jeudi 4 juin 2009

Comment la digue néerlandaise s’est fissurée

Comment la digue néerlandaise s’est fissurée

En mai 2005, même les vaches néerlandaises prônaient le non à la Constitution européenne. (Peter Dejong/Keystone)

En mai 2005, même les vaches néerlandaises prônaient le non à la Constitution européenne. (Peter Dejong/Keystone)

Le succès attendu du populiste islamophobe Geert Wilders aux élections européennes d’aujourd’hui aux Pays-Bas risque à nouveau de le prouver: la peur de la crise et la perte de confiance dans le modèle néerlandais, ébranlé par l’immigration, minent un pays de tolérance et de libertés

Ils aimeraient penser que rien n’a changé. Attablés devant des typiques tartines beurrées recouvertes de chocolat noir en paillettes, ces cadres dusiège néerlandais d’Amnesty International profitent, sur la grande terrasse de leurs bureaux au 177, Keisergracht, de l’image d’Epinal d’Amsterdam et de ses canaux.

Epinglée sur un panneau posé sur les pavés, face à la vénérable église Westerkerkla reine Beatrix se maria en 1966, la dernière pétition de l’organisation de défense des droits de l’homme, très présente aux Pays-Bas, est déjà recouverte de signatures. Protéger les demandeurs d’asile n’est donc pas encore complètement tabou dans le royaume dont les lois sur l’accueil des étrangers sont, depuis 2004, devenues parmi les plus restrictives d’Europe. Amsterdam, tous en sont persuadés, saura bien résister à la vague populiste annoncée.

Ils aimeraient y croire, oui. Mais ceux qui parlent, les coudes posés sur les grandes tables de bois blanc disséminées dans le jardin, redoutent que le mauvais génie du populisme et de la xénophobie sorte, aux Pays-Bas, renforcé des élections européennes de ce jeudi. Juste au pied de Westerkerk, deux grandes affiches du tonitruant Geert Wilders, chef duParti pour la liberté (PVV), anti-islamiste farouche, opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne et désireux de «redonner le pouvoir aux nations face aux assauts étrangers», narguent Amnesty et ses efforts.

La mention en bas de page des sites web sur lesquels le provocateur documentaire Fitna, consacré par l’élu à la violence de l’islam, n’a pas été taguée. Narguer est bien le mot. Comme en 2005, lorsque le référendum néerlandais accoucha d’un «non» à la Constitution européenne, contre l’avis de l’establishment. Les sondages ne prédisent-ils pas, pour ce soir, la percée du PVV et celle du Parti socialiste – tenant de la gauche dure aux Pays-Bas – annoncé pour sa part comme le fossoyeur du Parti travailliste,partenaire du centre droit dans la coalition au pouvoir depuis les législatives de la fin 2006?

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Des peintures pour faire changer les regards

Les œuvres de six requérants d’asile ornent, pour dix jours, les murs de l’Esp’Asse.

Ibrahima Fathy, de Guinée-Bissau, est actuellement hébergé dans l'abri PCi de Nyon. La peinture lui permet d'exprimer ses émotions. Photo Stéphane Romeu.

«N’est-ce pas magnifique», s’exclamait, hier, Nancy, responsable de l’accueil de jour des requérants, en finissant l’accrochage. Et pour cause. Ces œuvres sont touchantes, surtout si l’on sait qu’elles sont l’œuvre d’artistes pour la plupart autodidactes et tous requérants d'asile en terres vaudoises. La diversité des techniques se mêle à celle des origines. Parmi les exposants: une jeune Erythréenne, un couple syrien, une Mongole, un Algérien ainsi qu’un ressortissant de Guinée-Bissau. Ce dernier est le seul exposant logé à l’abri PCi de Nyon et il a su se faire une place. Ses proches l’appellent «le peintre». Ses toiles témoignent de son aspiration à un monde où l’égalité des chances serait la norme. «J’ai besoin d’exprimer mes émotions et j’espère que cela changera le regard posé sur les immigrés», confie Ibrahima Fathy. Pour Narmandakh Gantumur, de Mongolie, il s’agit de s’évader dans un monde plus beau. «En Suisse, j’ai découvert la liberté et l’art abstrait», avoue-t-elle.

24 Heures

FONDATION ESP’ASSE

route de l’Etraz 20 à Nyon

Expo dès aujourd’hui jusqu’au 14 juin.

Lu-ve: 14 h - 18 h 30

et le week-end: 10 h - 12 h.