mardi 27 juin 2006

Opinion de Claude Monnier dans 24heures

«Sinon, nous finirons un jour par payer des étrangers pour qu’ils viennent en Suisse rajeunir notre démographie…»
A quelques mois du scru­tin à propos de la nou­velle loi plus sévère sur les étrangers, nous serions bien avisés, en Suisse, de réfléchir une fois encore, posément, à l’importance de l’immigration pour la bonne vie que nous menons dans ce pays. Une en­quête de notre excellent con­frère britannique «The Econo­mist » (17 juin 2006), consacrée pour l’essentiel à l’immigration latino-américaine aux Etats­ Unis, me semble proposer à une telle réflexion un schéma de bonne venue.
Même si les Etats-Unis, à la différence de la Suisse, se di­sent officiellement «pays d’im­migration », en pratique, dans la vie quotidienne, une bonne partie des populations nationa­les des deux pays manifeste aujourd’hui le même genre de réactions, je caricature à peine: «Ouais, ces étrangers il y en a trop, ils nous envahissent, ils sont inca­pables de s’assimiler vraiment, ils essaient de nous convertir à leurs religions et à leurs moeurs, ils mettent en péril notre identité et notre culture, ils nous tondent pas mal d’em­plois sur le dos, ils abusent de nos systèmes sociaux, médi­caux et éducatifs, ils nous coû­tent un saladier; bref, on ferait oeuvre de salubrité publique en en renvoyant une bonne partie chez eux.» C’est à ce point du discours que «The Economist» com­mence son enquête, pour véri­fier, à la fois sur le terrain avec des exemples vécus, et au tra­vers d’études chiffrées, le bien­fondé ou le mal-fondé de trois accusations types.
La première accusation a deux faces: les immigrés lati­nos, disent volontiers les gens outre-Atlantique, sont trop mal éduqués pour pouvoir s’inté­grer efficacement dans la so­ciété américaine, et sont donc condamnés éternellement (pe­tite larme versée!) à survivre de jobs médiocres payés en des­sous de tous les SMIC du coin. Or l’enquête de terrain de «The Economist» prouve le con­traire. Elle évoque par exemple le cas de tel immigrant mexi­cain entré illégalement aux Etats-Unis il y a douze ans, qui a commencé par travailler dans une teinturerie chinoise de Los Angeles pour 2.50 $ de l’heure, puis est allé ramasser des myrtilles en Caroline du Nord pour 5 $ de l’heure, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il puisse s’acheter une maison au Mexique et un restaurant aux Etats-Unis mêmes.
La seconde accusation est qu’«ils nous coûtent cher». La revue britannique cite à ce pro­pos une étude de l’Université de Caroline du Nord portant sur cet Etat particulier: les im­migrés latinos y paient 756 millions de dollars d’im­pôts, alors qu’ils coûtent à la collectivité 817 millions de dol­lars – soit, pour l’Etat, un coût net de 102 dollars par Latino. Oui, mais en 2004, les mêmes Latinos ont dépensé dans cette même Caroline du Nord 9.19 milliards de dollars, qui ont permis de créer quelque 90 000 emplois nouveaux… La troisième accusation est que les immigrés latinos ten­dent à niveler par le bas le niveau culturel des Etats-Unis. Or, lorsque l’on considère la succession des générations, on voit au contraire que chaque génération immigrée nouvelle se fait littéralement un point d’honneur de gravir un ou plu­sieurs échelons de l’échelle de la formation, si possible jusqu’à ce que le petit-fils ob­tienne un MBA de Stanford, pas moins!
Les immigrés et les enfants d’immigrés doivent se battre dix fois plus que les nationaux, déployer dix fois plus d’éner­gie, d’imagination et d’ingénio­sité… Et nous serions assez fous pour leur mettre les bâ­tons dans les roues et nous priver de leur force inouïe? A ce train, nous finirons un jour par payer des étrangers pour qu’ils viennent en Suisse ra­jeunir notre démographie!

Ruey affronte Blocher

Lire l'article de Anne Dousse dans le Matin
Christoph Blocher croisera le fer avec Claude Ruey. Un duel fratricide entre bourgeois. Dès les prochaines semaines, l'UDC et le libéral s'affronteront sur le terrain de l'asile et des étrangers dans la perspective des votations du 24 septembre. Ces échanges s'annoncent virulents, tant l'émotion est grande. «Nous devrons lutter contre l'endoctrinement mené par l'UDC depuis des années», commente le Vaudois...

Interview de Jean-René Fournier dans le Courrier

Terre des hommes critique la violation des droits de l'enfant


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Le dilemne de Christoph Blocher

Lire l'article de Valérie de Graffenried dans le Temps
Le ministre UDC participera à plusieurs podiums de discussion jusqu'au 24 septembre. Mais il ne «commentera» pas les résultats.
Lire aussi l'article de Denis Masmejan consacré aux réticences de deux départements du conseil fédéral à l'égard des lois Blocher (le DFI et le DFAE s'étaient opposés à plusieurs aspects du projet) !
Lire aussi l'édito de Denis Masmejan

Le tribun à l'épreuve

Lire l'édito de Denis Masmejan dans le Temps
Le journaliste se demande si Blocher saura éviter de tomber dans son penchant naturel au populisme pour défendre le durcissement des lois sur l'asile et les étrangers.

Blocher donne le coup d’envoi de «sa» campagne sur l’asile et les étrangers


Voir la séquence du 19:30
Ecoutez l'interview de Christoph Blocher dans Forum
Lire l'article de Vincent Bourquin dans 24heures.
Christoph Blocher est un stratège politique comme il en existe peu. Il l'a une nouvelle fois prouvé hier à l'occasion du lancement de la campagne du Conseil fédéral à propos des lois sur l'asile et sur les étrangers. Le chef du Département de justice et police sait pertinemment que si ces textes sont considérés comme des lex Blocher, ils risquent d'être refusés par le peuple. Pour prouver qu'un large front soutient ces lois, il avait réuni autour de lui deux conseillers d'Etat. Pas choisis au hasard: une radicale alémanique, la Saint-Galloise Karin Keller-Sutter, et un PDC romand, le Valaisan Jean-René Fournier.

Suisse moins attractive

Le discours se voulait aussi très modéré. Christoph Blocher a ainsi insisté sur la volonté de préserver la tradition humanitaire de la Suisse, et même de la renforcer. Jean-René Fournier a lui évoqué l'accent mis sur l'intégration.

Mais en fait, les autorités valaisannes ne seront-elles pas les seules en Suisse romande à soutenir clairement ces deux lois? «Non, mis à part Genève, tous ceux qui sont directement concernés par ces questions soutiennent ces deux textes», affirme-t-il. Vraiment? Pas sûr que du côté de Neuchâtel ou du Jura, on partage cette opinion. Quant au Conseil d'Etat vaudois, divisé sur le sujet, il ne devrait prendre aucune position officielle.

La question des abus a tout de même été abordée. Christoph Blocher a ainsi affirmé que si ces lois étaient acceptées, la Suisse serait moins attractive pour les travailleurs clandestins et les criminels. Autre catégorie particulièrement visée par cette révision: les requérants d'asile qui refusent de donner leur identité. Et la conseillère d'Etat saint-galloise Karin Keller-Sutter de citer un exemple: «On constate que des personnes ayant toujours nié être en possession de documents de voyage parviennent à en produire dans des délais très brefs, lorsque par exemple, après un mariage, elles demandent à bénéficier d'un droit de séjour.»

Papiers d'identité au cœur du débat

Cette question des papiers d'identité sera d'ailleurs au cœur de la campagne. Les adversaires de la loi sur l'asile ne cessent de rappeler que dans certains pays, il est impossible d'obtenir une pièce d'identité, notamment pour un opposant politique. Conscient de l'importance déterminante de cette question, Eduard Gnesa, directeur de l'Office fédéral des migrations (ODM), a déclaré qu'une entrée en matière était tout de même possible si le requérant pouvait rendre «vraisemblable» l'absence de tels documents. Répondant encore à une autre critique insistante, Eduard Gnesa a assuré que les modifications proposées étaient conformes au droit international et à la Constitution suisse.