lundi 18 octobre 2010

Initiative UDC: les craintes de Leuba

leuba crainte

Trouvé sur le teletxt

Vaud expulse le plus, mais accorde aussi le plus de permis humanitaires

Double record pour le canton: c'est celui qui expulse le plus de délinquants étrangers, mais aussi celui qui octroie le plus de permis humanitaires, affirme Philippe Leuba. Le conseiller d'Etat, tenant d'une politique migratoire à la fois à la fois «stricte et ouverte», combat l'initiative de l'UDC.

Extrait du Journal télévisé de la TSR

Le canton Vaud expulse le plus d’étrangers délinquants, mais octroie aussi le plus grand nombre de permis humanitaires, a affirmé Philippe Leuba. Le conseiller d’Etat a mis en garde contre l’initiative de l’UDC soumise au peuple fin novembre.

Le canton de Vaud mène une politique migratoire à la fois «stricte et ouverte», a déclaré lundi Philippe Leuba, en charge du Département de l’intérieur. Stricte à l’encontre des étrangers qui ne respectent pas l’ordre juridique et ouverte envers ceux qui font l’effort de l’intégration.

Entre 2008 et le 30 septembre 2010, 373 personnes ont été renvoyées pour des motifs pénaux, a indiqué le ministre lors de son traditionnel point de situation sur la migration. A l’inverse, sur 1240 demandes de régularisations à titre humanitaire, 730 personnes ont obtenu un permis B.

Interrogé sur l’initiative de l’UDC demandant le renvoi des étrangers criminels, Philippe Leuba a clairement manifesté son désaccord avec ce texte soumis au peuple le 28 novembre. Il a souligné sa préférence pour le contre-projet, qui correspond «pratiquement» à la politique vaudoise.

ATS relayé par 24 Heures

Rue89 publie un fichier “Roms” de la gendarmerie

roms fichiers « Des fichiers de Roms, il n'y en a jamais eu », assurait le 9 octobre à Rue89 le général Morel. L'ancien responsable entre 1997 et 2004 de l'OCLDI (Office central de lutte contre la délinquance itinérante) entendait ainsi contredire les documents internes à son service publiés deux jours plus tôt par LeMonde.fr et Rue89, faisant état de nombreuses mentions d'un « fichier Mens » (Minorités ethniques non-sédentarisées), un fichier de Roms illégal car non-déclaré et ethnique.

Rue89 s'est cependant procuré une nouvelle preuve attestant de la réalité de la collecte de telles informations au sein de la gendarmerie nationale : un programme informatique recensant les Roms, non-déclaré à la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Sur la page d'accueil de ce programme, sous l'intitulé « fichiers », figure le nom « Roms ».

Lire la suite de cet article de Julien Martin sur Rue89

L’initiative à l’UDC, le vide pour les autres

Editorial de Thierry Meyer, rédacteur en chef de 24 Heures, à propos des prochaines votations sur le renvoi des criminels étrangers.

thierry meyer Un parfum de tragédie grecque flotte sur la Suisse politique. Depuis trois ans, et le succès massif de l’UDC aux élections fédérales, toute personne normalement constituée qui s’intéresse un peu à la chose publique sait que l’expulsion immédiate et sans nuance des criminels de nationalité étrangère est un sujet capable de rencontrer une forte adhésion populaire.

A six semaines du vote sur cet objet sensible, un sondage confirme ce probable verdict de manière éclatante. Et tout se passe comme si les adversaires de l’initiative contemplaient, bouche bée, la déferlante s’abattre sur eux.

Il a pourtant été dit et répété que ce texte posait, dans son application, un problème fondamental de libre circulation des personnes, concept auquel la Suisse a adhéré et dont elle tire les bénéfices. Il a aussi été dit et répété que les questions de criminalité étrangère nécessitaient des réponses claires, rapides et efficaces, dans le cadre des lois existantes. Mais rien n’y fait: nous assistons à la piteuse débandade d’une grande majorité des partis et des lobbies, mélange de résignation, de confusion et de lâcheté, qui attend le triomphe de l’UDC comme la neige en novembre.

La criminalité et la sécurité sont pourtant des domaines bien trop importants pour être laissés à une seule formation politique, qui en a fait son fonds de commerce. La gauche ne sait encore pas comment empoigner un problème qu’elle a trop longtemps préféré ignorer, tandis que le centre-droite se noie dans ses contradictions, et n’arrive même pas à soutenir le contre-projet qu’il a élaboré à la hâte pour rendre «eurocompatibles» les desseins de l’initiative dite des «moutons noirs».

En fait de moutons, les opposants à l’initiative de l’UDC ont l’air d’une escouade de poulets sans tête.

Islam dans la société: la droite déchirée

mosquée marburg Alors que la chancelière Angela Merkel déclare que le «multiculti» a échoué, le président se rend ce lundi en Turquie en plein débat sur la place des musulmans en Allemagne.

Tandis que le chef de l’Etat allemand Christian Wulff se rend ce lundi en Turquie, la chancelière Angela Merkel a durci le ton sur l’intégration des étrangers. Lors d’un discours samedi devant les Jeunesses conservatrices (JU), elle a déclaré que le projet de «société multiculturelle» avait définitivement échoué. «Le multiculti est mort!», a-t-elle insisté sous les applaudissements nourris.

Ce constat d’échec du «multiculturalisme» n’est pas nouveau. La gauche et les écologistes, qui avaient prôné les sociétés parallèles vivant dans un respect mutuel, ont fait machine arrière ces dernières années. Mais les déclarations de la chancelière interviennent dans un contexte particulier, à cinq mois d’élections régionales importantes dans le Bade-Wurtemberg et après la parution, début septembre, du brûlot anti-islamique de Thilo Sarrazin.

Le livre de l’ancien membre social-démocrate du directoire de la Bundesbank est un succès de librairie avec déjà plus de 700 000 exemplaires vendus. Depuis, l’Allemagne est plongée dans un débat enflammé sur l’intégration et la place de l’islam dans la société.

Les langues se sont déliées et les conservateurs ont repris à leur compte les positions de Thilo Sarrazin. Horst Seehofer, le patron de la droite bavaroise (CSU), a pris la tête de la fronde en réclamant la semaine dernière un arrêt de l’immigration «turque et arabe». Une vraie provocation au moment même où Angela Merkel recevait le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. «Nous sommes en faveur d’une société avec la culture allemande comme référence identitaire», a-t-il répété samedi. «Nous avons un million d’immigrés qui refusent de s’intégrer […] Il ne doit plus y avoir d’immigration issue de milieux culturels qui rejettent notre culture», a ajouté Alexander Dobrindt, le secrétaire général du parti. Enfin, la jeune ministre CDU de la famille, Kristina Schröder, a réclamé un débat sur le «racisme musulman» contre les Allemands.

La chancelière pense quant à elle que «l’islam fait partie de l’Allemagne», se rangeant derrière les déclarations controversées du chef de l’Etat lors de la cérémonie anniversaire des vingt ans de la réunification. «Plus de 2500 imams officient chaque semaine dans les mosquées. Ignorer la réalité n’est pas une réponse aux problèmes qui nous attendent», a-t-elle déclaré samedi. La chancelière a pris une nouvelle fois en exemple Mesut Özil, le footballeur allemand d’origine turc de l’équipe nationale. «Ce n’est pas le seul exemple d’une intégration réussie», dit-elle.

Sa position divise profondément les conservateurs. «La chancelière désoriente nos adhérents. Avec elle, il ne sera pas possible de gagner des voix», ont critiqué au cours du week-end des responsables des Jeunesses conservatrices.

Par ailleurs, plusieurs sondages inquiétants – mais sans nouveauté – ont attisé la controverse sur la place de l’islam dans la société. La Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD), a publié une enquête révélant que 37% des Allemands étaient favorables à «une Allemagne sans islam». Environ 13% des Allemands prôneraient même un «Führer» pour diriger le pays. Ils étaient 15,4% il y a quatre ans… On ne constate aucune évolution significative concernant le racisme. «Le niveau de la xénophobie est même moins élevé qu’en 2002 et 2004», constatent les experts.

L’échauffement des esprits inquiète néanmoins les 4 millions de musulmans qui vivent en Allemagne (environ 5% de la population). «Le débat a quelque chose de positif, car nous pouvons enfin nous expliquer», estime l’iman de la mosquée Khadija à Berlin-Pankow, Abdul Basit Tariq. «Mais les campagnes de haine risquent de déclencher des réactions violentes parmi les extrémistes musulmans», craint-il. «Imaginez un attentat en Allemagne ou en Europe. Ce serait une catastrophe pour nous tous», dit-il.

Les organisations de la communauté turque ont demandé des excuses à Horst Seehofer pour ses propos jugés «irresponsables». La communauté juive s’est invitée dans un débat qui, selon elle, se «radicalise». Le secrétaire général du Conseil central des Juifs d’Allemagne y voit un «danger pour la cohésion sociale». Le débat actuel est «sans rapport avec le sujet, hypocrite et hystérique», insiste Stephan Kramer. «Horst Seehofer nous prépare un terrain favorable à l’extrémisme», ajoute le chef du groupe parlementaire écologiste, Jürgen Trittin.

Dans ce contexte, le discours mardi du président de la République fédérale allemande sera très attendu devant le parlement turc.

Christophe Bourdoiseau, Berlin, pour le Temps

L’Allemagne se dépeuple et fait fuir ses musulmans

Paradoxe: le pays se plaint des immigrés au moment où ils se font rares. Et quand l’économie en a le plus besoin.

Pas un jour ne passe sans que les immigrés, l’intégration, l’islam, n’alimentent les polémiques en Allemagne. Ce week-end, la chancelière Angela Merkel a d’ailleurs enterré le modèle multiculturel et posé des conditions aux immigrants (lire ci-contre) . Pour tenter de calmer le jeu. Car le livre choc de Thilo Sarrazin mettant en garde ses concitoyens contre l’invasion musulmane a déjà été vendu à un million d’exemplaires!

Horst Seehofer, chef de la démocratie chrétienne bavaroise, veut stopper l’immigration arabe et turque. «Les étrangers viennent chez nous pour abuser de l’Etat social», estiment trois Allemands sur dix, selon une récente étude sur «le développement des idées d’extrême droite». Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères et chef du Parti libéral, estime qu’il faut vérifier la contribution de chaque nouvel immigré à l’Allemagne.

Autant de débats qui semblent dépassés à la lecture des dernières statistiques officielles. Elles révèlent que, en 2008, pour la première fois depuis vingt-quatre ans, le nombre de personnes qui quittent l’Allemagne a dépassé celui des nouveaux arrivants. Une tendance confirmée en 2009 avec 721 000 immigrants, contre 734 000 partants.

Des chiffres inquiétants car les projections démographiques officielles, qui annoncent une réduction spectaculaire de la population active au cours des décennies à venir, partent d’un solde d’immigration positif de 100 000 à 200 000 nouveaux arrivants par année! «Un chiffre qui devrait même s’élever à 500 000 chaque année», estime Klaus Zimmermann, président de l’Institut économique allemand de Berlin (DIW). Si l’Allemagne, en dépit de son maigre taux de natalité, «veut conserver tout son potentiel économique».

Entrepreneurs inquiets

Contrairement aux craintes de Horst Seehofer et de Thilo Sarrazin, les nouveaux arrivants viennent aujourd’hui d’Europe de l’Est, et non de Turquie ou du monde arabe. En 2009, 130 000 d’entre eux venaient de Pologne, 56 000 de Roumanie, 29 000 de Bulgarie. Trente mille seulement venaient de Turquie, autant que des Etats-Unis.

«Le nombre de Turcs qui quittent l’Allemagne aujourd’hui est supérieur d’un tiers à celui de ceux qui y arrivent, souligne Memet Kilic, expert des Verts pour l’immigration. Un nombre croissant de jeunes très qualifiés ne trouvent plus la République fédérale attractive. Ils préfèrent les Etats-Unis, le Canada, ou Istanbul pour les jeunes Turcs. Le sentiment du pays d’accueil à leur égard est aussi déterminant que les lois en vigueur ou le niveau des salaires.»

Or, «les entreprises allemandes manquent déjà de 59 000 à 70 000 ingénieurs et techniciens supérieurs», constate Reiner Klingholz, expert démographe. Et les pays d’Europe de l’Est, qui ont les mêmes problèmes démographiques que l’Allemagne, ne lui serviront pas de réservoir de main-d’œuvre. Nombre de Polonais retournent déjà chez eux, où les conditions de vie et de travail leur sont plus favorables.

L’Allemagne aura donc toujours besoin des immigrés du monde musulman, des Turcs en particulier. Mais les polémiques actuelles n’y préparent guère les Allemands .

Michel Verrier, Berlin, pour 24 Heures

multikulti

Les opposants à l’initiative de l’UDC ont-ils capitulé ?

Selon un sondage publié hier, l’initiative des «moutons noirs» pourrait l’emporter avec 62% des suffrages.

Plus de 62% de soutien! Il y a bien longtemps qu’un projet UDC n’avait pas eu un sondage aussi favorable à six semaines du vote. Selon les chiffres de la SonntagsZeitung publiés hier, l’initiative pour l’expulsion des étrangers criminels remporterait non seulement un large succès, elle risque surtout de battre le contre-projet.

Rien d’étonnant dans ces résultats. Alors que l’UDC occupe le terrain à coups d’une campagne à plusieurs millions, les autres partis semblent avoir déserté le débat. Et ce n’est pas fini: ces prochaines semaines, la formation de Christoph Blocher remettra la compresse. «Nous n’arrêtons pas de recevoir des dons pour cette campagne», se réjouissait hier dans la presse Adrian Amstutz (UDC/BE).

isabelle moretTénors invisibles

Comment expliquer l’immobilisme des autres forces politiques face à cette machine de guerre? Chez les libéraux-radicaux (PLR), la situation tourne même au ridicule. Alors que le PLR s’est toujours battu pour le contre-projet, l’initiative remporterait 73% des voix dans ses rangs! Pourtant, ses ténors continuent à être invisibles… «Nous manquons de moyens, se défend Isabelle Moret, vice-présidente romande. Nos affiches, par exemple, ont été fabriquées à l’interne par le secrétariat, sans agence de communication.» Et effectivement, le budget des trois partis du centre-droite – PLR, PDC et PBD – s’élève pour l’instant à 180 000 francs. Et les 150 000 francs, qui, selon nos informations, viennent d’être recueillis par les Amis du PLR, ne changeront pas grand-chose à l’affaire.

Investisseurs réticents

Le centre-droite a toutes les peines du monde à convaincre les milieux économiques à investir dans cette campagne. Même Eveline Widmer-Schlumpf a pointé ce problème du doigt, hier, dans une interview accordée au SonntagsBlick . Elle reproche notamment à EconomieSuisse de ne pas mettre un centime dans la bataille. Johann Schneider-Ammann (PLR), l’entrepreneur à succès devenu il y a peu conseiller fédéral, essaie lui aussi de convaincre les milieux économiques. Il aurait même approché Kaspar Villiger pour tenter d’obtenir des fonds d’UBS. Mais les arguments à sa disposition semblent bien faibles. Il ne peut que brandir la menace d’éventuelles mesures de rétorsion de l’Union européenne en cas d’acceptation du texte de l’UDC, dont la compatibilité avec la libre circulation des personnes est remise en cause par de nombreux experts.

sondage chiffres

PDC et PS aussi absents

Avec le Parti démocrate-chrétien, le Parti socialiste est l’autre grand absent de cette campagne. C’est que le parti est divisé entre les adeptes du double non, et ceux qui veulent limiter les dégâts en militant pour le contre-projet. La semaine dernière dans une interview accordée au Temps , Christian Levrat expliquait carrément qu’il préférait garder ses cartouches pour les initiatives à venir du PS.

Dans ces conditions, Yvan Perrin, vice-président de l’UDC, se frotte évidemment les mains. «Tout le monde sait que les électeurs veulent un tour de vis. Et du coup, personne n’a envie d’aller au casse-pipe. L’argument financier n’est que l’excuse que les autres partis mettent en avant à chaque fois qu’ils sentent que les choses ne vont pas bien se passer.»

Voilà qui promet de beaux règlements de comptes le soir de la votation .

Fabian Muhieddine dans 24 Heures