samedi 14 novembre 2009

Réfugiés: des ONG veulent dresser un camp à Bruxelles

Plusieurs associations mettent le gouvernement devant ses responsabilités: si rien n'est fait rapidement pour accueillir les demandeurs d'asile, c'est tout simplement un camp de réfugiés que ces associations dresseront au cœur de la capitale.

Le CIRE, Médecins sans frontières, Médecins du monde et Caritas ne décolèrent pas. 900 demandeurs d'asile sont à la rue, il y a urgence.

Ces 900 demandeurs d'asile doivent en principe être pris en charge et accueillis dans des structures par Fedasil. Mais Fedasil croule sous les demandes et les places manquent cruellement. Les solutions imaginées par le gouvernement ne seront opérationnelles qu'en juin prochain. Résultat: aujourd'hui déjà 1300 demandeurs d'asile sont accueillis dans des hôtels, dans des conditions qui ne sont pas tenables et sans l'accompagnement que la loi leur confère pourtant.

Pire, 900 personnes aujourd'hui ont tout simplement été renvoyées à la rue. Cela est inacceptable pour toutes ces associations. D'autant que la situation dure depuis des mois et des mois, sans que des solutions ne soient mises en place pour accueillir ces personnes comme le prévoit la loi.

Depuis des mois ces associations interpellent les ministres. Des solutions ont même été proposées, comme héberger temporairement ces candidats réfugiés dans des containers, en attendant que des places nouvelles se créent dans des bâtiments comme des casernes, par exemple -des sites ont même été identifiés. Mais rien ne bouge: l'hiver approche, le froid est déjà là.

Aujourd'hui ces associations menacent de dresser un camp de réfugiés au cœur de Bruxelles, capitale européenne, pour répondre à une situation d'urgence, comme c'est le cas dans les situations de guerre ou de catastrophe naturelle.

M.-P. Jeunehomme pour RTBF Info

Les autorités autrichiennes veulent combattre l'"abus"du droit d'asile

Arigona ZogajArigona Zogaj s'est vu refuser l'asile en Autriche. Jeudi 12 novembre, la jeune Kosovare, âgée de 17 ans, a appris qu'elle serait expulsée du territoire autrichien, où elle est arrivée en 2002, et devra regagner son pays d'origine en compagnie de sa mère et de deux de ses frères et soeurs.

Un mois après l'adoption, par le Parlement autrichien, d'une loi plus restrictive sur le droit d'asile, le "cas Zogaj" (prononcez Tzogaï) est un exemple. Pour la droite et l'extrême droite, il faut dissuader les abus commis par des étrangers qui cherchent à s'installer dans un pays prospère, en se faisant passer pour des réfugiés persécutés. Aux yeux de la gauche, des Verts et d'une partie de l'église catholique, cette affaire pâtit du climat xénophobe qui s'est renforcé depuis quinze ans en Autriche, sous la pression constante des forces d'extrême droite et de leurs relais dans la presse populaire.

Lire cet article du Monde

Le premier ministre britannique s'engage à freiner l'immigration

Pour la première fois depuis qu'il est entré au 10 Downing Street, Gordon Brown s'est longuement exprimé, jeudi 12 novembre, sur l'immigration. "Oui, j'ai compris", a-t-il dit à ceux qui le pressent de se saisir du sujet depuis deux ans et demi, et plus encore depuis que l'économie est entrée en récession. L'immigration ne doit pas être un thème "tabou", s'en préoccuper n'est pas synonyme de "racisme", a-t-il lancé. Alors que tous les sondages le donnent perdant, face au conservateur David Cameron, aux élections législatives prévues d'ici à l'an 2010, le premier ministre veut reconquérir cet électorat traditionnel du Labour qui ne lui donne plus sa voix.

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Les pro-minarets contre-attaquent

Des jeunes de tous partis défilent ce matin à Lausanne avec un faux minaret

Ludovic Rocchi - le 13 novembre 2009, 22h48
Le Matin

13 commentaires

Les partisans de l'initiative antiminarets n'ont pas le monopole de la provocation, que ce soit par voie d'affiches ou en diffusant de faux appels de muezzin dans les rues («Le Matin» de jeudi). Le camp des défenseurs de la liberté religieuse va aussi faire fort ce matin à Lausanne. A l'heure du marché, des militants vont défiler avec un faux minaret de 2 mètres de haut et distribuer des tracts dénonçant «les sept délires capitaux des initiants».

«Notre action vise à dénoncer les dérapages»

Le coup est monté par des jeunes de tous les partis, sauf l'UDC, qui se sont regroupés sous la bannière d'un site internet: Libertereligieuse.ch. Ils y développent leur propre affiche, où clochers et minarets pointent tous en rose dans le ciel. Le défilé de ce matin ne risque-t-il pas d'être contre-productif, en utilisant l'arme de la provocation dans un débat aussi sensible? «Non, notre action vise justement à dénoncer les dérapages - les délires - de la campagne. Et ils sont le fait des initiants», se défend Philippe Nantermod, vice-président des Jeunes libéraux-radicaux. Il fait partie des membres fondateurs de Liberté religieuse, qui regroupe déjà plus de 350 membres, essentiellement des jeunes gens issus de tous les bords politiques et religieux.

«Un comité de votation aussi unanime et massif est rare, ajoute Philippe Nantermod. Et, nous, nous ne sommes pas des pompiers pyromanes comme nos adversaires. L'un d'eux va finir par obliger son épouse à porter la burqa jusqu'au vote du 29 novembre, histoire d'inventer un nouveau faux problème!» Le ton est donné

A 17 ans, il est expulsé, tout seul, vers l’Italie


ASILE | Elève à Lausanne, un adolescent somalien s’est envolé hier matin vers l’Italie. Il est le premier du canton à faire les frais des Accords de Dublin, qui permettent de renvoyer des requérants vers un Etat de l’UE. Même s’ils sont mineurs et sans famille.

Classe d’Etienne Corbaz, à l’Opti de Lausanne
© VALDEMAR VERISSIMO | ​Dans la classe d’Etienne Corbaz, à l’Opti de Lausanne, l’ambiance est sinistre.

Sarah Bourquenoud | 14.11.2009 | 00:05

Dans la classe d’Etienne Corbaz, c’est la désolation. Jeudi matin, les élèves de l’Opti (Office de perfectionnement scolaire de transition et d’insertion) de Lausanne n’ont pas vu arriver leur camarade Abdirashid, comme tous les jours depuis la rentrée scolaire. Leur enseignant a appris par téléphone que l’élève était en route pour Zurich, où l’attendait un avion pour l’expulser de Suisse.

L’adolescent était hébergé depuis janvier à Lausanne, dans un foyer de l’EVAM (établissement vaudois d’accueil des migrants). Une maison qui accueille les requérants mineurs, arrivés en Suisse sans famille. Hier matin, il a été mis dans un avion de ligne, direction l’Italie, premier pays d’Europe où il avait posé le pied. A charge de ce pays, ensuite, de statuer sur son sort. Un processus réglementé par les Accords de Dublin, entrés en vigueur en décembre 2008. Tant que le pays de renvoi est membre de l’Union européenne, et signataire de la convention des droits de l’enfant, les accords ne prévoient pas de distinction entre les adultes et les mineurs.

«Inhumain»
A ses camarades de classe, le jeune requérant avait confié sa peur d’un retour vers l’Italie. «Les conditions pour les requérants sont épouvantables là-bas. Il craignait énormément ce renvoi, affirmant qu’il aurait moins peur de retourner en Somalie», raconte Etienne Corbaz. Car Abdirashid, qui a fui seul la Somalie en guerre en 2008, a passé des mois à errer à travers l’Italie. L’aide aux requérants y serait quasi inexistante, et beaucoup en seraient réduits à faire la queue devant les églises pour manger.

Débarqué sur le sol vaudois en janvier 2009, le jeune homme espérait un meilleur avenir en Suisse. «Il est très travailleur et motivé. On aurait pu le laisser finir cette formation, qui n’aurait pas coûté beaucoup plus cher que la procédure de renvoi», réagit Etienne Corbaz. Responsable des classes d’accueil de l’Opti, il estime «outrageant et inhumain que l’on puisse renvoyer ainsi un mineur dans un cadre légal». Depuis jeudi, il n’a eu aucune nouvelle de son élève.

Huit jeunes menacés
Du côté de l’EVAM, le directeur, Pierre Imhof, ne peut que confirmer le renvoi de l’adolescent. «C’est le premier du canton depuis les Accords de Dublin. Un autre jeune aurait dû être expulsé en juillet, mais il s’est enfui dans la nature quand la police est venue le chercher», rapporte-t-il. A l’heure actuelle, l’EVAM héberge 48 mineurs qui sont arrivés seuls en Suisse. Une procédure de renvoi est engagée contre 8 d’entre deux. «Lors de l’arrivée d’un mineur, le canton l’annonce à Berne, à l’Office de Dublin, qui transmet l’information au pays de provenance. Ce dernier a deux mois pour répondre. La Suisse doit ensuite organiser le retour dans un délai de six mois», explique Pierre Imhof.

A l’école que fréquentait Abdirashid, à Lausanne, une douzaine de jeunes pourraient voir leur situation se terminer de la même manière. «Quand ils ont appris le renvoi de leur camarade, certains ont dit: «Le prochain, ce sera moi.» Ils sont bouleversés», confie Etienne Corbaz.


«Le canton n’a pas son mot à dire»

INTERVIEW EXPRESS DE PHILIPPE LEUBA (Crédit photo: Gérald Bosshard), CONSEILLER D’ETAT

– Le canton aurait-il pu éviter l’expulsion de ce mineur?
– Non, le canton n’a aucune marge de manœuvre. Nous ne sommes compétents que pour les demandes de régularisation à titre humanitaire, pour les gens qui sont ici depuis au moins cinq ans. Les Accords de Dublin sont des procédures rapides pour éviter des drames humains, où les gens prennent racine avant d’être renvoyés. Dans ce cas précis, la Suisse avait jusqu’au 26 novembre pour renvoyer ce jeune vers l’Italie: après, la seule solution aurait été le retour en Somalie.

– Mais l’Italie ne va-t-elle pas justement renvoyer ce requérant dans son pays d’origine?
– Aucun élément ne permet de le dire. Je ne connais pas le dossier, et je ne sais pas s’il obtiendra l’asile. Mais regardez l’affaire de Fahad Khammas, expulsé vers la Suède. Il y est toujours, et n’a pas été renvoyé en Irak, comme beaucoup le craignaient.

– Huit jeunes mineurs seraient menacés d’un renvoi dans le canton. Est-ce justifiable sur un plan humanitaire?
– Je ne peux pas confirmer ce chiffre. Humainement, ces cas sont très douloureux. Le canton de Vaud ne peut agir que pour les régularisations humanitaires, et nous sommes l’un des trois cantons qui transmettent le plus de demandes.

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