«Il n’est pas possible que quelqu’un entre dans un lieu sans qu’on puisse l’identifier», martèle Jordi Hereu. Le maire socialiste de Barcelone a donc annoncé hier son intention de signer prochainement un arrêté municipal interdisant le port du voile intégral. Et cela dans tous les espaces municipaux, comme les mairies, les marchés municipaux couverts ou encore les crèches municipales. Pour des raisons de sécurité et de «bon sens».
Jusque-là, rien de très original. La Belgique a légiféré dans ce sens en suivant la même argumentation. Et en assurant, comme Jordi Hereu, que la mesure ne vise «aucune croyance religieuse» et qu’elle s’appliquerait pareillement aux personnes qui portent des casques ou des passe-montagnes.
D’ailleurs, des interdictions municipales similaires ont déjà été prises à Lérida et à El Vendrell, deux autres villes de la riche région de Catalogne où la population immigrée musulmane est relativement plus importante qu’ailleurs en Espagne. D’autres villes dont Tarragone et Gérone envisagent de prendre des mesures similaires. Barcelone sera simplement la première grande ville espagnole à prendre une telle décision.
Nu sans obscénité
Mais si l’interdiction du voile peut surprendre dans la capitale régionale, c’est surtout parce que, simultanément, le nudisme n’y est pas proscrit. En effet, malgré les lois nationales prohibant expressément de s’exhiber de manière obscène, le parlement catalan a adopté plusieurs résolutions obligeant les administrations à «supprimer tout obstacle empêchant l’exercice de la nudité».
Certes, la Municipalité fait campagne contre les maillots de bain et les torses nus en ville, mais il s’agit uniquement de recommandations faites aux touristes. Légalement, aucune personne ne peut être arrêtée dans la rue parce qu’elle est en tenue d’Eve (ou d’Adam).
Un article de Andrés Allemand dans 24 Heures