Résumé de la prise de position de la FEPS (Fédération des églises protestantes de Suisse). Pour lire tout l'argumentaire de la FEPS (format .pdf).
Résumé de la prise de position de la FEPS (Fédération des églises protestantes de Suisse). Pour lire tout l'argumentaire de la FEPS (format .pdf).
L'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud s'exprime concernant l’initiative populaire fédérale et le contre-projet du Parlement à propos du renvoi des criminels étrangers. Pour les prises de position de l'EPER, le CSP Vaud et la FEPS, veuillez cliquer sur chaque nom.
L’EERV reconnaît à chaque citoyen la capacité de juger, en son âme et conscience, des sujets éthiques et politiques proposés lors de votations. C’est pourquoi, par cette prise de parole, elle cherche avant tout à mettre en évidence les questions de fond qu’elle discerne pour éclairer le débat actuel.
A quoi sert une peine ?
Combien souvent, dans le monde d’aujourd’hui, on voit, dans la peine infligée à un criminel, une punition ou, même, une sorte de rétribution. Nous sommes dans une vision très proche de la loi du Talion. Pourtant la justice sert-elle à rendre le mal pour le mal ? La bible, elle, cherche à se distancer de cette compréhension en invitant à trouver un moyen qui permette la reconnaissance du mal commis et qui pose les bases d’une vie ensemble, à nouveau possible. Chacun doit donc s’interroger sur la justice qu’il veut pour lui et pour les autres et, comme le fait remarquer la FEPS, sur la capacité qu’il attribue à l’Homme de changer et de se réconcilier. Dans le fond, c’est là-dessus que porte le débat.
Quels sont les devoirs d’une société face à l’étranger ?
Quand des votations abordent la thématique de l’étranger, il est nécessaire que chacun – et ce n’est pas simple ! – se demande quel est son rapport à la terre où il vit : une propriété ? un acquis ? un cadeau ? un jardin confié ? une étape ? … Autant d’interpellations qui obligent à un autre regard sur soi et, en cascade, sur son pays et sur tout étranger qui l’habite. Un choix de fond, là encore…
Et les devoirs d’une société face à un criminel ?
Et puis, troisième question, le criminel perd-il tout statut dès lors qu’il est condamné ? Les droits suisse et international ne le pensent pas. Combien cela est important puisqu’alors, aussi bourreau fût-il, le criminel peut devenir la proie, donc la victime d’actes de représailles ! L’histoire de Caïn éclaire avec force ce mécanisme humain : sans protection, il n’aurait pu refaire sa vie et être le fondateur d’une nouvelle civilisation. Dès lors, la question se pose bel et bien : jusqu’où va la responsabilité de la société envers ses criminels ?
Pour terminer, l’EERV aimerait relever la pertinence et l’intérêt que soulève le débat actuel : autant de questions de société qu’il s’agit de prendre à bras le corps. Elle craint pourtant que celles-là ne soient éclipsées par l’aspect stratégique de telles votations. Elle espère alors que les trois questions qu’elle relève ici permettent de discerner quelques enjeux de la problématique.
L'association « Moutons de Garde » est une initiative citoyenne créée en réaction aux dérapages d'une campagne d'affichage de 2007 liée à l'initiative prochainement soumise à votation populaire « Pour le renvoi des étrangers criminels ».
Depuis sa création, ce mouvement s'est engagé pour que les débats politiques cessent d'attiser la haine, la peur, le racisme ou la xénophobie. La mobilisation à laquelle vous avez participé a démontré que nous étions plusieurs dizaines de milliers à refuser une simplification à outrance qui ne cherche qu'à montrer du doigt des boucs émissaires. Nous restons convaincus que ce n'est pas en stigmatisant une frange de la population suisse et en accentuant les différences que l'on trouvera des solutions pour notre pays.
C'est pourquoi, dans la volonté de respecter les valeurs qui fondent notre mobilisation, nous vous invitons à rejeter l'initiative populaire « Pour le renvoi des étrangers criminels » ainsi que le contre-projet y relatif lors de la votation populaire du 28 novembre prochain.
Pour le comité des Moutons de Garde, Cristina Del Biaggio, Présidente
L'initiative «Pour le renvoi des étrangers criminels», qui passera en votation le 28 novembre, a donné lieu samedi à plusieurs manifestations… dont certaines originales.
A Genève et Lausanne, respectivement 300 et 500 personnes - surtout des jeunes - ont défilé samedi après-midi dans les rues pour dénoncer le caractère discriminatoire et raciste de l'initiative. Ces manifestations s'inscrivaient dans le cadre de la journée nationale d'action contre les deux projets soumis au peuple le 28 novembre.
Dans la ville du bout du lac, des manifestants ont interprété une scène de théâtre parodique pour fustiger la politique migratoire de la Suisse. Le rassemblement était organisé par la coordination genevoise contre l'exclusion et la xénophobie. Des représentants de la gauche et des syndicats étaient présents. Un peu plus tôt dans l'après-midi, le mouvement United Black Sheep - une coalition de jeunes de gauche antiracistes - avait organisé un autre cortège.
A Lausanne, le défilé réuni à l'appel du Mouvement de lutte contre le racisme (MLCR), a sillonné le centre-ville. Le patineur Stéphane Lambiel figurait en tête du cortège. A Berne, des opposants à l'initiative et au contre-projet ont également plaidé pour un double non le 28 novembre. Avec des centaines de chaussures usagées, ils ont formé le slogan «2x Nein» sur les dalles de la Place fédérale. Mais c'est surtout une mise en scène satirique montrant les renvois d'étrangers, avec containers et brassards à l'appui, qui a marqué. La parodie était organisée par un artiste zurichois qui faisait mine de prôner le «oui». Certains spectateurs se sont montrés irrités par ce jeu de rue apparemment un peu trop provocateur…
Dans l’autre camp, l'Union démocratique du Centre (UDC, droite conservatrice) a organisé à Oerlikon (Zurich) un débat opposant l’ex-ministre Christoph Blocher au député Vert Daniel Vischer. Plus de 1000 personnes, essentiellement des sympathisants de l'UDC, ont assisté à la discussion. A la fin, les participants sont sortis pour un lâcher de ballons frappés de… moutons noirs.
swissinfo.ch et les agences
Lire la suite de cet article de Simon Hehli dans le Blick
Ausländer markieren, sammeln, ausschaffen
Der 47-jährige Alois B. Stocher trägt Anzug und Krawatte, Schnauz und Seitenscheitel. Er hat in Beirut Militärwissenschaften und Ethik studiert. Und er ist Geschäftsführer der «Organisation zur Lösung der Ausländerfrage» (Olaf ). Auf der Webseite Volksbefreiung.ch wirbt der bekennende SVP-Fan für die sofortige Ausschaffung von Ausländern. Denn von diesen hält er nichts: «Jeder Ausländer in der Schweiz ist ein Ausländer zu viel!»
Sein «Lösungsmodell» ist in drei Phasen unterteilt: «1. Markierung». Nicht nur der kriminelle, sondern jeder Ausländer stelle eine potenzielle Gefahr für die Schweizer Bevölkerung dar, schreibt Stocher. Deshalb habe Olaf «spezielle Armbinden produziert, mit denen sämtliche Ausländer markiert werden sollen». «2. Sammlung».
Nachdem alle Ausländer markiert sind, will Stocher sie in speziellen Hallen «zwischenlagern und für ihren Abtransport in ihre Herkunftsländer» vorbereiten. «3. Ausschaffung». Zuletzt sollen die Ausländer, so Stochers Idee, in Container verfrachtet und per Zug ausser Landes gebracht werden.
Lire la suite de cet article de Simone Rau paru dans la BernerZeitung
In den Container – und weg
Hochexplosiv wie Zweikomponentensprengstoff präsentierte sich am Samstagnachmittag die Lage auf dem Bundesplatz: Die eine Platzhälfte beanspruchte das Komitee, das mit einer vorwiegend von Kulturbeiträgen geprägten Veranstaltung für ein doppeltes Nein zu Ausschaffungsinitiative und Gegenvorschlag warb. So mit Schuhpaaren, die mit Klebebändern mit der Aufschrift «Ausgeschafft« umwickelt waren. Bei beiden Vorlagen handle es sich um ein und dasselbe Paar Schuhe, so die Aktivisten.
L'initiative de l'UDC «pour le renvoi des étrangers criminels» a donné lieu samedi à plusieurs manifestations des deux camps, dont certaines originales. A Berne, un artiste a mis en scène de façon satirique des expulsions tandis qu'à Zurich, les partisans ont lâché 1500 ballons.
A Genève et Lausanne, respectivement 300 et 500 personnes - surtout des jeunes - ont défilé samedi après-midi dans les rues pour dénoncer le caractère discriminatoire et raciste de l'initiative. A Berne, des opposants à l'initiative et au contre-projet ont également plaidé pour un double non le 28 novembre.
Avec des centaines de chaussures usagées, ils ont formé le slogan «2x Nein» sur les dalles de la place Fédérale. A Lausanne, le défilé réuni à l'appel du Mouvement de lutte contre le racisme (MLCR) a sillonné le centre-ville. Le patineur Stéphane Lambiel figurait en tête du cortège, a noté une journaliste de l'ATS.
Mais c'est surtout une mise en scène satirique montrant les renvois d'étrangers, avec containers et brassards à l'appui, qui a marqué. La parodie était organisée par un artiste zurichois, Alois Stocher (pseudonyme), qui faisait mine de prôner le «oui». Certains spectateurs se sont montrés irrités par ce jeu de rue apparemment un peu trop provocateur.
L'UDC a organisé pour sa part un débat opposant un des vice-présidents de l'UDC Christoph Blocher au conseiller national Daniel Vischer (Verts/ZH). Plus de 1000 personnes, essentiellement des sympathisants de l'UDC, ont assisté à la discussion à Oerlikon (ZH). A la fin, les participants sont sortis pour un lâcher de ballons frappés de moutons noirs.
ATS relayée par le Nouvelliste
Trois interviews dans la presse dominicale et un débat sur le plateau d’Arena vendredi soir: Simonetta Sommaruga a donné de la voix ce week-end pour défendre le contre-projet du Conseil fédéral à l’initiative de l’UDC visant le renvoi quasi automatique des délinquants étrangers.
Entrée en fonction il y a un mois, la conseillère fédérale chargée du Département de justice et police (DFJP) se mobilise d’autant plus qu’elle est pour l’instant assez seule à le faire, à part les mouvements de gauche traditionnels. Dans Sonntag et la NZZ am Sonntag, elle s’en prend au silence des milieux d’affaires: «Pourquoi aucun responsable ne prend-il la parole pour dire que l’initiative peut créer des problèmes pour l’économie?» Croire que ce vote sur un sujet de société ne les concerne pas est «une grosse erreur», ajoute-t-elle.
L’autre nouvel élu du Conseil fédéral, Johann Schneider-Ammann, s’est très peu manifesté jusqu’ici. «Il m’a promis qu’il va aussi s’engager, déclare Simonetta Sommaruga à Sonntag. Comme ex-entrepreneur, il est crédible et peut bien expliquer en quoi l’initiative sur le renvoi a une composante économique.»
Un débat houleux
S’il fallait encore une preuve que le thème a aussi une forte composante émotionnelle, le débat télévisé de vendredi soir opposant la conseillère fédérale socialiste au conseiller national Adrian Amstutz (UDC/BE) l’a montré sur le plateau d’Arena. Simonetta Sommaruga ayant reproché à Adrian Amstutz sa manière très carrée de faire de la politique, celui-ci a rétorqué en traitant la conseillère fédérale de menteuse.
Par ailleurs, la cheffe du DFJP a déclaré dans la SonntagsZeitung que l’intégration scolaire des enfants étrangers doit «se faire de manière complète». Les élèves «doivent suivre toutes les branches»; les dispenses de cours de natation, par exemple, «ne doivent plus être possibles». Par ailleurs, «nous devons obliger les immigrés à parler notre langue si cela est nécessaire», ajoute Simonetta Sommaruga. La délivrance ou le maintien du permis de séjour pourrait être soumis au respect de ces règles. «Ce n’est pas seulement un moyen de pression, il est dans l’intérêt de tous que les gens vivant ici soient indépendants», conclut-elle.
Jean-Claude Péclet dans le Temps
Trois courriers de lecteurs concernant l'initiative pour le renvoi des criminels étrangers, paru dans 24 Heures.
La revanche du peuple
Une initiative contraire au droit international, inapplicable, qui exposerait notre pays aux pires représailles? On a déjà essayé de le faire croire aux Suisses. Ceux-ci ont toutefois compris que par là, on essayait de les empêcher de parler vrai d’un vrai problème, en l’occurrence l’islam. A une majorité mémorable, ils ont donc plébiscité l’interdiction des minarets et montré au monde entier leur volonté de rester libres face aux pressions réelles ou imaginaires.
Mais manifestement, le message n’a pas passé. Ça recommence. Ainsi, notre ministre des Affaires étrangères, Mme Calmy-Rey, à l’étranger (c’est un comble), fait part de ses «doutes» sur une éventuelle application de l’initiative UDC sur le renvoi des étrangers criminels. Elle regrette l’absence d’une censure préalable des initiatives (car c’est bien de censure qu’il s’agirait), soutenant qu’on se «fiche» des Suisses en les laissant voter sur un tel texte.
Mais ceux qui se fichent des Suisses, ne sont-ce pas justement tous ces censeurs qui veulent les empêcher de dire ce qu’ils pensent sur les vrais problèmes, sur certaines réalités de l’immigration et sur la montée de la criminalité étrangère? Ne sont-ce pas ceux qui veulent nous faire croire que nous, Suisses, ne sommes plus libres de décider seuls de notre destin et en particulier du sort que méritent les criminels étrangers?
Le 28 novembre, le peuple dont on se moque ainsi a une nouvelle occasion de prendre sa revanche sur ceux qui veulent l’empêcher de parler.
Jean-Luc Addor, Savièse
Le dialogue est la force d’une vraie démocratie
Mme Ada Marra, conseillère nationale socialiste, considère que le parti UDC traite les étrangers d’animaux (24 heures du 29 octobre)! Comment peut-on en arriver là dans un débat qui va certainement être utile à notre démocratie (je considère que le dialogue sera toujours la force d’une vraie démocratie, même avec ceux qui ont le droit de ne pas penser comme nous). Et là, heureusement que la Suisse, par l’influence de l’UDC, a déjà pu dire aux Européens que l’on peut voir les choses différemment. Pour le sujet qui nous intéresse, je pense que l’occasion est bienvenue pour dire que: «Oui amen!» à ces gens de Bruxelles est une situation dépassée, que la sécurité de la population est une priorité pour notre démocratie, et que les droits de l’homme doivent s’accompagner de plusieurs devoirs, dont celui du respect d’autrui!
Gilbert Fiaux, Hermenches
Contraire aux droits de l’homme
Je souhaite vous parler de Julien S. C’est un garçon suisse comme sa maman. Il est très triste de voir partout en ville une vilaine photo de son papa Yvan S. Julien et sa maman continuent de l’aimer, même s’il a fait une grosse bêtise une fois. Ils lui rendent visite toutes les semaines en prison et ils attendent avec impatience son retour à la maison. Mais Julien a peur car sa maman devra sans doute choisir entre partir avec lui vers un pays étranger ou se séparer de son cher papa. L’initiative pour le renvoi systématique des étrangers est contraire à la Convention pour les droits de l’enfant.
Je désire aussi vous parler de Ricardo. Au moment du décès de son papa, sa maman a dû solliciter l’aide sociale et remplir divers formulaires compliqués. Elle ne sait pas lire le français alors c’est Ricardo qui l’a aidée, même s’il n’a que 10 ans. Ils ont fait des erreurs et ont reçu un peu d’argent en trop. Elle a été punie et s’efforce de tout rembourser. Mais ils ont peur car ils devront quitter la Suisse même s’ils n’ont rien fait de grave. L’initiative sur le renvoi systématique des étrangers ne connaît aucune proportionnalité entre la faute commise et la décision de renvoi. Elle est donc contraire à la Convention européenne des droits de l’homme.
Et je ne peux m’empêcher de penser à Aliouchka, qui souffre en même temps du cancer et du sida. Elle reconnaît qu’elle a commis des bêtises en vendant de la drogue et elle sera bientôt jugée. Mais ce dont elle a le plus peur, c’est de son renvoi car dans son pays, elle n’a aucune chance d’obtenir les médicaments dont elle a besoin. L’initiative sur le renvoi des étrangers criminels ne permet aucune exception pour motif humanitaire, même lorsque le renvoi signifie une mort à relativement court terme. Dans sa rigueur, elle est contraire aux droits de l’homme.
Hélène Campiche Chapatte, Lausanne
Un foyer genevois pour demandeurs d’asile a été le théâtre d’une bagarre générale. Coup de couteau et défenestration.
Les cris sont partis du 2e étage du foyer du Lagnon, à Bernex (GE). Il est 10 h 30, hier matin, et un conflit vient de s’engager. Un groupe de Géorgiens d’un côté, un groupe d’Africains de l’autre. Dix contre dix. La tension monte, le différend verbal prend une tournure physique. La bagarre éclate dans le couloir, non loin de la cuisine. Des coups de poing d’abord, puis de couteau et de ciseaux; plus tard, à l’extérieur, de barre de fer. Un homme se défenestre pour échapper à ses poursuivants. Il se brisera les cervicales dans sa chute. D’autres dévalent l’escalier.
La bagarre de réfectoire se transforme en bataille rangée sur l’esplanade du foyer. C’est alors que la police intervient. Une patrouille n’y suffit pas. Huit autres viennent en renfort. Déploiement à la mesure de la réquisition (une vingtaine de gendarmes et d’inspecteurs de la PJ). L’urgence est triple: séparer les deux groupes, sécuriser les lieux et porter secours aux blessés. Deux le sont grièvement. Un homme gît dans son sang, il a reçu un coup de couteau dans le dos.
Hélicoptère dépêché
Les pompiers de la ville de Genève et de l’aéroport envoient leurs ambulances, les HUG leur hélicoptère. Il se pose peu avant midi sur le parking, repart avec son blessé. Un poste médical avancé est aussi installé dans la cour de l’Hôpital de Loëx. Trois heures après le déclenchement des opérations de secours, la police est toujours sur les dents. Elle a procédé à des interpellations.
A 13 h 30, le calme est revenu aux abords du foyer. A l’intérieur, on lave les sols maculés de sang et on compte les absents. Un ressortissant marocain a assisté aux événements. Il n’est pas surpris: «C’était prévisible depuis des mois», explique-t-il, d’une voix qui n’a rien de belliqueux, avant de décrire la scène qui est peut-être au départ de la bagarre: «Deux Géorgiens s’en sont pris à un Africain. Ils le tenaient par le cou, le menaçaient avec un couteau. Les choses ont alors dégénéré, jusqu’au moment où la police est arrivée.»
Trafic de drogue
Ce n’est pas la première fois que la police intervient à cette adresse. Elle y descend souvent au petit matin pour des affaires de drogue et de matériel volé. Du deal est organisé dans les murs du foyer entre certains ressortissants africains et géorgiens. L’objet du vol se transforme en objet de troc: un appareil électronique contre une dose. A en croire les requérants d’asile interrogés hier, ces contre-affaires peuvent à tout moment déboucher sur des désaccords qui se règlent dans le sang. Selon la police, les «causes de la bagarre ne sont pas encore connues».
Thierry Mertenat dans 24 Heures
Un fait rare et «très violent»
«Des conflits, parfois des bagarres, il y en a forcément de temps en temps. Mais là, c’était très violent. Il semble que deux groupes de dix personnes sont impliqués.» Balthazar Staehelin, directeur de l’Aide aux requérants d’asile à l’Hospice général, ne se rappelle pas lui-même avoir vécu une situation similaire.
Le foyer du Lagnon accueille une centaine de requérants d’asile (tous des hommes) dans des chambres de deux à quatre personnes. L’ensemble des résidents n’a pas été impliqué et le personnel n’a pas été agressé, souligne Balthazar Staehelin. «Le calme est revenu dans l’après-midi et le foyer fonctionne à nouveau.»
Si, la semaine en journée, ce sont des collaborateurs de l’Hospice qui travaillent au foyer, la nuit et le week-end, un agent de Protectas est sur place. «En cas de problème, il appelle immédiatement la patrouille volante de sa société et, si nécessaire, les forces de l’ordre, ajoute le directeur. C’est ce qui s’est passé dimanche matin. L’intervention a été rapide.»
Balthazar Staehelin reconnaît que la gestion des foyers est délicate. Tout est fait pour que des groupes entre lesquels il y a des tensions ne soient pas mélangés. Mais il est impossible qu’ils ne se croisent pas dans les locaux communs. «Nous cherchons à offrir des conditions de logement décentes, conclut-il. Sans pouvoir assurer qu’il n’y aura jamais de rixe.»
Eric Budry dans 24 Heures
Dans la rubrique Opinions de 24 Heures, deux personnalités s'expriment sur l'initiative pour un renvoi systématique des criminels étrangers: Béatrice Métraux, députée et vice-présidente des Verts vaudois et Catherine Labouchère, députée et présidente du Parti libéral vaudois.
"Assumons notre prospérité et notre multiculturalité"
Il y a de la tragédie grecque dans le vote du 28 novembre prochain. La tragédie grecque renvoie l’homme à un dilemme. Le héros est pris au piège, il doit accomplir un acte déterminé et en assumer toutes les conséquences, y compris la mort. La Suisse devra-t-elle assumer les conséquences de son choix, vivre (encore) une crise interne, légiférer plus durement et subir l’opprobre international, en cas de victoire de l’initiative de l’UDC?
Je refuse ce destin, je ne veux pas être l’auteure d’une tragédie, raison pour laquelle je voterai non à l’initiative UDC et non au contre-projet.
En effet, si nous étions un peuple véritablement responsable, nous devrions assumer nos choix d’il y a quelques décennies: le développement économique aidant, l’industrie, le commerce et l’agriculture ont largement fait appel à la main-d’œuvre européenne, en particulier du sud-est du continent, moins chère, corvéable. Certaines communautés sont présentes en Suisse depuis quatre générations, elles ont travaillé à la réussite et au bien-être de notre pays. Les enfants ne parlent même plus la langue de leurs ancêtres. Renvoyer l’un ou l’autre parce qu’il dérape est tout simplement inconcevable. Nous sommes devenus une nation multiculturelle, qu’on le veuille ou non. Assumons!
Inutile de revenir sur les arguments juridiques maintes fois développés pour refuser ces textes: non-respect du droit international, non-respect du principe de proportionnalité, non-respect du principe d’individualisation de la peine et du principe de non-refoulement, violation du droit à une vie privée et familiale.
Néanmoins, deux points me semblent importants dans ce débat. Espérer une baisse de la criminalité en renvoyant des personnes de nationalité étrangère relève de la pure utopie: selon une étude d’André Kuhn, criminologue à l’Université de Lausanne, les éléments déterminants en matière de criminalité sont (dans l’ordre): le sexe, l’âge, la catégorie socio-économique, le niveau de formation. Le critère de la nationalité n’est pas déterminant. Alors, agissons en amont sur les conditions de vie, de formation des catégories vulnérables. Assurons la cohésion sociale et non l’expulsion générale.
Soyons aussi moins naïfs, plus répressifs, à l’instar du canton de Vaud; oui, j’ose cette pensée, car je ne suis pas angélique. Il m’apparaît trompeur de prétendre agir en faveur d’une baisse de la criminalité sans proposer aucune mesure pour la prévenir et l’empêcher. Les criminels doivent être poursuivis et punis. Il faut redonner du sens au service public, octroyer à la police et à la justice les moyens d’agir dans le cadre légal existant, sans oublier la prévention.
Il nous appartient désormais d’affronter notre destin: ne laissons pas passer ces textes iniques. Mais pour sauver la cité in extremis, il ne faudra pas hésiter à répondre à la question subsidiaire en préférant le contre-projet.
"Il est essentiel de privilégier la cohérence et l’intégration"
Disons-le haut et fort, l’initiative sur le renvoi des étrangers est inacceptable. Partiale, non conforme au droit international et inapplicable quand il n’y a pas d’accord de réadmission, elle ne résout en rien le questionne-ment justifié des citoyennes et citoyens face à des actes violents, criminels et abusifs. Ces interrogations nécessitent des réponses claires et sans ambiguïté.
Maintenant, nous sommes au pied du mur. Plus question de tergiverser. Les criminels étrangers doivent pouvoir être renvoyés, non pas systématiquement mais en cohérence avec les principes d’un Etat de droit. En cela, le contre-projet est une réponse adéquate à ce que nos concitoyens attendent. Il prend en compte plus de trente infractions graves (davantage que l’initiative), évalue les conséquences des renvois, et introduit des mesures préventives en accentuant celles d’intégration.
Depuis plus de soixante ans, l’Europe occidentale vit en paix, fait rarissime dans l’histoire. Cette paix a permis à la démocratie de déployer des effets très positifs. Citons, entre autres, une organisation sociale performante et solidaire, une économie florissante, la sécurité civile et la paix du travail. Globalement, on vit mieux et plus longtemps qu’avant. Pourtant, au tournant du millénaire, des lézardes sont apparues (crise du logement, dette en augmentation, chômage), créant incertitudes et angoisses. Au fil des années, ces sentiments se sont transformés en peur.
Un constat s’impose: la globalisation a engendré une mobilité économique attirant une foule de personnes en quête de travail et de conditions de vie plus attractives. Le choc des cultures a attisé la méfiance vis-à-vis des étrangers, liée à une incompréhension de leur mode de vie.
Dans notre pays, les signes avant-coureurs de cette crainte ont été les initiatives Schwarzenbach, à la fin des années 1960. Nous n’avons pas vraiment su apprendre de cette crise, mais continué à chercher des solutions sans avoir le courage de traiter le problème jusqu’au fond.
Le contre-projet a le mérite d’apporter une réponse ferme aux craintes des gens, contrairement au statu quo, vu comme une esquive et donnant le sentiment que les peurs sont ignorées.
Toutefois, résoudre durablement la question, c’est ne pas s’arrêter là, et rapidement entreprendre des réformes législatives, tant pénales que civiles. Pour cela, il faut du courage, de la ténacité et de la fermeté. D’études en projets, de consultations en recours, nous manquons trop souvent de pugnacité pour entreprendre des changements indispensables afin de répondre aux problèmes de société. Dès lors, il n’est pas étonnant qu’on nous accuse de lâcheté, et que cela provoque des réactions exacerbées, simplistes et, disons-le, souvent populistes. Il est grand temps d’en prendre la mesure.
Refusons l’initiative, acceptons le contre-projet et mettons rapidement des réformes législatives en chantier.
24 Heures. Photos: Patrick Martin