Fahad Khamas devait être expulsé vers la Suède ce matin, dans un vol spécial au départ de Zürich. Suite à une intervention d'Eveline Widmer-Schlumpf, le vol a été annulé et Fahad est toujours en Suisse.
jeudi 26 mars 2009
Guantanamo en Calaisis ?
Le projet d'implanter dans le port français un centre de rétention sous juridiction britannique soulève bien des questions. Londres et Paris espèrent ainsi s'affranchir des lois et traités internationaux et expulser plus facilement les demandeurs d'asile. Un article de John Linchfeld et Ben Russel paru dans The Independant.
Londres et Paris ont engagé des discussions sur la création d'un nouveau centre pour immigrés clandestins sur les docks de Calais. Un centre qui serait un bout de territoire britannique pour tout ce qui concerne les lois sur l'immigration et permettrait de renvoyer facilement chez eux les déboutés du droit d'asile. Même si les deux gouvernements ne se sont pas encore entendus sur tous les termes de l'accord, ils comptent exploiter l'ambiguïté du statut légal de la "zone de contrôle" britannique créée en 2003 sur le port de Calais [les officiers d'immigration britanniques peuvent y effectuer des contrôles d'identité et y "pratiquer des recherches au moyen de matériels électroniques ou d'équipes cynophiles"], pour surmonter les difficultés juridiques qui empêchent actuellement l'expulsion des demandeurs d'asile vers leur pays d'origine.
L'idée – dont ont débattu les ministres de l'Immigration britannique et français en février – est de battre à leur propre jeu les demandeurs d'asile et les passeurs qui les amènent dans le nord de la France. A l'heure actuelle, les immigrants rassemblés à Calais, pour la plupart originaires d'Afghanistan, du Kurdistan et de la corne de l'Afrique, profitent des contradictions et des zones d'ombre dans les législations européenne et internationale sur l'immigration et l'asile pour éviter d'être expulsés de l'Hexagone. Peu importe qu'ils se fassent prendre à de multiples reprises ; à chaque fois, ils sont libérés et tentent de nouveau d‘entrer illégalement au Royaume-Uni.
Interdiction d'entrée pour Fahad K.
L’Office fédéral des migrations (ODM) a émis hier une interdiction d’entrée en Suisse contre le requérant irakien Fahad K. Actuellement en détention, le protagoniste du documentaire La Forteresse n’a pas encore quitté la Suisse. L’ODM lui reproche d’être entré et d’avoir séjourné illégalement en Suisse et de mettre en danger la sécurité publique, selon son avocate.
La police accusée de traquer les militants de l'asile
A Lausanne, trois sympathisants de l’asile lancent un appel pour le respect des libertés d’expression, d’affichage et de manifestation. Un article de Sophie Simon dans 24 Heures.
Trois amendes, deux recours. Des militants du milieu de l’asile et de la migration se disent victimes de dénonciations arbitraires.
Septembre 2008, une affiche appelant à une manifestation pacifique est collée sur les murs de Lausanne. Une plainte est déposée contre Graziella de Coulon, coprésidente de Solidarités Sans Frontières, une des nombreuses associations qui organisaient la manif. Elle nie avoir collé cette affiche ou en avoir donné l’ordre, mais elle est condamnée à une amende de 340 francs. La commission de police estime que la responsabilité d’enlever les affiches lui revenait. «Un climat de répression s’installe, commente-t-elle. Mais j’ai décidé de ne pas aller au tribunal pour ne pas perdre encore plus d’énergie et d’argent.» Le municipal Olivier Français, auteur de la plainte, paraît blasé: «Ce sont toujours les mêmes, de toute façon. On continuera à protéger le domaine public des agressions de tout type.»
Autre cas en décembre 2008. Jean-Michel Dolivo et Nanda Ingrosso sont accusés d’organisation de manifestation non autorisée sur la voie publique, lors d’une action de soutien aux sans-papiers zurichois via l’occupation de l’église Saint-Laurent, au centre-ville de Lausanne.
«Délit de faciès»
Tous deux nient et reçoivent chacun une amende de 210 francs. «Nous n’avons pas organisé cette manifestation, se défend Jean-Michel Dolivo. Nous sommes sympathisants du mouvement, c’est tout. Il n’y a eu aucun contrôle direct de la police, le rapport a été fait sur la base d’un délit de faciès. A travers nous, ce sont les mouvements qui sont visés dans leurs activités.» «C’est étonnant de la part d’une Municipalité de gauche», s’inquiète, de son côté, Nanda Ingrosso.
Jean-Philippe Pittet, porte-parole de la police lausannoise, relativise ces accusations: «Le terme de délit de faciès s’applique plutôt quand des policiers contrôlent des personnes de couleur. Dans ce cas, il s’agit simplement de personnes connues dans le milieu. La manifestation de décembre n’a pas fait l’objet d’autorisation, il est difficile de contrôler tous les noms. La distribution de tracts a été constatée par mon collègue sur place. Il y a tout un appareil administratif qui leur permet de recourir.» Le municipal Marc Vuilleumier juge, quant à lui, les paroles des trois militants «totalement excessives. Ils parlent d’une pluie d’amendes alors qu’il y en a trois.»
Quand l’inconnu suscite la peur
L’arrivée de requérants d’asile dans le village de vacances du Twannberg suscite la peur au sein des habitations avoisinantes. Et à la crainte s’ajoute l’incompréhension de certains villages de ne pas avoir été consultés. Lu dans le Journal du Jura.
Suite à l’annonce de l’arrivée imminente de 200 requérants d’asile, en mai prochain, les conseillers de la commune de Lamboing, stupéfaits, se sont réunis mercredi soir. Après l’étonnement initial, la mise en place du centre d’hébergement amène la commune à se poser plusieurs questions (lire ci-après). La commune crie son indignation et constate: «Le Plateau de Diesse héberge déjà un centre de rééducation pour mineurs. Il sera donc encerclé par deux institutions.»
Du côté des villageois, après l’indignation passée, les interrogations et l’insécurité ont pris le dessus. «On va devoir fermer les portes», peut-on entendre.
Encore plus près du village, à Gaicht, les réactions sont fortes et les habitants estiment qu’il n’est pas juste de se retrouver devant le fait accompli. «J’ai peur que les touristes ne viennent plus ici», s’exclame-t-on au restaurant, tandis que quelqu’un lance: «Moi, je vais acheter un deuxième chien. Et puis, il faudra fermer les portes à clé, même celles des cages à lapins.»
Dans un communiqué, la commune de Lamboing crie son indignation et s'interroge: «Pourquoi la commune n'a-t-elle pas été consultée au vu de la proximité? Pourquoi ne peut-on pas financer un centre pour handicapés? 200 requérants représentent un tiers de la population de Lamboing. Quelles garanties avons-nous que le centre fermera vraiment dans deux ans? Qu'en est-il de l'image future de notre commune, quelles en seront les conséquences économiques?» La commune a décidé de consulter les autres communes concernées afin de discuter des problèmes ouverts, notamment des mesures de sécurité et de gestion des requérants.
Une soirée d'information ouverte au public aura lieu le 7 avril à 20h, au complexe du Cheval-Blanc de Lamboing, en présence des responsables de l'Office des migrations et de l'Association Asile Biel-Seeland.
"Boat people d'aujourd'hui"
Nommé ambassadeur de France à Malte en 2008, Daniel Rondeau s'est vite trouvé confronté à l'afflux des immigrés arrivant par milliers sur cette île, porte de l'Europe. Le diplomate a survolé leurs bateaux de fortune, s'est informé sur les raisons et les conditions de leur voyage. C'est l'écrivain qui livre ici cette "chronique quasi quotidienne de la souffrance et de l'exil".
Des figurines à taille humaine ont été installées à la mi-novembre en face du monument aux morts de La Valette. Ces statues représentent les Rois mages et annoncent l'Avent. Le Noir enturbanné, c'est Balthazar. La première fois que je l'ai vu, j'ai aussitôt pensé que ce Balthazar maltais devait parfois se sentir un peu seul. Il y a peu d'Africains dans les rues de Malte, même s'il m'est arrivé une ou deux fois d'en croiser, le soir, dans les hauts de Floriana, fantômes en jeans ou en costumes bariolés, cachant leur misère sous des rires et de grandes enjambées.