samedi 18 octobre 2008

La Forteresse

Je vous invite à découvrir un docu-film édifiant, empreint de sensibilité et d’humanisme. Tourné au CENTRE D’ENREGISTREMENT ET DE PROCÉDURE DE VALLORBE, presque à hui clos – à ciel ouvert dans un décor d’Alcatraz où les gardiens font tout pour que les prisonniers s’en sortent ! …

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La Forteresse: dans un cinéma près de chez vous

"Fribourg doit offrir une aire d'accueil aux gens du voyage"

Nomade[1]C'est  un dossier inextricable sur lequel le Conseil d'Etat fribourgeois bute depuis des années. Celui-ci cherche à mettre en place sur le sol cantonal une aire d'accueil pour les gens du voyage. Le hic, c'est que sitôt un emplacement retenu, les riverains (propriétaires de terrains comme communes) s'opposent avec véhémence à ce choix. Comme le résume prosaïquement Georges Godel, directeur de l'Aménagement, de l'environnement et des constructions, chargé du dossier depuis janvier 2007: «Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut trouver une solution, mais pas chez lui.» Le gouvernement cantonal avait suggéré des sites à Granges-Paccot et à Bulle. Répondant à un mandat parlementaire, il propose maintenant un nouvel emplacement, à Sâles, en Gruyère, en bordure de l'autoroute A12.

Questions à Georges Godel, Conseiller d'Etat fribourgeois, par François Mauron dans le Temps

"Je mendie ici pour me chauffer l'hiver en Roumanie"

Carolina Lacatus, 70 ans, explique être arrivée à Yverdon il y a trois semaines en provenance de Roumanie, via GenèveCarolina Lacatus, une Rom de 70 ans, parle de sa vie de mendiante, des raisons de sa présence en Suisse et de son prochain retour au pays des Carpates. Un article signé Abdoulaye Penda Ndiaye pour le texte et Eric Roset,  pour la photo et la traduction, dans 24 Heures.

D’un geste leste, elle prend les pièces de monnaie qui se trou­vaient dans un gobelet pour les mettre dans son soutien-gorge. Prestement, elle se lève et pré­texte une envie d’aller boire un café. En réalité, entraînés depuis longtemps dans la lutte quoti­dienne pour la survie, les yeux de lynx de Carolina Lacatus ont aperçu deux policiers à l’autre bout de la rue des Remparts, à 200 mètres de la poste d’Yver­don. Quand les deux agents arri­vent à hauteur du bâtiment, la Rom de 70 ans est déjà loin.
Depuis quelque trois semai­nes, ils sont une dizaine de Rou­mains (dont des mineurs) à mendier dans les rues d’Yver­don. «Je suis originaire d’un village de la province de Mures, en Roumanie. L’hiver approche et on m’a volé mon poêle à bois. Je vais rester quelques semaines ici avant de rentrer. Avec l’argent que je gagnerai, j’aurai peut-être de quoi me chauffer et me nour­rir pendant l’hiver. Du temps de Ceausescu, j’ai travaillé pendant dix ans dans une ferme agricole. Aujourd’hui, j’ai une pension de retraitée équivalant à 150 francs suisses. J’ai trois enfants dont une fille de 44 ans qui est paraly­sée et à ma charge. Mon mari est décédé il y a six ans d’une gan­grène. » Puis, cherchant à donner du crédit à ses propos, la vieille dame exhibe son passeport rou­main et des photos en noir et blanc, où on la voit en deuil, lors des funérailles de son mari.
De Genève à Yverdon

Pourquoi est-elle venue à Yver­don? Carolina explique avoir en­tendu qu’en matière de mendi­cité, les autorités de la cité ther­male étaient plus tolérantes que celles de Genève. Genève, une ville où elle est passée rapide­ment, en provenance de la Rou­manie. «Là-bas, je gagnais 40 à 50 francs par jour. Ici, à peine 10 francs.» Plus tard dans l’après-midi, nous apercevons la septuagé­naire piquant un somme dans le jardin japonais, en face de la gare d’Yverdon. Où a-t-elle passé la nuit, la veille? «Dans un parc. J’ai dormi d’un oeil car j’avais peur que des drogués ou la po­lice me trouvent.» Une traductrice française d’origine roumaine passe. Le coeur noué, elle s’arrête et en­tame la conversation avec Caro­lina. «L’injustice sociale, où qu’elle se trouve, me dérange.» Quelques minutes plus tard, une autre femme offre discrètement un petit sac contenant du pain et des raisins. Carolina Lacatus ne se fait pas prier et se jette goulû­ment sur la nourriture. «Je n’avais rien mangé depuis hier. Un jeune homme m’avait offert un sandwich.» Solidaire, elle se lève pour partager sa maigre pitance avec deux autres men­diantes: l’une d’une cinquan­taine d’années visiblement en proie à des ennuis de santé, et une très belle jeune fille habillée branché.
Soudain, Carolina fond en lar­mes et se met à psalmodier des prières. Une handicapée en chaise roulante vient de passer devant la poste…