jeudi 7 septembre 2006

Brochure sur l'asile

Le Conseil fédéral ne retire pas un mot de ce qu'il a écrit dans la brochure d'explication concernant la loi sur l'asile soumise au peuple le 24 septembre. Il rejette les critiques du comité bourgeois contre la loi, qui dénonçait fin août des inexactitudes tendant à embellir les conditions d'entrée en Suisse. Interview de Claude Ruey, conseiller national libéral vaudois, responsable romand du comité bourgeois contre les lois sur l'asile et les étrangers.

Les mensonges des partisans de la Loi sur l’asile — Amnesty Suisse

Lire le communiqué d'Amnesty Suisse
Amnesty International a connaissance d’au moins neuf cas de personnes arrêtées après leur expulsion de Suisse. Ces cas prouvent que le nombre d’erreurs recensé est beaucoup plus important que le prétendent les partisans du 2xOUI. Avec l’adoption de la révision de la Loi sur l’asile, les non-entrées en matière augmenteraient et les erreurs se multiplieraient.

"La lutte contre les abus, un véritable abus… de langage!"

Jean-Claude Métraux

«Toute politique d’intégration nécessite des lois insufflant parmi les uns et les autres un sentiment de sécurité. Celles prochainement votées auraient l’effet diamétralement opposé»

Si les nouvelles lois sur l’asile et les étrangers, soumises à référendum, font couler beaucoup d’encre, leur usage saugrenu du vocabu­laire de la souffrance, leur viol de la douleur humaine, demeurent méconnus.

Ainsi, les critères proposés pour la reconnaissance d’une dé­tresse personnelle grave et l’ad­mission pour raisons humanitai­res incluent, curieux amalgame, la maîtrise de la langue locale et l’autonomie financière. Or - cha­cun le sait - la dépression épuise l’énergie vitale, requise par l’étude d’une langue ou un em­ploi. La traque obsessive des abus autoriserait-elle les abus de langage? Pareille dérive alarme le psychiatre.

Dans son chapitre consacré à l’intégration, la loi proposée qua­lifie d’indispensable l’apprentis­sage d’une langue nationale. Mais celui-ci, à l’âge adulte, re­quiert la capacité de se projeter dans le futur: si j’ouvre pour la première fois un manuel d’arabe, je sais qu’il m’en coûtera des années. Or la projection dans l’avenir est conditionnée par un sentiment de sécurité: si je vis jour après jour avec la crainte d’un renvoi et de mesures de contrainte, ou simplement dans un éternel provisoire (1), je me concentre sur les nécessités du présent et ne peux me lancer dans une entreprise de longue durée. Ma pratique thérapeuti­que avec des migrants au statut précaire ne cesse de me le prou­ver: ainsi, les décisions de non entrée en matière, condamna­tion à une survie au jour le jour, obstruent l’espace mental néces­saire à la construction d’un quel­conque projet de retour. Le senti­ment d’insécurité engendre en outre un repli sur soi: pour les autochtones, la peur de l’étran­ger; pour les migrants, l’incapa­cité de se familiariser avec la société suisse. Bref, toute politi­que d’intégration nécessite des lois insufflant parmi les uns et les autres un sentiment de sécurité. Celles prochainement votées auraient l’effet diamétralement opposé.

Le pédopsychiatre relève aussi d’énormes risques pour la santé psychique des enfants et adoles­cents. Citons en vrac: les entraves au regroupement familial, parti­culièrement - distinction ab­surde – pour les enfants de plus de 12 ans; le retrait de la pater­nité à un enfant issu d’un ma­riage jugé de complaisance, comme si la naissance d’un bébé n’assortissait pas toute éven­tuelle complaisance passée d’obligations parentales censées durer la vie entière; l’absence de toute considération pour les en­fants sans papiers; les mesures presque similaires pour les mi­neurs dits non accompagnés et les demandeurs d’asile adultes, y compris l’application de mesures de contrainte; l’exclusion de l’aide sociale lorsque l’asile est refusé aux parents; les fouilles des logements privés sans man­dat judiciaire qui susciteront craintes et même traumatismes chez les enfants recroquevillés dans un coin de leur chambre. Ces lois, au-delà de leur incom­patibilité avec la Convention in­ternationale relative aux droits de l’enfant - par contre invoquée pour retirer un enfant corporel­lement châtié à des parents en détresse pour cause d’extrême précarité - , abat­traient les tuteurs nécessaires au développement harmonieux des jeunes. S’élèveraient les risques d’échec scolaires, de troubles psy­chiques, de perturbations du lien social, de problèmes de compor­tement. S’étonnera-t-on ensuite que la violence hante les cours de nos écoles? Sans doute stigmati­serons- nous les jeunes étrangers qui en seront les auteurs, sans nous apercevoir qu’en votant ces lois nous en aurons été les clan­destins instigateurs.

(1) J’ai rencontré hier à ma consultation une patiente du Kosovo en Suisse depuis seize ans et toujours au «bénéfice» d’une admission provisoire.

Réfugiés, étrangers: papiers svp !


Voir l'émission animée par Romaine Jean

avec Ruth Dreifuss, ancienne conseillère fédérale
  • Léonard Bender, vice-président du parti radical suisse
  • Jean Studer, conseiller d'Etat PS, NE
  • Yvan Perrin, vice-président de l'UDC suisse, conseiller national
  • Claude Ruey, conseiller national libéral
  • Jean-René Fournier, conseiller d'Etat PDC, VS
  • Marianne Tellenbach, EPER, Entraîde protestante
  • Charles-Henri Grept, président initiative "pour que Bex retrouve sa sérénité"

Portées par le ressentiment face aux migrants, les lois sur l'asile et les étrangers pourraient bien l'aggraver

Lire l'article de Sylvie Arsever dans le Temps - Eclairages
Comme de nombreuses modifications de la législation suisse sur les migrations, les textes soumis au peuple le 24 septembre ont été adoptés avant qu'on puisse évaluer complètement le résultat des durcissements précédents.

Rejet des critiques concernant la brochure du Conseil f�d�ral

Lire la dépêche de l'ATS

Appel des maires de 12 villes en faveur du non

Lire la dépêche de l'ATS