Sous le titre "Christoph Blocher à Mont-sur-Rolle: fêter, mais ne pas oublier les fins de liste", Paul Dubuis, pasteur à la retraite, nous livre ses réflexions dans 24 Heures
Lors de l’entrée de Christoph Blocher au gouvernement fédéral, son collègue Joseph Deiss fit la déclaration suivante: «J’observe, je m’interroge. Les controverses vont croissant, le langage se fait dur, les provocations deviennent délibérées, la jalousie et le mépris sont érigés au mépris de la solidarité. C’est le règne du je, du moi…» Difficile est l’approche lucide, l’écoute non partisane des hommes et des femmes qui s’emploient à formater nos opinions aux normes des idées qu’ils cautionnent. Difficile, à l’écoute de son discours du 1er Août à Mont-sur-Rolle, de ne pas se laisser convaincre sur plusieurs points par le fils de pasteur qu’est Christoph Blocher, en considération de l’idéalisme parfois… angélique des Eglises. Tout aussi difficile de ne pas communier aux sentiments de la jeune pasteure Sarah Golay, qui évoque un ballon de foot dont on ne saurait jouer sans… les autres! Fraternelle aux étrangers démunis, aura-t-elle été convaincante face aux politiciens rompus aux logiques réalistes et aux arguments rationnels? (Encore qu’on n’ait pas beaucoup entendu certains termes clés, souvent utilisés en tels rassemblements patriotiques: prospérité… souveraineté… intérêts… défendre… tentation…) Ce soir, Christoph Blocher a pu déranger, plus par ce qu’il ne dit pas que par ce qu’il affirme. Apparemment, il tient peu compte des critiques qui lui sont faites, c’est sa force, ce sont ses faiblesses. Ainsi pourquoi parle-t-il exclusivement de… nous, justifiant ainsi l’inquiétude de Joseph Deiss cité ci-dessus? Est-il lui-même à ce point inquiet de notre avenir et de la survie de notre identité d’Helvètes qu’il n’ait pas eu, à un seul moment, la pensée d’exprimer un peu d’authentique compassion pour le présent, immédiat, des multitudes que la misère pousse à frapper trop souvent à nos portes?
Or le petit pays de nos aïeux est désigné au 2e rang - derrière le Danemark et avant 176 autres nations - en rapport avec la perception qu’ont ses habitants d’être heureux (source: Matin Bleu, jeudi 3 août/Université de Leicester). Heureux qu’on est, et on ne le savait pas! On ne va pas se plaindre et maugréer la bouche pleine. Mais que cette satisfaction ne nous légitime jamais à ignorer les fins de liste, nos frères en humanité. Nous en sommes responsables, pour une part du moins, avec leurs femmes, enfants et vieillards qui n’auront jamais la force de venir, du Zimbabwe ignoré ou du si lointain Burundi, s’agripper à nos frontières… C’est pourquoi le Conseil fédéral doit, par une information à portée de tous, pourvoir à d’honnêtes et sérieux débats d’idées, afin de nous aider à ensemble découvrir et tracer la voie suisse dans la complexité des problèmes à affronter. Concernant l’asile, une bonne partie d’entre nous «co-hésitons » entre intégration et exclusion… Faute de pouvoir parvenir à un point de vue, et simple et pas simpliste, nous restons voués à l’indétermination inconfortable.
Dans ce contexte, elle est bienvenue la conclusion du discours de Moritz Leuenberger. Elle trouve ici sa juste place complémentaire à l’allocution de Montsur- Rolle. «Participons donc tous ensemble aux destinées du pays, investissons-nous directement en faveur de tous ceux et de toutes celles qui, de par le monde, souffrant de la faim, plongés dans le dénuement ou victimes des guerres, n’ont pas la chance que nous avons! C’est ainsi que nous pourrons être satisfaits et qui sait, peut-être même heureux! Car notre bonheur n’est durable que s’il est partagé.»
Lors de l’entrée de Christoph Blocher au gouvernement fédéral, son collègue Joseph Deiss fit la déclaration suivante: «J’observe, je m’interroge. Les controverses vont croissant, le langage se fait dur, les provocations deviennent délibérées, la jalousie et le mépris sont érigés au mépris de la solidarité. C’est le règne du je, du moi…» Difficile est l’approche lucide, l’écoute non partisane des hommes et des femmes qui s’emploient à formater nos opinions aux normes des idées qu’ils cautionnent. Difficile, à l’écoute de son discours du 1er Août à Mont-sur-Rolle, de ne pas se laisser convaincre sur plusieurs points par le fils de pasteur qu’est Christoph Blocher, en considération de l’idéalisme parfois… angélique des Eglises. Tout aussi difficile de ne pas communier aux sentiments de la jeune pasteure Sarah Golay, qui évoque un ballon de foot dont on ne saurait jouer sans… les autres! Fraternelle aux étrangers démunis, aura-t-elle été convaincante face aux politiciens rompus aux logiques réalistes et aux arguments rationnels? (Encore qu’on n’ait pas beaucoup entendu certains termes clés, souvent utilisés en tels rassemblements patriotiques: prospérité… souveraineté… intérêts… défendre… tentation…) Ce soir, Christoph Blocher a pu déranger, plus par ce qu’il ne dit pas que par ce qu’il affirme. Apparemment, il tient peu compte des critiques qui lui sont faites, c’est sa force, ce sont ses faiblesses. Ainsi pourquoi parle-t-il exclusivement de… nous, justifiant ainsi l’inquiétude de Joseph Deiss cité ci-dessus? Est-il lui-même à ce point inquiet de notre avenir et de la survie de notre identité d’Helvètes qu’il n’ait pas eu, à un seul moment, la pensée d’exprimer un peu d’authentique compassion pour le présent, immédiat, des multitudes que la misère pousse à frapper trop souvent à nos portes?
Or le petit pays de nos aïeux est désigné au 2e rang - derrière le Danemark et avant 176 autres nations - en rapport avec la perception qu’ont ses habitants d’être heureux (source: Matin Bleu, jeudi 3 août/Université de Leicester). Heureux qu’on est, et on ne le savait pas! On ne va pas se plaindre et maugréer la bouche pleine. Mais que cette satisfaction ne nous légitime jamais à ignorer les fins de liste, nos frères en humanité. Nous en sommes responsables, pour une part du moins, avec leurs femmes, enfants et vieillards qui n’auront jamais la force de venir, du Zimbabwe ignoré ou du si lointain Burundi, s’agripper à nos frontières… C’est pourquoi le Conseil fédéral doit, par une information à portée de tous, pourvoir à d’honnêtes et sérieux débats d’idées, afin de nous aider à ensemble découvrir et tracer la voie suisse dans la complexité des problèmes à affronter. Concernant l’asile, une bonne partie d’entre nous «co-hésitons » entre intégration et exclusion… Faute de pouvoir parvenir à un point de vue, et simple et pas simpliste, nous restons voués à l’indétermination inconfortable.
Dans ce contexte, elle est bienvenue la conclusion du discours de Moritz Leuenberger. Elle trouve ici sa juste place complémentaire à l’allocution de Montsur- Rolle. «Participons donc tous ensemble aux destinées du pays, investissons-nous directement en faveur de tous ceux et de toutes celles qui, de par le monde, souffrant de la faim, plongés dans le dénuement ou victimes des guerres, n’ont pas la chance que nous avons! C’est ainsi que nous pourrons être satisfaits et qui sait, peut-être même heureux! Car notre bonheur n’est durable que s’il est partagé.»
PAUL DUBUIS
Pasteur à la retraite
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