mercredi 5 septembre 2007

La LICRA porte plainte contre l'UDC


La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme, la Licra, dépose plainte pénale contre les affiches électorales de l'UDC, celles qui représentent des moutons blancs qui boutent un mouton noir hors de Suisse. Mais également contre le clip électoral retiré la semaine dernière du site Internet du parti ainsi que contre l'affiche valaisanne qui représente des musulmans en prière sur la Place fédérale. C'est la première plainte du genre contre cette campagne. Interview d’Ellie Elkaïm, président de la Licra suisse.

Blocher: le début de la fin ?


La plus mauvaise journée de l'histoire de Christof Blocher au Conseil Fédéral se termine.
Lorsque la poussière sera retombée il sera temps de faire les comptes et on s'apercevra que le jour ou la chute du milliardaire de l'UDC s'est amorcée est bien le 5 septembre 2007.
Christof Blocher est soupçonné d'avoir intrigué en compagnie de son âme damnée Chistoph Morgerli pour faire démissioner Valentin Roschacher, l'ancien procureur général de la Confédération. Le mobile serait la protection d'un de ses amis banquier marron, Oskar Holenweger, camarade de classe de la reine Silvia.
Tout a commencé par un article du BLICK paru le jour précédent.
Le soir précédent lors de l'émission Infrarouge, Blocher avait semblé très énervé mis en face des mêmes accusations par le rédacteur en chef de l'Hebdo: Alain Jeannet


Le Matin du 5, le Conseil Fédéral annonce qu'il va nommer un jurisconsulte pour obtenir une version "objective" des faits: traduction il ne fait pas confiance à la version de Blocher. Lire l'article du Matin
En fin de journée, Blocher nie tout mais semble très perturbé...Ecoutez l'interview sur la Première

En fin de soirée, on apprend que la commission de gestion continue son travail, mais l'on sait déjà qu'elle est très critique des manoeuvres de Blocher. En critiquant notamment son non respect de la séparation des pouvoirs et ses abus d'autorité. Il aurait notamment plusieurs fois mal informé ses collègues ou carrément passé outre à leurs avis.

Tous les partis ont pris position en exprimant leur inquiétude devant les allégations à l'encontre du ministre de la justice.

En général très bavards ces derniers temps, les portes paroles de l'UDC sont restés étrangement silencieux (Uli Maurer n'a pas dit un mot). L'affaire semble mal engagée pour Blocher...

Sur cette affaire en cours, lire le dossier de Swissinfo et celui de la première
Le jour d'après une petite revue de presse sur Swissinfo
Lire aussi cet excellent commentaire
Deux jours plus tard, la contre attaque de l'UDC laisse des traces, lisez l'éditorial du Temps et explique la stratégie de Christof Morgeri.
Lire le point de situation de Swissinfo
Copie d'un des éléments du dossier publié par la NZZ
Si l'affaire Holenweger semble un peu se dégonfler reste tout de même les questions plus fondamentales sur les abus de pouvoir et le manque de respect de la séparation des pouvoirs. Lire l'article de Denis Masmejan dans le Temps.

ll ne faut pas réélire Blocher

Lire l'édito d'Alain Jeannet dans l'Hebdo
Faut-il réélire Christoph Blocher au Conseil fédéral au seul motif qu’il est, comme il le répète lui-même, plus dangereux dehors que dedans? Le silence serait-il préférable au débat, sous prétexte que parler de l’UDC, c’est forcément faire son jeu? Au nom de la stricte arithmétique, doit-on considérer l’issue du scrutin du 12 décembre comme une question d’ores et déjà réglée? Ce n’est pas notre opinion. Dans cette édition, nous tentons un bilan factuel et détaillé de la présence de Christoph Blocher au gouvernement, au moment où l’UDC fait de la réélection de son chef le fer de lance de sa campagne.

Relevons d’abord l’ironie de la situation: voilà un parti qui dénonce de manière obsessionnelle et délirante l’augmentation de l’insécurité, comme en témoignent les affiches placardées partout en Suisse et les vidéos diffusées sur son site, puis retirées. La faute à la gauche, aux Verts, aux étrangers... Mais qui est censé garantir l’ordre public? Qui est le ministre de la Justice et de la Police depuis quatre ans? Christoph Blocher! Dans sa propagande, l’UDC souligne bien involontairement les résultats lamentables de son champion.

Le nombre des requérants n’a pas diminué, il a augmenté de 10%. Et cela malgré le durcissement du droit d’asile qui devait, selon Blocher & Co., tout résoudre. Son département ne s’est pas révélé beaucoup plus efficace dans le renvoi des requérants dealers, qui abusent de l’asile et méritent d’être traités sévèrement. Normal: depuis qu’il est en poste, il n’a conclu aucun nouveau traité de réadmission avec les pays africains concernés en premier lieu.

La nouvelle loi sur la sécurité intérieure? Christoph Blocher laisse traîner. Même laxisme en matière policière. Pourtant, les experts sont unanimes: les polices cantonales sont sous-dotées et il manque une vraie force d’intervention au plan fédéral. Qu’a fait Blocher pour préparer la Suisse à la menace terroriste? Qu’a-t-il entrepris pour lutter contre la cybercriminalité? Rien. Ou presque rien. Il parle beaucoup, mais il néglige son boulot. Et, pour camoufler son incurie, il déclare avec fracas son intérêt pour le département de son collègue Pascal Couchepin. Il est plus facile de bluffer que de gouverner.

Le bilan de Christoph Blocher comme ministre de la Justice et de la Police est maigre. Mais sa capacité de nuisance est restée intacte, comme le démontre François Cherix dans nos colonnes et dans un livre coédité par L’Hebdo, qui sort cette semaine: Christoph Blocher, ou le mépris des lois (Editions Favre). L’auteur relève 33 infractions aux lois et usages gouvernementaux. De la part d’un homme qui deviendra, s’il est réélu, vice-président de la Confédération dans trois mois, puis président l’année suivante, c’est préoccupant. Que Christoph Blocher cherche à miner l’Etat et à révolutionner le système politique suisse, c’est son aspiration la plus légitime. Mais qu’il retourne alors dans l’opposition.

Voilà pourquoi, le 12 décembre, les parlementaires ne doivent pas le réélire. Et réparer l’erreur commise en 2003.

Comptoir: pourquoi je n'irai pas

Lire la réflexion de Myriam Tétaz dans 24 heures
Présidente du Conseil communal de Lausanne, j’étais invitée à la cérémo­nie officielle du Comptoir Suisse. En un premier temps, j’ai ac­cepté de m’y rendre. En effet j’ai, pendant une année, une fonc­tion de représentation. A ce titre, je me dois de représenter tout le Conseil communal, c’est-à-dire les différents groupes politiques que le composent, y compris l’UDC. J’aurais eu le sentiment de manquer à mon devoir de représentation en refusant cette invitation, même si la place d’honneur offerte à M. Christoph Blocher me paraissait non seule­ment contestable, mais mala­droite dans le contexte actuel. Après tout, il peut être utile de mieux connaître un adversaire politique. De plus, les conversa­tions informelles qui suivent les parties officielles sont l’occasion de poser des questions naïves, parfois désarçonnantes, d’affir­mer opposition et différence, et d’être en cela représentative de ceux qui pensent autrement.
Pourtant, au lendemain de la diffusion du clip de l’UDC, où figurent M. et Mme Blocher, j’ai écrit à la direction du Comptoir que je n’irais pas. Au sein du Conseil communal, nous avons des collègues étrangers, de cou­leur ou musulmans. Je les repré­sente eux aussi. Il m’est impossi­ble de cautionner par ma pré­sence des politiciens qui placent sous le signe de l’enfer des mères qui promènent leur bébé ou des gens qui attendent le bus. Car le clip faisait d’une mère, parce qu’elle est voilée, d’un passant, parce qu’il est Noir, un suppôt de Satan: l’enfer, c’est eux. La limite est ici dépassée. Et il n’y a pas d’excuse possible du genre: en français, l’expression «mouton noir» est usuelle et ne désigne pas nécessairement quelqu’un de couleur.
Non. Je suis d’une génération qui a vécu la Deuxième Guerre mondiale et les problèmes d’éthi­que débattus pendant et après le conflit: le devoir de dire non, le devoir de désobéissance à sa fonction ou à ses supérieurs, la nécessité morale de l’affirmer publiquement. M me Calmy-Rey appelle à manifester son indi­gnation; elle a raison. Je n’irai pas à la cérémonie officielle du Comptoir Suisse.
Je le fais parce que je suis fermement convaincue que je dois refuser, mais je le fais aussi à la mémoire de mon père et de sa famille, des émigrés italiens. Nous étions les moutons noirs de l’époque. Je le fais à la mémoire des amis juifs que mon mari, Vaudois né en Allemagne, a pleu­rés, des élèves juifs pour qui il s’est battu afin que leurs exa­mens ne soient pas compromis par leur respect du sabbat. Je le fais parce que tout être humain a droit, a priori, au respect et à une vie libre et décente.
Reste une question: pourquoi le Comptoir Suisse a-t-il invité M. Blocher? Stratégie ou provo­cation? Car manifestation il y aura, à n’en pas douter. Et il est un peu facile d’accuser l’extrême gauche d’être les trouble-fête, puisque même la présidente de la Confédération, dégoûtée, la souhaite. J’ai rencontré des ci­toyens de toutes tendances poli­tiques décidés à boycotter le Comptoir. C’est en effet une fa­çon non violente de dire non.
Et si la foire lausannoise y laisse des plumes, elle l’aura cherché. Dommage pour les ex­posants.
«Impossible de cautionner des politiciens qui font d’une mère, parce qu’elle est voilée, d’un passant, parce qu’il est Noir, un suppôt de Satan: l’enfer, c’est eux »

Explosion contre les organisateurs d u Grutli: la piste de l'extrême droite

Lire le dossier de Swissinfo
De petits engins artisanaux ont provoqué des explosions à l’entrée des domiciles de trois politiciens directement impliqués dans l’organisation de la Fête nationale du 1er août sur la prairie du Grütli.

Les auteurs de ces méfaits pourraient être les mêmes que ceux qui avaient fait éclater une petite «bombe» élaborée à partir de feux d’artifices sur la mythique prairie uranaise après la cérémonie.

Manifestation contre la campagne de l'UDC

Lire cette dépêche de l'ATS
Environ 200 personnes ont manifesté devant la tour de la Télévision suisse romande (TSR) contre la politique menée par Christoph Blocher. Le conseiller fédéral était à Genève pour enregistrer l'émission "Infrarouge", dont il était l'invité.

Le rassemblement, organisé par solidaritéS, s'est déroulé dans le calme. Plusieurs personnes ont pris la parole pour fustiger le conseiller fédéral et son parti l'UDC. L'entrée principale de la TSR était gardée par une poignée de policiers genevois.

Les affiches de l'UDC représentant des moutons blancs chassant de Suisse un mouton noir ont suscité une condamnation unanime. Christoph Blocher n'a pas croisé les manifestants. Le conseiller fédéral a pénétré dans la tour de la TSR par une autre porte.

Ricardo Lumengo: «Je suis victime de racisme»

Le premier député noir bernois réagit aux attaques du Jürg Scherrer, président du Parti de la Liberté, qui a usurpé son nom sur le Web et refuse d'obéir à la justice.



Ricardo Lumengo (à g.) est lassé
par l'acharnement à son encontre
de Jürg Scherrer (à dr.) et du Parti de la Liberté.
«Lorsque nous nous croisons, nos regards se détournent»,
affirme le premier député noir bernois.


La guerre couve dans le Parlement bernois entre deux élus. D'un côté, Ricardo Lumengo, 45 ans, est devenu le premier député noir bernois en 2005. Ce socialiste naturalisé après son arrivée d'Angola en 1982 est conseiller juridique au centre d'intégration Multimondo.
De l'autre, Jürg Scherrer, 60 ans, qui préside le Parti suisse de Liberté. Directeur de la police municipale bernoise, il frise le code par ses déclarations sur les étrangers et s'est distingué en croquant un minaret en chocolat.
Les députés bernois Ricardo Lumengo et Jürg Scherrer siègent ensemble au Grand Conseil bernois, mais comme de coutume, ils ne s'adresseront pas la parole pendant la session entamée lundi: «Lorsque nous nous croisons, nos regards se détournent», rapporte Ricardo Lumengo. Le premier député noir bernois est lassé par l'acharnement du président du Parti de la Liberté.
Leur dernier conflit fait rage depuis un mois sur Internet: le parti de Jürg Scherrer s'est approprié le site www.lumengo.ch. La pratique est légale, mais cette adresse renvoie ses utilisateurs sur www.freiheits-partei.ch, où Ricardo Lumengo est traîné dans la boue. Ce renvoi a été interdit par un juge civil, mais le parti de Jürg Scherrer désobéit à la justice.
Le Parti de la Liberté considère le nom de Lumengo comme «un synonyme pour un Noir». Mais le juriste Ricardo Lumengo ne l'entend pas de cette oreille: «Cette insoumission m'oblige à porter plainte auprès d'un juge pénal.» Moins évidente, sa seconde démarche consiste à récupérer le site www.lumengo.ch, lui qui utilise provisoirement www.ricardolumengo.ch. «J'accepte les critiques, mais pas les insultes», résume le député socialiste.

Excuses au tribunal
Cet épisode n'est que la dernière bataille d'une guerre déclarée en 2004, après l'élection de Ricardo Lumengo au Parlement biennois. Ce juriste dénonce chaque dérapage de Jürg Scherrer, comme l'illustration d'un discours nationaliste par trois têtes au choco. Leur unique confrontation devant un tribunal s'est soldée par des excuses de Jürg Scherrer, jamais condamné pour des propos racistes.
«Je suis vraiment son ennemi», constate le député qui milite en faveur des étrangers, autant pour leur incorporation au sein de la police que pour leur droit de vote dans les communes. Il a suffi à Ricardo Lumengo de ne pas déclarer un banal accident de la circulation pour que Jürg Scherrer exige sa démission. «Je souffre de racisme», rapporte le député déjà agressé par des skins et souvent injurié dans des lettres anonymes. L'usurpation de son nom est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase: «Il faut en finir, la situation devient insupportable.»