vendredi 19 décembre 2008

500 Irakiens accueillis en France pour protéger les minorités, des centaines à la rue


PARIS (AFP) — Bernard Kouchner et Brice Hortefeux ont reçu en grande pompe jeudi deux familles irakiennes, portant à 500 le nombre d'Irakiens membres de minorités menacées accueillis en France, mais les associations s'inquiètent du sort de leurs compatriotes arrivés par leurs propres moyens.


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"Les autres qui arrivent par leurs propres moyens (...) se trouvent jetés dans la complexité du système Dublin qui dit que les demandes d'asile doivent être examinées dans le premier pays par lequel les gens ont pénétré sur l'espace européen", a-t-il souligné.

"La plupart entrent d'abord par la Grèce. En France, à la préfecture, on leur dit : +Vous avez déjà été enregistrés dans un autre pays européen, vous devez repartir+", a-t-il expliqué.

"Cette politique a réussi à transformer un certain nombre de personnes qui méritent une protection en errants sur le territoire européen", a-t-il dénoncé, évaluant leur nombre à des centaines en France, voire des milliers en Europe.

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Des écoliers et des requérants

Entendu dans la revue de presse de la RSR:

Des enfants au rez-de-chaussée de l'école - et des demandeurs d'asile à la cave. La scène va se dérouler dès l'année prochaine à Bâle. La Basler Zeitung décrit l'afflux de réfugiés dans la ville-frontière. 420 personnes s'entassent dans le centre de la douane d'Otterbach, prévu pour en accueillir au maximum 260. Pour faire face, il n'y a plus que les abris de protection civile, dont celui situé au sous-sol de l'école primaire du Petit-Huningue. Dans la cave de l'établissement, on installera 80 Africains dont la liberté de mouvement sera limitée. Ces hommes n'auront même pas accès au préau du collège. Et ils ne pourront sortir le matin de leur abri qu'après 8 heures, au moment où les cours auront déjà commencé. Le président de l'association du quartier clame son indignation dans le journal. "On sait que les Noirs demandeurs d'asile pratiquent le trafic de drogue à haute dose: les faire loger aussi près d'un collège est irresponsable", affirme-t-il.

nr, avec Jean-François Moulin et Simon Corthay, RSR

Pour Noël, le canton leur fait le pire des cadeaux

Un Villeneuvois se bat contre le renvoi en Ukraine de sa future femme. Le fait que la fillette du couple doive subir de délicates opérations chirurgicales n’a pas infléchi la décision des autorités. Lesquelles n’excluent cependant pas d’en changer. Un article de Laurent Grabet dans 24 Heures.

Nicolas Jaunin, sa compagne Viktoriya Chalaya et leur petite Mélissa, atteinte d'une tumeur à la lèvre 

ANGOISSÉS Nicolas Jaunin et sa compagne Viktoriya Chalaya sont inquiets. La jeune Ukrainienne est censée quitter le pays juste après Noël alors que leur petite Melissa doit être
opérée d’une tumeur à la lèvre. Villeneuve, 15 décembre 2008, photo Chantal Dervey

«C’est pas humain! Je veux que ma compagne reste en Suisse. Qu’elle soit là pour entourer notre fille pendant les opérations qu’elle doit subir!» Nicolas Jaunin et Viktoriya Cha­laya ont connu des fêtes de Noël plus réjouissantes. Fin novem­bre, le peintre en bâtiment de 30 ans apprenait que la de­mande de permis de séjour pro­visoire de sa future femme Vik­toriya était refusée. Dans son courrier, le Service de la popula­tion du canton de Vaud (SPOP) priait la jeune Ukrainienne de 26 ans de rentrer au pays pour le 26 décembre ( lire ci-dessous).
«Que Melissa, notre fille de 20 mois, doive subir des opéra­tions chirurgicales lourdes au CHUV pour soigner une tumeur à la lèvre mal diagnostiquée n’a rien changé. Elle est pourtant Suisse! Au SPOP, une dame m’a répondu que la décision était prise. Que je devais me dé­brouiller tout seul. Que c’était comme ça. Merci et bonne jour­née! » s’indigne le jeune papa, qui a fait recours de la décision. Le Tribunal cantonal pourrait se prononcer dans les deux à trois mois qui viennent.
Le divorce qui résoudrait tout

  Viktoriya et Nicolas se sont connus fin 2004. Ils habitent ensemble depuis mi-2005 et rê­vent de se marier. Le hic? Le Villeneuvois l’est déjà et son di­vorce d’avec sa première femme, avec qui il a eu en 2003 une petite Alicia, tarde à se concréti­ser. La garde de la fillette pose en effet problème tant aux futurs divorcés qu’indirectement au SPOP, qui ne voit pas de raison pour que Viktoriya reste en Suisse si son compagnon est toujours marié à une autre. «Nous ne sommes pas dépen­dants du service social, clame Nicolas Jaunin. Je travaille et je ne pourrai jamais m’occuper de ma fille seul. Melissa a besoin de sa mère et moi aussi! Mais je ne veux pas brader la garde de mon autre fille pour autant.».
«Humainement discutable, juridiquement valable»

  «Humainement, la décision du SPOP est discutable, mais juridiquement elle se tient. Le recours a donc peu de chance d’aboutir. Mieux vaudrait que Mlle Chalaya retourne en Ukraine et qu’ils s’y marient une fois le divorce de son compa­gnon prononcé, explique Me Gillard, qui fut l’avocat du couple dans cette affaire. Depuis le durcissement des lois sur les étrangers, les considérations hu­manitaires sont de moins en moins prises en compte dans ce genre d’affaire. Le SPOP travaille dans une ambiance électrique. De plus en plus de personnes sont dans une zone grise: théori­quement, ils devraient quitter le pays mais, en pratique, ils y vivent parfois même depuis des années!»

«Le SPOP est lié à un cadre légal strict accepté par le peuple»

Le Service de la population n’a pas fait de faute dans ce dossier», indique son chef Henri Rothen. La décision touchant Viktoriya Chalaya, explique-t-il, se base sur le fait qu’elle et son compagnon n’ont fourni ni avis de clôture de la procédure préparatoire de mariage ni copie de jugement du divorce (ou date de di­vorce). «Nous les avons relan­cés, sans succès. Compte tenu de la masse de dossiers à traiter, on ne peut pas courir éternellement après les gens!
  Le fait que leur fille soit ma­lade n’a pas tellement compté, et si l’on regarde ce dossier sous l’angle émotionnel, je comprends que cela choque.
  Mais il faut savoir que nous sommes liés à un cadre légal strict, qui a été accepté par le peuple.» Henri Rothen précise toutefois que dans les faits, même si son recours était refusé, Viktoriya Chalaya ne serait probablement pas forcée de quitter la Suisse avant mai prochain. «Et d’ici là, dit-il, si elle amène de nouveaux élé­ments, nous n’excluons pas de revenir sur notre décision.» «Mais le SPOP devrait préa­lablement vérifier qu’il ne s’agit pas d’un mariage de complaisance», ajoute de son côté Denis Pittet, délégué à la communication du Départe­ment vaudois de l’intérieur.
L. GR.