mardi 16 août 2005

Le retour des "523" dans 24heures et sur La Première


Josiane Aubert, Cesla Amarelle et Marianne Huguenin lors de leur conférence de presse.
Craignant l’expulsion forcée d’une famille appartenant au groupe des «523», les opposants aux mesures de contrainte vis-à-vis des requérants déboutés ont redit hier leur hostilité à la politique de la majorité du Conseil d’Etat. Le bras de fer continue de plus belle entre les deux camps. La famille dont le père était en détention administrative a obtenu un nouveau sursis.


La rentrée au Grand Conseil dans une semaine sera à nouveau marquée par l’asile. En juillet, le Grand Conseil a voté, on le sait, la motion du radical Serge Melly, invitant le gouvernement à renoncer aux mesures de contrainte. Le Conseil d’Etat a alors précisé que l’acceptation de cette motion ne changerait pas sa politique et que des renvois forcés auraient lieu, conformément à sa décision prise en mai qui avait provoqué une rupture de collégialité des magistrats roses-verts.
Une volonté confirmée
L’été n’a rien résolu. Confirmant sa volonté d’utiliser la force, le Conseil d’Etat a préparé l’expulsion de la famille Jusic, dont le père est en détention depuis quelques jours et dont le plan de vol était prévu pour demain mercredi. Au dernier moment, ont annoncé les milieux proches de la Coordination Asile, un recours a permis à cette famille de rester encore en Suisse. Il en va de même pour une autre famille convoquée vendredi dernier au Service de la population et qui s’est vu fixer une nouvelle convocation. La pression pour que les familles déboutées s’en aillent reste donc constante.
Ces cas confirment que le Conseil d’Etat n’entend pas se soumettre à la volonté du Grand Conseil, estimant que la motion Melly n’a pas de réelle portée sur la politique décidée par la Confédération, comme Jean-Claude Mermoud l’avait déjà laissé entendre. Si le Canton ne veut pas commenter les derniers événements, campant sur ses positions, la gauche, les Verts, les Eglises et la Coordination Asile s’indignent du non-respect de cette motion, qui, si le Conseil d’Etat met en œuvre des mesures de contrainte, sera, dans les faits, vidée de sa substance.
Présidente du PS, Josiane Aubert annonce des interventions urgentes au Parlement sur ce thème, en attendant un avis de droit que la gauche a demandé pour savoir qui a réellement le pouvoir dans cette affaire, Conseil d’Etat ou Grand Conseil. En attendant que la querelle juridique soit tranchée, les fronts politiques se durcissent. Marianne Huguenin, conseillère nationale POP, de retour de Bosnie, a dit hier son écœurement. «Les retours forcés sont une honte absolue» et ne font, selon elle, que raviver les traumatismes de ceux qui ont été très gravement choqués par la guerre en ex-Yougoslavie. «Il y a une grave sous-estimation de la souffrance», juge la popiste. De leur côté, les Eglises continuent la lutte. Porte-parole des protestants vaudois, Antoine Reymond stigmatise l’énergie mise pour faire partir de force les derniers cas non régularisés. Sur les 523 personnes, seules 260 sont encore concernées, dont désormais une majorité d’enfants en bas âge. «Est-ce que l’Etat de Vaud n’a pas autre chose à faire que de tenter de renvoyer les gens par tous les moyens?», s’indigne le pasteur.


Interview de Cesla Amarelle sur la Première
Ecoutez la séquence de Forum sur La Première dans laquelle le Professeur Grisel (juriste) fait la lumière sur le bras de fer entre le gouvernement et le parlement.

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