Mais ils craignent qu’à terme, leur financement ne soit plus assuré par la Confédération.
Christoph Blocher a déploré
qu’un étranger sur quinze ne parle
aucune de nos langues nationales.
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«L’intégration des étrangers est du ressort des cantons, pas de la Confédération», lançait, hier à Berne, Christoph Blocher lors d’une conférence de presse sur la politique d’intégration du Conseil fédéral. Une affirmation qui semblait faire office de porte de secours pour un ministre de Justice et Police qui ne savait plus comment se dépatouiller des questions insistantes des journalistes. Car, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’une heure et demie d’exposé n’aura pas suffi à faire comprendre les «mesures concrètes» que le gouvernement entend apporter. Malgré plusieurs explications, il reste un certain flou sur qui fera quoi et avec quels moyens.
Intitulé «Politique d’intégration de la Confédération: adoption de mesures concrètes», le projet composé de 45 mesures est censé combler les lacunes en matière d’intégration des étrangers, notamment des plus jeunes. La priorité est clairement mise sur l’apprentissage d’une langue nationale, seule clé pour pouvoir suivre une formation et trouver un emploi. «Un étranger sur quinze ne parle aucune de nos langues nationales», a déploré Christoph Blocher. Avant d’ajouter qu’«il ne suffit plus qu’ils suivent des cours de langues, maintenant ils devront aussi les apprendre!»
La fin des subventions?
Aux étrangers donc de mettre la main à la pâte. Et pour le ministre, cela passe par la signature d’une «convention d’intégration ». Une sorte de contrat que l’immigré signe à son arrivée pour prouver sa bonne volonté.
Mais qui vérifiera que le contrat est respecté? «Les cantons évidemment», répond le ministre. Une nouvelle tâche parmi beaucoup d’autres qui laisse les principaux intéressés mi-figue, mi-raisin. «Au moins, les cantons deviennent responsables de l’ensemble des projets, relève André Castella, délégué ad interim à l’intégration à Genève. L’ennui c’est qu’on ne connaît pas encore le mode d’application de toutes les mesures, c’est par exemple le cas de la «convention d’intégration ».
Une vision partagée par Magaly Hanselmann, sa collègue vaudoise: «L’avantage de cette répartition, c’est que cela responsabilise les cantons, mais d’un autre côté, ce sont aussi des tâches supplémentaires.» Autre flou: les montants que les cantons obtiendront. Le crédit annuel de 14 millions de francs octroyé actuellement devrait être maintenu, voire augmenter de quelque 2,6 millions, apprenaiton hier. Neuf millions pourraient être accordés à l’enseignement des langues. Mais les sommes exactes ne seront dévoilées que quand le gouvernement aura mis la dernière main au projet.
Reste que certains cantons craignent que la Confédération ne leur délègue à terme également la responsabilité financière de l’intégration. Et des voix inquiètes se demandent jusqu’à quand Berne versera ses subventions.
Nadine Haltiner, Berne, dans le 24 Heures