samedi 25 juin 2011

Immigration : l’Europe se referme comme une huître

L’Union européenne a décidé ce vendredi soir de renforcer de façon drastique les contrôles de l’immigration à ses frontières, mais de façon temporaire et exceptionnelle.

Face à l’arrivée massive de clandestins venus de Tunisie et de Libye, les Vingt-Sept se sont octroyés la possibilité de rétablir des contrôles à leurs frontières nationales en cas de pression exceptionnelle. Cécilia Malmström, la commissaire européenne en charge de l’Asile et des Migrations, s’est inquiétée des risques de dérive sécuritaire, dictée par les partis d’extrême droite et les mouvements populistes de plus en plus actifs dans l’Union européenne.

C’est le Danemark qui avait lancé le mouvement en menaçant de rétablir unilatéralement ses frontières Mais Copenhague dit n’avoir aucune intention de remettre en cause l’espace Schengen dans son principe de libre circulation des personnes. Lars Løkke Rasmussen, le Premier ministre danois : “si les frontières extérieures sont sous forte pression, nous devons pouvoir profiter d’une exception, de façon aussi à ce que les gens continuent de soutenir cette idée générale de Schengen.”

Le président français Nicolas Sarkozy a été le fer de lance de ce repli européen, proposant que les pays d’Afrique du Nord s’engagent à reprendre les migrants partis illégalement de leur territoire.

euronews

Plusieurs centaines de Syriens se réfugient au Liban

Plusieurs centaines de Syriens, pour certains blessés par balles, se sont réfugiés dans la nuit de vendredi à samedi au Liban, selon un responsable des services de sécurité locaux. Cet afflux de réfugiés intervient au lendemain d'une nouvelle journée sanglante en Syrie, où les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants, faisant 20 morts d'après des militants des droits de l'homme.

Les réfugiés syriens ont franchi dans la nuit le poste frontière d'Al-Sousaïr dans la région d'Akkar près de Wadi Khaled (nord du Liban), a expliqué un responsables des services de sécurité libanais qui a requis l'anonymat. Six personnes blessées par balles se trouvaient parmi les arrivants et ont été hospitalisées à Akkar, a-t-il ajouté.

Plusieurs milliers de Syriens se sont déjà réfugiés au cours des dernières semaines dans les pays frontaliers, Turquie et Liban. La ville syrienne de Talkalakh, où l'armée est intervenue début juin juin, ne se trouve qu'à quelques minutes de marche de Wadi Khaled.

Les forces syriennes ont ouvert le feu sur des manifestants défilant dans les rues de nombreuses villes du pays contre le régime du président Bachar el-Assad, comme chaque semaine après les prières du vendredi. Selon des militants des droits de l'homme, au moins 20 personnes, dont deux enfants de 12 et 13 ans, ont été tués.

D'après les Comités de coordination locaux qui participent à l'organisation des manifestations, la plupart des victimes ont été recensées dans le quartier de Barzeh à Damas et à Al-Kaswa, un faubourg de la capitale syrienne. Il y a eu également plusieurs morts à Homs, dans le centre de la Syrie.

Des images vidéos des funérailles de trois personnes tuées à Al-Kaswa, mises en ligne samedi par des militants syriens, montraient des dizaines de personnes dans le cortège funèbre, scandant "Dieu est grand" et "Bachar, dégage!".

L'armée a envoyé samedi des renforts à Barzeh, où ils ont installé des barrages routiers et arrêté environ 150 personnes, ainsi que dans les faubourgs d'Al-Kaswa, Zabadani et Bloudan, selon Rami Abdul-Rahman, de l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme, basé à Londres.

Malgré la répression de l'armée, les manifestations pro-démocratie se poursuivent depuis plus de 100 jours en Syrie. Selon l'opposition syrienne, 1.400 personnes ont été tuées depuis le début de l'insurrection à la mi-mars.

Dans le nord de la Syrie, au moins 15.000 personnes ont manifesté sur une autoroute reliant les deux principales villes du pays, Damas et Alep. Plusieurs milliers de personnes ont aussi défilé dans le nord-est du pays, à Amouda et Qamishli, et dans d'autres provinces, selon Mustafa Osso, un militant des droits de l'homme basé en Syrie.

Selon une importante figure de l'opposition syrienne, le dissident Louay Hussein, quelque 200 intellectuels et critiques du régime doivent se réunir lundi à Damas pour discuter des stratégies permettant une transition pacifique vers la démocratie. Ce rassemblement d'une journée sera le premier des opposants au régime basés à Damas, dont bon nombre sont persécutés depuis longtemps par le gouvernement du président Bachar el-Assad.

D'après Louay Hussein, les autorités syriennes n'ont pas soulevé d'objection à cette réunion, qui interviendra une semaine après le discours de Bachar el-Assad dans lequel il avait évoqué le lancement d'un dialogue national sur les réformes politiques.

AP et Nouvel Observateur

La Turquie ouvre un nouveau camp pour les réfugiés syriens

En Syrie, de nouvelles manifestations ont été durement réprimées ce vendredi 24 juin 2011, et les forces de l'ordre ont ouvert le feu. Un bilan fait état d'une quinzaine de morts et de plusieurs dizaines de blessés. Ces violences et la répression qualifiée de «révoltante» par l'Union européenne ce vendredi, entraînent l'exil de milliers de Syriens vers la frontière avec la Turquie. Et le flux ne risque pas de tarir.

A ce rythme, le cinquième camp de réfugiés du Croissant rouge turc sera à son tour vite saturé ; depuis l’irruption des forces syriennes dans le village de Kharbet al Joz, à quelques centaines de mètres du camp de déplacés qui n’attendaient que leur arrivée pour franchir la frontière turque, ce sont 1 578 nouveaux réfugiés qu’il a fallu accueillir.

Alors, comme rien n’annonce la fin des violences en Syrie ni le ralentissement de l’exode, la Turquie poursuit l’installation d’un sixième village de tentes, le plus grand jusqu’à présent, qui pourra recevoir pas moins de 15.000 personnes, à l’est de la ville d’Antakya. En fait, les autorités turques se préparent au pire et prévoient de pouvoir accueillir jusqu’à 250.000 réfugiés, envisageant de nouveaux points de passages plus à l’est, dans les régions kurdes où ont eu lieu des manifestations ce vendredi 24 juin.

La Turquie, qui avait un temps envisagé d’instaurer une zone tampon avec camp d’accueil du côté syrien de la frontière, si le nombre des réfugiés dépassait les 10.000, est maintenant, après l’avancée de l’armée syrienne, bien obligée d’y renoncer, même si elle héberge quelque 12000 Syriens. Ce qui ne va pas apaiser les relations de plus en plus tendues entre Ankara et Damas.

Jérôme Bastion, correspondant de RFI à Istanbul