samedi 28 novembre 2009

«Il est temps de diffuser en Suisse un islam des Lumières»

PROPOS RECUEILLIS PAR

ReligionsRECHERCHE - Des chercheurs projettent de créer une fondation d'études guidée par une approche réformiste de l'islam. Entretien avec le politologue Ahmed Benani.
Combattre la peur par la connaissance. Alors que, ce dimanche, le scrutin sur l'interdiction des minarets fait passer à l'islam en Suisse un test de confiance, un groupe de chercheurs espère créer une fondation d'études et d'enseignement sur les espaces islamiques dans le monde. Cette fondation, qui se rêve comme un premier pas vers une chaire universitaire, apporterait sa pierre dans la construction d'un «islam des Lumières». A l'origine du projet, qui pourrait se concrétiser fin 2010 soit à Genève soit à Lausanne, on trouve notamment Ahmed Benani, politologue spécialiste de l'islam, ancien chargé de cours aux universités de Lausanne et de Genève.


Pourquoi une telle fondation?

Ahmed Benani: Pour répondre à une forme d'ignorance, à laquelle, par exemple, l'initiative contre les minarets nous a brutalement confrontés. Comme si la Suisse se réveillait en découvrant qu'elle allait être envahie par l'islam, vu comme une altérité menaçant l'homogénéité du pays et sa tradition judéo-chrétienne! Cette diabolisation frappe, à l'heure où les frontières s'estompent et les cultures s'interpénètrent. Plus fondamentalement, l'enseignement de l'islam au même titre que les autres monothéismes est absent des universités suisses, tandis que le Conseil fédéral n'est pas entré en matière sur une formation suisse des imams. Avec une population musulmane qui frise les 5%, le moment est venu de donner un réel cadre scientifique et théologique à l'enseignement de l'islam, à la recherche et la diffusion du savoir sur cette religion.


Le Département d'arabe à l'université de Genève donne des cours, il existe aussi le GRIS (Groupe de recherche sur l'islam en Suisse) à Lausanne...

C'est un peu bricolé. Surtout, l'islam ne peut s'envisager seulement sous l'angle sociologique, politique ou théologique. Il faut inclure une dimension anthropologique, permettant de rompre avec ce que nous croyons connaître.


Que voulez-vous dire?

Il faut privilégier un enseignement qui tienne compte des aspects contemporains de l'islam. Je constate que les islams européens sont en phase avec les tendances de la religiosité en Europe – individualisation, sécularisation, apprentissage du pluralisme.


Le projet de fondation revendique l'héritage des Lumières. Il plaide pour des réformes culturelles et religieuses de l'islam. Est-ce trop ambitieux?

L'Europe, contrairement à l'espace arabo-musulman, permet toutes les audaces grâce au principe de l'Etat de droit. Les sciences liées aux religions doivent se saisir de cette liberté comme point de départ pour redéfinir l'islam en le confrontant à la sécularisation et aux autres monothéismes. Cela correspond à une forte demande.


Cet «islam des Lumières», c'est quoi?

C'est une sortie du prêt-à-porter religieux en donnant à la raison la place qu'elle mérite. Il faut interroger les dogmes et les concepts fondamentaux, soumettre les textes à la critique historique, comme cela a été fait pour le christianisme. En envisageant l'islam d'un point de vue social, comme une pensée en action et pas seulement l'expression d'une soumission à un univers de croyances, on peut alors l'adapter à la vie moderne. Pourquoi s'en remettre systématiquement aux théologiens d'Al Azhar (université sunnite du Caire) et à leurs fatwas?


Cet islam libéral donne-t-il tort à ceux qui figent l'islam dans une vision monolithique, qu'ils soient les gardiens de l'orthodoxie ou l'extrême droite chez nous?

Il montre qu'on peut se libérer du joug des traditions et des dogmes. Et ce n'est pas nouveau! C'est à partir de la chute de Cordoue au XVIe siècle que l'islam a commencé à se figer. Mais, avant, des mouvements ont eu recours à l'ijtihad (effort d'interprétation), par exemple pour mettre en question le dogme du Coran incréé.


En Suisse, la vision conservatrice domine-t-elle?

La majorité des musulmans ne pense pas que le «regard concupiscent des mâles» oblige les femmes à se voiler! Au Maroc ou en Arabie saoudite, les pratiques et les dogmes sont remis en question, mais c'est minoritaire et difficile. En Europe, c'est la norme que de se défaire du joug des traditions.


En France, les intellectuels réformistes ont un certain poids. En existe-t-il en Suisse qui pourraient enseigner dans la fondation?

L'idée n'est pas de fonctionner en autarcie, mais aussi de faire appel à des collaborations extérieures.


D'où viendrait le financement?

Nous en appelons à des privés et des institutions académiques. Nous ne voulons pas d'argent venant de pays musulmans ni des communautés musulmanes, afin de garantir notre indépendance.

Expulsion d’Abdiraschid: réactions

Trois lettres dans le courrier des lecteurs de 24 Heures, en réaction à l’expulsion d’Abdiraschid, jeune Somalien mineur et non accompagné.

imageA Rome, Abdiraschid a dormi à plusieurs reprises aux alentours de la gare. Photo Eric Andeville.

Quel manque d’humanité

A propos de l’article intitulé «A 17 ans, il est expulsé, tout seul, vers l’Italie» (24 heures du 14 novembre 2009):

Je suis très ému et choqué par l’expulsion d’un jeune mineur car nous sommes en relation avec un Congolais de 16 ans en apprentissage et vivant dans un foyer. Arrivé à 12 ans au CEP (Centre d’enregistrement et de procédure) de Vallorbe en provenance de Kinshasa via l’Italie, ce jeune homme n’a plus de famille. Qu’adviendra-t-il de lui en cas de retour en Italie?

Que l’ODM ne puisse être sensible à chaque cas, peut-être, mais je demande simplement un peu d’humanité. Bien sûr, on ne le jettera pas dans un wagon à bestiaux — non plus jamais ça! — on affrète un avion, quelle chance!

J’espère qu’il s’en sortira dans un pays dont il ne connaît pas la langue, mais parfois je me prends à cauchemarder: ces jeunes ont l’habitude de se débrouiller, donc plusieurs possibilités s’offrent à eux. Ils peuvent devenir vendeur de drogue, s’initier à la prostitution et, en plus, la mafia leur ouvrira certainement les bras.

Nous avons voté pour les Accords de Dublin soit, mais on met me semble-t-il les droits humains en sourdine. Cela me fait souci pour la réputation et l’avenir de la Suisse

René Maillefer, Ballaigues

Un Etat de droit? Vraiment?

Enseignant dans une école pour migrants, je me suis occupé pendant trois mois d’une classe de demandeurs d’asile et de réfugiés statutaires, dont faisait partie le jeune Somalien mineur qui vient d’être renvoyé en Italie. J’ai été très choqué d’apprendre la brutalité de l’expulsion. Je l’ai toujours traité comme un enfant de 17 ans, orphelin de père, très motivé pour apprendre notre langue, nos habitudes, et désireux de trouver une formation ici.

La Suisse a ratifié, en 1997, la «Convention relative aux droits de l’enfant» (ONU). Depuis il y a eu les Accords de Dublin 2, renvoyant, par une procédure sommaire, à la première terre d’asile (drôle d’euphémisme) tout requérant arrivé dans un 2e ou 3e pays successif.

Notre pays n’avait pas le droit de se parjurer!

L’enfant somalien devait être protégé dans notre pays, selon la Charte de l’ONU, avec la garantie que, face à toute décision administrative ou judiciaire, «l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale» (Article 3). On a commis un crime de lèse-enfance. Faisons-nous bonne figure en bafouant des accords contraignants? C’est bien joli de proclamer que la Suisse est membre de l’ONU, mais se réserve le droit de revenir sur ses engagements envers les enfants.

Cette légèreté me révolte. Mon élève vient d’un pays aux mains des seigneurs de guerre depuis 1990, sans garanties ni existence de l’Etat. On lui a dit: «Ici en Suisse, vous êtes dans un Etat de droit.» Ah oui? Même quand on passe allègrement outre aux conventions qu’on a pourtant signées de notre plus beau paraphe?

Jacques Depallens, Renens

Explications choquantes

A lire ce reportage, je suis tout simplement dégoûté.

Les explications des divers protagonistes «responsables» dans cette affaire sont choquantes. Un adolescent est encore un enfant, de chair, de cœur, qui a faim, qui a soif, qui n’a pas seulement besoin de vêtements et qui ne comprend rien aux menottes.

La loi est une chose, son application en est une autre, confiée à des humains, eux aussi de chair et de cœur. Elle n’impose pas une application de granit ou une réaction d’indifférence. Du cœur, de la charité, un sentiment de compassion devraient prévaloir sur l’orgueil politique. Je ne parle pas du sentiment chrétien bientôt disparu dans ce pays!

Si je souhaite que le cas Abdirashid mobilise les réactions nécessaires à l’âme d’un enfant qui devrait pouvoir se nourrir de tendresse, j’invite aussi chaque citoyen possédant encore un cœur de bonté pour les plus malheureux de se souvenir de ceux qui me font honte, à l’heure prochaine des choix électoraux.

Mon pays, c’est aussi ceux qui trahissent ma confiance électorale. Ma responsabilité civique, c’est de les congédier.

Francis C. Lachat, Villeneuve

Elles ne font plus la manche avec des enfants en bas âge

Après la prise en flagrant délit d’un père qui contraignait sa fille de 9 ans à faire la manche à Lausanne, la police a fait comprendre aux mères accompagnées d’enfants en bas âge qu’elles n’avaient plus leur place dans la capitale vaudoise. Un article signé Laurent Antonoff dans 24 Heures.

Photo Patrick Martin LE PASSE Les policiers sont intervenus directement auprès des femmes qui mendiaient en compagnie de jeunes enfants. Leur message: cette pratique n’est plus souhaitable dans la capitale vaudoise. Force est de constater qu'il est passé. Cette forme de mendicité a disparu du bitume lausannois. Lausanne, le 28 octobre 2009, Patrick Martin.

Il y a peu encore, on les croisait à chaque coin de rue stratégique au centre-ville, dans les passages souterrains ou au pied des bancomats à Saint-François. Et puis plus rien. Les femmes qui avaient pris l’habitude de mendier à demeure en compagnie d’enfants en bas âge ont disparu du bitume lausannois. Pratiquement du jour au lendemain. Et la météo moins clémente n’y est pour rien: c’est la police qui a décidé de leur faire comprendre qu’elles n’avaient plus leur place dans la capitale vaudoise. «Apparemment, le message est passé», constate Marc Vuilleumier, municipal de la Sécurité publique.

Le discours a radicalement changé

Le discours a donc changé radicalement en l’espace de quelques mois. «La mendicité est autorisée dans la capitale vaudoise. Nous pouvons sensibiliser ces mères sur les conditions météorologiques, mais rien de plus», expliquait dans nos colonnes le porte-parole de la police lausannoise, Jean-Philippe Pittet (24 heures du 9 septembre). Le même sentiment d’impuissance se ressentait du côté du Service de la protection de la jeunesse (SPJ), dans la bouche de son chef, Philippe Lavanchy: «Si l’enfant ne mendie pas directement, rien ne s’oppose à ce que sa mère le fasse en sa compagnie.» Avant d’ajouter qu’il comprenait que cela puisse choquer les passants, mais qu’il fallait penser au bien de l’enfant. «Ne vaut-il pas mieux qu’il soit dans les bras de sa mère, plutôt que d’attendre seul son retour je ne sais où, dans une cabane, par exemple?»

La donne n’est toutefois plus la même depuis la prise en flagrant délit d’un père d’origine roumaine qui contraignait sa fille de 9 ans à faire la manche (24 heures du 30 octobre). Pris sur le fait par deux policiers puis dénoncé, il risque une peine de 90 jours-amendes au maximum. Un cas d’exploitation avérée qui allait jeter le trouble sur la condition de tous les mineurs accompagnants les mendiants à Lausanne. «Cela soulève deux problèmes: celui des parents qui font la manche avec des enfants, et celui de la protection de la jeunesse», explique aujourd’hui Marc Vuilleumier.

La police est donc allée à la rencontre de ces mères, pour leur expliquer qu’une telle pratique n’était plus souhaitée dans les rues lausannoises. Et cela a porté ses fruits. «Quand les agents s’adressent directement à ces gens, c’est visiblement très efficace. Et ces personnes se parlent entre elles également. Je constate que l’information est passée», remarque le municipal de Police.

Le rapport sur la mendicité est imminent

Où ces femmes se sont-elles rendues? On le saura peut-être tout prochainement. Marc Vuilleumier a en effet demandé à ses troupes un rapport sur la mendicité. Le municipal veut notamment savoir où ces gens dorment, s’ils sont poussés à mendier à cause de leur situation précaire ou s’ils sont posés aux coins des rues par un réseau qui les exploite. «J’attends ce rapport de façon imminente.»

Une coupole islamique venue du ciel

SPECTACULAIRE Plusieurs centaines de musulmans d’Alsace ont assisté hier à l’installation de la coupole haute de 20 mètres sur la future grande mosquée de Strasbourg. La salle de prière devrait accueillir 1500 fidèles dès l’automne prochain. STRASBOURG, LE 27 NOVEMBRE 2009 / AFP Au moment où les Suisses votent pour ou contre les minarets, Strasbourg met sa grande mosquée sous toit. Et sans… minaret! Un article de Jean-Noël Cuénod, Strasbourg, pour 24 Heures.

«Dis, papa, tu vas mouiller ton beau costume!» «Mehdi, dans un moment pareil, on ne sent plus la pluie.» Si ce jeune père de famille musulman piétinait dans la boue d’un chantier, hier matin, ce n’était pas seulement pour célébrer l’Aïd-el-Kébir – la Fête du Sacrifice. C’était surtout pour assister à un événement attendu depuis près de vingt ans par ses coreligionnaires: la spectaculaire pose de la coupole sur la future grande mosquée de Strasbourg… à l’heure où les Suisses votent pour ou contre les minarets.

10% de musulmans

Haute de 20 mètres et demi et lourde de 37 tonnes, l’armature de cette coupole s’élève dans les airs, mue par une grue pachydermique de 500 tonnes. Chants et prières retentissent. Un vieillard en djellaba brun clair écrase une larme en tenant la main de sa petite fille qui sautille dans une flaque.

Un quart d’heure plus tard, sous les youyous des femmes voilées – mais non masquées –, l’armature est juchée sur son sommet, d’où elle contemple le centre de Strasbourg, près du pont du Heyritz qui enjambe l’Ill. Un rayon de soleil déchire le gris céleste. La pluie s’arrête. En tout, Allah est expert! Le squelette peut désormais recevoir sa couverture en cuivre.

Des lieux de culte dédiés à l’islam existent déjà dans la capitale alsacienne. Mais il manquait une grande mosquée aux musulmans, qui forment 10% de la population strasbourgeoise (272 975 habitants). «Pour en arriver là, ce ne fut pas aisé, croyez-moi!» nous avertit le sénateur-maire socialiste de la ville, Roland Ries. Après quelques années de tergiversations, un projet fut fixé en 1998. «A cette époque, l’extrême droite était puissante et s’est violemment opposée à cette construction. Le Front national avait même envahi la salle du Conseil municipal au cours d’une séance. J’ai dû la faire évacuer», se souvient le sénateur-maire.

Entre-temps, le projet a subi des coupes. Les espaces culturels et… le minaret, prévus au départ, ont été abandonnés. La grande mosquée devrait être définitivement achevée en juillet prochain – Inch’Allah!

Qui finance?

Le coût de cette opération s’élève à 8,5 millions d’euros (près de 13 millions de francs). Son financement? Le sénateur-maire Roland Ries nous l’explique: «La ville de Strasbourg met le terrain à disposition et couvre 10% du coût de construction; la région Alsace et le département du Bas-Rhin financent le projet à hauteur de 15%. Le reste est assuré par des dons provenant des communautés de l’islam. Pour éviter qu’un seul Etat musulman ne domine ce projet, la participation financière de chaque pays contributeur est limitée à 10% du montant de cette opération.» Des collectivités publiques françaises subventionnent donc largement – à raison de 25% – la construction de ce lieu de culte. Une telle situation ne serait pas possible dans les autres régions de l’Hexagone, qui sont soumises à la loi de 1905 interdisant le financement d’édifices religieux par les organes de la République. Mais elle ne s’applique pas à l’Alsace et à la Lorraine, qui connaissent le système du concordat entre pouvoirs publics et religions reconnues, à la manière de la plupart des cantons suisses, sauf Genève et Neuchâtel.

D’ailleurs, selon le sénateur-maire Ries, l’appui des quatre confessions alsaciennes reconnues – juive, luthérienne, réformée et catholique – en faveur de ce projet s’est révélé décisif. Dans la France laïque, les voies du Seigneur sont encore plus impénétrables qu’ailleurs!

Vatican inquiet

Un haut responsable du Vatican a indirectement exprimé hier son désaccord avec l’initiative contre les minarets, sur laquelle les Suisses se prononcent demain, affirmant qu’un catholique «doit être ouvert aux autres». Il ne faut cependant pas «être naïf», a relevé Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical de la pastorale des migrants et itinérants, regrettant que l’Islam ne pratique pas «la réciprocité». «Mais les chrétiens doivent passer outre», a-t-il ajouté, précisant que ce discours a du mal à passer chez les chrétiens vivant dans des pays musulmans.

AFP / 24 Heures

Immigration clandestine: ''un cancer'' selon M. LePen

Bienvenue chez nous (Luz) La vice-présidente du Front national Marine Le Pen a parlé aujourd'hui de l'immigration clandestine comme d'un "cancer" risquant de se "métastaser" à l'ensemble de la France, s'exprimant à Bailleul (Nord) où un lieu d'accueil pour les migrants doit s'ouvrir dimanche.

"Nous sommes dans le symbole de ce que nous dénoncions, le cancer d'une immigration clandestine qui se métastase à l'ensemble du département, puis de la région et demain à l'ensemble de la France", a déclaré Marine Le Pen, lors d'une conférence de presse.

La politique gouvernementale de lutte contre l'immigration clandestine revient, selon Marine Le Pen, à mettre "la poussière sous le tapis": "on fait croire que la disparition de la jungle de Calais va entraîner la disparition de l'immigration clandestine alors qu'on est en train de monter des campements dans l'ensemble de la région".

"Ils vont faire 40 campements de 20 ou 30 migrants en espérant que ça se verra moins que lorsqu'il y en a 800 sur un même territoire", a estimé Marine Le Pen, à propos de la jungle de Calais, qui avait été démantelée en septembre 2009. La candidate frontiste aux prochaines élections régionales a estimé que le Nord/Pas-de-Calais "ne peut pas devenir l'hôpital sans frontières du monde".

La candidate a également dénoncé "la contradiction absolue du message entre l'UMP nationale qui vient dire (...) +Nous luttons contre l'immigration clandestine+ et l'ensemble des élus UMP locaux (...) qui aident à cette immigration clandestine". Marine Le Pen faisait notamment référence à la mise à disposition par le maire UMP de Steenvorde (Nord) d'un terrain pour l'association Terre d'errance. L'élue frontiste reproche par ailleurs au maire (PS) de Bailleul d'avoir mis ses administrés devant le fait accompli.

Le camp Intermed, "lieu d'accueil sanitaire et humanitaire", doit accueillir à Bailleul un maximum de quinze à vingt migrants de Calais "fragilisés" auxquels des soins seront prodigués, selon Claire Cleenewerck, présidente de l'association Flandre terre solidaire, à l'origine du projet.

Trouvé dans le Figaro

Demain, une déferlante de réfugiés climatiques ?

D'ici à 2050, 200 millions de personnes pourraient être chassées de chez elles par le changement clmatique.

À l'horizon 2050, 200 millions de personnes pourraient être chassées de chez elles par le dégel des terres,la montée des mers ou l'avancée des déserts... Suite de notre présentation des enjeux du sommet sur le climat.

Réfugiés climatiques. Voilà une formule qui revient en boucle à l'approche du sommet de Copenhague (7-18 décembre). Des sombres prévisions du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) découle un autre pronostic, celui des géographes et des démographes : les perturbations climatiques vont générer de grands mouvements de population.
Le phénomène ne date pas d'aujourd'hui. Dès 1951, la population des Tuvalu (lire ci-après) achetait une île Fidji et commençait à déménager. La nouveauté, c'est l'accélération et l'ampleur du mouvement. Selon l'expert britannique Norman Myers, le nombre des réfugiés environnementaux pourrait passer de 25 millions, en 1995, à 200 millions en 2050. « Cette question, très périphérique jusqu'à présent, sera l'une des grandes crises humanitaires de notre époque », affirmait-il dans un rapport remis à l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), il y a déjà quatre ans.

Premières victimes,les pauvres

Des tendances lourdes sont à l'oeuvre : avancée du désert au Tchad ou en Chine ; dégel des sols en Sibérie ou en Alaska ; montée des eaux aux Maldivesou autour des îles Helligen allemandes... Déjà, sur les îles Carteret (Papouasie-Nouvelle Guinée), lors des grandes marées, on tend les filets de pêche... entre les palmiers.
Va pour les îlots du Pacifique-sud, qui n'hébergent que quelques dizaines de milliers d'habitants. Au Bangladesh, c'est autrement plus grave : les eaux pourraient inonder 17 % des terres et repousser un cinquième des 153 millions d'habitants. En Indonésie, 2 000 îles paraissent vouées à la noyade.
Or, ces pays n'ont pas les moyens des Pays-Bas pour élever seuls des digues. « Ce phénomène affecte surtout les plus pauvres et les peuples indigènes », relève Catherine de Wihtol de Wenden, spécialiste française des migrations. Ainsi, lorsque l'ouragan Katrina a submergé La Nouvelle-Orléans, en 2005, 1,5 million d'habitants ont fui. La moitié seulement sont revenus. De noire à 70 %, la ville est devenue blanche à 60 %.
Réfugiés ? Déplacés ? Le terme est disputé, car l'exode est souvent proche et provisoire. Pour ceux qui fuient sans espoir de retour, il y a urgence à inventer un statut, car la convention de Genève sur les réfugiés (1951) n'envisageait pas leur cas. Aujourd'hui, la Nouvelle-Zélande accueille royalement ses voisins des atolls menacés, à raison de 400 par an. À condition qu'ils aient entre 18 et 45 ans. Et un casier judiciaire vierge.

Lu dans Ouest France

Le prix Lux du Parlement européen pour le film Welcome

Le film de Philippe Lioret, une chronique sur l’aide aux étrangers en situation irrégulière, a été primé par les eurodéputés. Nouveau débat sur le « délit de solidarité »

Le Parlement européen a décerné, mercredi, le prix Lux 2009 au film réalisé par Philippe Lioret, Welcome. Le long-métrage conte l’histoire à Calais d’un maître nageur qui apprend à nager à un réfugié afghan souhaitant se rendre au Royaume-Uni. Lors de la remise du prix, le lauréat a réclamé l’amendement de la loi française qui pénalise ceux qui aident les réfugiés. Il a dénoncé les députés qui avaient refusé, en avril, un amendement socialiste allant dans ce sens. « Aucun député UMP n’a alors assisté au débat, mais ils sont venus pour voter contre », a-t-il regretté.

Le prix Lux permet de financer le sous-titrage du film dans les vingt-trois langues officielles de l’Union européenne, et l’adaptation de la version originale pour la rendre accessible aux personnes atteintes d’un handicap visuel ou auditif.

La remise de ce prix n’a pas manqué d’ouvrir le débat sur la situation faite aux migrants, alors que la France et le Royaume-Uni ont commencé à expulser dans des charters communs des réfugiés afghans. La députée du Front de gauche, Marie-Christine Vergiat, a appelé l’UE à « mettre en harmonie ses actes avec ses discours ». Elle a notamment mis en cause « les déclarations » de la présidence du Conseil et de la Commission « pour justifier [les] expulsions collectives vers des pays en guerre ». Elle espère que « la diffusion du film Welcome dans les 27 pays de l’Union (…) sera un meilleur vecteur que les politiques européennes pour cette autre Europe faite de solidarité ».

Le 9 novembre, l’ancien maire de Calais et député du Front de gauche, Jacky Hénin, avait écrit aux députés de la Gauche unitaire européenne (GUE) afin qu’ils soutiennent Welcome  : « Compte tenu de la qualité du film ainsi que du sujet abordé, je suis d’avis que notre groupe soutienne à travers le vote de chacun d’entre nous cette œuvre qui, en plus d’une qualité artistique indéniable, apporte un message politique et humain de grande portée. » Le député venant du Calaisis saluait, mercredi, une belle récompense pour un beau film, tourné « dans la plus belle région du monde ».

Gaël de Santis

Lu dans l'Humanité