L'intransigeance du gouvernement à refuser toute issue à la crise des "523" a réussi à réconcilier toutes les composantes du mouvement en faveur des requérants d'asile. 24heures par la plume de Grégoire Nappey rend compte de la dernière conférence commune entre partis de gauche, églises et mouvements de défense des droits de l'homme.
Souvent, ils peinent à s’entendre, car ils divergent sur les méthodes d’opposition à la politique gouvernementale en matière d’asile. Hier toutefois, ils affichaient un front «unitaire» en conférence de presse contre la réponse du Conseil d’Etat à la motion Melly sur le sort des «523» requérants déboutés ( 24 heures de samedi). En substance, l’enjeu est l’arrêt des mesures de contrainte et la fin de l’interdiction de travailler pour «un peu plus de 300 personnes». En votant début juillet le texte préparé par la gauche et porté par le radical Serge Melly, le Grand Conseil contraignait le gouvernement à en faire un projet de décret; que l’Exécutif a présenté vendredi tout en recommandant son rejet parce que, à ses yeux, contraire au droit fédéral. C’est donc d’abord en commission parlementaire ces prochaines semaines que socialistes, Verts et popistes — soutenus par les deux PDC, quelques radicaux et libéraux — tenteront de sauver le décret. La procédure peut s’avérer longue: si les élus finissent par approuver le texte (le vote au plénum ne devrait pas avoir lieu avant janvier), le dossier pourrait remonter jusqu’en Cour constitutionnelle, au Tribunal fédéral, voire devant le peuple…
Refuges maintenus
«Nous proposerons des amendements qui rendront le décret acceptable au regard du droit fédéral», avance la prési-dente socialiste Josiane Aubert. Député du même parti et avocat, Nicolas Mattenberger explique: «Par une disposition potestative, la loi laisse une marge d’appréciation aux cantons.» Alors que le popiste Bernard Borel regrette que le Conseil d’Etat reste aveugle aux aspects humanitaires de cette affaire, le Vert Yves Ferrari estime «incompréhensible» la mesure d’interdiction de travailler imposée à des gens «qui ont payé des impôts et des charges sociales durant des années». Depuis des mois, Eglises catholique et réformée ainsi que communauté juive se montrent unies dans cette affaire: «Le Conseil d’Etat nous déçoit, lâche le protestant Antoine Reymond. Plutôt que de défendre la majorité exprimée au Grand Conseil sur la motion Melly, il se range du côté du droit fédéral. Reste que le travail parlementaire ne résoudra rien: nous nous retrouverons avec les mêmes personnes et le même problème ce printemps.» Les refuges dans les paroisses seront probablement maintenus. La Coordination Asile y continuera son action contre ce que Bruno Clément appelle «un véritable mobbing d’Etat». Serge Melly voulait régler le problème «une fois pour toutes»: on en est bien loin.
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