jeudi 20 octobre 2011

Pétition pour l’allègement du régime d’aide d’urgence

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Le Courrier

“Migrants en Suisse: quelle contribution au développement ?”

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Le Courrier

“S’en prendre aux enfants est abject”

A propos de la campagne “Stop à l’immigration massive”, réaction d’un lecteur du Courrier.

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Le Courrier

«Un roi» règne sur le cœur de Corinne Desarzens

Les éditions Grasset (Paris) publient le dernier roman de l’écrivain suisse qui se frotte ici aux requérants d’asile. Un sujet épineux que nous ramène chaque rendez-vous électoral. Cette publication est un hasard, mais elle tombe à point nommé.

Corinne Desarzens, un peu à la Melgar, le militantisme en moins et l’angélisme en plus.

Corinne Desarzens, un peu à la Melgar, le militantisme en moins et l’angélisme en plus. (RDB)

L’immigration. Un sujet épineux que nous ramènent les politiciens à l’occasion de chaque élection. Difficile d’y échapper ces temps-ci, avec le rendez-vous du 23 octobre qui approche à grands pas.
A propos de pas, il y en a qui sont très noirs. Ils écrasent un drapeau rouge frappé de trois mots blancs: «Stopper l’immigration massive!». C’est l’affiche de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) – vous l’aurez reconnue – pour l’actuelle campagne électorale. Bien avant, pour une autre campagne, ladite UDC s’était surpassée. A l’époque, «les murs de la ville s’étaient couverts d’affiches représentant des moutons noirs, puis, quelques mois plus tard, de corneilles qui déchiquetaient de beaux passeports rouges», rappelle Corinne Desarzens dans son nouveau roman Un roi (éditions Grasset).
La «ville» dont il est question ici, c’est Nyon où vit la romancière suisse. Quant au «roi» du titre, il est Noir. Inutile de vous dire son nom: il est un et multiple. Originaire d’Erythrée, il aime néanmoins l’Ethiopie qu’il a traversée, comme le Soudan et la Lybie, avant de débarquer à Lampedusa et de poursuivre son chemin jusqu’au pays de la Croix-Rouge. Là, il attend ce que tous attendent: l’asile politique.

Les bons et les méchants

C’est donc un «requérant». Malheur à Corinne Desarzens ! Elle va aimer ce «roi» qu’elle associe à des «princes trempés dans l’encre» qui marchent «comme s’ils avançaient sur une lame, un pied devant l’autre, souples mais précautionneux, tâtant et anticipant l’obstacle». Elle l’aimera sans se soucier des consignes données: garder ses distances avec les requérants d’asile. C’est ce que recommande le centre d’accueil des migrants à Nyon, où elle travaille comme enseignante bénévole. «Qu’ils apprennent, soit, mais sans créer de liens puisqu’ils ne resteront pas». Un destin scellé d’avance.
«Le traitement à réserver à ces migrants figurait sur n’importe quel programme électoral», écrit Corinne Desarzens dans ce livre qui fait penser à La Forteresse, le film du Suisse Fernand Melgar, avec le militantisme en moins et l’angélisme en plus. Car il faut le dire, il y a chez la romancière un côté manichéen qui place un peu trop les pays d’accueil (Suisse et Europe) dans le camp des méchants, et les accueillis dans le camp des bons.
Il n’en reste pas moins que ce «Roi» est touchant. Non pas tant grâce à cette histoire d’amour que l’écrivain effleure ou détaille (c’est selon) avec passion, mais grâce à un va-et-vient étourdissant entre deux civilisations occidentale et africaine, l’une pauvre en sentiments, l’autre en finances. Le Nord versus le Sud, en somme. Deux points cardinaux auxquels Corinne Desarzens ajoute l’Est et l’Ouest, offrant ainsi à son lecteur quatre gros chapitres en guise de charpente à son roman.
Tout commence donc en Suisse, dans ce centre d’accueil pour réfugiés dont le quotidien est rythmé par les cours de français, entre autres, et par l’attente exténuante d’une réponse aux demandes d’asile.

Une fête des sens

Dans les deux autres tiers du livre, éclatent des couleurs magnifiques et une fête des sens aiguillonnée par la curiosité de l’auteur. Desarzens décide de se rendre en Ethiopie afin de connaître un peu mieux ce pays que le «roi» aime, sans pouvoir y régner.
A partir de cet instant, le roman bascule. On entre alors dans un récit de voyage, digne d’un Nicolas Bouvier, où l’Ethiopie, sa dynastie impériale, ses châteaux, ses églises, ses déserts, ses lacs, ses parcs nationaux, ses zèbres et ses crocodiles, ses ethnies aux coutumes ancestrales, rivalise de richesse avec l’Occident des banques, des cartes magnétiques et de toutes les bricoles technologiques.
Au bout du fil, cette question douloureuse: l’intégration est-elle possible, dans un sens comme dans l’autre? Un Africain peut-il comprendre des Occidentaux qui «découpent les heures sur un cadran» alors que pour lui, coule dans le monde «une énergie mystérieuse qui (…) nous donne la force de mettre le temps en mouvement»?
Et inversement: un Occidental peut-il s’accommoder des habitudes sexuelles des Hamers, une ethnie éthiopienne où l’homme, pour conquérir son épouse, «doit à la pleine lune de septembre, escalader les échines du bétail placé flanc contre flanc»?
D’aucuns trouveraient cet exercice barbare. Mais qu’entend-on par barbarie? se demande Corinne Desarzens. Sa réponse, elle l’emprunte à Montaigne: «Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage».

Ghania Adamo, swissinfo.ch

La force de l’UDC n’est pas due qu’aux «perdants de la mondialisation»

Une étude lausannoise décrit les tribus très diverses qui composent l’électorat du parti populiste. Et pourfend quelques idées reçues.

Pourquoi le succès de l’UDC et, au-delà, des partis populistes en Europe? La question n’a pas fini d’embarrasser les formations politiques traditionnelles, de droite comme de gauche, et de questionner les chercheurs. Les conclusions auxquelles parvient l’étude de deux politologues* de l’Université de Lausanne, Philippe Gottraux et Cécile Péchu, se démarquent d’une explication qui verrait dans la fragilisation d’un électorat populaire, en raison de la mondialisation économique, le principal ressort d’une progression, pour ce qui est de l’UDC, sans précédent dans toute l’histoire de l’Etat fédéral. A partir, principalement, d’entretiens approfondis avec 40 militants, 20 à Genève et 20 à Zurich, les deux universitaires font apparaître des logiques d’engagement beaucoup plus complexes, diversifiées et surprenantes.

Le Temps: Votre étude contredit la thèse qui voit dans la fragilisation des «perdants de la mondialisation» la cause du succès de l’UDC. Pourquoi n’y souscrivez-vous pas?

Philippe Gottraux: Cette thèse se fonde sur des sondages post-électoraux. Or ces analyses, c’est le grand problème, négligent le phénomène de l’abstention, particulièrement forte dans les catégories populaires. Leurs données ne permettent pas de savoir si réellement des électeurs de gauche basculent vers l’UDC plutôt que vers l’abstention. Plus fondamentalement, la thèse que vous citez – que l’on retrouve, en France, pour expliquer le vote en faveur du Front national – repose sur un modèle qui tend à faire mécaniquement de la situation socioprofessionnelle le seul critère déterminant, à l’exclusion d’autres espaces socialisateurs, du parcours de vie, etc... Elle ne prend pas non plus en compte les effets induits par l’offre politique elle-même et sa capacité à imposer des thèmes. L’offre ne crée pas ex nihilo la demande mais contribue très largement à la formater. Notre démarche met en évidence la rencontre entre une offre politique qui peut être très différente selon les cantons, et des individus aux parcours variés. C’est un schéma beaucoup plus complexe que l’explication par les «perdants de la mondialisation».

– Que montre donc votre étude?

– Nous avons constaté qu’à côté de profils qui sont effectivement fragilisés par l’évolution économique, il existe des «gagnants» de la mondialisation qui se reconnaissent aussi dans les valeurs de l’UDC et contribuent à son succès. Qui plus est, ils ne sont pas toujours ni uniquement attirés par le discours néolibéral de ce parti. Ainsi, la suspicion envers les étrangers est transversale, elle est partagée, avec des nuances dans l’expression, par les six catégories de militants que nous avons distinguées, les «populaires», les déclassés, les jeunes anti-européens, les méritants, les libéraux et les idéologues ou moralistes. Chez les libéraux, la suspicion envers les étrangers est certes plus modérée, mais les positions du parti sur ce thème n’en sont pas moins défendues sans conditions. Ce thème semble donc avoir un effet rassembleur.

– Vous soulignez la très relative stigmatisation dont l’UDC serait l’objet, à vos yeux, dans le discours public. Ce constat peut surprendre, dans la mesure où les médias se voient reprocher de contribuer parfois sans discernement à la diabolisation de ce parti…

– Cette stigmatisation peut varier selon les cantons. Nous avons constaté un effet d’autocontrôle de la parole des militants plus fort à Genève qu’à Zurich, où les propos peuvent être assez extrêmes. Mais je pense qu’en Suisse, l’UDC connaît une forme de banalisation élevée pour des raisons historiques. Le thème de l’«Überfremdung» est ancien et présent au-delà de la droite de la droite. Par ailleurs, l’UDC est un parti gouvernemental depuis longtemps, à la différence, par exemple, du Front national en France.

– Comment les médias sont-ils perçus par les militants que vous avez interrogés?

– Ils se montrent méfiants. Les journalistes sont vus comme des gens de gauche qui critiquent l’UDC en permanence. Cette perception tend à renforcer la cohésion entre des militants souvent assez différents les uns des autres. Nous ne leur avons jamais entendu dire en revanche que les médias, en parlant de l’UDC même en termes critiques, lui auraient rendu service.

– Votre étude permet-elle de tirer des enseignements sur ce que les adversaires de l’UDC devraient faire pour la combattre plus efficacement?

– Je souhaite ne pas quitter mon rôle de scientifique pour endosser celui de prescripteur. Je constate simplement que la force de ce parti est d’offrir un programme «à la carte» qui lui permet de rassembler des militants aux profils très variés.

– Quels sont les résultats de votre enquête qui vont ont le plus surpris?

– Nous ne nous attendions pas à découvrir chez les jeunes anti-européens des attitudes a priori très contradictoires. Ce sont chez eux en effet que nous avons constaté le plus d’ouverture sur des questions de société telles que le «pacs» ou les drogues douces, mais en même temps une conception très conservatrice des rapports entre hommes et femmes. Nous avons été surpris également de constater dans les classes supérieures des militants UDC, en particulier chez les femmes, de faibles compétences politiques, peu d’aptitudes à séparer un discours subjectif et émotionnel d’une appréhension proprement politique. Nous nous sommes aussi rendu compte du poids de la culture de l’effort, le refus que l’Etat ponctionne les revenus des particuliers, qui traverse toutes les catégories de militants, même les «populaires». Il s’agit dans ce dernier cas d’accuser «plus petit que soi», requérants d’asile ou bénéficiaires d’aides sociales, de vivre à leur crochet.¨

Denis Masmejan dans le Temps

 

*Philippe Gottraux et Cécile Péchu: «Militants de l’UDC. La diversité sociale et politique des engagés», 2011, Editions Antipodes, 304 p.

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