dimanche 17 avril 2011

Amnesty déplore une poussée xénophobe en Suisse

La section suisse d'Amnesty International déplore la montée d'un climat xénophobe et hostile aux droits humains dans le pays. Les 200 membres réunis en assemblée générale à Soleure samedi et dimanche ont aussi lancé les festivités des 50 ans de l'organisation.

amnesty minarets

Amnesty International lance un appel à "tous les partis et tous les politiciens à abandonner tout discours xénophobe et discriminatoire lors des "campagnes électorales à venir". Une telle orientation caractérise de plus en plus l'agenda politique suisse, alors que les fédérales approchent, s'est inquiétée l'organisation dimanche.

"La démocratie s’est opposée aux droits humains"

"Par l'interdiction des minarets et l'initiative sur le renvoi, des dispositions discriminatoires ont même été inclues dans notre Constitution". De cette manière, la démocratie s'est opposée aux droits humains "alors que ce sont justement ces droits qui garantissent notre liberté", a souligné Manon Schick, directrice générale de la section suisse d'Amnesty.

Suite au printemps arabe, il faut que la Suisse accorde "une protection temporaire aux réfugiés de guerre libyens", a exigé Manon Schick. Amnesty a lancé un appel dans ce sens au Conseil fédéral. L'organisation demande aussi au gouvernement de "soutenir activement les processus de démocratisation en cours en Afrique du Nord et au Moyen-Orient".

Au-delà des évènements actuels, il est nécessaire que la Suisse "remette en question de manière fondamentale ses relations économiques avec les régimes autoritaires", réclame Amnesty. Il s'agit notamment de "renoncer à livrer des armes à des gouvernements qui, tôt ou tard, les utiliseront contre leur propre population".

Dans le reste du monde aussi

Faisant écho aux propos de Manon Schick concernant la Suisse, le secrétaire général d’Amnesty Salil Shetty a déploré samedi la montée du populisme dans les pays développés. "En Amérique du Nord et en Europe de l'ouest, des gouvernements populistes, souvent orientés à droite, utilisent la récession et le risque sécuritaire comme de puissants outils pour rabaisser le niveau des droits humains".

"Même les partis centristes et de gauche sont dès lors contraints de relativiser leur position sur la migration pour être seulement entendus et ne pas perdre les élections", a ajouté

RSR

Amnesty s’inquiète d’un climat hostile aux droits humains en Suisse

L'ONG Amnesty international appelle les politiciens suisses à renoncer aux déclarations xénophobes et discriminatoires durant l'année électorale.

Amnesty International s’inquiète d’un climat hostile aux droits humains en Suisse. A l’occasion de son assemblée générale ce week-end à Soleure, elle a lancé un appel aux membres de tous les partis et aux politiciens afin qu’ils renoncent aux déclarations xénophobes et discriminatoires durant cette année électorale. L’ONG demande également au Conseil fédéral de soutenir la protection des réfugiés de guerre libyens.

Devant quelque 200 délégués, les responsables d’Amnesty ont déploré que de plus en plus de propositions violant les droits fondamentaux dominent l’agenda politique suisse. Avec l’interdiction des minarets et l’initiative sur le renvoi des criminels étrangers, des dispositions discriminatoires ont été inscrites dans la Constitution fédérale, ont-ils déploré.

La démocratie est utilisée contre les droits humains alors que ce sont ces droits fondamentaux qui garantissent notre liberté, a relevé Manon Schick, directrice d’AI Suisse. L’ONG, qui fêtera ses 50 ans le 28 mai prochain, entend stopper cette escalade en lançant un appel au monde politique.

Les membres de la section suisse demandent également au Conseil fédéral de soutenir activement le processus de démocratisation en Afrique du Nord et au Proche-Orient. La Suisse ne sera crédible que si elle oriente sa politique étrangère sur les droits humains. Il en va également de la politique des réfugiés. En outre, la Suisse doit également se poser la question de ses relations avec des régimes autoritaires et ne plus leur livrer d’armes car elles vont se retourner, tôt ou tard, contre leurs populations.

Le Matin

L'équivalent d'un an de salaire

S’ils décident de retourner de leur propre gré dans leur pays d’origine, l’Office fédéral des migrations (ODM) est prêt à débourser 4000 francs par migrant.

L’ODM accorde un montant de 4000 francs par migrant qui décide de retourner chez lui. «1000 francs en cash et jusqu’à 3000 francs pour des projets professionnels individuels, des mesures de formation ou des problèmes de logement», confirme l’ODM dans «Der Sonntag». Cette aide au retour peut bénéficier à toutes les personnes dans le domaine de l’asile qui souhaiteraient retourner volontairement chez elles. Les requérants d’asile déboutés pourraient également bénéficier d’une aide financière de Berne à l'avenir.

Une somme qui correspond à un salaire d'un an en Tunisie

4000 francs suisses correspondent en Tunisie à un salaire équivalent à 70 000 francs en Suisse, un montant largement supérieur à un salaire moyen. Les Etats voisins de la Suisse appliquent des méthodes similaires pour inciter les migrants à retourner dans leur pays d’origine. L’Autriche, par exemple, met à disposition 480 francs par migrant, une somme largement inférieure au montant de l’aide fournie par la Confédération.

Les pays qui en profitent le plus

Pour la première fois, l’ODM a procédé à un examen détaillé du montant financier des incitations au retour ainsi que les pays qui en bénéficient le plus. En 2010, l’ODM a déboursé 1,8 million de francs pour aider des migrants à retourner dans leurs pays d’origine. Des citoyens de 70 pays ont profité de cette aide. Les Serbes viennent en tête avec une aide financière de 184 388 francs. On trouve le Sri Lanka (175 443 francs) en deuxième position et la Bosnie-Herzégovine (165 117 francs) en troisième. Sur les dix pays dont les citoyens ont le plus profité, 550 personnes ont bénéficié d’une incitation au retour pour un montant de 460 000 francs en cash et d’une aide matérielle une fois sur place de 640 000 francs. Des frais médicaux pour 33 500 francs ont également été payés.

20minutes.ch

Regard suisse sur les élections finlandaises

tom biaudet finlandeCandidat aux élections législatives finlandaises de dimanche, Tom Biaudet, d’origine suisse, se désole de la percée annoncée des «Vrais Finlandais», un parti populiste et nationaliste qui exploite la crise financière. Portrait et analyse du scrutin.

Tom Biaudet est un candidat à moitié engagé. Impliqué, ce Finlandais d’origine suisse l’est pleinement puisqu’il a mené campagne à Helsinki.
Mais après une bonne vingtaine d’années passées hors du pays nordique, il porte un regard très distancié sur la scène politique locale. Ce recul, s’il est loin de lui assurer une place dans le prochain parlement finlandais (Eduskunta), fait de cet homme de 60 ans au parcours varié un observateur avisé en cette période un peu particulière de l’histoire politique finlandaise.

Une affection particulière

Tom Biaudet est un arrière-arrière-petit-fils d’un pasteur originaire de Rolle, une commune située entre Lausanne et Genève. Il est arrivé à Helsinki en 1872 pour y enseigner le français à l’Université. La Finlande était alors encore un grand-duché de l’empire tsariste.
Tom Biaudet a gardé la double nationalité. «Ma culture est d’ici, de Finlande, mais on n’oublie pas ses racines», sourit-il lors d’une rencontre dans un café à l’ancienne des beaux quartiers de Helsinki, spacieux et haut de plafond.
«Le fait est que j’ai gardé une affection particulière pour la Suisse. D’ailleurs, ma femme a acheté pour nos enfants un appartement à Lausanne. Et à Rolle, on fait un bon petit vin!»

Au nom de la minorité suédophone

Tom Biaudet a passé une grande partie de sa vie active loin du Nord. D’abord à Rome et au Kenya pour le compte de la FAO, l’agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Puis, après trois années comme trader à Helsinki, départ pour la Normandie. Lui et son épouse y font l’acquisition d’un haras. Ce n’est que l’an dernier, après le décès de sa femme, qu’il s’est décidé à rentrer au pays.
Il a rejoint les rangs du Parti populaire suédois (SFP), qui représente la minorité suédophone de Finlande (6% de la population). Car les ancêtres du candidat avaient vite intégré cette minorité, héritage de six siècles de domination suédoise. La langue natale de Tom Biaudet est donc le suédois, la seconde langue officielle du pays.
Aujourd’hui, le statut de cette minorité et l’enseignement obligatoire du suédois dans toutes les écoles de Finlande sont de plus en plus contestés. En particulier par un parti populiste et nationaliste, les «Vrais Finlandais», qui en a fait un de ses arguments de campagne. Or ce parti a le vent en poupe.

Une campagne ultrapopuliste

Emmenés par le charismatique Timo Soini, 49 ans, les «Vrais Finlandais» sont crédités de plus de 15% des intentions de vote par les sondages, voire de 18%. Au scrutin de 2007, ils n’avaient obtenu que 4% des suffrages.
« Ce parti a fait une percée grâce à une campagne ultrapopuliste et un discours très conservateur sur les valeurs», fait remarquer Tom Biaudet. «Son chef, estime-t-il, n’a guère d’idées constructives, il se contente de critiquer dans tous les sens».
De fait, Timo Soini tranche sur le discours consensuel – «grisâtre et uniforme», selon lui – de la classe politique traditionnelle. Pour cet eurosceptique élu au Parlement européen en 2009, les plans de sauvetage montés en urgence par l’Europe pour sauver la Grèce et l’Irlande de la faillite «prouvent que le système marche sur la tête». Les Grecs, en particulier, en prennent pour leur grade: « Ils nous ont menti sur leurs comptes, qu’ils se débrouillent tout seuls!»
Tom Biaudet reconnaît qu’«une vague de mécontentement traverse la Finlande». «Avant la crise financière de 2008, le pays se portait bien, sa dette publique était réduite, sa balance commerciale excédentaire». Depuis, le chômage a augmenté, le climat social s’est tendu, des appels à la grève sont lancés.

Les étrangers…boucs émissaires

«Les gens, ajoute le candidat suédophone, ont besoin d’exprimer leur frustration d’une manière ou d’une autre et les partis politiques au pouvoir ont sous-estimé ce phénomène.»
Comme ailleurs en Europe, les étrangers servent de boucs émissaires, même s’il y en a proportionnellement moins qu’ailleurs. En Finlande, environ 3% d’une population totale de 5,4 millions d’habitants est née à l’étranger. On compte environ 40’000 musulmans, arrivés essentiellement depuis la fin des années 1980. Cela suffit pour inquiéter des Finlandais nullement habitués à l’immigration.
« Les Vrais Finlandais se créent des ennemis pour se faire des amis», regrette Tom Biaudet. Les réfugiés somaliens, en particulier, sont dans le collimateur de ce parti, qui compte dans ses rangs une frange ouvertement xénophobe.
Que faire des «Vrais Finlandais» s’ils réalisent la percée annoncée dans les sondages ? Faudra-t-il les intégrer à la prochaine coalition gouvernementale, comme l’envisagent les têtes de liste de quasiment tous les autres partis en lice? Timo Soini l’espère, lui qui rêve déjà d’un poste de ministre. A titre personnel, Tom Biaudet est contre. «Je ne pense pas que ce parti est là pour durer». Mais il n’aura sans doute pas son mot à dire car, il le sait, il n’a que très peu de chances d’être élu dimanche, étant donné la faible audience du parti suédophone.

Antoine Jacob, swissinfo.ch, Helsinki