mardi 15 mai 2012

La zone industrielle ne veut pas d’un foyer EVAM

Bussigny, Ecublens, Echandens et Conforama unis contre un projet de 120 logements provisoires pour requérants d’asile.

centre evam zi

Sale temps pour l’asile dans la région lausannoise. Au Mont-sur-Lausanne, les habitants du quartier de Montjoie ne veulent pas du centre de formation de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM, 24 heures du 26 avril, notamment). A Ecublens, ce sont les entreprises de la zone industrielle du Reculan et les communes avoisinantes qui sont contre la venue de 120 requérants dans un foyer provisoire, projeté par l’EVAM sur un terrain qui appartient à l’Etat de Vaud. A l’issue de l’enquête publique qui présentait le changement d’affectation du sol à cet endroit, neuf oppositions ont été déposées.

Les trois communes d’Ecublens, d’Echandens et de Bussigny font partie des opposants. Elles veulent notamment obtenir de l’Etat et de l’EVAM des garanties que la population hébergée dans ces logements ne sera pas composée de requérants déboutés. Elles veulent aussi s’assurer que le chantier prévu n’empêchera pas la réalisation d’une bretelle d’autoroute toute proche.

evam bussigny opinion Mais les plus fermes dans leur opposition sont les sociétés implantées dans la zone industrielle, dont plusieurs entreprises de transport et le magasin d’ameublement Conforama. «Que ça soit clair, notre opposition n’est pas dirigée contre les requérants d’asile ou contre l’EVAM en tant que telle, précise Alain Spring, directeur Vente et logistique pour la Suisse romande. Ce que nous contestons vivement, c’est l’idée même de placer du logement à cet endroit.»

Il met en avant une circulation dense, avec quelque 20 000 véhicules par jour sur la route qui borde la zone industrielle, et un va-et-vient incessant de camions sur le chemin du Reculan. Or les migrants qui devraient poser leurs valises sur le terrain cantonal sont censés se déplacer à pied ou à vélo, dans la très grande majorité des cas. «Il est parfois difficile de croiser, continue Alain Spring. Il n’y a pas de trottoir ni d’infrastructure adaptée au passage des piétons ou des vélos. Nous ne voulons pas risquer un accident.»

Pour dix ans

Dans la présentation publique faite à Ecublens il y a environ un mois, le conseiller d’Etat Philippe Leuba, en charge de l’asile, et Pierre Imhof, qui dirigeait encore l’EVAM, ont assuré que ce foyer n’accueillerait que des migrants dont la procédure d’asile est encore en cours. «Des gens qui ont beaucoup à gagner à rester discrets», selon les mots mêmes de Pierre Imhof. Surtout, cette construction ne devrait pas durer plus d’une dizaine d’années.

Sur les oppositions, Philippe Leuba ne s’exprime pas pour l’instant. C’est le Département de l’intérieur, dont dépend le Service d’aménagement du territoire, et la conseillère d’Etat Béatrice Métraux, qui en a la charge, qui devront se déterminer.

Une quinzaine de sites

Reste la question de savoir pourquoi le canton et l’EVAM ont choisi un terrain en pleine zone industrielle, peu adaptée à héberger 120 personnes dépourvues de voitures? «Dans la situation tendue que nous vivons, au vu de la pénurie de logements, ce n’est qu’un projet, une des pistes qui pourraient se concrétiser rapidement et qui nous a été présentée par le canton, précise Catherine Martin, responsable de l’hébergement à l’EVAM. Nous avons actuellement une quinzaine de sites potentiellement en mesure d’accueillir de l’hébergement collectif. Nous n’en parlons pas, ou du moins nous ne les médiatisons pas, parce que ce n’est pas du concret pour le moment.»

Catherine Martin reconnaît que «pour projet de logement non dédié aux migrants, on n’aurait sans doute pas choisi un site pareil. Mais à notre avis, il reste parfaitement utilisable, pour un temps limité.»

Jérôme Ducret  

Découvert après plus de vingt heures sous le capot

afghan moteur C’est l’édifiante histoire d’un Afghan qui a tenté de passer clandestinement de Grèce en Italie.

Les agents de la police des frontières du port de Bari, dans les Pouilles, n’avaient encore jamais vu ça. Alors qu’un minivan bleu débarquait du ferry Superfast 1 en provenance de Patras, la grande nervosité du conducteur auquel ils demandaient ses papiers leur a mis la puce à l’oreille.

Après un rapide contrôle du véhicule, ils ont fini par ouvrir le capot, rapportait hier l’agence italienne de presse ANSA. Et là: stupéfaction! A moitié asphyxié, un jeune homme se cachait, recroquevillé dans une niche aménagée entre le radiateur et la calandre du véhicule. Il s’y trouvait depuis plus de vingt heures avec pour seule isolation contre la chaleur du moteur un simple coussin.

Après avoir repris ses esprits, le clandestin a pu raconter son odyssée. Agé de 18 ans, ce jeune Afghan est l’une des innombrables victimes des réseaux qui promettent l’eldorado. Pour son passage ver l’Europe, il a dû débourser 6000 euros: les économies de huit ans, patiemment accumulées alors qu’il travaillait auprès d’une famille aisée de Kaboul, qui l’avait recueilli après l’exécution de ses parents par les talibans.

Quant au conducteur du minivan et sa compagne, deux Bulgares de 24 et 39 ans, ils ont immédiatement été arrêtés et inculpés pour complicité de passage illégal de frontière. En poussant leurs investigations, les policiers ont découvert que le mari de la Bulgare – vraisemblablement membre de la même organisation criminelle – avait été arrêté le 30 avril par leurs collègues de Brindisi. Condamné précédemment pour les mêmes activités, il doit encore effectuer une peine de 2 ans et demi de prison.

Bernard Bridel

Contre l’immigration, la Grèce construit un mur sur sa frontière

grèce mur infographie Malgré la crise, Athènes dépense des millions pour un ouvrage qualifié d’inutile. Reportage.

Dans son pick-up gris, Evanghelis Maraslis, l’excentrique maire adjoint du village grec de Nea Vyssa, file, pleine vitesse, le long de la frontière turque. De part et d’autre d’une petite route terreuse, on trouve des champs, des paysans et des soldats. Au loin, des miradors. «A gauche de la route, c’est la Grèce. On cultive des asperges et de l’ail. A droite, c’est la Turquie, qui produit du riz. Le mur sera construit entre ces champs», explique Evanghelis.

Sur 12 kilomètres de frontière terrestre avec la Turquie, la Grèce a décidé, début 2011, de construire un mur de barbelés équipé de 25 caméras thermiques. Les 200 kilomètres restants, limitrophes avec le voisin turc, étant séparés naturellement par le fleuve Evros. En février 2012, un échantillon du mur a été inauguré. Début mai, dans l’ombre des médias, les travaux de terrassement ont débuté. L’enjeu est énorme: entre 200 et 300 migrants entrent chaque jour clandestinement en Grèce par la Turquie. Ce qui représenterait plus de 80% de l’immigration clandestine de l’Union européenne.

A Nea Vyssa, village agricole de 2000 âmes, les habitants continuent de voir passer, tous les matins, des dizaines de migrants en provenance d’Afghanistan, du Bangladesh ou encore d’Afrique subsaharienne. «Hier, la police a cueilli 50 immigrés qui avaient franchi le fleuve», confie Katarina, une villageoise. Chaque nuit, sur des bateaux pneumatiques surchargés, les migrants tentent la traversée périlleuse de l’Evros. Parfois, au péril de leur vie. En 2011, 48 corps ont été repêchés dans le fleuve.

Par le fleuve

Ceux qui passent par les 12 kilomètres de terre déambulent dans les rues de Vyssa au petit matin. Volontaires et dociles, ils se rendent à la police, qui leur délivre un avis d’expulsion sous 30 jours, puis partent pour Athènes. «Les immigrés ne créent pas de problèmes. Ils ne font que passer. Nous essayons de leur donner à manger, à boire, de collecter des vêtements», explique Anastasio dans un café.

Autour des terrasses ensoleillées de Vyssa, le mur est loin de faire l’unanimité. «Il ne fera que déplacer le problème. Les migrants passeront par le fleuve. Depuis l’arrivée de Frontex [la police européenne aux frontières] il y a deux ans, les clandestins ont migré vers le sud», regrette Evanghelis, en sirotant un café glacé.

stop evros wall

«Il ne sera pas achevé»

Les travaux, estimés à 3 millions d’euros, seront financé entièrement par le gouvernement grec. L’Union européenne refuse de payer un mur qualifié d’«inutile» par Cecilia Malmström, commissaire chargée des Affaires intérieures. Des militants de la région ont créé une association contre le mur: Stop Evros Wall. Diamando, membre du collectif, sourit. «Le mur ne sera jamais achevé. Il a été commencé en période d’élection. Le gouvernement grec voulait montrer à l’Europe qu’il agissait sur l’immigration», affirme-t-il.

Réseau mafieux

Car le problème reste immense. Depuis cinq ans, la Grèce connaît une explosion migratoire, alors que les frontières maritimes de l’Italie et de l’Espagne ont été renforcées. En pleine crise économique, avec 2 millions d’immigrés pour 11 millions d’habitants, la Grèce est devenue un véritable Etat tampon. En parallèle, un réseau mafieux international se développe avec comme plaque tournante Istanbul. Les passeurs, souvent des Turcs ou des Afghans, demandant jusqu’à 10 000 euros pour aller jusqu’en Grèce.

Mathieu Martinière, envoyé spécial à Nea Vyssa, pour 24 Heures

Un renvoi forcé interrompu par une manif à Zürich

Une procédure de renvoi forcé d'un Irakien qui devait être renvoyé à Budapest a été interrompue mardi à l'aéroport de Zurich.

Une procédure de renvoi forcé a été interrompue mardi à l’aéroport de Zurich. Le réfugié iranien qui devait être ramené à Budapest, où il avait déposé une première demande d’asile, a refusé de monter dans l’avion. Une quinzaine de personnes avaient protesté contre l’expulsion dans un hall de l’aéroport.

La police avait prévu un niveau de sécurité bas, a indiqué à l’ats une porte-parole de la police, revenant sur une information de la chaîne régionale Radio 24. L’homme devait simplement être accompagné jusqu’à l’appareil. La manifestation dans le hall de l’aéroport n’a pas causé l’interruption de l’opération, a pour sa part affirmé Daniel Küttel, responsable de l’office argovien des migrations. L’Iranien était détenu à Aarau en vue de son renvoi. Lundi déjà, des sympathisants du groupe d’opposition des moudjahiddines du peuple iranien s’étaient rassemblés devant la prison pour soutenir le réfugié.

ATS / Newsnet relayés par le Matin

Le Tribunal fédéral donne raison à un groupe anti-islam

En 2009, le mouvement suisse contre l’islamisation (MOSCI) avait demandé à pouvoir tenir un stand en ville, sans succès. Une décision abusive.

L’instance juridique suprême a déclaré que la Ville de Fribourg avait violé les libertés d’opinion et d’information du mouvement en lui interdisant d’organiser son stand, sous prétexte de risques de débordements. Dans son arrêt du sept mai, le Tribunal fédéral déclare que les risques de grabuge ne semblaient pas assez concrets, lors de la décision, et que si la Ville se faisait tant de soucis que ça, elle aurait dû poser des exigences quant aux contenus exposés sur le stand ou prévoir des forces de police pour sécuriser la zone.

Quelques mois plus tôt, à Lausanne, un stand du MOSCI avait été attaqué par des ressortissants étrangers. Selon son président, David Vaucher, une personne avait été particulièrement choquée par la présence d’un ex-musulman converti au christianisme à ses côtés.

Le Mouvement suisse contre l’islamisation souhaitait présenter sur son stand divers documents, dont un livret exposant en quoi certains comportements du prophète Mahomet, s’ils avaient lieu aujourd’hui, poseraient problèmes aux yeux de la loi. Des critiques concernant un certain aspect «anti-démocratique» de l’islam devaient aussi figurer dans des textes proposés sur le présentoir du MOSCI.

La Ville de Fribourg avait refusé la tenue du stand après consultation, par la Direction de la police locale, de la Préfecture de la Sarine et de la Police cantonale. La demande de MOSCI s’était faite dans le contexte du débat sur la présence des minarets en Suisse.

Raphaël Pomey dans le Matin