lundi 19 mai 2008

Démontage de la propagande raciste de l'UDC valais

Lire l'enquête d'Yves Lassueur dans l'Illustré

II dit avoir été traité de «bâtard de Suisse» puis frappé par des étrangers. L'UDC relaie sa colère sans rien vérifier. Les faits jettent pourtant une lumière crue sur l'attitude de la «victime».
Texte: Yves Lassueur Photos: Sedrik Nemeth
Le 9 avril dernier, le site internet de l'UDC, section Valais romand, publie un article (lire ci-dessous) en forme de témoignage à faire se dresser les cheveux sur la tête. Son auteur est un Valaisan de 22 ans, Lionel Moix, polygraphe dans une imprimerie du canton.
Quatre jours plus tôt, raconte-t-il, il a été insulté et frappé au cœur de Sion par un groupe d'agresseurs en proie à une véritable furie raciste anti-Blancs. Lui, le Suisse, le Valaisan, allait entrer dans un bar en compagnie d'une amie et d'un ami, dimanche 6 avril vers 2 heures du matin, quand il a été pris à partie. Extrait de son texte: «J'entends tout d'un coup: «Hey! Trou du cul de blanc, bâtard de Suisse», venant d'un groupe de 7 personnes. Les esprits s'échauffent des deux côtés. Le securitas du bar nous demande alors poliment de partir et nous interdit l'accès du bar.

» Nous décidons de finir la soirée dans un autre pub, mais c'est sans compter sur nos agresseurs, qui nous pourchassent. Ils sont désormais 25. Nous atteignons un petit café, une occasion pour mettre fin à cette poursuite. Pourtant, le serveur en pleine fermeture refusa de nous laisser rentrer pour appeler la police. Nous laissant ainsi à la merci de nos agresseurs.
» Quelques instants après, ils nous rattrapent. Malgré une défense désespérée, les coups se mettent à pleuvoir. Lorsqu'ils cessent, un homme d'environ 25 ans, d'origine maghrébine me dit: «Mec, excuse-toi d'être blanc, excuse-toi d'être Suisse, sinon on t' envoie à l'hosto!» Je ne m'exécute pas et les coups recommencent de plus belle. Peu après, les patrouilles de police arrivent et les agresseurs s'enfuient.» Lionel Moix dit avoir passé une semaine à l'assurance pour cause d'enfoncement de la pomme d'Adam et contusions. Il a déposé plainte «pour punir ces gens comme il se doit. Mais avant tout j'aimerais dénoncer le développement du racisme anti-Blancs en Valais!»
Doigts d'honneur
Un récit tellement effarant qu'on ne peut s'empêcher d'y aller voir de plus près. Après tout, un Suisse «agressé par une horde d'une vingtaine d'individus, tous étrangers selon lui», comme ï écrira à son tour Le Nouvelliste en date du 16 avril, c'est assez révoltant pour qu'on ne laisse pas passer sans réagir. Autrement dit, sans recueillir d'autres témoignages.
Et, là, il faut commencer à déchanter E. et R., les deux jeunes amis suisses de Lionel Moix qui l'accompagnaient dans cette folle nuit sont aux abonnés absents. Impossible de leur parler ou même de savoir qui ils sont: Lionel Moix refuse de les mettre en contact avec la prsse. On sait juste qu'ils sont tous deux Suisses. Et qu'ils ont refusés de s'associer à la plainte qu'il a déposée.
Filons donc au pub Saint-Jan devant lequel les premiers acccrocahgess verbaux ont eu lieu. Cette nuit là, c'est l'agent de sécurité valaisan Gérald Logean qui était de faction à l'entrée de l'établissement Commenent l'algarade a commencé, il ne pourraitle dire. «Mais ce dont je souviens, c'est que ce monsieur (Lionel Moix) n'arrêtait pas de faire le salut nazi, ce qui faisait monter les tours aux autres. Je lui a d'arrêter; ça ne faisait qu'augmenter la tension mais il continuait de toute évidence, il était vraiment soul.]

Finalement, tous ont fait ce que je leur demandais: ils ont évacué les lieux avant que ça ne dégénère devant le pub.»
Parmi les jeunes immigrés qui se trouvaient là, Shahow*, un apprenti sédunois de 18 ans, fils de réfugiés iraniens, venu en Suisse il y a huit ans, accepte de parler. «Cette nuit-là, nous étions un groupe de copains de 15 à 19 ans, des Suisses et des étrangers. Devant le Saint-James, on ne pouvait pas entrer, c'était bondé, alors j'ai dit: «On se bouge?» Sur quoi un gars (Lionel Moix) me lance: «C'est à moi que tu parles?» «Non.» «Tu es sûr? Sinon...» «Sinon quoi?» Et, là, il se met à nous balancer des insultes racistes, à nous faire des doigts d'honneur et à nous mettre au défi de le cogner.»
Shahow soutient que ni lui ni son groupe de copains n'ont j amais injurié Lionel Moix, mais admet qu'ils l'ont suivi, lui et ses deux amis, pour qu'il s'excuse des insultes racistes qu'il avait proférées.
«En cours de route, c'est vrai qu'il a reçu un coup de poing - un seul, donné par l'un d'entre nous. Mais il n'arrêtait pas de nous provoquer et continuait à nous faire des doigts d'honneur. Même sa copine a tenté de calmer le jeu en disant: «II ne s'excusera jamais! C'est un raciste!»
Ce scénario, Adrien*, 17 ans, le confirme. Apprenti sédunois, Valai-san pure souche comme en témoigne son nom de famille, il énumère les insultes racistes que Lionel Moix déversait sur son groupe de potes
et même sur lui alors qu'ils se trouvaient devant le Saint-James: «Sales nègres! Putains d'étrangers!» Mon copain lui a répondu gentiment. Et on ne l'a suivi dans la rue que pour qu'il s'excuse de ses insultes racistes. Les victimes, dans cette histoire, c'est nous.»
Personnes intouchables?
Et qu'a donc fait la police? Rien de rien, selon Lionel Moix. Sur le site de l'UDC, il laisse carrément entendre qu'elle protège les étrangers: «Sous prétexte de fichiers de personnes intouchables, écrit-il, les policiers n'ont procédé à aucune interpellation.»
De quoi faire bondir Jean-Marie Bornet, responsable de la communication à la Police cantonale valai-sanne: «Quand nos patrouilles sont arrivées, il n'y avait pas de bagarres en cours. Et M. Moix ne s'est pas plaint d'avoir été frappé. En revanche, il donnait des signes manifestes d'ivresse et hurlait: «Putains de Yougos! C'est votre boulot de les foutre dehors!» Pour le reste, c'est non seulement faux mais ridicule de parler de «fichiers de personnes intouchables». Contrairement à ce que dit ce monsieur, nous avons recueilli cette nuit-là assez d'éléments pour établir l'identité de toutes les personnes présentes. Une enquête est ouverte pour déterminer ce qui s'est passé. Nous allons investiguer à charge comme à décharge.»
Lionel Moix n'a donc plus qu'à patienter, en suivant les rebonds médiatiques de l'affaire, rebonds qu'il a lui-même provoqués. Après la nuit du 6 avril, il a commencé par publier sa version sur Novopresse, une «agence» très à droite qui fonctionne surrinternet. «Le lendemain, dit-il, l'UDC me demandait si elle pouvait reprendre mon récit sur son site, ce que j'ai accepté.»
Maintenant, cette même UDC, qui n'a rien vérifié, lui demande s'il veut adhérer au parti. Lionel Moix n'a pas encore répondu, mais ce serait apparemment une bonne recrue: en plus des idées et de la fantaisie, il a déj à la queue de cheval.

Le post à l'rigine de ces racontards avait également été repris dans toute une ribambelle de site racistes et d'extrême-droite en Europe...

«Mec, excuse-toi d’être blanc, excuse-toi d’être Suisse, sinon on t’envoie à l’hosto!».

sion.jpgAu soir du 5 avril 2008, nous fêtons l’anniversaire d’un ami dans un bar de Sion. Pris d’une envie de changer d’air, nous décidons d’aller voir le pub d’à côté sans penser que cette soirée si riche en rire et en amitié allait tourner au cauchemar.

A l’entrée avec deux de mes amis, E. et R., j’entends tout d’un coup: «Hey! Trou du cul de blanc, bâtard de Suisse!» venant d’un groupe de 7 personnes. Les esprits s’échauffent des deux côtés. Le securitas du bar nous demande alors poliment de partir et nous interdit l’accès du bar alors que d’autres de nos amis nous y attendaient.

Nous décidons de finir la soirée dans un autre pub pour un dernier verre, mais c’est sans compter sur nos agresseurs qui nous pourchassent. Ils sont désormais 25. Nous atteignons un petit café, une opportunité pour mettre fin à cette poursuite. Pourtant, le serveur en pleine fermeture refusa de nous laisser rentrer pour appeler la police. Nous laissant ainsi à la merci de nos agresseurs.

Quelques instants après, les agresseurs nous rattrapent. Malgré une défense désespérée, les coups se mettent à pleuvoir. Lorsque qu’ils cessent, un homme d’environ 25 ans d’origine maghrébine me dit: «Mec, excuse-toi d’être blanc, excuse-toi d’être Suisse, sinon on t’envoie à l’hosto!». Je ne m’exécute pas et les coups recommencent de plus belle. Peu après, les patrouilles de police arrivent et les agresseurs s’enfuient. Sous prétexte d’un fichier de personnes intouchables, les policiers n’ont fait aucune interpellation ce soir-là.

Une semaine d’assurance avec enfoncement de la pomme d’Adam et contusions, voici le résultat de cette triste soirée. Sans compter l’humiliation d’avoir été insulté de bâtard de Suisse dans mon propre pays. Une plainte a été déposée pour punir ces gens comme il se doit, nous osons espérer que la justice suisse fera son travail. Mais avant tout j’aimerais dénoncer le développement du racisme anti-blanc en Valais !

Lionel Moix

NB: il faut préciser que l’une des personnes qui accompagne Lionel est une fille.

Cet article a été écrit le 9 avril 2008 à 21:19 sur le catégorie Actualités Jeunes UDCVR.

L'article publié le 18 avril par Le Nouvelliste

TEMOIGNAGELionel Moix d'Euseigne a été agressé par une horde d'une vingtaine d'individus, tous étrangers selon lui. Une plainte pénale a été déposée. La police reste prudente.

Lionel Moix sur les lieux de l'agression: «Mon cas n'est pas isolé. Il faut que justice soit faite.» MAMIN

«Si je témoigne aujourd'hui, c'est pour leur prouver que je n'ai pas peur et pour essayer d'améliorer la sécurité dans nos rues.» Lionel Moix n'en revient toujours pas. Ce jeune polygraphe de 22 ans, originaire d'Euseigne, a vécu «un vrai cauchemar» dans la nuit du 5 au 6 avril dernier. Tabassé par une bande de jeunes, tous étrangers selon lui, sous prétexte qu'il est Suisse, il a décidé de ne pas laisser ce délit impuni et de parler ouvertement - à la presse notamment - pour dénoncer un cas qu'il dit ne pas être isolé. De son côté, la police cantonale reste prudente sur le déroulement des faits et relève le caractère raciste des propos tenus par Lionel Moix à l'encontre de ses agresseurs au moment de l'intervention (lire encadré).

Les faits

Samedi soir 5 avril, Lionel fête l'anniversaire de l'une de ses amies dans un bistrot de la capitale. A 1 heure du matin, lorsque l'établissement ferme ses portes, lui et ses amis décident d'aller boire un dernier verre dans un autre bar du centre-ville. «Arrivé devant la porte, au moment de descendre les quelques marches, j'ai entendu derrière moi un type qui m'a balancé: bâtard de Suisse, trou du cul de Blanc! Forcément je ne pouvais pas laisser passer ça!» Lionel se retourne et demande des explications. Les esprits s'échauffent des deux côtés. Le sécuritas intervient et demande à Lionel de s'en aller. Avec deux de ses amis, Christine* et David*, le natif d'Euseigne décide d'aller boire un verre dans un autre bar. C'était sans compter que celui qui vient de l'agresser verbalement le suit maintenant avec une vingtaine d'autres individus. «Une véritable petite milice», souligne-t-il. Les trois copains prennent peur. «On a accéléré le pas jusque devant un café qui fermait à ce moment-là. J'ai demandé au serveur de nous laisser entrer pour que l'on puisse appeler la police, mais celui-ci a refusé. Il nous a juste dit qu'il ne pouvait rien faire pour nous, qu'on avait qu'à se débrouiller.»

Le trio décide alors de rallier un bar à deux rues de là. Sans succès. «J'ai senti un premier coup sur ma nuque», se souvient Lionel. «Christine s'est mise devant moi et m'a pris dans ses bras, mais les gars l'ont poussé de manière à m'avoir dans leur ligne de mire.» Lionel reçoit plusieurs coups de poing dans le ventre et dans les côtes. «Les mecs voulaient que je m'excuse d'être Suisse. Ce que je ne pouvais pas faire.» Il reçoit alors un coup de poing dans la pomme d'Adam, ce qui lui vaudra une semaine d'arrêt de travail. «J'ai tenu debout quelques secondes avant de m'affaisser. Je ne pouvais plus parler, plus respirer.» Christine alerte la police. Trois patrouilles arrivent. «Mais les policiers n'ont rien fait. Ils m'ont dit que ces jeunes étaient connus et fichés, mais qu'ils ne pouvaient pas les interpeller. Je n'y comprends rien... Pourquoi laisse-t-on agir de tels individus sans bouger le petit doigt?»

Soif de justice

S'estimant victime d'une injustice, Lionel décide de porter plainte contre ses agresseurs et contre le serveur qui ne l'a pas secouru. «J'ai envie de me faire entendre. C'est le genre d'agression qui arrive souvent, il faut qu'il y ait des gens qui osent témoigner, si l'on veut améliorer la sécurité dans nos rues.» Le jeune polygraphe a d'ailleurs diffusé son témoignage sur le site Novopress et celui de l'UDCVr. Il a en outre adressé une lettre motivée au commandant de la police cantonale. «Je suis Suisse de sang et de coeur et personne ne pourra me l'enlever.»

Le POP vaudois «modifie» les affiches de l'UDC

Lire dans 20 minutes
Les affiches de l'UDC en faveur de l'initiative sur les nauralisations continuent de faire des vagues. Plus...

Les naturalisations entre démocratie et arbitraire

Lire le dossier de Swissinfo

L'UDC a lancé une campagne qui promet d'être émotionnelle.
Légende photo: L'UDC a lancé une campagne qui promet d'être émotionnelle. (Keystone)

Les naturalisations dans le secret des urnes ne sont plus pratiquées en Suisse. Le Tribunal fédéral les a jugées contraires à la Constitution. Mais une initiative soumise au peuple le 1er juin pourrait changer la donne.

En Suisse, ce sont les communes – ou parfois les cantons – qui peuvent accepter ou non la demande de naturalisation d'un étranger. La loi fédérale n'est là que pour fixer le cadre général.

Fédéralisme oblige, la procédure n'est pas partout la même. Dans certaines communes, cette décision relève du parlement local, dans d'autres de l'exécutif. Et il y a quelques années encore, certaines communes – alémaniques – soumettaient les demandes de naturalisation au peuple dans le cadre de votations à bulletin secret

Il n'y a pas de démocratie sans dignité humaine

Thierry Tanquerel, professeur à l'Université de Genève, montre que l'un des aspects de l'initiative du 1er juin est la limitation du droit de regard des cantons sur les communes.

Lire l'opinion dans son intégralité dans le Temps


Plus de 70 professeurs suisses de droit public ont signé un appel à rejeter la bien mal nommée initiative populaire «Pour des naturalisations démocratiques». Cet engagement sans précédent d'hommes et de femmes de sensibilités politiques fort différentes, mais qui partagent - peut-être par déformation professionnelle - un attachement viscéral aux valeurs essentielles de notre Etat de droit, s'explique par la menace que fait peser sur ces valeurs l'initiative sur les naturalisations.

Pour voir Blocher qui bredouille et cherche ses mots...

L'émission Arena de vendredi dernier a permis à plus de 800.000 personnes d'écouter les échanges d'arguments sur l'initiative pour les naturalisations par le peuple.
Toni Brunner y est apparu comme un fantôme sympathique, Evelyne Widmer Schlumpf comme une femme d'Etat maîtrisant totalement ses dossiers et ses émotions alors que Christof Blocher a fait très pâle figure. Nerveux, brouillon c'est le prénom seulement. Il s'énerve et fait presque peine à voir ...
Il était vraiment temps de le mettre à la retraite tant il peine à trouver ses mots.

Visionner l'émission (en Suisse Allemand)

Présentation de l'émission

Abstimmungsarena zur Einbürgerungsinitiative

Eveline Widmer-Schlumpf als Regierungsmitglied wird in der Diskussionsrunde zur Einbürgerungsinitiative eine separate Rednerposition erhalten. Auf der Kontra-Seite diskutieren Christian Wasserfallen und Daniel Jositsch, auf der Pro-Seite befinden sich Toni Brunner und alt Bundesrat Christoph Blocher.

Der Bundesrat hat am Mittwoch entschieden, dass Mitglieder der Regierung in Zukunft nur noch an Abstimmungsarenen und ähnlichen Veranstaltungen teilnehmen, wenn sie eine separate Rednerposition erhalten, was ihre besondere Stellung als Regierungsmitglied unterstreichen soll. Parallel dazu hat die SVP den Wunsch ausgedrückt, mit Toni Brunner und Christoph Blocher (anstelle des ursprünglich geplanten Adrian Amstutz) an der Diskussion teilzunehmen. Die Redaktion Arena hat daher die Zusammenstellung der «Abstimmungsarena» vom Freitag zur Einbürgerungsinitiative nochmals überprüft.

Die Verantwortlichen der «Arena» haben in dieser Situation entschieden, die Diskussionsrunde zu ergänzen: Auf der Gegnerseite tritt neben Christian Wasserfallen, Nationalrat FDP BE, Daniel Jositsch, Nationalrat SP ZH an. Sie diskutieren mit SVP-Präsident Toni Brunner und Vizepräsident Christoph Blocher. Bundesrätin Eveline Widmer-Schlumpf vertritt die Position des Bundesrates.

Es diskutieren unter anderen:

Externer Link Eveline Widmer-Schlumpf, Bundesrätin

Auf der Kontra-Seite:
-Christian Wasserfallen, Nationalrat FDP/BE
-Daniel Jositsch, Nationalrat SP/ZH

Auf der Pro-Seite:
-Toni Brunner, Präsident SVP
-Externer Link Christoph Blocher, alt Bundesrat

La Déclaration des droits de l'homme placardée sur les affiches UDC

Les affiches de l'UDC en faveur de l'initiative sur les naturalisations continuent de faire des vagues. En guise de protestation, des membres du POP vaudois ont placardé à Lausanne un extrait de la Déclaration des droits de l'homme sur quelques-unes d'entre elles.

"Nous l'avons fait à visage découvert, de manière pacifique et citoyenne", précise dans un communiqué Julien Sansonnens au nom du comité directeur du POP vaudois. Et de contester que cette action puisse "faire le jeu de l'UDC".

"Lorsque l'exclusion et le rejet s'exercent avec une telle violence contre une partie des citoyens de notre pays, la désobéissance civile devient un impératif moral", soutient M. Sansonnens.

Selon l'article 7 de la déclaration placardé, "tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination."

ats

Le Parti de ne pas savoir

Voici l'opinion de Jacques Neyrinck dans 24 Heures, concernant les prochaines votations.

«Face aux menaces et aux complexités de la mondialisation et de la globalisation, une foule d’électeurs inquiets et dépassés préfèrent se cacher la tête dans le sable» Jacques Neyrinck

Francis Blanche et Pierre Dac ont jadis animé une émission radiophonique intitulée Le Parti d’en rire, pour se gausser des turpitudes de la IVe République française, dont il valait mieux rire que pleurer. Dans notre canton, les trois votations du 1er juin sont soutenues par la seule UDC, qui invente de la sorte le «Parti de ne pas savoir». Face aux menaces et aux complexités de la mondialisation et de la globalisation, une foule d’électeurs inquiets et dépassés préfèrent se cacher la tête dans le sable.

Première votation, dite initiative muselière: pour se déterminer démocratiquement, il vaut mieux que les électeurs ne soient pas influencés par le Conseil fédéral, qui s’est décidé en fonction de son expérience, de réflexions, de consultations et de débats. La compétence du Conseil fédéral le rend suspect de savoir de quoi il retourne. Il vaut mieux ne pas savoir pour bien décider.

Seconde votation, sur la naturalisation par les urnes: pour poser l’acte politique en question, il vaut mieux que toute la population décide, sur la base de ses préjugés ethniques ou confessionnels, d’accepter les candidats selon leur origine plutôt que de confier cette décision à une commission ad hoc, qui rencontre les candidats et a une connaissance détaillée du dossier. Cette instance risque de se décider en fonction de la capacité de chaque candidat plutôt que de les juger en bloc en fonction de leur provenance. Mieux vaut ne pas savoir pour décider sans états d’âme.

Troisième votation, sur la politique de la santé: depuis huit siècles, les Facultés de médecine attribuent un diplôme qui atteste du savoir des nouveaux médecins et leur confère le droit d’exercer. Cette propension à se fier à la compétence est fâcheuse. Mieux vaut que les caisses maladie sélectionnent les médecins sur la base de leur performance financière. Un médecin trop savant risque de coûter plus cher, parce qu’il recourt à des thérapeutiques de pointe et qu’il prolonge de la sorte la vie de ses patients, qui sont des sources de dépenses. Trop de savoir nuit à l’assurance maladie.

Sous le disparate apparent des trois sujets soumis à votation se cache un projet tout à fait cohérent: rassembler dans un parti ceux qui souffrent de l’évolution rapide de la société et qui ne parviennent pas à suivre le mouvement. L’idéal devient de retourner en 1291. C’était le bon temps. Celui où la masse de la population ne savait ni lire ni écrire. Celui où elle n’était pas soignée. Celui où il n’y avait ni presse, ni radio ou télévision, ni internet, ni écoles publiques. Le temps du non-savoir.

Il est donc intéressant de former un parti regroupant ceux qui ne disposent pas des connaissances nécessaires pour s’adapter aujourd’hui aux changements. En enlevant du pouvoir à ceux qui savent – élus, juges, professeurs – on valorise le non-savoir. La démocratie devient un mythe doté d’une magie irrésistible. Le peuple cesse de déléguer les décisions à des assemblées d’élus pour prendre directement le pouvoir: il l’exercera d’autant mieux qu’il décidera sans étudier les dossiers, car il sera illuminé par la grâce du Saint-Esprit.

Nombreuses réactions

Le Courrier des lecteurs de 24 Heures recueille de nombreuses réactions avant les votations sur les naturalisations par les urnes.

Non à des mesures de bas étage
Sommes-nous en train de re­tourner au Moyen Age? Allons­nous mettre au pilori des per­sonnes pour qu’elles soient jugées sur un CV par tout le monde? Il faudrait se rendre vraiment compte de ce que ce genre de mesure peut signifier.
C’est la porte ouverte au tribu­nal populaire, au lynchage public et à toute forme discri­minatoire par le commun des mortels. C’est la porte ouverte au délit de sale gueule, au voisin qui ne plaît pas, bref, à une forme de dictature du peuple. Ne nous y méprenons pas, ce n’est pas – et de loin – le chemin vers la liberté.
L’exemple d’Emmen n’a-t-il pas ouvert les yeux des uns et des autres sur le danger d’une telle mesure? Ceux qui seraient tentés de suivre cette initiative devraient prendre conscience qu’en se lançant dans ce proces­sus, ils ouvriront une porte béante à d’autres du même genre où chaque personne pourra être – un jour aussi – la tête de Turc de son voisin. Nos institutions sont bonnes, n’al­lons pas les mettre en péril par des mesures de bas étage.
Erika et Gérard Blanc,
Crissier
Les naturalisés ne sont pas des criminels

Etranger de troisième généra­tion, naturalisé à l’âge de 17 ans (j’en ai 30), je consulte scrupu­leusement comme à chaque votation le matériel de vote. En parcourant l’argumentaire du comité «Pour des naturalisa­tions démocratiques», je n’ai pu m’empêcher de sentir la mou­tarde me monter au nez en lisant l’extrait suivant: «Les naturalisés ont le droit de décider dans l’urne de l’avenir de la Suisse. Et ils ne se prive­ront pas de ce droit. Voilà pourquoi il faut être prudent en octroyant le droit de cité suisse.» Si, il y a treize ans, je me suis naturalisé, ça n’était pas pour remplacer les vaches par des chameaux, la fondue par la choucroute ou même le chasse­las par du chardonnay. Non, j’aime cette nation pour ce qu’elle est, pour ses valeurs, sa culture, ses paysages. Si je n’aimais pas ce pays, j’aurais gardé mon ancien passeport.
Alors prétendre qu’en me donnant le droit de vote, je dénaturerai «mon» pays, je considère cela comme une insulte à mes valeurs, à nos valeurs. Cette initiative, en plus de jeter le discrédit sur toute personne naturalisée, se moque du peuple. Le système est dé­tourné pour transformer la démocratie en outil de propa­gande politique. Alors, en tant que Suisse, je voterai non le 1er juin.
Miguel Martinez,
Gillarens
Appellation d’origine non contrôlée

Mais comment l’UDC peut-elle encore justifier son appellation d’origine? Union? En la matière c’est bien la désunion qui pré­vaut. Démocratique? L’UDC veut éjecter ses conseillers fédéraux élus démocratique­ment et propose de museler le Conseil fédéral. Du centre? Qui peut croire que l’aile dure me­naçante et xénophobe de l’UDC est au centre? J’ai honte que la loi puisse tolérer ces affiches xénophobes avec de telles insul­tes gratuites aux étrangers, en pleine rue et dans les journaux.
Donc les trois objets sont contre l’union, contre la démo­cratie, et en tout cas pas cen­tristes. Pire, ils proposent: une santé à deux vitesses, de jouer contre les droits de l’homme en privant les étrangers de tout recours à des décisions arbitrai­res, et de museler le Conseil fédéral. Les UDC qui portent encore en eux ces valeurs origi­nelles de l’union, qui chérissent la démocratie et se positionnent au centre iront refuser ces trois objets, non?
En tout cas, mobilisons-nous pour le faire, pour que le CF puisse continuer de s’exprimer, pour continuer d’accorder la nationalité suisse à ceux qui répondent aux normes strictes clairement établies et appli­quées, et enfin pour éviter une médecine à deux vitesses et pouvoir choisir notre médecin.
Glissons trois non le 1er juin dans les urnes.
Frédéric Charpié,
président du Parti socialiste du Jura bernois, Les Reussilles
Vers la dictature

L’UDC nous y mène tout droit en ne donnant à ses membres que la seule alternative d’ex­clure Mme Widmer ou de quitter le parti. Pour un Chris­toph Blocher qui n’a que le mot de démocratie à la bouche, c’est plutôt raté. Le parlement a nettement manifesté sa volonté de se défaire de ce personnage encombrant.
Que les médias cessent de nous en parler.
Bernard Jacot,
Blonay
Statistique contestable

Dans la propagande de l’UDC en faveur du oui à son initiative sur les naturalisations, on peut lire: «Bientôt, les étrangers naturalisés décideront du sort de la Suisse.» Statistiquement parlant, cela me paraît très contestable.
De plus, cette façon de dire est absurde. II y a dans notre pays deux catégories de gens: des Suisses et des étrangers.
Quand un étranger obtient la bourgeoisie d’une de nos com­munes, il devient Suisse. Un «étranger naturalisé», ça n’existe pas plus qu’une «sphère cubique» ou qu’une «froidure torride».
Claude-Henri Rochat,
Bussigny
Indigne de notre Etat de droit

Laisser le corps électoral de chaque commune déterminer quel est l’organe compétent pour accorder la naturalisation, organe – qui pourrait être le peuple – dont les décisions n’auraient pas à être motivées et seraient définitives (pas de recours possible). Telle est la proposition portée par l’initia­tive UDC «Pour des naturalisa­tions démocratiques» et que nous devons impérativement rejeter tant elle ne peut con­duire qu’à des décisions émo­tionnelles et irrévocables, ne reposant sur aucun critère défini et mesurable en termes d’intégration notamment. Une initiative qui n’apporte aucune solution aux vraies questions d’intégration, qui est indigne de notre Etat de droit, respective­ment de notre démocratie. Et donc, à rejeter!
Cédric Barde,
vice-président du Parti libéral vaudois, Sugnens
Quelle procédure de naturalisation?

Membres de la Commission de naturalisation à Vevey, nous nous exprimons au sujet de la prochaine votation sur la natu­ralisation.
L’initiative est trompeuse car la procédure actuelle est démo­cratique. Elle permet aux com­munes de statuer en toute objectivité sur les candidatures.
A Vevey, la Commission com­posée d’élus du Conseil et d’un membre de la Municipalité représente donc le peuple. Elle examine les dossiers, auditionne chacun des candidats puis préavise à la Municipalité, qui décide d’accorder le droit de cité. Nous constatons que les candidats sont motivés à deve­nir Suisses; exprimant parfois avec émotion leur attachement s’appelle de la discrimina­tion.
En dernier lieu, la responsa­bilité partagée des communes et du canton disparaîtrait, ce qui renie notre structure fédé­raliste et diversifie à l’excès les procédures de naturalisation.
Appliquons les droits formu­lés dans notre Constitution avec le souci de la justice et de la solidarité; nous voterons non à cette initiative.
Josette Barhoumi et Jean-François Fave,
au nom d’une majorité des membres de la Commission, Vevey
Mieux vaut être beau et bien portant!

«Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l’on te fasse.» Ce précepte de sagesse, qui nous vient de Confucius, qui ne l’a pas entendu de ses proches en étant enfant? Il semblerait bien que devenus grands, certains politiciens l’aient oublié. Cette sagesse est pourtant devenue une règle sociale qui permet de vivre en harmonie les uns avec les autres.
Alors imaginez un peu que ce soit vous qui demandiez la naturalisation dans un pays où vous auriez immigré, un pays où vous travaillez, dont vous avez appris la langue, où vous avez des amis, où vos enfants vont à l’école, où vous désirez poursuivre votre vie… Et on vous demanderait de fournir toutes sortes d’informations privées, votre revenu, vos éven­tuels démêlés avec les autorités, si vous recevez de l’aide sociale, votre état de santé, pour les publier et les donner en pâture à tous les habitants de votre ville? Et vous, vous savez que la seule chose qui compte pour les personnes qui ne vous connais­sent pas et qui doivent juger de votre demande, c’est la conso­nance de votre nom et votre visage! Vos efforts pour vous intégrer, votre volonté de pour­suivre ces efforts, rien de cela ne compterait plus… Avec des naturalisations par les urnes, ne pourraient être naturalisés que ceux et celles qui sont beaux, bien portants, pas trop pauvres, dont le nom ne sonne pas trop «d’ailleurs».
Cette sélection-là, c’est celle qui est implicitement visée par cette initiative dont l’intention est nauséabonde, celle d’un eugénisme social qui ne veut pas dire son nom.
Valérie Borioli Sandoz,
Granges-près-Marnand