Arrivé en Suisse en 1988, Naser Zeqiraj devait être rentré hier soir au Kosovo, son pays d'origine, contre son gré. Ce sans-papier de 49 ans était domicilié à la place du Marché à Payerne. Il ne bénéficiait pas de permis de travail mais payait ses impôts et ses assurances.
Interpellé par les gendarmes à Payerne vendredi, il a été placé en détention administrative à la prison de Frambois (GE), sur ordre d'un juge de paix à Lausanne. Hier, il devait être contraint de prendre un avion pour Pristina à 17h55, comme il nous l'a expliqué depuis le centre de détention. «Si je suis amené au Kosovo, je ne sais pas ce que je vais y faire!» confiait-il.
D'après l'entourage de Naser Zeqiraj, les autorités de Payerne avaient attesté auprès du Service de la population (SPOP) qu'il était domicilié dans la cité broyarde depuis dix-sept ans. Municipal payernois en charge du contrôle des habitants, François Leuthold n'a pas commenté son cas, tout en précisant que son nom lui est «connu».
Naser Zeqiraj avait demandé un permis B qui lui avait été refusé. Il ne semble pas avoir persévéré dans une demande de régularisation. Marié, il est père de quatre enfants âgés de 18 à 25 ans, nés au Kosovo. Sa femme et ses enfants y vivent. Contacté, le patron de l'entreprise payernoise qui l'emploie a souhaité garder l'anonymat. Il décrivait hier son ouvrier comme un «honnête citoyen.» «Je l'ai toujours aidé, dit-il. C'est un bon travailleur qui n'a pas de casier judiciaire. Certains délinquants étrangers mériteraient d'être renvoyés. Lui pas, car il est de ceux qui font notre m... Le travail qu'il faisait, c'est pas un Suisse qui le ferait à sa place.» L'avocat de Naser Zeqiraj était en vacances, d'après le répondeur téléphonique de son étude. Naser Zeqiraj n'est pas parvenu à le joindre depuis son interpellation.
Jérôme Cachin dans le Courrier