mercredi 23 février 2011

Rome craint l'arrivée de 300'000 émigrants si Kadhafi tombe

L'Italie pourrait devoir faire face à l'arrivée de 200'000 à 300'000 émigrants en provenance de Libye si le régime du colonel Mouammar Kadhafi venait à tomber, a estimé le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. Une réunion avec des pays méditerranéens concernés est prévue à Rome mercredi après-midi.

Le Conseil des droits de l'homme se réunira en session spéciale vendredi à Genève pour discuter des violations en Libye, a indiqué mercredi une porte-parole de l'ONU. La Suisse a soutenu cette initiative parmi les 47 pays membres du Conseil.

Un tiers de la population de Libye, soit 2,5 millions d'habitants, est composée d'immigrés d'Afrique subsaharienne. Ils pourraient fuir le pays en cas de chute du régime, dit M. Frattini dans une interview publiée mercredi par le "Corriere della Sera".

Selon lui, cette vague inhabituelle d'immigrés équivaudrait à "dix fois le phénomène des réfugiés albanais que nous avons connu dans les années 1990". "Ce sont des estimations basses. Ce serait un exode biblique", a-t-il continué.

Les ministres de l'Intérieur italien, chypriote, français, grec, maltais et espagnol doivent se retrouver ce mercredi à Rome afin de se pencher sur "l'instabilité" créée par la crise libyenne et ses possibles conséquences sur l'immigration en Europe. Ils entendent établir des politiques communes face aux évènements d'Afrique du Nord et faire des recommandations à la Commission européenne.

ATS

Dans la tête des immigrés déboutés du droit d'asile

Reçus par des psychologues de Médecins sans frontières, les migrants dont la demande d’asile a été refusée tentent de surmonter des traumatismes ravivés par leur rejet.

Deux chaises qui se font face, un carnet de notes et un paquet de mouchoir pour éponger les larmes. Sékou, Guinéen de 35 ans, s’installe devant Nathalie Severy, psychologue clinicienne au centre d’écoute et de soin de Médecins sans frontières, à Paris.
Depuis 2007, la structure vient en aide aux personnes qui, après avoir fui des persécutions politiques ou une zone de conflit, ont sollicité la protection de la France. Elle accorde une attention particulière aux déboutés.
Arrivé en France en novembre 2009, Sékou a vu sa demande d’asile auprès de l’Ofpra rejetée, tout comme son recours devant la Cour nationale du droit d’asile. Son histoire n’a pas convaincu les autorités. Ses déclarations orales ont été jugées trop « évasives dans leur ensemble ». Une obligation de quitter le territoire français lui a été transmise voilà trois semaines. « Devant la commission, les personnes les plus traumatisées ne sont pas à même de convaincre. Dans le cas de Sékou, il est arrivé au centre avec d’importants troubles de la concentration et de la mémoire », explique Nathalie Severy.

Le corps, filtre unique des souffrances psychologiques

Pourtant, les faits sont là. Le 28 septembre 2009, Sékou participe à une manifestation publique organisée dans un stade de Conakry, pour contester la candidature du président Moussa Dadis Camara aux élections. Un rassemblement réprimé dans le sang par les forces de sécurité, comme l’atteste l’ONG Human Rights Watch, devant laquelle Sékou a témoigné après avoir réussi à s’échapper de l’enceinte sportive.
L’ancien commerçant, poursuivi jusqu’à son domicile, s’est par la suite résigné à l’exil. Mais depuis que les portes de la France se sont refermées devant lui, son état psychique s’est considérablement dégradé.
Désormais, il ne reste plus en place, comme pour s’extraire physiquement de ses pensées, faites de sang et de machettes. « Je marche, des heures durant, jusqu’à épuisement, sans jamais m’arrêter », raconte ce père de famille, qui a laissé sa femme et ses deux enfants au pays. Il ne supporte même pas de s’allonger quelques heures pour dormir la nuit. « Dès que je m’arrête, c’est insupportable, mes idées me reviennent, je sais ce qui m’attend si je dois revenir en Guinée », explique-t-il avant de fondre en larmes. Ce phénomène, le centre d’écoute le connaît bien.
Acculés, sans aucun espoir pour l’avenir, les déboutés du droit d’asile sont pris en étau et leur corps devient l’unique filtre de leurs souffrances psychologiques.

Cauchemars et pensées suicidaires

C’est au tour d’Helena, 38 ans, de s’installer dans la salle de consultation. Cette Ouzbèke d’origine russe, mère d’un garçon de 12 ans, ne cesse pas elle non plus de remuer, comme si l’agitation pouvait dissoudre ses angoisses. Son conjoint était un membre actif du mouvement Akromiya. Il recevait des opposants politiques à son domicile.
En 2005, la police tente de lui faire signer des dépositions incriminant plusieurs hommes d’affaires accusés d’appartenir à un groupe islamiste. Elle refuse de collaborer, les autorités la menacent de représailles. Après une fouille musclée de son appartement, elle finit par prendre la fuite pour la France en 2006. Jusqu’à l’an dernier, l’espoir d’obtenir l’asile la faisait tenir. Depuis qu’elle a été déboutée de sa demande, des symptômes physiques sont apparus. Douleurs articulaires, céphalées…
« La pensée ne peut plus prendre en charge l’angoisse, alors c’est le corps qui réagit », observe Nathalie Severy. La souffrance, maintenue hors du langage, s’exprime aussi par des cauchemars. « Je suis engagée sur un rond-point qui n’a pas de sortie, explique cette femme, régulièrement exposée à des pensées suicidaires. Ou alors je vois des têtes coupées dans des valises et alors je cherche un endroit où les cacher, mais je ne trouve pas. »

Des expulsés au ban de leur propre identité

La journée passe, le défilé se poursuit. À présent, c’est Kamaraj qui s’avance. Tamoul chrétien de 50 ans, marié à une Cinghalaise, suspecté de soutenir la lutte des indépendantistes, il a été emprisonné trois fois et torturé par les autorités de son pays. Sa demande de statut de réfugié en France a été rejetée en 2006, puis en 2008 après un recours. Depuis trois ans, il vit dans les rues de Paris.
Selon les psychologues, le verdict juridique n’entraîne pas seulement le risque de l’arrestation et de l’expulsion hors du territoire. Les déboutés, pour beaucoup, se vivent comme mis au ban de leur propre identité. « Depuis l’avis de la commission de l’Ofpra, je suis devenu fou, explique le sans-domicile-fixe, qui en vient parfois à se cogner la tête contre les murs pour ne plus penser. Le rejet, c’est très violent. Ce qui m’a poussé à partir, je l’ai subi pendant des années. Mais je n’ai eu que cinq minutes pour raconter mon histoire. C’est comme si on ne m’avait pas cru, comme si ce que j’avais vécu n’avait jamais existé. »
Cet ancien manager d’un commerce en « duty free » de l’aéroport de Katunayake ne dort plus que par tranches de cinq minutes. « À chaque fois, c’est comme si la foudre venait me réveiller, explique-t-il. Si je me lève, ça s’arrête. Sinon, c’est comme un disque dont on n’arrive pas à trouver la touche "stop". »
Nathalie Severy admet que le centre n’a pas beaucoup de marge de manœuvre pour traiter les souffrances de ces patients sans réelles perspectives d’avenir. « Il s’agit avant tout de faire en sorte que leurs symptômes soient le moins invalidants possible », souligne-t-elle. Et aussi, tâcher de les sortir de leur isolement et d’abaisser les barrières qui les coupent d’un monde extérieur perçu comme hostile.

Jean-Baptiste François dans la Croix

En grève de la faim depuis plusieurs jours, il est rapatrié au Congo

Un demandeur d'asile logé au centre fermé de Vottem depuis début novembre a été rapatrié mardi matin vers Kinshasa (République démocratique du Congo) alors qu'il était en grève de la faim depuis 19 jours, a annoncé le Collectif de résistance au centre pour étrangers (CRACPE).

Il est extrêmement rare de rapatrier une personne engagée aussi loin dans une grève de la faim, a confirmé l'Office des étrangers. Patrick Kanga était arrivé en Belgique en 2005 mais, "tombé sur les mauvaises personnes" selon le CRACPE, il n'a jamais obtenu de titre de séjour valide. Son avocate avait introduit un nouveau recours, non-suspensif, qui ne sera examiné que jeudi.

Le médecin de l'Office des étrangers qui a examiné le demandeur d'asile lundi matin l'a jugé apte à prendre l'avion et le médecin appelé par le CRACPE pour une contre-expertise est allé dans le même sens, tout en soulignant que l'homme nécessiterait des soins médicaux.

Mis à l'isolement lundi soir, Patrick Kanga a été emmené mardi matin à Brussels Airport, où il a embarqué à bord du vol vers Kinshasa. "Il a dit à son avocate qu'il n'avait pas la force de s'y opposer", précise Aurélie Grétry, du CRACPE, qui dénonce ce rapatriement malgré la faiblesse de M. Kanga. La porte-parole de l'Office des étrangers a confirmé le rapatriement et a précisé que ce genre de cas était extrêmement rare". La procédure avait été lancée avant sa grève de la faim", a-t-elle souligné.

Agence belga

Gros butin chez les requérants nyonnais

Une fouille massive du foyer des migrants, menée par l’EVAM, a permis de saisir stupéfiants et argent.

Grosse mobilisation, hier après-midi, dans l’abri PCi de Nyon qui sert de foyer aux requérants d’asile. Seize personnes de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) ont débarqué accompagnées d’une cinquantaine de policiers, gendarmes, agents de sécurité et de cinq équipes canines des gardes-frontière et de la police cantonale. But de l’opération: fouiller tous les recoins de ce centre, dont une partie des 81 occupants s’adonne au trafic de drogue et suscite les plaintes du voisinage.

Si les descentes sont régulières, celle-ci était massive. «C’est la mise en œuvre des mesures décidées le 31 janvier dernier, avec la ville et le canton, qui prévoit une sécurité renforcée. Il s’agit de déstabiliser le marché de la drogue et de montrer aux migrants qu’il n’y a pas d’impunité», explique Emmanuelle Marendaz Colle, porte-parole de l’EVAM. Résultat: la saisie d’une centaine de sachets de marijuana (1400 grammes), substance dont le trafic est devenu une spécialité du foyer nyonnais, de 93 boulettes de cocaïne (85 grammes) et d’un pactole de 5700 francs et de 1040 euros. Tous les casiers et locaux collectifs ont été fouillés et les 47 requérants présents contrôlés.

Avant la fouille, l’EVAM avait fait couper l’eau afin que les dealers ne puissent pas se débarrasser de la drogue dans les toilettes ou les lavabos. Un seul requérant, un jeune Guinéen, a été appréhendé en possession de sept boulettes de cocaïne .

24 Heures

L'aide d'urgence vivement critiquée

Quatre organisations proches de l’asile lancent un appel pour améliorer le sort des femmes et des enfants déboutés.

Amnesty International, l’Observatoire suisse du droit d’asile et des réfugiés, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et Solidarité sans frontières ont dénoncé hier les conditions de vie des requérants d’asile déboutés soumis au régime de l’aide d’urgence. Ils ont mis en avant le sort des femmes, des enfants et des personnes vulnérables qui n’ont plus droit qu’à un hébergement collectif et à la remise des produits de base.

Ils ont distribué hier aux députés une ration de nourriture pour marquer la difficulté des conditions de vie de ces personnes.

Un psychologue de l’association Appartenances estime que de telles conditions de vie engendrent des souffrances psychiques. Le porte-parole d’Amnesty Alain Bovard parle, lui, de violation de la Convention des droits de l’enfant: «Je connais le cas d’enfants dans le canton de Vaud qui ne peuvent pas voir depuis des mois leur père incarcéré à Frambois, à Genève, pour être expulsé. Et cela faute d’argent pour payer le train. Cela contrevient à cette convention ratifiée par la Suisse.»

Les quatre organisations demandent à Philippe Leuba, chef du Département de l’intérieur, de revenir à la situation qui prévalait avant l’entrée en vigueur du régime de l’aide d’urgence: accorder l’aide sociale aux femmes, aux enfants et aux personnes vulnérables. Elles lancent également une pétition au niveau suisse.

«La situation actuelle est strictement conforme à la loi votée par le Grand Conseil, réagit Philippe Leuba. L’abandon de l’aide d’urgence aurait deux conséquences: cela augmenterait la participation cantonale à l’aide d’asile. Aujourd’hui, sur les 85 millions qu’elle coûte au total, la Confédération paie 41 millions. Mais il n’y aurait également plus d’effet dissuasif et cela créerait un appel d’air vers le canton de Vaud. Un requérant doit comprendre dans les faits qu’il n’a pas obtenu l’asile, que son avenir n’est pas en Suisse et qu’il doit rentrer dans son pays.»

24 Heures

L'Italie craint un afflux de migrants

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