Intégration - La régularisation de Musa Selimi, un Kosovar installé à
Genève depuis dix-huit ans, se heurte à l'intransigeance de l'Office
fédéral des migrations.
Son degré d'intégration devrait faire la fierté de l'Office fédéral des
migrations (ODM). Au lieu de cela, Musa Selimi, un Kosovar de 38 ans
installé à Genève, vient de perdre un nouveau recours contre le refus de
toute régularisation signifié par Berne[1]. «C'est la troisième fois que
je reçois une telle réponse en guise de cadeau de Noël», se désole-t-il.
Arrivé sans permis en 1990, rejoint par sa femme et ses enfants en 2005,
cet employé dans la restauration se heurte à l'intransigeance fédérale.
Cheville ouvrière de leur réseau, Henriette Stebler –institutrice et
élue d'A gauche toute à Carouge– avoue ne pas comprendre «l'intérêt de
les renvoyer». Pour l'heure, aucune date de départ n'a toutefois été fixée.
L'arrêt du Tribunal administratif fédéral lui est parvenu au début du
mois. Pour les juges, il n'y a aucune raison de reconsidérer la décision
négative: l'avenir de Musa Selimi est au Kosovo. Le fait que désormais
sa fille et son fils (8 et 6 ans) soient scolarisés à Carouge et que sa
femme dispose comme lui d'une autorisation provisoire de travail
délivrée par l'Office cantonal de la population n'a rien changé. La
Haute Cour se montre au contraire sévère avec le Kosovar, en rappelant
ses multiples infractions à la loi sur les étrangers...
Ces dernières années, les Selimi ont bénéficié d'une vague de soutien.
Outre le canton, qui a préavisé favorablement sur la régularisation, le
Conseil municipal carougeois a voté en novembre 2007 une résolution de
solidarité. L'employeur de Musa et de nombreux clients de la fameuse
pizzeria où il travaille lui ont offert leur aide.
Aux yeux de la conseillère nationale Maria Roth-Bernasconi, l'espoir est
toutefois permis. D'abord parce que le père de famille rentrerait dans
la catégorie des «cas de rigueur» qui peuvent prétendre à un permis, tel
que le prévoit la nouvelle loi sur les étrangers. «Je vais reprendre
contact avec le directeur de l'ODM», a indiqué la socialiste, qui suit
le dossier. Ensuite parce que la demande de papiers déposée par sa femme
et ses enfants pourrait, en cas d'acceptation, lui ouvrir la voie à
un... regroupement familial. Un comble pour Musa, qui a passé la moitié
de sa vie sur sol helvétique et parle trois langues nationales.
Quoi qu'il en soit, l'homme n'imagine pas sa vie ailleurs qu'à Genève.
«J'ai bientôt 40 ans, je ne peux pas tout recommencer maintenant», lâche
Musa. I
Note : [1] Le Courrier du 27 novembre 2007.