lundi 28 avril 2008

Le père expulsé en Azerbaïdjan, la mère en Arménie, les enfants coupés en deux ?

25/04/2008 - http://sanspapiers.blogs.liberation.fr/sans_papiers/2008/04/le-pre-expuls-e.html

Le père expulsé en Azerbaïdjan, la mère en Arménie, les enfants coupés en deux ?

M. Ali Hassanov et son épouse Thermine Martirossian, jeune couple de moins de trente ans, ont cherché en France l’asile qu’aucun pays proche du leur ne leur a offert : victimes d’un conflit ethnico-religieux (il est azerbaïdjanais, elle est arménienne), ils ont traversé l’Arménie, l’Ukraine, la Russie, cherchant un endroit où élever leur petite famille, leur fille Anna et leur fils Gagik. Comme ils étaient indésirables en ces lieux, ils ont choisi la France qui leur a paru comme un pays accueillant et protecteur. Ce qui était vrai il y a quelques années ne l’était déjà plus lorsqu’ils sont arrivés en février 2005.

La préfecture de Pau connaît bien cette famille : déjà en juin 2006, alors que l’OFPRA et la Commission de recours des réfugiés avaient refusé leur demande d’asile, une demande de régularisation grâce à la fameuse circulaire Sarkozy avait été déposée… et refusée !

Dans le même temps la famille demandait un réexamen de ses dossiers auprès de ce qui est devenu la commission nationale du droit d’asile. A ce jour, presque deux ans plus tard, la famille est toujours dans l’attente d’une convocation.

Ce mercredi matin 24 avril, Anna, 8 ans, et Gagik, 5 ans, dormaient paisiblement. À 6h du matin, la police aux frontières est venue les arrêter, avec leurs parents, dans la chambre d’hôtel inconfortable qu’ils se partagent depuis la fin du mois de janvier, date à laquelle ils sont revenus du centre de rétention de Nîmes.

Car il y a à peine trois mois, déjà, le 22 janvier, la préfecture de Pau a voulu faire appliquer l’arrêté de reconduite à la frontière qu’elle avait pris à leur encontre : à 6 heures du matin, la police arrête la famille à son domicile, la place en garde à vue, l’enferme dans des cellules, l’envoie dans un long voyage à Nîmes (500 km, cinq heures de route), sans guère d’égard pour Thermine, enceinte de trois mois passés.

Les arrêtés de reconduite à la frontière, confirmés par le tribunal administratif de Pau, prévoient de renvoyer le père en Azerbaïdjan, la mère en Arménie. La destination des enfants sera sans doute jouée sur un coup de dé, sur le tarmac ?

A peine quatre jours plus tard, le juge de la détention et des libertés, ayant considéré l’arrestation de la famille irrégulière et déloyale, les fait libérer !

Les voilà de retour à Pau, indésirables, comme en Azerbaïdjan, comme en Arménie, comme en Ukraine, comme en Russie. Une forte bataille de RESF contre la préfecture leur permet d’obtenir un logement d’urgence. Deux chambres d’hôtel.

Alors qu’ils se reconstruisaient, que leur angoisse commençait à s’apaiser, aujourd’hui le préfet envoie de nouveau la police : à 6h du matin, l’heure des arrestations des familles endormies. Même triste parcours, le commissariat, la garde à vue, le centre de rétention. Toulouse cette fois. Le juge de la détention et des libertés aura-t-il la même position, vis-à-vis de ces étrangers ?

Mais trois mois après le premier internement, le ventre de la maman s’est arrondi, la petite fille attendue grandit, encore protégée pour quelques semaines. La maman est fatiguée, déprimée, son état inquiète tous ceux qui la connaissent. Inquiète et révolte ! Dans quel pays vivons-nous, pour qu’avant même sa naissance, un bébé soit mis en danger, volontairement, par une politique inhumaine, injustifiable, son frère et sa sœur bousculés comme ils le sont ? Dans quel pays vivons-nous pour que des enfants soient terrorisés, brutalement réveillés à 6 heures du matin ? Dans quel pays vivons-nous, incapable d’accueillir deux jeunes parents qui cherchent asile et protection ?

Parce que nous ne laisserons fouler au pied ni les droits de l’homme et ni la convention internationale des droits de l’enfant, nous devons exprimer aux représentants de l’Etat notre désapprobation face à une politique migratoire calamiteuse qui renie la dignité humaine.

• Isabelle Larrouy (RESF Pau) •

Un grain de sable dans la machine anti-mendiants

Dans la peau d'un clandestin

Emmen se développe en ignorant ses étrangers


Rendue tristement célèbre par la crise des naturalisations en 2000, Emmen (LU) tente de se reprendre en main. Suisses et étrangers continuent à vivre chacun pour soi.


A Gerliswil, dans la commune d'Emmen, toutes les religions se côtoient au cimetierre. (Photo: Keystone)
Info-Box
Les recours sont devenus rares

Depuis 2005, une commission de naturalisation élue par les citoyens statue sur les demandes de naturalisation à Emmen (LU). La solution satisfait tout le monde. Même l'UDC locale ne veut plus soumettre les requêtes au peuple.

L'organe étudie les dossiers, fait des recherches et auditionne les candidats au passeport suisse, afin d'évaluer leurs connaissances de l'allemand et de l'Etat. «C'est la meilleure façon de sentir si la personne est suffisamment intégrée», estime M. Steffen.

Ce système est également préférable pour les candidats, selon lui. «Lorsque nous suspendons ou refusons une demande, nous expliquons pourquoi. Ainsi, ils savent exactement ce qu'ils doivent entreprendre pour mieux s'intégrer.»

D'ailleurs, très peu de candidats recalés font désormais appel, ajoute le maire Thomas Willi. «La naturalisation par les urnes ne nous a que nuit», dit-il. Selon lui, la commission a ramené le calme dans la commune.
Il pleut à verse. Thomas Willi arrête sa voiture au bord de la route. A travers la vitre embuée, le maire démocrate-chrétien montre un lotissement de villas ouvrières jaunes, qui témoignent du passé industriel de l'agglomération. Le drapeau de la ville de 27 000 habitants - trois hameçons gris sur fond noir - flotte légèrement.

Sur la gauche, on devine l'autoroute, derrière de hauts murs anti-bruit. Un imposant centre commercial dédié à l'habitat a ouvert en face. D'ici dix ans, les villas auront cédé la place à de grands immeubles haut de gamme.

Attirer de meilleurs contribuables

Deux ou trois bâtiments de même standing ont déjà émergé entre les nombreux axes routiers et ferrés qui traversent Emmen. Ils témoignent de la volonté des autorités d'attirer des contribuables plus aisés.

«Emmen dispose de terrains avec vue sur les Alpes et offre un cadre de vie idéal pour les jeunes urbains qui se déplacent souvent», commente M. Willi. Le maire rêve de faire de la ville, où l'UDC est le premier parti, une cité de services.

Pour l'instant, elle a une proportion trop importante de logements bon marché. Ils attirent les migrants - 30 %, dont la moitié des Balkans - et les personnes dépendantes de l'aide sociale. Une lourde charge pour la commune, qui malgré un plan d'économies n'a toujours pas réussi à redresser ses finances.

«L'ambiance n'a pas changé»

Les tensions entre Suisses et étrangers se sont apaisées, notamment car ce n'est plus le peuple mais une commission élue qui naturalise. Mais la peur d'être envahi, qui a conduit les citoyens à refuser systématiquement d'accorder le passeport suisse aux migrants des Balkans dans les années nonante, est intacte, estime Hanspeter Erger, le président du PS local.

«L'offensive» des autorités pour redresser Emmen prévoit peu pour favoriser l'intégration. Le maire compte surtout sur l'école, les clubs sportifs et des projets comme l'ouverture des salles de gym pour les jeunes le samedi soir. «Nous pourrions faire plus, mais nous n'en avons pas les moyens,» argumente M. Willi, dont la commune vient d'engager un spécialiste du marketing.

Des cours discrets

Deux citoyennes, Christina Widmer et Sybille Meyer, tentent d'aider discrètement les migrantes. Depuis une année, l'assistante sociale et l'enseignante leur proposent des cours d'allemand quasiment gratuits.

Le bouche-à-oreille a bien fonctionné. Une soixantaine de femmes y prennent part deux fois par semaine. «Sans l'allemand, ces femmes n'ont aucune chance de s'intégrer», explique Mme Meyer. «Grâce aux cours, elles peuvent aider leurs enfants à l'école.» Les enseignantes sont semi-bénévoles. Le modeste financement est assuré par des sponsors, la commune et le canton.

Rares sont les projets de ce type à Emmen. Suisses et migrants vivent chacun de leur côté. Ils ne s'en sortent pas forcément mal, à l'exemple de la communauté musulmane bosniaque.

Un joyau invisible

A l'aide de dons de ses 1600 affiliés, elle a racheté il y a sept ans un vieux cinéma. Les membres le transforment petit-à-petit en centre de religion et de culture. La façade usée ne laisse rien deviner. Elle cache une surprenante mosquée: une pièce sereine, recouverte de tapis et dont un haut mur présente des faïences bleues, vertes et blanches, savamment agencées.

Son président Vehbija Efendic' affirme ne jamais avoir eu de problème avec la commune, qui lui a délivré toutes les autorisations. «Autorités et communautés étrangères devraient lancer ensemble des programmes d'intégration», suggère-t-il quand même.

L'homme s'est battu pour que sa communauté n'installe pas de minaret devant la mosquée, par respect pour les voisins. Et en décembre, il a contribué aux coûts de la décoration publique de Noël. La commune ne pouvant plus payer.

Le maire salue ces gestes. Mais la mosquée ne figurera pas sur le nouveau site internet de la ville, aux côtés des autres bâtiments remarquables.

A Schwyz, la naturalisation est devenue une formalité, mais la révolte couve

Lire l'article de Catherine Cossy dans le Temps



SCHWYZ. L'Assemblée communale de Feusisberg, commune schwyzoise au bord du lac de Zurich, a accueilli vendredi dix nouveaux citoyens suisses. Mais les participants étaient frustrés de ne pas pouvoir donner directement leur avis.

Le dossier «Un passeport suisse au fond des urnes?»

Enfermés jusqu'à 60 jours à l'aéroport

La nouvelle loi sur l’asile votée par le peuple suisse en septembre 2006 est entrée complètement en vigueur au début de cette année. Pour vous permettre de vous imaginer le quotidien des requérants d’asile en rétention dans la zone de transit de l’aéroport de Genève, voici quelques extraits d’une lettre que l’Aumônerie œcuménique de l’aéroport a adressée au Directeur de l’Office Fédéral des Migrations (ODM) en date du 12 mars 08.

« (…) Nous sommes extrêmement préoccupées par les conditions de vie des requérants d’asile retenus à l’aéroport. A ce jour, ils n’ont que très rarement l’occasion de sortir à l’air libre, le temps d’une promenade. Nous avons déjà constaté, depuis le début de l’année, des problèmes de santé relatifs à cette situation. De plus, ils ne reçoivent pas les CHF 3.- auxquels ont droit les requérants dans les Centres d’enregistrement (CEP) et n’ont pas d’accès gratuit à Internet. Depuis le 1er janvier, la procédure d’asile se fait entièrement à l’aéroport. Les requérants d’asile ont donc impérativement besoin d’Internet et d’un fax pour leur défense et pour obtenir des preuves de ce qu’ils affirment.

Afin que vous puissiez mieux vous en rendre compte, nous allons vous décrire la situation telle qu’elle se présente aujourd’hui :

Deux hommes sri lankais sont arrivés le 29 janvier, il y a 43 jours. L’un d’eux a reçu une réponse négative à sa demande d’asile puis, avec l’aide de l’association ELISA, a fait un recours qui a été admis par le Tribunal sous l'angle du renvoi le 3 mars 2008. Il est donc au bénéfice d'une admission provisoire, mais attend toujours en zone de transit. Le Tribunal administratif fédéral a cassé sur recours la décision de l'ODM qu'il jugeait insuffisamment instruite. Le TAF a spécifiquement attiré l'attention de l'ODM sur l'obligation qu'il a de prendre une décision de première instance dans les 20 jours à compter de la date de dépôt de la demande d'asile. Ils ont bénéficié de deux sorties d’une demi-heure derrière la piste de l’aéroport en 6 semaines ! Deux autres Sri Lankais sont leurs compagnons d’infortune dans la zone de transit. Il est de notoriété publique que la situation se péjore pour les Tamouls au Sri Lanka (voir les dernières informations de l’OSAR).

Deux femmes chinoises, en rétention, l’une depuis le 25 janvier (47 jours !) et l’autre depuis le 2 février (39 jours) ont appris jeudi qu’elles pourraient quitter l’aéroport le vendredi matin. Au dernier moment, contre-ordre et silence : elles n’ont reçu aucune information et sont toujours là !

Un Gambien et un Nigérian avaient aussi été informés de leur transfert à l’OCP de Genève le vendredi 7 mars à 8h30. Le Gambien est toujours là, mais le Nigérian a pris peur et s’est enfui de l’aéroport pendant le week-end. Il était paniqué, ne sachant ce qui allait lui arriver ! Il s’était pourtant fait petit à petit à l’idée qu’il n’avait aucun avenir en Suisse et avait l’intention de se rendre au Bureau d’aide au départ pour établir un projet de retour. Il fait désormais partie des trop nombreux clandestins dans notre pays (ou un pays voisin). Il était arrivé dans la zone de transit le 30 janvier.

Deux Gambiens, arrivés il y a un mois, ont reçu une réponse négative puis une autre réponse négative au recours qu’ils ont fait en leur nom propre. Ils attendent aussi. Un autre Gambien est arrivé jeudi dernier.

Un journaliste russe réside aussi dans cet endroit ressemblant à une protection civile depuis le 27 février. Il a des traces de torture sur son corps.

Un Indien du Penjab est arrivé ce week-end. Les hommes, nombreux, dorment tous dans le même petit dortoir, au sous-sol, sans fenêtre.

Ces temps d’attente qui se prolongent dans la zone de transit sont insupportables pour les requérants d’asile. Ils n’ont absolument RIEN à faire de leurs journées si ce n’est ressasser leurs soucis. La plupart ont des insomnies et sont très angoissés. Cette situation est parfaitement inhumaine. Les conditions dans les Centres d’enregistrement (CEP) sont difficiles, mais il est au moins possible d’en SORTIR pendant la journée !

Des frais exorbitants vont être dévolus à la transformation du lieu de séjour des requérants. Même s’ils bénéficieront, dans un an (pas avant), de dortoirs avec vue, ils seront toujours en prison dans l’aéroport ! Si les procédures durent si longtemps, pourquoi ne pas ouvrir plutôt à nouveau un centre d’enregistrement à Genève. Le fait que les requérants d’asile séjournent en zone de transit ne semble pas permettre que leur procédure soir accélérées ! Mes collègues et moi ne pouvons rester muets face à ces rétentions et tenons à vous en informer. Nous ne pouvons cautionner un tel irrespect de l’être humain (…) »

Jeimy et son fils ne seront pas expulsés

La jeune Colombienne, employée dans un EMS de Chamby, a retrouvé le sourire. Elle et son fils de 10 ans n’auront pas à quitter la Suisse. Un article de 24 Heures.

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Jeimy et Fabian–Andres,
soulagés à la lecture de l’arrêt les sauvant de l’expulsion (photo Arnold Burgherr)


Après des mois d’incertitude, Jeimy Ortiz-Morales et son gar­çon, Fabian–Andres, vont mieux. Le 14 avril dernier, la Cour de droit administratif (Cda) du Tribunal cantonal, a donné tort au Service de la population (SPOP) qui les me­naçait d’un renvoi.
Au contraire aujourd’hui, le SPOP devra prolonger l’autori­sation de séjour de la mère et de son fils. Ils devraient, ainsi, être bientôt nantis d’un per­mis B. La menace qui pesait sur l’avenir de la petite famille avait ému tout le personnel de l’EMS Joli-Bois, à Chamby. Ces em­ployés, mais aussi des amis de Jeimy de toute la région, ainsi que des enseignants et parents des camarades de classe de Fa­bian– Andres, scolarisé au col­lège de Vernex à Montreux en 4e année, avaient signé une pétition (24 heures du 3 mars 2008). Munie de 544 signatures, elle avait été adressée au Grand Conseil.
Dans son arrêt, la Cda dit que la mère et son fils sont bien intégrés. Surtout, Jeimy a tou­jours travaillé à l’entière satis­faction de ses employeurs et n’a jamais fait appel à l’aide sociale. «Elle a su concilier cela avec son rôle de mère», mentionne l’arrêt. «Renvoyer l’enfant de près de 11 ans dans son pays d’origine constituerait un déra­cinement, le bien de celui-ci commande d’admettre le re­cours », ajoutent les juges.
«C’est un immense soulage­ment, dit Jeimy Ortiz, mainte­nant je peux faire des projets, je vais suivre des cours de perfec­tionnement pour devenir inten­dante d’EMS.»
B. DS

Il pourrait devenir le premier préfet noir

Difficile de trouver plus Fribourgeois que lui. «Je suis le troisième bébé né à l'Hôpital cantonal de Fribourg, le 14 mars 1972, soit deux jours après l'inauguration de l'établissement. C'est le père de Dominique de Buman, conseiller national et ancien syndic de Fribourg, qui m'a mis au monde.» A 36 ans, l'avocat socialiste et médiateur indépendant Carl-Alex Ridoré s'est lancé dans la course à la préfecture du district de la Sarine, à Fribourg.

En plus d'être président du Parti socialiste de la Sarine et du législatifde Villars-sur-Glâne (FR), Carl-Alex Ridoré est député au Grand Conseil fribourgeois (Image © Charles Ellena/arkive.ch)

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