vendredi 11 mars 2011

Un tract des Démocrates suisses soupçonné de racisme

Le prospectus des Démocrates suisses incriminé représente une grille de mots-croisés opposant les mots "nègre" à "blanc".

Le Ministère public zurichois examine un tract électoral distribué par les Démocrates suisses en vue des élections cantonales du 3 avril et qui est soupçonné de violer la norme antiracisme. Le prospectus présente une grille de mots-croisés dont une des réponses est le mot «nègre».

Une porte-parole du Ministère a indiqué vendredi que la justice zurichoise se penchait sur l’affaire, confirmant des informations de «20 Minuten». La première page du dépliant montre une femme en burqa accompagnée du slogan: «Pas comme ça! national - soucieux de l’environnement, social».

Au dos figure la grille dont une des définitions est «pour eux aussi, c’est mieux qu’ils restent sur leur continent». La réponse correspondante est «nègre». Une autre énigme posée est «Le continent européen est la patrie des...», la réponse étant «blancs».

LeMatin.ch & les agences

Une basketteuse musulmane de Lucerne poursuit sa fédération

basketteuse lucerne voileLes joueuses de basket musulmanes doivent pouvoir garder leur voile pour jouer les matchs de championnat. Une sportive lucernoise a engagé une procédure juridique dans ce but. Comme elle porte le voile, la basketteuse de 20 ans est interdite de match depuis près d'une année.

Son avocat, le conseiller national Daniel Vischer (Verts/ZH), a confirmé vendredi à l'ATS une information du "Tages Anzeiger" et du "Bund". La jeune fille se sent blessée dans sa personnalité par l'interdiction de porter le voile. Elle demande que la fédération modifie son règlement.

En automne 2009, la fédération avait interdit à la joueuse du STV Luzern de jouer avec un voile en ligue nationale B. La fédération argumente que le voile pose des problèmes pour la sécurité des joueuses. Cette décision se base par ailleurs sur les règles en vigueur sur le plan international.

Le tribunal de Luzern-Land a refusé de suspendre l'interdiction le temps que la question soit clarifiée juridiquement. Pour la justice, l'interdiction de porter le voile représente une limitation tolérable des droits de la personnalité.

Prochaine étape: une conciliation doit avoir lieu devant le juge de paix de Kriens (LU). Sans entente, l'affaire passera devant un tribunal, qui devra trancher.

ATS

Immigration: cinq associations dénoncent "le fantasme de l'invasion"

Les associations présentes dans les centres de rétention administrative (CRA) mettent en garde contre "le fantasme de l'invasion" d'immigrés depuis le Tunisie ou la Libye. "Depuis la mi-février, 335 Tunisiens et deux Libyens" sont "passés par les centres de rétention" en France, et la plupart d'entre eux ne demandent pas l'asile, précisent ces organisations vendredi dans un communiqué.

"Alors que des sources multiples, tant publiques que médiatiques, brandissent le fantasme de l'invasion en annonçant la venue de milliers de migrants depuis la Tunisie ou la Libye, nos équipes présentes dans les centres de rétention ne constatent à ce jour qu'un flux très limité de personnes ressortissantes de ces pays", expliquent les cinq associations (Ordre de Malte, France Terre d'Asile, Cimade, Forum réfugiés, Assfam).

Elles "rappellent" que "les migrations de l'Afrique vers l'Europe sont un phénomène de faible ampleur par rapport aux migrations intra-européennes et intra-africaines". "Selon la Banque mondiale", poursuit le communiqué, "69% des migrations subsahariennes sont des migrations sud-sud".

"Ces dernières semaines, la Tunisie et l'Egypte ont accueilli plus de 200.000 personnes qui fuyaient la Libye. Des réfugiés reconnus par le HCR en Libye craignent également de nouveau pour leur sécurité", ajoutent les associations. Elles estiment que "le sort de ces personnes devrait être la priorité de nos gouvernements avant la gestion d'invasions fantômes".

AP et le Nouvel Observateur

Demandeurs d'asile : un long et douloureux parcours

Le centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada) aide les familles à se reconstruire. Un soutien capital, en attendant, peut-être, le droit d'asile.

famille réfugiés france

Dans leur appartement du troisième au coeur du quartier Parco-Pointer, Herika accueille dans un sourire. Café sucré et petits gâteaux en prime. Cette mère de famille vient d'Arménie. Elle et son mari Khodeda, leurs trois jeunes enfants, Armen, 7 ans, Edik, 6 ans et la petite-dernière Mané, 3 ans, s'y sont installés en mars dernier après avoir passé quelque temps au Gumenen.

La famille est issue d'une toute petite communauté Yézide aux origines kurdes. Victimes de persécutions et de violences physiques, Herika et les siens ont fui leur pays. « On avait trop peur, avoue la jeune femme. Notre petite communauté est victime de discrimination. Il n'y a pas de place pour nous en Arménie. Nous ne sommes pas les seuls à avoir quitté nos racines. Tous les jeunes sont partis... » Les uns en Russie, d'autres en Allemagne. Au bon vouloir des passeurs qui décident de la plupart des destinations des familles dans le désarroi le plus total. Pour eux, ce sera la France. « Une chance, sourit Herika. Une grande chance », ajoute son mari. Surtout celle d'avoir rencontré le Cada.

Une nouvelle vie

Le centre d'accueil des demandeurs d'asile d'Auray aide ces familles en détresse, huit maxi, soit une trentaine de personnes. « Attention, prévient Brigitte Le Lu, assistante sociale, ce ne sont pas des réfugiés mais des personnes en situation administrative de demande d'asile. Le statut de réfugié ne peut être accordé que par l'office de protection des réfugiés apatrides (OFPRA) ».

Un long et périlleux parcours qui n'aboutit pas toujours à la reconnaissance (lire ci-contre). « Nous accueillons des familles qui doivent se préoccuper de leur avenir et de celui de leurs enfants. Elles sont logées en HLM au coeur du dispositif social de la ville. On leur rend les choses accessibles. C'est important pour ces familles en perte de repères, qui ne parlent pas le français. Elles ont laissé leur vie sociale, leur vie professionnelle. Ce ne sont pas forcément des gens pauvres. Nous avons aussi des ingénieurs, une hôtesse de l'air. Mais beaucoup intègrent le Cada après avoir vécu des périodes extrêmement précaires. »

Restent que les Cada de France sont toujours pleins. Auray ne déroge pas à la règle. Cette année, trois familles d'ethnies différentes viennent du Kosovo. Une autre du Daghestan, celle-là est Géorgienne après s'être un temps réfugiée en Russie. Et puis il y a la famille d'Herika. Après s'être heurtée à la barrière de la langue, elle suit désormais des cours de français quatre fois par semaines.

Les enfants sont scolarisés et suivent des cours de musique. Du piano pour Armen, de la guitare pour Edik. « Grâce au soutien du Cada on peut refaire bien des choses. Comme auparavant chez nous. Tout était si compliqué quand on a débarqué... » Le parcours chaotique des débuts, un passage par la Russie puis une série d'hébergements d'urgence a fait place à une nouvelle vie. « Nous participons à des activités associatives comme les cours de langue minute avec Athéna. Khodeda a aidé à la construction du géant », que l'on verra bientôt déambuler dans les rues dans le cadre du festival Méliscènes.

Reste l'attente. Insupportable. Celle de la convocation de la commission de recours à Paris. « Voilà 14 mois que nous attendons. On se sent oubliés... »

Pierre Wadoux dans Ouest-France

Les migrants tunisiens soumis à un "arbitraire total"

Plusieurs ONG de défense des droits de l'Homme ont dénoncé vendredi à Paris "l'arbitraire total" auquel sont soumis les migrants clandestins tunisiens après leur arrivée en Italie et "l'instrumentalisation politique de la question de l'immigration" en France.

Ces ONG, dont la Ligue française des droits de l'Homme (LDH), le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'Homme (REMDH) et Migreurop, qui ont mené fin février une enquête en Italie et en Tunisie, ont exigé le respect des droits des clandestins tunisiens, dont plus de 7.000 sont arrivés en Europe depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier.

"Les migrants tunisiens sont soumis à un arbitraire total en Italie: après leur arrivée sur l'île de Lampedusa, ils sont transférés sur le continent. Certains sont sont placés dans des centres d'accueil, d'autres dans des centres de rétention en vue d'une expulsion", a déclaré Sarah Prestani, du réseau Migreurop, au cours d'une conférence de presse. "Certains sont libres de leurs mouvements, d'autres sont enfermés; certains sont considérés comme des demandeurs d'asile, d'autres non. On ignore sur quels critères. Et quand on demande aux autorités italiennes combien de Tunisiens sont encore sur leur sol et dans quelle situation, nous n'avons pas de réponse", a-t-elle poursuivi.

En outre, les autorités italiennes envisagent "de regrouper tous les demandeurs d'asile dans un nouveau centre près de Catane, en Sicile", où ils seront "isolés" et "privés de toute possibilité de s'intégrer". Les ONG dénoncent aussi "l'instrumentalisation politique" de cette situation et le "discours alarmiste des autorités européennes, française et italienne en particulier, qui continuent à ne voir dans ce qui se passe en Méditerranée qu'un danger migratoire", a déploré Michel Tubiana de la LDH.

L'Italie représente pour nombre de ces jeunes immigrés une première étape avant de gagner la France, ancienne puissance tutélaire en Tunisie et où la communauté tunisienne est estimée à environ 600.000 personnes. "Pour l'instant, il n'y a eu aucune expulsion de Tunisien, ni de France ni d'Italie. Nous assistons à des discours officiels hypocrites et mensongers sur les risques d'une invasion de clandestins dont la seule conséquence est une atteinte aux droits des migrants", a déclaré Omeyya Seddik, du REMDH.

Les ONG ont expliqué que les autorités italiennes n'avaient transmis au gouvernement tunisien aucune demande sur des refoulements de Tunisiens, "notamment parce que l'accord sur les flux migratoires passé en 1998 entre Tunis et Rome sera sans doute renégocié", selon Migreurop. En France, "l'immense majorité des Tunisiens qui sont arrêtés sont remis en liberté", selon les ONG.

En déplacement en France, le ministre tunisien du Tourisme Mehdi Houas s'est dit vendredi "consterné" par les propos d'une député française du parti du président Nicolas Sarkozy, qui a proposé de "remettre dans les bateaux" les migrants tunisiens, et "très en colère" à l'égard des autorités italiennes. La Tunisie accueille des dizaines de milliers de réfugiés de Libye "parfois sans papiers, contrairement à nos amis Italiens qui ont eu une réaction qui n'est pas conforme à ce que l'on attend d'un Etat de droit", a-t-il déploré au cours d'un point presse à Paris.

AFP