toujours dans le hard et le métal, mais sur le mode du roman engagé. Onze ans après le massacre à Srebrenica de près de 8000 Bosniaques, par les forces serbes commandées par le général Ratko Mladic, Bonvoisin livre un double récit qui se dégoupille comme une grenade. L’histoire d’un certain 11 juillet 1995, quand Max, agent immobilier, fantasme sur l’assistante de son client, tandis que Nehrudin, deux heures d’avion plus à l’est, se fait fracasser par ses bourreaux.
D’un côté, Paris, son clinquant, ses petites médiocrités urbaines, de l’autre Srebrenica, sa touffeur, les tortures et les viols annonçant la tuerie. Sans se croiser, sans se toucher, le destin de Max, qui fête ce jour-là ses quarante ans, et celui de Nehrudin, qui aurait pu fêter ses quinze ans, donnent la pleine et tragique mesure de la proximité de ce massacre commis sous les yeux de l’ONU et quasi sous les nôtres. Bonvoisin, avec la rage de celui qui veut garder la mémoire vive, n’épargne pas le lecteur. Le sang gicle, les balles sifflent, les visages se tordent de douleur. Et pendant ce temps, Max tire sur son joint et «pourrait détruire cette putain de table basse» sur laquelle il vient de se taper le tibia.
Mais comment a-t-il fait? Bonvoisin, Parisien, n’était pas à Srebrenica quand les tchetniks remplissaient de cadavres les fosses communes. La rencontre de l’auteur avec une jeune Bosniaque rescapée fut le détonateur de ce roman percutant. Le titre? Chaque homme a la capacité d’être un bourreau ou… au moins son complice (éd. Scali 2006).
NICOLAS VERDAN
Rendez-vous en Bosnie
Du 7 au 11 juillet 2006, une marche de solidarité est organisée à Srebrenica. Renseignements: tél. 022 328 03 49, 9-12 h, 14-17 h (sauf jeudi), ou 022 349 36 06 ou 022 300 39 21 ou www.srebrenica-asds.com
Bernie Bonvoisin, chanteur, cinéaste et écrivain, revient sur un massacre commis à deux heures d’avion de Paris.
Avec son groupe Trust, Bernie Bonvoisin fit la première d’AC/DC et d’Iron Maiden. Aujourd’hui, il donne toujours dans le hard et le métal, mais sur le mode du roman engagé. Onze ans après le massacre à Srebrenica de près de 8000 Bosniaques, par les forces serbes commandées par le général Ratko Mladic, Bonvoisin livre un double récit qui se dégoupille comme une grenade. L’histoire d’un certain 11 juillet 1995, quand Max, agent immobilier, fantasme sur l’assistante de son client, tandis que Nehrudin, deux heures d’avion plus à l’est, se fait fracasser par ses bourreaux.
D’un côté, Paris, son clinquant, ses petites médiocrités urbaines, de l’autre Srebrenica, sa touffeur, les tortures et les viols annonçant la tuerie. Sans se croiser, sans se toucher, le destin de Max, qui fête ce jour-là ses quarante ans, et celui de Nehrudin, qui aurait pu fêter ses quinze ans, donnent la pleine et tragique mesure de la proximité de ce massacre commis sous les yeux de l’ONU et quasi sous les nôtres. Bonvoisin, avec la rage de celui qui veut garder la mémoire vive, n’épargne pas le lecteur. Le sang gicle, les balles sifflent, les visages se tordent de douleur. Et pendant ce temps, Max tire sur son joint et «pourrait détruire cette putain de table basse» sur laquelle il vient de se taper le tibia.
Mais comment a-t-il fait? Bonvoisin, Parisien, n’était pas à Srebrenica quand les tchetniks remplissaient de cadavres les fosses communes. La rencontre de l’auteur avec une jeune Bosniaque rescapée fut le détonateur de ce roman percutant. Le titre? Chaque homme a la capacité d’être un bourreau ou… au moins son complice (éd. Scali 2006).
NICOLAS VERDAN
Rendez-vous en Bosnie
Du 7 au 11 juillet 2006, une marche de solidarité est organisée à Srebrenica. Renseignements: tél. 022 328 03 49, 9-12 h, 14-17 h (sauf jeudi), ou 022 349 36 06 ou 022 300 39 21 ou www.srebrenica-asds.com
Non, travailler n'est pas un crime
Lire l'opinion d'Amilcar Cunha dans 24heures
«Est-il moralement acceptable de pousser dans la clandestinité des travailleurs qui n’ont commis comme seul délit que le simple fait de travailler?»
Début mai au-dessous de Vevey: le temps est magnifique, le lac et les montagnes se dévoilent dans toute leur splendeur. Une maison juste devant moi est en rénovation, c’est là que j’ai rendez-vous avec mes militants, il est 9 h 00, les ouvriers font leur pause et je descends leur parler.
Les discussions pour la nouvelle CCT du second oeuvre romand sont en cours et je leur apporte les derniers résultats; les questions sont nombreuses et la discussion est animée.
Un des ouvriers aux traits sud-américains reste silencieux et essaie de s’éloigner. Je lui demande s’il ne s’intéresse pas à ses conditions de travail, il me répond de manière évasive qu’il doit retourner à son travail.
Je comprends qu’il ne veut pas parler devant ses camarades de travail. Comme lui, j’en ai vu beaucoup d’autres venus d’Amérique du sud, mais aussi des Balkans, de Pologne, d’Afrique et d’ailleurs. Ils travaillent dur comme les autres ouvriers, ils vivent presque normalement, mais il leur manque quelque chose… Je lui donne ma carte de visite et l’invite à passer me voir au secrétariat avec son contrat de travail et ses feuilles de salaire, convaincu qu’il ne le fera pas.
Le lendemain en fin de journée mon sans papiers est là dans mon bureau devant moi, il est venu avec ses feuilles de salaire qui font mention de toutes les déductions légales et son employeur lui verse un salaire correct. Je lui dis qu’il a de la chance que tout soit en ordre.
Il me demande alors de manière très naturelle s’il peut demander des papiers pour lui et sa jeune épouse qui travaille comme femme de ménage depuis plus de cinq ans.
Je cherche les mots qui puissent lui faire le moins mal pour lui dire qu’il n’a aucune chance de régulariser sa situation et qu’il peut être arrêté par la police et expulsé avec son épouse s’il en fait la demande. Il essaie de comprendre pourquoi et s’exclame: «mais je n’ai rien fait de mal, travailler n’est pas un crime.» Est-il moralement acceptable de pousser dans la clandestinité des travailleurs qui n’ont commis comme seul délit le simple fait de travailler? Selon les personnes de mon entourage liées aux milieux religieux et ceux qui ont fait de la défense des migrants un sacerdoce, il est évident que non.
La minorité des citoyens de ce pays qui sont à l’origine de la nouvelle Loi sur les étrangers défendue par leurs lobbyistes et leur tribun à Berne, nous diront que personne n’est censé ignorer la loi et qu’il faut attraper les fautifs, y compris leurs employeurs qui sont passables d’amendes allant jusqu’à un million de francs et cinq ans de prison, (art. 116, 117 de la LEtr).
Cette même minorité, qui a fait des migrants leur fond de commerce depuis longtemps, veut faire croire aux citoyens que l’immigration est une menace plutôt qu’une ressource, et qu’à l’avenir tous les immigrés qui viendront travailler en Suisse seront blonds aux yeux bleus et bardés de diplômes.
Réaliste? Crédible? Laissons juger le peuple qui, le 24 septembre prochain, doit se prononcer sur les deux nouvelles lois fédérales, LEtr et LAsi. Déjà beaucoup de citoyens, à l’exemple de Mme Ruth Dreyfuss et M. François Couchepin, s’engagent pour faire barrage à ces deux lois inhumaines et discriminatoires qui font déshonneur à la Suisse.
Aux USA, des millions de travailleurs étrangers, d’employeurs et d’humanistes défilent pour des lois plus morales, plus dignes. Le 17 juin à Berne, nous ferons de même, nous serons juste un peu moins nombreux mais nous serons tout autant déterminés.
«Est-il moralement acceptable de pousser dans la clandestinité des travailleurs qui n’ont commis comme seul délit que le simple fait de travailler?»
Début mai au-dessous de Vevey: le temps est magnifique, le lac et les montagnes se dévoilent dans toute leur splendeur. Une maison juste devant moi est en rénovation, c’est là que j’ai rendez-vous avec mes militants, il est 9 h 00, les ouvriers font leur pause et je descends leur parler.
Les discussions pour la nouvelle CCT du second oeuvre romand sont en cours et je leur apporte les derniers résultats; les questions sont nombreuses et la discussion est animée.
Un des ouvriers aux traits sud-américains reste silencieux et essaie de s’éloigner. Je lui demande s’il ne s’intéresse pas à ses conditions de travail, il me répond de manière évasive qu’il doit retourner à son travail.
Je comprends qu’il ne veut pas parler devant ses camarades de travail. Comme lui, j’en ai vu beaucoup d’autres venus d’Amérique du sud, mais aussi des Balkans, de Pologne, d’Afrique et d’ailleurs. Ils travaillent dur comme les autres ouvriers, ils vivent presque normalement, mais il leur manque quelque chose… Je lui donne ma carte de visite et l’invite à passer me voir au secrétariat avec son contrat de travail et ses feuilles de salaire, convaincu qu’il ne le fera pas.
Le lendemain en fin de journée mon sans papiers est là dans mon bureau devant moi, il est venu avec ses feuilles de salaire qui font mention de toutes les déductions légales et son employeur lui verse un salaire correct. Je lui dis qu’il a de la chance que tout soit en ordre.
Il me demande alors de manière très naturelle s’il peut demander des papiers pour lui et sa jeune épouse qui travaille comme femme de ménage depuis plus de cinq ans.
Je cherche les mots qui puissent lui faire le moins mal pour lui dire qu’il n’a aucune chance de régulariser sa situation et qu’il peut être arrêté par la police et expulsé avec son épouse s’il en fait la demande. Il essaie de comprendre pourquoi et s’exclame: «mais je n’ai rien fait de mal, travailler n’est pas un crime.» Est-il moralement acceptable de pousser dans la clandestinité des travailleurs qui n’ont commis comme seul délit le simple fait de travailler? Selon les personnes de mon entourage liées aux milieux religieux et ceux qui ont fait de la défense des migrants un sacerdoce, il est évident que non.
La minorité des citoyens de ce pays qui sont à l’origine de la nouvelle Loi sur les étrangers défendue par leurs lobbyistes et leur tribun à Berne, nous diront que personne n’est censé ignorer la loi et qu’il faut attraper les fautifs, y compris leurs employeurs qui sont passables d’amendes allant jusqu’à un million de francs et cinq ans de prison, (art. 116, 117 de la LEtr).
Cette même minorité, qui a fait des migrants leur fond de commerce depuis longtemps, veut faire croire aux citoyens que l’immigration est une menace plutôt qu’une ressource, et qu’à l’avenir tous les immigrés qui viendront travailler en Suisse seront blonds aux yeux bleus et bardés de diplômes.
Réaliste? Crédible? Laissons juger le peuple qui, le 24 septembre prochain, doit se prononcer sur les deux nouvelles lois fédérales, LEtr et LAsi. Déjà beaucoup de citoyens, à l’exemple de Mme Ruth Dreyfuss et M. François Couchepin, s’engagent pour faire barrage à ces deux lois inhumaines et discriminatoires qui font déshonneur à la Suisse.
Aux USA, des millions de travailleurs étrangers, d’employeurs et d’humanistes défilent pour des lois plus morales, plus dignes. Le 17 juin à Berne, nous ferons de même, nous serons juste un peu moins nombreux mais nous serons tout autant déterminés.
Pas de police des étrangers dans les salles de mariage
Lire l'opinion de Suzette Sandoz dans le Temps - Eclairages (payant)
Suzette Sandoz, professeur de droit à l'Université de Lausanne et ancienne conseillère nationale libérale, s'indigne des conséquences pour les enfants de la future loi sur les étrangers.
Extraits:
...Il est malsain d'utiliser le droit privé comme mesure de police déguisée. Certes ces mariages de complaisance sont un procédé très antipathique, mais ils ne représentent qu'un nombre infime de cas (personne n'en donne d'ailleurs une statistique)...
Mais il y a plus grave encore: pour la première fois depuis 99 ans que le code civil existe, le législateur va punir les enfants pour l'acte de leurs parents. Il introduit, en annexe à la future loi sur les étrangers, la suppression automatique de la paternité du mari pour les enfants nés pendant un mariage annulé ultérieurement pour la cause ci-dessus. L'enfant devient alors un «enfant sans père»...
Une disposition aussi barbare - dont aucun parlementaire ne s'est pourtant soucié - ne peut pas entrer dans notre droit.
Suzette Sandoz, professeur de droit à l'Université de Lausanne et ancienne conseillère nationale libérale, s'indigne des conséquences pour les enfants de la future loi sur les étrangers.
Extraits:
...Il est malsain d'utiliser le droit privé comme mesure de police déguisée. Certes ces mariages de complaisance sont un procédé très antipathique, mais ils ne représentent qu'un nombre infime de cas (personne n'en donne d'ailleurs une statistique)...
Mais il y a plus grave encore: pour la première fois depuis 99 ans que le code civil existe, le législateur va punir les enfants pour l'acte de leurs parents. Il introduit, en annexe à la future loi sur les étrangers, la suppression automatique de la paternité du mari pour les enfants nés pendant un mariage annulé ultérieurement pour la cause ci-dessus. L'enfant devient alors un «enfant sans père»...
Une disposition aussi barbare - dont aucun parlementaire ne s'est pourtant soucié - ne peut pas entrer dans notre droit.
Founex - Un comité de soutien se mobilise pour un requérant
Lire dans le Quotidien La Côte
Une pétition en faveur d’Eric Bouende Tomfen, demandeur d’asile, vient d’être lancée par Marlyse Allenbach, de Founex. Ce jeune Camerounais de 25 ans est arrivé dans la région en 2002. Dès que la loi le lui a permis, il a trouvé un emploi à l’Hôtel de Chavannes-de-Bogis où il travaille toujours et est apprécié de tous.
Epileptique, il manquerait de médicaments au Cameroun
Une pétition en faveur d’Eric Bouende Tomfen, demandeur d’asile, vient d’être lancée par Marlyse Allenbach, de Founex. Ce jeune Camerounais de 25 ans est arrivé dans la région en 2002. Dès que la loi le lui a permis, il a trouvé un emploi à l’Hôtel de Chavannes-de-Bogis où il travaille toujours et est apprécié de tous.
Epileptique, il manquerait de médicaments au Cameroun
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