mardi 3 novembre 2009

Tract distribué devant le Grand Conseil le 03.11.09

DROIT DE RESTER DEBOUT
POUR TOUT.E.S LES DEBOUTES

STAND UP
FOR YOUR RIGHTS

ARRÊTEZ LE RENVOI DE P ET C!

STOP AUX AVIONS DE LA HONTE!

L'escalade continue. Après le renvoi de S. il y a deux semaines, la tentative de renvoi de Z. la semaine dernière, c'est au tour de P. et C. d'être menacés, avec d'autres ressortissants congolais et ethiopiens, d'être embarqués de force, mercredi 4 novembre.

Ces deux personnes, comme cinq autres personnes dont nous avons dénoncé la récente détention à la prison de Frambois et qui vivent dans l'angoisse de subir le même sort, sont venues chercher un refuge en Suisse. En dépit de l'inhumanité des conditions imposées aux requérant-e-s débout-é-s, elles y ont reconstruit une vie, une famille, un bout de dignité. Alors que ces personnes devraient enfin pouvoir être régularisées, l'arbitraire de l'expulsion intervient pour briser tous ces efforts et tout espoir.

  • P., ressortissant de RDC, est en Suisse depuis 1998. Il était au bénéfice du permis N jusqu’en 2008, il a travaillé et il a toujours habité Lausanne. Suite à la mise en applications des nouvelles lois, en 2009, il est mis à l’aide d’urgence et il a l’interdiction de travailler. Sa demande de pouvoir bénéficier d’un permis de séjour grâce à l’art. 14 a été refusée. Sa compagne au bénéfice d’un permis F a accouché le 11 septembre dernier. Il est donc papa d’un nouveau né et il a fait des démarches pour la reconnaissance de son fils. Il souffre depuis des années d’une maladie chronique, soignée en Suisse.
  • C., originaire de RDC, vit depuis un an et demi en Suisse, où il passé plus d'une année dans le "foyer" de Vennes. Il est électrotechnicien. Il a fait de la mécanique sur autos. Il était inscrit pour faire des études à l'école d'ingénierie de Lausanne et son année de mise à niveau devait commencer en janvier 2010. Un réseau d'amis a réuni les fonds pour financer cette année d'études, mais le Spop ne l'a pas voulu ainsi. Il l'a fait arrêter et enfermer à la prison de Frambois pour expulsion.

Ces renvois sont-ils réellement licites et exigibles? Rappelons que le Canton a l'obligation d'examiner préalablement à l'exécution du renvoi son caractère exécutoire (art.3 LvLEtr) sur la base de l'art. 83 LEtr qui détermine lorsque l'exécution du renvoi ou de l'expulsion n'est pas possible, n'est pas licite ou ne peut être raisonnablement exigée.

L'exécution n'est pas licite si le renvoi est contraire aux engagements de la Suisse relevant du droit internationnal; or dans le cas de P, l'exécution de son expulsion imposerait la séparation de la famille et donc le non-respect de la Convention européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui probibe ce genre de renvoi et garantit le droit à la vie personnelle et familiale (art. 3 et art. 8 CEDH).

L'exécution n'est pas raisonnablement exigible si le renvoi met en danger l'étranger dans pays d'origine, par exemple en cas de guerre, de guerre civile, de violence généralisée ou de nécessité médicale. Dans les deux cas des personnes menacées d'expulsion mercredi, il s'agirait d'un renvoi vers un pays en guerre où leur intégrité risquent d'être menacée. Pour P., ce danger est agravé par une maladie chronique.

Pourquoi le Canton s'obstine-t-il à affréter des avions de la honte, alors qu'il a la possibilité de proposer pour ces personnes une admission provisoire (art. 83 LEtr al. 6)?!

Au nom de quelle logique des personnes qui cherchaient un espace de liberté et de vie trouvent-elles des menottes et un séjour en prison, puis un renvoi vers un pays où ils sont en danger et n'ont plus de réseau?

Que deviennent ces personnes une fois débarquées « chez elles » et remises aux mains des autorités qu’elles ont fui?

Quel est le coût de cette politique absurde?

Un récent document onusien définit la migration comme moteur du développement humain. En Suisse, la migration est toujours considérée comme un problème et les migrants comme des êtres humains dont les autorités peuvent disposer selon les besoins de l’économie ou du cours de la politique.

Nous disons NON à cet état des choses. L’arbitraire, la discrimination, le racisme, la violence d’Etat doivent disparaître. Il en va non seulement du respect des migrant-e-s et de leur droits mais aussi de l’avenir de la communauté humaine.

Nous demandons l'arrêt immédiat de tous les renvois forcés et la régularisation des personnes migrantes qui ont reconstruit leur vie en Suisse et participent de cette société.

Lausanne, 3 novembre 2009

Collectif Droit de rester membre de la Coordination asile Vaud

www.droitderester.ch

Contact : 076 426 06 22. collectif@stoprenvoi.ch

Zones sans réfugiés réclamées à Vallorbe

http://www.20min.ch/ro/news/vaud/story/22448066

Vallorbe - Zones sans réfugiés réclamées au village

par Raphaël Pomey

Des habitants exigent que les demandeurs d’asile soient tenus loin des sites touristiques locaux.

Il y a de l’eau dans le gaz dans la cité du fer: depuis quelques semaines, le journal local enchaîne les publications de courriers de lecteurs hostiles aux réfugiés du CEP, le centre pour demandeurs d’asile du village. En cause, la médiatisation d’un coup de main donné par les migrants pour nettoyer talus et zones piétonnes. «Ils n’ont fait que nettoyer leur merde», estiment certains habitants.

Autre sujet de discorde: la fréquentation par les requérants d’une aire de pique-nique proche du Musée du fer. Pour certains, c’est la goutte qui fait déborder le vase: «Cet endroit devrait être réservé aux touristes et aux gens de chez nous», tonne Bernard Haldeman, du groupe radical. Président de la fondation qui gère le musée, Jean-Philippe Dépraz précise être en contact avec la Municipalité pour pouvoir exclure les réfugiés du secteur: «La présence de tous ces gens n’est pas positive pour notre image.»

L’aire de pique-nique n’est pas le seul espace où la présence des réfugiés dérange. La gare CFF, elle aussi, focalise l’attention: «On tente d’attirer les touristes chez nous, mais à peine sortis du train, les gens doivent enjamber des troupeaux de négros, ça décourage», lâche Walter Zehnder, de la Société des Grottes.

«C’est triste, confie une habitante, où qu’ils aillent, on les traite en parias.» Le syndic, Stéphane Costantini, conclut: «On entend régulièrement ce genre de propos. Ils expriment une gêne compréhensible: le centre n’aurait jamais dû être construit ici!»

«La Forteresse» de Fernand Melgar en DVD


CINÉMA | «La Forteresse» de Fernand Melgar est désormais disponible en DVD. Pas moins de 5000 exemplaires ont été édités.
Voir sur le site officiel pour le commander en ligne

© Olivier Vogelsang / Archives | Fernand Melgar.

ATS | 02.11.2009 | 15:44

Une dizaines de scènes inédites figurent en bonus mais le documentaire ne s'accompagne d'aucun commentaire direct du cinéaste lausannois.

«Je trouve que les réalisateurs sont souvent trop bavards», a déclaré Fernand Melgard. «J'ai préféré accompagner le DVD d'un livret de 16 pages pour expliquer mes motivations et montrer des photos des repérages.»

«La Forteresse» montre le quotidien du centre de requérants d'asile de Vallorbe (VD). L'ouvrage a moissonné les récompenses depuis sa présentation en août 2008, raflant par exemple un Léopard d'or au Festival de Locarno et des prix en Allemagne, en Argentine ou même en Chine. Il a enregistré 45 000 entrées dans les cinémas helvétiques, principalement en suisse romande.

Fernand Melgar s'est déplacé pour le présenter dans une quinzaine de pays cette année. Il répondra aux questions du public lors de projections organisées ces jours à Monthey (VS), Villeneuve (VD) ou Delémont.

«Le film a touché toutes les couches de la population», raconte le cinéaste. «Il n'a pas seulement intéressé les seuls défenseurs des requérants d'asile et n'a que très rarement suscité des réactions négatives. J'ai constaté que les enfants découvrent par exemple que les requérants ne sont pas tous des trafiquants de drogue.»

L'un des protagonistes du film, l'Irakien Fahad Khammas a été expulsé de Suisse en avril. L'homme de 24 ans se trouve toujours en Suède, pays compétent pour traiter son dossier. Son sort a été largement médiatisé ce printemps en raison de sa participation au documentaire. Sur place, il a été accueilli par la section suédoise d'Amnesty International.

Prochain film
«Certains des requérants filmés ont obtenu l'asile, d'autres non. Quelques-uns bénéficident d'une admission provisoire», explique Fernand Melgar.

Le réalisateur travaille actuellement au scénario de son prochain long métrage intitulé «Loin derrière la montagne». L'action de cette fiction se déroulera à Lausanne. Le tournage est prévu «si tout va bien» l'année prochaine. Le film abordera la question des travailleurs clandestins en Suisse.

NOTE: Site: www.laforteresse.ch. Le DVD sort le 19 novembre en Suisse alémanique

Musulmans de Suisse. "Nous ne sommes pas ceux que vous croyez"


ENQUÊTE. Croyantes ou non, issues du monde entier, les personnes de culture musulmane subissent en silence une initiative qui les cible bien plus que des minarets qu’ils n’ont jamais demandés. «L’Hebdo» est allé à leur rencontre.

Amal Mbarki, Danoise de 30 ans établie à Genève, où elle travaille dans le Private Banking, offre un autre visage de l’islam en Occident que la phobie projetée par les affiches antiminarets. «Je suis née et j’ai grandi au Danemark où mes parents ont été parmi les premiers Marocains à s’établir. Très minoritaires, ils s’y sont intégrés dans la durée.»
Amal Mbarki est croyante et pratiquante, mais, comme beaucoup de musulmanes en Suisse, elle ne porte pas le voile, ni aucun signe religieux distinctif. Pour cette Européenne de passeport, «la foi est une affaire privée». La jeune femme, qui parle quatre langues, vit en Suisse depuis six ans. «Je peux dire que je n’y ai jamais eu de problème et que je me sens plus à la maison ici qu’au Danemark où le racisme est plus fort.»
On se rappelle l’affaire des caricatures de Mahomet à l’automne 2005 qui avait enflammé le monde arabomusulman. «Comme musulmane, je ne peux pas soutenir ces dessins, bien sûr, mais comme Danoise, je peux les comprendre. Car, au Danemark, la majorité des gens sont athées et comprennent mal les valeurs religieuses.» Amal Mbarki a pu penser que la Suisse, plus habituée à la mixité, échappait à ce genre de polémique. Comme la plupart des musulmans qui, tous, se montrent surpris, rattrapés par l’initiative antiminarets qui impose un débat violent sur la compatibilité des valeurs.

Ras-le-bol. A en croire un sondage paru le 8 octobre dans le Tages-Anzeiger, une part importante des citoyens suisses expriment aujourd’hui une méfiance, sinon un ras-le-bol, face à l’islam, souvent confondu avec quelques faits divers sur les caprices des mouvances les plus radicales qui sont aussi les plus minoritaires. Selon ce sondage, 70% des personnes interrogées disent «non» à des enseignantes voilées, 63% refusent la dispense de piscine aux écolières pour motifs religieux, 58% souhaitent que le port de la burka soit interdit et 61% ne veulent pas entendre parler d’un possible droit d’héritage fondé sur la charia.

«Le fond du problème, c’est l’islam, pas les minarets»


Tariq Ramadan, l’un des 100 hommes les plus influents du monde selon le «Time», à l’Hôtel Richemond, à Genève, le 22 octobre dernier.
Philippe Pache

Craint, détesté ou adulé, le Genevois Tariq Ramadan, professeur d’études islamiques contemporaines à l’Université d’Oxford, publie un nouveau livre de manière simple et vulgarisée, qui s’arrache en librairie. Il dit tout: les minarets, la lapidation, Israël, l’Iran, Ben Laden, Sarkozy ou le pacs…

Par Arnaud Bédat

Tariq Ramadan, dès qu’on prononce votre nom, vous cristallisez souvent la haine. Pourquoi faitesvous aussi peur?

Je crois que ce qui fait peur, c’est ma visibilité. Je concentre l’ensemble des fantasmes et des peurs que certains peuvent avoir sur l’islam et les musulmans. Je suis au paysage intellectuel ce que le minaret est à la rue et je deviens une sorte de symbole ou d’épouvantail qui cristallise tous les soupçons.

Suite de l'article de l'Illustré