lundi 17 janvier 2011

Projet à l'étude en Suisse: que les profs dénoncent les enfants sans-papiers

Traquer les sans-papiers en voulant obliger les enseignants à dénoncer les élèves clandestins. Le projet est à l'étude en Suisse. Un groupe de travail a été chargé de vérifier sa faisabilité, notamment vis à vis de la Convention internationale des droits de l'enfant.

L'information n'a pas encore trouvé d'écho chez nous, mais cela ne devrait plus tarder. Selon le journal suisse Le Matin, l'idée a été mise sur la table par un ministre lors d'une séance du Conseil fédéral du 22 décembre dernier. "La chasse aux enfants clandestins" aurait été ajouté tel quel dans un paquet de mesures visant à lutter contre les sans-papiers. Elle viserait à "obliger les enseignants ou leur direction à dénoncer les enfants sans papiers", peut-on lire.

Pour l'instant, il ne s'agit que d'"une piste de réflexion". Un groupe de travail a été chargé d'en vérifier sa faisabilité. La question est notamment de savoir si une telle mesure respecterait la Convention internationale des droits de l'enfant. En attendant, si certains s'en indignent, d'autres seraient prêts à jouer le jeu de la délation.

C. Biourge pour la RTBF

Le nombre de demandes d'asile a baissé de 2,7 % en 2010

Le nombre de demandes d'asile déposées en Suisse en 2010 s'est élevé à 15'567, soit 438 de moins qu'en 2009 (-2,7%). Mais sur l'ensemble des 20'690 requêtes traitées en première instance, 3449 ont abouti à l'octroi de l'asile, contre 2622 en 2009 (+31,5%).

Les autorités helvétiques ont rejeté l'an dernier la demande d'asile de 6541 personnes (5750 en 2009). Les requêtes de 1234 personnes sont devenues "sans objet" et ont été classées, selon les derniers chiffres de l'Office fédéral des migrations (ODM).

Une décision de non-entrée en matière (NEM) a été rendue dans 9466 cas, soit près d'un quart de plus que l'année précédente (7678). La hausse s'explique par le fait que les requérants transférés dans un autre Etat en vertu de l'accord de Dublin font automatiquement partie de cette catégorie (6393 cas en 2010).

La Suisse a par ailleurs reçu 1327 demandes de prise en charge d'autres requêtes. Elle en a approuvé 797 et refusé 514. L'ODN juge positif le bilan de l'accord de Dublin puisque la Suisse "a pu transférer nettement plus de personnes qu'elle n'a dû en reprendre". Fin 2010, 9025 demandes étaient en suspens, soit 3370 de moins qu'en 2009 (-27,2%).

Nigérians en tête

Le principal pays de provenance est à nouveau le Nigéria, avec 1969 demandes (+10,2%). L'attrait de la Suisse s'explique par le fait que le pays a été moins durement frappé par la crise que l'Italie ou l'Espagne, principales destinations des ressortissants du Nigéria.

Mais les chances d'obtenir l'asile pour les Nigérians sont bien minces: sur les 2243 demandes traitées en 2010, l'asile n'a été accordé que dans deux seuls cas et une personne a été admise à titre provisoire.

Avec 1799 demandes, l'Erythrée occupe la 2e place du classement (+4,4%). Plus de mille proches parents de ressortissants érythréens reconnus comme réfugiés ont été autorisés à entrer en Suisse au titre de regroupement familial.

ATS

Scolarisation problématique de demandeurs d'asile: RESF tire la sonnette d'alarme

Des mineurs sans école pour les accueillir depuis la rentrée de septembre 2010 ? Vendredi 14 janvier 2011, les membres côte-d'oriens du Réseau éducation sans frontières (RESF 21) organisaient à Dijon une conférence de presse sur les conditions d'accès à l'éducation des enfants de demandeurs d'asile dans le département. Alors que le nombre de demandes d'asile connait une nette augmentation depuis début 2009, les militants du collectif RESF 21 entendaient tirer la sonnette d'alarme sur "l'insuffisance des moyens mis en œuvre par l'Inspection académique pour scolariser ces enfants" ...

Enfants en règle... mais sans école ?
De l'avis des militants du Réseau éducation sans frontières (RESF) de Côte-d'Or, la situation des enfants de demandeurs d'asile serait préoccupante dans le département bourguignon. "L'éducation est un droit pour tous. Or le nombre de classes réservées aux enfants de demandeurs d'asile qui ne maitrisent pas le français est insuffisant. De ce fait, malgré des demandes de scolarisation déposées par leurs parents auprès de l'Inspection académique de Côte-d'Or, sept enfants ne sont toujours pas scolarisés depuis la rentrée. C'est parfaitement inacceptable !", dénonce Véronique Martin, membre du collectif RESF 21.
Françoise Duguet, militante RESF et par ailleurs présidente du Comité inter-mouvements d'aide aux évacués (Cimade) pour la Bourgogne Franche-Comté, apporte une précision de taille : "Attention ! Ces enfants ne sont jamais en situation irrégulière au regard de la loi. Leurs parents ont le statut de demandeurs d'asile, ce qui signifie qu'ils se sont présentés en préfecture pour solliciter le statut de réfugiés en vertu de la convention internationale du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, dite Convention de Genève, signée par la France. Ils disposent donc d'une autorisation temporaire de séjourner en France". Ces personnes ne sont pas sans papiers".

L'apprentissage du français, facteur d'intégration
Les militants de RESF 21 insistent fortement : "Ces enfants et leurs parents sont en parfaite légalité au regard de la loi et ont vocation à rester sur le territoire français". Le droit à l'éducation des enfants de demandeurs d'asile n'est pas seul en cause dans les revendications des militants du collectif RESF, qui invoquent la nécessité, pour ces jeunes, d'apprendre le français. "Si l'apprentissage du scolarisation problèmefrançais est seulement un moyen d'intégration, il est aussi pour eux un moyen d'autonomie", martèle Françoise Duguet.
D'après la présidente de la Cimade Bourgogne Franche-Comté, "l'État, par le biais de l'Inspection académique, doit remplir ses engagements vis-à-vis de ces enfants et les scolariser dans des conditions décentes. Nous sommes déjà à la moitié de l'année. En conséquence, nous entendons mettre la pression sur l'Inspection académique pour qu'elle trouve une solution adaptée à ces enfants". Dans la pratique, les membres de RESF demandent l'ouverture de classes supplémentaires alors que le nombre de demandes d'asile en France est en forte augmentation depuis le début de l'année 2009. (En savoir plus ici avec LeFigaro.fr).

Rendez-vous mercredi 19 janvier 2011...
"L'Inspection académique de Côte-d'Or a accepté de nous recevoir. Nous allons rencontrer sa secrétaire générale mercredi 19 janvier !", se réjouit Françoise Duguet. Contactée vendredi 14 janvier par dijOnscOpe, l'Inspection académique n'a pas encore, pour l'heure, pu préciser le nombre d'enfants de demandeurs d'asile scolarisés en Côte-d'Or, ni le nombre de ceux qui seraient encore non scolarisés malgré une demande effectuée par les familles. Pour leur part, les militants regrettent le fait que "l'Inspection ne communique pas les chiffres régulièrement !".
Cependant, d'après les chiffres collectés par RESF 21 auprès des différents établissements scolaires côte-d'oriens, vingt-trois enfants de demandeurs d'asile seraient scolarisés dans les écoles élémentaires du département, onze dans des classes traditionnelles, douze dans des classes spéciales dites "classes d'initiation pour les non-francophones" (Clin) [ndlr : Le nombre d'enfants dans ces classes est réduit et l'enseignement est essentiellement axé sur l'apprentissage du français].
La situation qui préoccupe le plus RESF 21 ? Celle des sept enfants qui ne sont "toujours pas scolarisés et qui passent leurs journées à jouer dans les couloirs d'un hôtel" car les classes destinées à les accueillir sont déjà surchargées. Quant aux enfants de demandeurs d'asile en âge de fréquenter le collège, huit d'entre eux sont scolarisées au lycée professionnel des Marcs d'Or à Dijon et intégrés dans une classe traditionnelle "mais ils ne bénéficient que de six heures de français par semaine alors qu'ils ne maitrisent pas le français", se désole Véronique Martin.

François Aubert sur dijOnscOpe

"On peut comprendre que nombre d'entre eux soient à bout"

A propos de l’article intitulé «Descente policière, coups, cris et rumeurs, la tension est vive» ( 24 heures du 7 janvier 2011), dans le courrier des lecteurs de 24 Heures.

Nonante jeunes se trouvent dans ce centre, qui attendent le moment de leur renvoi. Dans un abri de protection civile, donc des locaux sans doute corrects, mais imposant un confinement difficilement supportable. Nous tentons d’imaginer près de cent jeunes gens, de toutes origines et cultures, obligés de vivre ensemble dans un souterrain et en attendant une expulsion qui peut avoir lieu dans quelques jours, quelques semaines ou mois, voire des années. Leur tentative de vivre mieux ici a échoué. Leur demande d’asile ne correspond pas aux critères de la loi. Ils sont soumis aux mesures d’urgence: vivre dans un lieu collectif d’attente avec 9 fr. 50 par jour pour se nourrir, assurer l’hygiène et les loisirs. Ils n’ont pas le droit de travailler. Leurs sorties sont réglementées. Le départ redouté tarde parce que la Confédération n’a pas pu traiter avec leur pays, parce que leur pays les ignore et ne veut pas les accepter, parce qu’il faut traiter avec un pays de premier accueil, selon la Convention de Dublin…

nyon abri pc réfugiés

On peut comprendre que nombre d’entre eux soient à bout, angoissés, enragés d’avoir échoué dans leur projet. On peut aisément imaginer que ce mélange humain soit explosif et qu’il suffise d’un mot de travers, d’un petit larcin, d’un geste malintentionné pour que bagarre s’ensuive. Cela ne justifie pas les violences ni les coups de couteau. Mais les explique. En fait ces jeunes gens, qui n’ont commis aucun délit, sont moins bien traités que nos détenus pour des raisons pénales. Ils sont sous le coup de décisions administratives et non judiciaires. Ne devrait-on pas les traiter avec plus de dignité et d’humanité? Notre pays n’aurait-il pas, toutes proportions gardées, de petits airs de Guantánamo?

Daniel Corbaz, pasteur, Lausanne

Les mensonges islamophobes de Thilo Sarrazin dénoncés

Thilo SarrazinDes universitaires accusent l’ancien dirigeant de la Bundesbank d’avoir manipulé des statistiques.

Thilo Sarrazin est-il un imposteur? L’ex-dirigeant de la Bundesbank assure que l’immigration musulmane est le danger qui mine l’avenir de la République fédérale dans son livre L’Allemagne se liquide elle-même , férocement critiqué depuis cet été. Les statistiques le démontrent, selon lui. Personne d’ailleurs n’ose contester celles qu’il cite dans son ouvrage, affirmait-il encore en décembre dans les colonnes du quotidien Frank-furter Allgemeine Zeitung .

Or, une équipe de chercheurs de l’Université Humboldt de Berlin conduite par le professeur Naika Foroutan, d’origine iranienne, assure au contraire qu’il a tout faux. Leur étude, qui vient de paraître, met les thèses de Sarrazin à l’épreuve et décortique sans pitié son ouvrage, en s’appuyant sur les sources officielles du Ministère de l’intérieur, de l’office des statistiques, ou des services fédéraux de l’immigration.

Sarrazin traite ainsi du handicap culturel «héréditaire» que se transmettraient les immigrés de la première à la troisième génération. Huit pour cent seulement des Turcs vivant en Allemagne auraient atteint le niveau de l’Abitur (la maturité), selon lui, tirant ainsi le niveau général vers le bas.

Or 22,4% des membres de la seconde génération scolarisés en Allemagne ont obtenu ce diplôme au contraire, précisent les statistiques du Ministère de l’intérieur – 28,5% même en ce qui concerne les jeunes d’origine musulmane en général – pour une moyenne en Allemagne de 24,4%. Trois pour cent seulement des immigrés turcs de la première génération détenaient un tel diplôme.

Le supposé «manque d’enthousiasme» des Turcs et des Arabes à apprendre l’allemand est également démenti par l’étude des universitaires: 70% des Turcs parlent très bien (37%) ou bien (33%) l’allemand. Mais Sarrazin assure que les traditions culturelles freinent l’intégration, et écartent les jeunes musulmanes du sport à l’école et de la piscine, tandis que le port du foulard va croissant. Or 90% des jeunes concernés participent au contraire aux activités sportives selon les statistiques officielles. Septante our cent des jeunes filles de plus de 16 ans de la seconde génération n’ont jamais porté le foulard. Dix-sept pour cent environ le portent «toujours», contre 25% dans la première génération.

Les chercheurs de l’Université Humboldt ont vérifié enfin auprès de la police ses affirmations selon lesquelles «20% des délits sont commis par 1000 jeunes Turcs et Arabes à Berlin». Des assertions «que ne sauraient justifier les données de la police criminelle, selon lesquelles 8,7% des délits ont été commis par des personnes de ces origines», leur a répondu le président de la police berlinoise.

Un constat qui démontre l’amateurisme de l’ex-banquier. Même s’il faut manier toutes ces statistiques avec prudence, les universitaires berlinois ont relancé sur de nouveaux rails le débat qui divise l’Allemagne sur son avenir.

Michel Verrier, Berlin, dans 24 Heures

Nouveau drame de l'immigration

grèce drame immigration

24 Heures

Les demandes d'asile en légère baisse

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asile baisse demande

24 Heures