vendredi 12 décembre 2008

Riviera-Chablais : Des voix s’élèvent contre l’expulsion des requérants

24 HEURES; 11.12.2008; page 31

Riviera_Chablais - Des voix s'élèvent contre l'expulsion des requérants

ASILE - Des sections de la Coordination asile du canton de Vaud
manifestent ces jours pour dénoncer des arrestations et des renvois de
migrants déboutés. Deux cas à Vevey et un à Lausanne ces dernières semaines.

Malgré l'interdiction de la police (la demande adressée vendredi étant
trop tardive), ils étaient une vingtaine à manifester devant le 62 de
l'avenue du Général-Guisan à Vevey, hier en milieu d'après-midi. Issus
principalement des sections régionales de la Coordination asile Vaud, et
des groupes ActionS nés des Etats généraux.

Pourquoi cette mobilisation devant le Centre d'aide d'urgence? «A cause
de l'arrestation de deux personnes déboutées fin novembre et début
décembre. Ainsi qu'une troisième, interpellée à Lausanne et renvoyée le
2 décembre dans son pays, l'Angola», explique Danielle Mamin, l'une des
responsables de la Coordination asile et migration Riviera.

L'action de protestation s'est concentrée sur Vevey. Où Jacques* a été
contraint par la police à quitter le Centre d'aide d'urgence le 24
novembre. Le jeune Guinéen (21 ans), en Suisse depuis quatre ans et en
traitement en externe au CHUV, a été incarcéré à la prison de Frambois à
Genève. Convoyé à l'aéroport, il a résisté puis a été ramené en prison.
Selon la Coordination asile, il aurait été frappé.

En revanche, les représentants de la maréchaussée ont eu la déconvenue
de voir Martine* leur échapper alors qu'ils venaient l'arrêter le 1er
décembre à Vevey. «Depuis, elle est cachée et attend de faire valoir ses
droits à rester en Suisse. Elle a plus de 40 ans, réside depuis sept ans
dans notre pays et y a travaillé durant plusieurs mois. Pour nous, elle
remplit tous les critères pour demeurer en Suisse», estime Danielle
Mamin. La ressortissante en cavale serait hébergée par des membres de la
Coordination asile et migration Riviera.

Centres d'aide «illégaux»

Les membres de collectifs de défense des migrants déboutés ont distribué
des tracts devant la gare veveysanne, puis devant le Centre d'aide
d'urgence. Ce type de structures est dénoncé par les coordinations et
groupes ActionS. «Ce sont des non-lieux, illégaux de surcroît. Tellement
déprimants que les personnes qu'on y a placées partent d'elles-mêmes»,
assène Graziella de Coulon, de la Coordination asile Vaud.

Les manifestants demandent tout simplement leur fermeture et
l'autorisation pour les requérants déboutés de vivre en appartement. Ils
exigent également, entre autres, que leurs protégés puissent recevoir
des autorisations de travail. Afin qu'ils puissent vivre de manière
autonome et prétendre à demeurer en Suisse. Les responsables des divers
groupes animeront un stand sur la place du Marché de Vevey, ce samedi.

Note:* Prénoms d'emprunt

La police est-elle allée trop loin ?

Un jeune Togolais a été soumis à une fouille corporelle complète à l'occasion d'un simple contrôle d'identité. Alors qu'il n'a jamais eu de démêlés avec la police, le jeune homme s'interroge sur les méthodes de la police, et si c'était là une procédure normale de contrôle d'identité.

Elisée Lari Kolani Mercredi 3 décembre, Elisée Lari Kolani téléphonait tranquillement à sa famille depuis une cabine située dans la gare de Bienne, lorsque des policiers lui ont demandé ses papiers d’identité. «J’ai volontiers obtempéré, assure l’étudiant à l’Institut biblique et théologique d’Orvin. Les deux agents ont lu mes papiers et m’ont prié de les accompagner au poste pour une fouille plus approfondie».
Une fois au poste, les policiers prient le jeune Togolais de se mettre à nu. Il refuse d’abord: «Je leur ai dit que je n’avais pas besoin d’être nu pour décliner mon identité! Puis le ton est monté, on m’a menacé alors j’ai enlevé mes habits», raconte-t-il encore choqué. Ils ont ensuite pris ses empreintes digitales. Après une heure de fouilles la police le relâche. «Les gendarmes m’ont dit que le contrôle était négatif, qu’ils m’avaient interpellé parce que mon nom de famille était le même qu’une personne recherchée et que je lui ressemblais un peu... Les agents ne pouvaient-ils pas se rendre compte déjà à la gare, grâce à mes papiers, que je n’étais pas celui qu’ils cherchaient?», s’interroge Elisée Lari Kolani.
«Je m’interroge sur la nécessité et la justification d’une telle fouille approfondie de mes vêtements et de ma personne. La police est-elle allée trop loin?» Loin de décrier le comportement des policiers «qui se sont montrés corrects», le jeune homme cherche à savoir si la procédure qu'il a subi était "normale".
"Suite à la lettre envoyée par le Elisée Lari Kolani, nous avons ouvert une enquête interne pour savoir si effectivement le contrôle avait été effectué normalement. Tant que l’enquête est en cours, je ne peux pas communiquer sur cette affaire», a expliqué le porte-parole de la police Olivier Cochet.

Un article du Journal du Jura

La Côte doit accueillir des requérants

Alors que Bex ou Vallorbe étouffent sous l’afflux de réfugiés, les communes de La Côte n’offrent pas une seule place d’accueil. Le conseiller d’Etat est venu leur rappeler le sens de la solidarité. Un Philippe Leuba est soucieux de répartir la population de requérants dans le canton afin d'éviter les tensions (Odile Meylan)article de Madeleine Schürch dans 24 Heures.
  Confronté depuis cet été à un nouvel afflux de requérants d’asile, provenant surtout d’Afri­que, le canton de Vaud se doit de trouver en urgence de nouvelles places d’accueil. Ses huit centres débordent, et les 85 places créées par voie de location d’apparte­ments ne résoudront pas le pro­blème à moyen terme. Le conseil­ler d’Etat Philippe Leuba a donc pris son bâton de pèlerin, hier, pour rappeler aux communes du district de Nyon qu’elle man­quaient à leur devoir de solida­rité en ne proposant aucune structure sur leur territoire.
Mauvaises excuses

  Alors que Lausanne, l’est et le nord du canton, notamment avec les centres de Bex et de Vallorbe, remplissent largement leur tâ­che, les communes de plus de 2000 habitants de La Côte ne font rien, bien que la loi les y oblige. Pourquoi? Parce que, dans cette région soumise à une forte pression démographique, le prix du terrain atteint des sommets et les bâtiments vides à louer sont plutôt rares, argumentent les autorités locales. «On n’arrive même pas à loger nos propres concitoyens», déplore le syndic de Bursinel, Pierre Burnier.
  Certes, mais le conseiller d’Etat est soucieux de répartir la population de requérants afin d’éviter les tensions dues à de trop fortes concentrations. Dans l’urgence, il pourrait obliger les villes, comme Nyon ou Morges, à ouvrir un abri de protection ci­vile. Pour le moyen terme, il a rappelé que le canton prenait en charge la construction d’un cen­tre de requérants d’asile et son exploitation, et qu’il suffirait de trouver un terrain, qu’une com­mune pourrait céder en droit de superficie. «Il faut avoir le cou­rage, même si c’est impopulaire, d’empoigner le problème», es­time le chef du Département de l’intérieur.
  Le syndic de Prangins, Hans Rudolf Kappeler, a rappelé que son projet de créer des pavillons modulaires avait reçu une fin de non-recevoir du canton, car il voulait confier sa gestion à une société privée. «On est prêt à faire quelque chose rapidement, mais il faudrait que l’Etat nous aide à déclasser un terrain, même provisoirement, pour pou­voir construire.» Une démarche qui semble d’avance compromise, d’autres projets ayant échoué à cause de l’impossibilité de chan­ger d’affectation. «La station fé­dérale agronomique de Changins a des locaux vides, pourquoi ne pas y installer des requérants?» a lancé le syndic de Coppet, Pierre­André Romanens. Au terme de la discussion, les syndics ont décidé de réactiver un groupe de travail pour dégager une solution.