mercredi 17 septembre 2008
George Soros prend la défense des Roms
Richard Werly, Bruxelles, Collaboration: Eléonore Seilles
Mercredi 17 septembre 2008
Si l'on mesure l'importance d'un problème à l'aune des promesses faites pour le résoudre et du flou qui entoure leur mise en œuvre, l'intégration des 10 à 12millions de Roms au sein de l'Union européenne demeure un casse-tête majeur.
Lire la suite dans le Temps
La Forteresse par jean-Louis Kuffer et Thierry Jobin
jEAN-LOUIS KUFFER | 17.09.2008 | 00:02
«Ce qui est terrible, c’est que nous ne savons pas d’où ils viennent et qu’ils ne savent pas où ils vont.» Ces mots, confiés à Fernand Melgar par l’une des collaboratrices du Centre d’enregistrement de Vallorbe, illustrent bien la réalité de La forteresse. Le fait de «ne pas savoir» est d’ailleurs au cœur de la question de l’asile qui a permis, avant les votations de 2006, à la propagande de développer deux portraits types du requérant: l’Africain dealer et le Rom chapardeur. La réalité, on s’en doute, est plus complexe. Fernand Melgar, fils d’immigrés espagnols, a vécu le résultat des votations sur l’asile comme une trahison, alors qu’il venait d’obtenir sa propre naturalisation. Autant dire qu’il était personnellement impliqué quand il a pris son bâton de pèlerin pour répondre à cette question: la Suisse est-elle xénophobe? «Tout le monde a tenté de me dissuader de faire un film sur l’asile, commente-t-il aujourd’hui. Mais lorsque j’ai expliqué à Philippe Hengy, l’un des responsables du centre de Vallorbe, que j’entendais y passer deux mois, soit la durée la plus longue d’un séjour de requérant, mon projet a commencé de l’intéresser…»
Lire la suite de l'article dans 24heures
Lire aussi l'avis de Thierry Jobin dans Le Temps
La Forteresse est le premier documentaire consacré à un centre suisse pour requérants d'asile, celui de Vallorbe. Cet argument pourrait, à lui seul, justifier l'importance du film et la nécessité de le voir. Mais il y a autre chose: ce portrait de groupe capté sur deux mois est surtout le meilleur film du Lausannois Fernand Melgar. Il est l'aboutissement de vingt ans de tours et détours, du début des années 80, où il contribua à la fondation de l'underground Cabaret Orwell de Lausanne, jusqu'au récent et courageux Exit - Le droit de mourir, en passant par le bricolage d'essais expérimentaux dès qu'une caméra lui est tombée entre les mains. De la révolution culturelle Lôzane Bouge à La Forteresse, Fernand Melgar, 47 ans cette année, a suivi un chemin vers l'épure. Parcours logique des grands artistes, mais qui a pris chez lui une tournure bouleversante. La Forteresse en est la preuve éclatante: l'épure, chez Melgar, a autant trait à la forme, notamment grâce à sa complicité exceptionnelle avec Camille Cottagnoud qui signe les images, qu'à sa manière d'observer l'humain.
D'abord, La Forteresse trouve la juste distance entre le sujet, l'œil du cinéaste et, grâce à la modestie et à la justesse de ce dernier, le regard du spectateur: le film ne juge pas davantage son sujet qu'il ne joue au plus malin avec le public. En plus de cet équilibre parfait, générateur de troubles et d'émotions devant les témoignages, sincères ou éhontés, des réfugiés comme de leurs gardiens, Melgar réussit à faire respirer son film au rythme des poumons humains: les séquences de tension n'étouffent jamais le propos.
Sans démagogie
Un mouvement de balancier invisible - le talent de Melgar et rien d'autre, sans doute - apporte toujours un soulagement, un sourire, un sentiment de tendresse lorsque l'orage menace dans le centre de tri. Ici, le retour au bercail de requérants ivres ou le récit d'atrocités commises en Afrique ou dans les Balkans. Là, un moment de prière exubérant, la naissance d'un enfant ou une partie de football dans le froid. Inspirer. Expirer. Espérer, à la manière Melgar, sans démagogie, sans apitoiement, à hauteur d'homme.
Lettre ouverte du groupe action des Etats Généraux de l'Asile et de la Migration
Lettre ouverte à Monsieur Imhof, Directeur de l'EVAM
Nous avons appris avec stupeur votre décision de déplacer au foyer de Bex des célibataires débouté-es, vivant actuellement à Vennes et à Vevey.
Notre préoccupation reste la même que celle exprimée lors de votre projet pour les déménagements du Simplon : les conséquences négatives de ces déplacements sur les personnes déboutées. Il est inacceptable que vous considériez les débouté-e-s à l'aide d'urgence comme des marchandises ballottées d'un centre à un autre au gré des besoins de l'EVAM. Toutes ces personnes, déjà plusieurs fois déplacées (jusqu'à sept reprises !), doivent pouvoir retrouver une certaine stabilité là où elles sont maintenant et profiter du réseau de soins et de contacts qu'elles ont créé à Lausanne et à Vevey. Le seul déplacement acceptable et souhaité est vers un appartement dans la ville qui est leur domicile actuel. Ceci empêcherait aussi la suroccupation prévisible et nuisible du centre de Bex.
Cette décision nous surprend d'autant plus qu'il n'y a pas longtemps, adhérant à la voix de l'extrême droite active à Bex qui criminalisait les célibataires migrants, vous aviez promis aux Bellerins de ne loger que des familles dans le foyer de Bex.
Revenir aujourd'hui sur cette décision, nous semble un aveu d'incapacité ou impuissance à gérer l'hébergement des personnes à l'aide d'urgence.
Vous conviendrez avec nous que le but de la mise à l'aide d'urgence des débouté-es de l'asile, à savoir pousser les personne à un départ volontaire vers leur pays, est un échec et que le moment est venu d'organiser pour elles un lieu de vie adéquat. Les centres d'aide d'urgence, comme leur nom l'indique, sont prévus comme des moments d'urgence et non de séjours de longue durée. Les mois, voir les années pour beaucoup, de survie dans les conditions précaires dans les centres est un aspect honteux de l'aide que vous êtes sensée offrir aux débouté-es.
Dans l'attente d'une réponse positive à notre demande, nous vous prions d'agréer, Monsieur, nos salutations distinguées.
Lausanne, le 16 septembre 2008
Le groupe Actions des Etats Généraux de l'Asile et de la Migration