Un agent lausannois a abandonné un homme de nuit et dans le froid à Sauvabelin en février 2010. Il ne nie pas les faits.
Les tempêtes s’enchaînent au sein de la police lausannoise. On se souvient encore de la récente affaire K. L’histoire de ce jeune Erythréen qui prétendait que des policiers l’avaient abandonné dans le bois de Sauvabelin et l’avaient sprayé. En décembre dernier, le tribunal avait blanchi les agents tout en retenant que le jeune avait été déposé à un arrêt de bus.
Cette fois-ci, pas de spray. Mais bien trois policiers qui larguent un étranger au bois de Sauvabelin. De nuit et en plein hiver. Une affaire révélée par un arrêt du Tribunal cantonal administratif. Seul le chef de patrouille est poursuivi pour abus d’autorité. Contactée hier, l’avocate du policier lausannois accusé, Me Odile Pelet, confirme que son client ne nie pas les faits.
L’histoire se passe le 8 février 2010. Il est 2 h 15 du matin, trois policiers motorisés sont en patrouille. Les agents demandent à «un suspect d’origine étrangère» de s’arrêter, mais celui-ci se met à courir.
Après autorisation de leur supérieur, les trois policiers lausannois l’arrêtent et le conduisent à l’Hôtel de police. Une fouille complète est effectuée. Mais rien ne peut être reproché à cet anglophone. Le brigadier accusé dans cette affaire lui demande alors la raison de sa fuite. Avec le sourire, celui-ci lui répond qu’il aime courir. Le policier lui propose alors de l’emmener «dans un endroit où il pourra s’adonner à ce sport». L’homme accepte, toujours en souriant. C’est là que les trois policiers l’abandonnent à la place des fêtes de Sauvabelin. Ils lui indiquent la direction du centre-ville et la piste finlandaise du bois…
Perdu dans les bois
Il est plus de 3 heures du matin quand l’homme appelle le 117 car il est perdu. Sur les ondes radio de la police, on demande quels collègues ont laissé un individu seul dans les bois. Le brigadier s’annonce et repart sur les lieux avec ses deux comparses. Mais avant leur arrivée, l’homme a retrouvé sa route. Rapidement, les policiers seront entendus par un supérieur qui a «surpris» ce message sur les ondes. Le commandant de la police, Gérald Hagenlocher, est mis au courant. Il transmet alors le dossier au juge d’instruction cantonal.
Le policier engagé en 2002 à la police lausannoise admet les faits. «Il reconnaît qu’il a eu une attitude stupide et qu’il a manqué de réflexion. Toutefois, nous réfutons l’accusation d’abus d’autorité», précise Me Odile Pelet.
«Grave faute»
Abandonner ainsi un suspect, une faute grave? Un tribunal devra en juger prochainement au niveau pénal. Les deux collègues, eux, ont bénéficié d’un non-lieu. Ils ne parlaient pas l’anglais; au bénéfice du doute, ils n’auraient donc pas compris qu’il n’y avait pas de «consentement réel». Reste que, pour la Cour cantonale administrative, le policier a commis «une grave faute», qui relève même d’une «mesure de rétorsion.» L’agent n’a pas respecté le règlement ni le code de déontologie, et a «violé ses devoirs de fonction».
En octobre 2010, le brigadier a été licencié par la Municipalité. Un renvoi qui s’est avéré justifié quant aux motifs, mais pas avec les délais légaux. Techniquement, il pourrait ainsi réintégrer le corps de police .
Pascale Burnier dans 24 Heures
L’affaire K. coule en cassation
Le Tribunal cantonal vient de confirmer l’acquittement des cinq policiers lausannois impliqués dans l’affaire K., du nom du jeune homme qui les accusait de l’avoir emmené au petit matin du 1er janvier 2006 à Sauvabelin et de l’y avoir abandonné après l’avoir aspergé de spray au poivre de forte puissance.
C’est la troisième fois que la justice, faute de preuves, aboutit à un acquittement dans cette procédure qui aura duré plus de cinq ans. D’abord au Tribunal de police, puis, en décembre dernier, à Nyon suite à un premier recours ayant débouché sur un nouveau procès. Enfin aujourd’hui, en Cour de cassation cantonale. Haut en couleur, le procès de Nyon avait jugé non seulement l’auteur présumé du jet de spray, mais quatre autres policiers accusés de faux témoignage. Selon eux, non seulement K. n’avait pas été conduit à Sauvabelin mais laissé à un arrêt de bus en haut de l’avenue de la Borde, et jamais il n’avait reçu le coup de spray dont il se plaignait. Le procureur ne les avait pas crus. Il avait demandé la condamnation de tous ces agents, sans être suivi par le tribunal. Finalement, seul K., par la voix de son avocate, Aline Bonard, avait recouru auprès de la Cour cantonale. Celle-ci a rendu sa décision à huis clos et sans entendre les parties. «Nous attendons de connaître ses considérants pour porter éventuellement l’affaire devant le Tribunal fédéral», commente Me Bonard.
Le Tribunal cantonal vient de confirmer l’acquittement des cinq policiers impliqués dans l’affaire K.. Le jeune homme les accusait de l’avoir emmené au petit matin du 1er janvier 2006 à Sauvabelin et de l’y avoir abandonné après l’avoir aspergé de spray au poivre de forte puissance. K. avait finalement recouru seul, avec son avocate Aline Bonnard, contre l’acquittement général prononcé en décembre dernier.
Le Tribunal cantonal vient de confirmer l’acquittement des cinq policiers impliqués dans l’affaire K., du prénom du jeune homme qui les accuse de l’avoir emmené au petit matin du 1er janvier 2006 à Sauvabelin et de l’y avoir abandonné après l’avoir aspergé de spray au poivre de forte puissance.
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