samedi 21 mars 2009

Le racisme des jeunes déstabilise les enseignants et les travailleurs sociaux

BENOÎT PERRIER
SOCIÉTÉ - Comment les professionnels gèrent-ils l'incident raciste? Une recherche originale de la Haute Ecole de travail social, qui mêle recherche, formation et dialogue, donne des réponses.
Pour gérer les situations qui impliquent jeunesse et racisme, nous faisons confiance aux enseignants et aux travailleurs sociaux. Mais quels outils ont-ils, quelles représentations? Quels incidents rencontrent-ils? Une publication de la Haute Ecole de travail social (HETS) éclaire le sujet et bouscule les préjugés[1].
L'ouvrage insiste sur la diversité des formes que prend le racisme dans le contexte de la jeunesse. Il donne des exemples précis, tous vécus par des professionnels qui ont participé à l'étude.
Comment réagir, par exemple, face à un contrôle au faciès opéré sur l'un de ses élèves? A l'inverse, quid du travailleur social, suisse à la peau foncée, questionné par la police devant les jeunes dont il s'occupe? Que dire à un enfant de 7 ans qui dessine des croix gammées, et à un adolescent qui porte un T-shirt de Mussolini?
Que faire de la réaction sexiste d'un père, membre d'une communauté étrangère? Comment réagir enfin, si soi-même on est traité de raciste?
Le rapport insiste sur ce dernier point. Il montre que le terme «racisme» est banalisé et de plus en plus utilisé par les jeunes pour choquer les professionnels. Ces derniers affrontent avec difficulté ce procédé.
Tous les exemples évoqués sont réels, observés à Genève. Ils ont été détaillés par des travailleurs sociaux ou des enseignants. Dans tous les cas, trouver la bonne réponse, la bonne attitude est difficile.


Une méthode originale

L'étude insiste sur l'impact émotionnel de ces situations: les professionnels ressentent une révolte aiguë ou, à l'inverse, restent paralysés. Ils évoquent aussi un manque d'outils et ont peur d'une réaction épidermique, qu'ils considèrent comme non professionnelle.
Ces situations forment le coeur de l'ouvrage L'incident raciste au quotidien. Celui-ci donne les résultats d'une recherche débutée en 2004 et soutenue par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS). Sa méthode est originale, un hybride qui mêle recherche, formation et dialogue.
Dans sept groupes de travailleurs sociaux et d'enseignants, chaque membre a rédigé le récit d'une situation où il a été confronté au racisme. Le groupe et les chercheurs ont ensuite échangé sur le résultat. «Une dynamique de coconstruction», explique l'un des auteurs, Laurent Wicht, de la HETS.
Dans les témoignages, il ressort qu'il est difficile de s'avouer désarmé face à un incident raciste, une tension que dissipe la prise de parole dans le groupe. De même, il en coûte aux professionnels d'admettre qu'ils n'ont pas une position claire sur les questions de multiculturalité.


Un questionnement biaisé

Dans l'exemple de la confrontation avec le parent d'élève sexiste, la travailleuse sociale se demande d'abord si une telle attitude «fait partie de la culture» du migrant. Les chercheurs démontent avec subtilité les prémisses biaisées d'un tel questionnement, basé sur une opposition Suisse-étranger. Ce faisant, ils montrent aussi la difficulté de mener de telles réflexions seul et sur l'instant.
Des ressources et des outils existent cependant, et les auteurs les ont rassemblés. Chaque cas est ainsi conclu par une liste utile de références, qu'il s'agisse des lois concernées, de publications scientifiques ou de matériel à utiliser sur le terrain.
Le livre propose finalement des pistes directes. Il souligne qu'il est possible – voire souhaitable dans certains cas – de réagir «à froid», après l'incident. De même, réagir instantanément de manière adéquate n'est pas forcément un enjeu. Décentrer le débat peut aussi être bénéfique. Tout en prenant soin des victimes, il est, selon les cas, plus fructueux de concentrer son attention sur les témoins de l'incident, plutôt que sur son responsable.
L'incident raciste au quotidien est passionnant et très lisible. Surtout, il suscite la réflexion. Laurent Wicht affirme ainsi qu'il ne s'agit pas de «proposer des recettes», mais bien de suggérer les bonnes questions à se poser.
L'un des points fondamentaux de l'ouvrage est que, dans la même situation, la même personne peut être tour à tour victime, agresseur ou témoin. Doris Angst, directrice de la commission fédérale contre le racisme, rebondit sur ce constat dans sa préface. Elle propose ainsi d'aborder «le problème avec une attitude plus naturelle», en admettant ces multiples rôles. Monique Eckmann, auteure et professeure à la HETS, préci se que ce n'est pas de baisser les bras mais bien reconnaître la présence du racisme, pour trouver les moyens de le contrer.
Elle insiste également sur la nécessité d'échanges entre les professionnels – «l'une de nos conclusions principales». Face à un fort sentiment de solitude observé chez les enseignants, de tels groupes permettent aux acteurs de dessiner des solutions. I
Note : [1]L'incident raciste au quotidien: représentations, dilemmes et interventions des travailleurs sociaux et des enseignants. Eckmann et al., ies éditions, 2009.

Forte baisse des demandeurs d'asile en Suède en 2008



Stockholm - Le nombre de demandeurs d'asile en Suède, Irakiens en tête, a fortement baissé l'année dernière (-33%), en raison du durcissement récent de la politique d'immigration, selon des chiffres publiés vendredi par l'Office national de la statistique (SCB).


 "Au cours de 2008, 24.342 personnes ont demandé l'asile en Suède, soit une baisse de 11.865 demandes comparé à 2007", 
précise SCB dans un communiqué. Deux tiers des demandeurs sont des hommes et un tiers des femmes, une proportion habituelle 
depuis 2000, ajoute la même source.


Une centaine de nationalités a été répertoriée parmi ces requérants mais les Irakiens constituent une nouvelle fois le groupe le plus important des demandeurs d'asile -- un quart des demandes --, relève SCB. L'Office note toutefois que le nombre de demandeurs d'asile irakiens a lui aussi fortement chuté.


"Les Irakiens représentaient plus de la moitié des demandes en 2007", rappelle-t-il ainsi. SCB ajoute que les Somaliens étaient le deuxième groupe plus important l'année dernière (14% des demandes).